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LA ROUE

 

LA   ROUE

Histoire

La roue est une invention très ancienne constituant un des fondements de nos technologies des transports. Elle permet de déplacer sur terre des charges importantes, en réduisant les forces de frottement. Elle est indispensable dans la plupart des moyens de transports terrestres.
L’invention de la roue est estimée située vers 3500 av. J.-C. à Sumer en basse Mésopotamie. Concurremment, le pot de Bronocice, trouvé en Pologne, présente un pictogramme gravé qui semble être la représentation d'un chariot et on estime sa datation à 3500 ans av. J.-C., ce qui permet de mettre en doute l'origine sumérienne de la roue, ou du moins que sa première apparition fut effectuée à Sumer.[réf. nécessaire]
Son usage est inconnu dans l’Amérique précolombienne, bien que des objets en pierre en forme de roue y ont été retrouvés et considérés comme des jouets (datés de 1500 ans av. J.-C.) mais pas d’engins utilisant la roue. Ce paradoxe est retenu comme exemple par Alain Gras pour illustrer le refus d’engagement dans des trajectoires technologiques données bien qu’accessibles en termes de faisabilité, Jared Diamond a quant à lui émis la théorie selon laquelle seules les civilisations qui disposaient d'animaux de trait (ce qui n'était pas le cas des Amérindiens) ont utilisé des attelages ; la roue n'étant pas utile pour les autres2. La roue était également inconnue en Afrique subsaharienne, Amérique latine (les civilisations Inca, Maya, etc.) et en Océanie jusqu’à une époque récente.
Les premières roues étaient pleines, en pierre d'une seule pièce, ou en bois souvent constituées de trois ou quatre pièces assemblées. Les roues à rayons et à jantes, plus légères, seraient apparues environ 2000 ans av. J.-C..
Ces roues étaient solidaires de l’essieu dans un premier temps, celui-ci constituant alors un axe reliant deux roues situées de part et d’autre de la caisse. Pour réduire le frottement entre l’axe et le châssis reposant sur lui, divers procédés ont été mis au point, dont notamment un trou dans un madrier faisant office de membrure, ce trou étant garni de galets lubrifiés avec de l’huile (l’ancêtre du roulement à billes).
Désormais les roues sont montées sur leur axe à l'aide de roulements à billes ou à rouleaux, ou de paliers hydrodynamiques. Ces derniers assurent une liaison mécanique fiable, avec un minimum de frottements.
La roue est aussi un modèle d'induction, avec la roue de Barlow qui en est la plus connue, d’ailleurs pour calculer le couple de Laplace agissant sur la roue, on peut le calculer en considérant que le flux soit sur la seule direction du rayon principal, bien sûr ceci est faux, mais il s'avère que le résultat est le même que dans le cas général, ceci facilite donc le calcul.
La roue fluide est créée par une forme donnée à la surface de contact pour améliorer l'écoulement
Différents types
Une roue est dite « dentée » lorsqu’elle transmet le mouvement par obstacle à d'autres pièces par le biais de dents qui la garnissent sur son pourtour. On parle d’engrenage pour un système utilisant plusieurs roues de ce type, le nom de pignon étant donné aux plus petites d’entre elles.
La roue à aubes est une roue comportant des sortes de cuillères ou palettes (les aubes). Elle était utilisée dans les moulins à eau ainsi que dans les anciens bateaux à vapeur.
Une roue peut être motrice lorsqu'elle est en sortie d'une chaîne de transmission d'énergie, ou réceptrice lorsqu'elle est en entrée de cette chaîne.
La roue pour rongeurs est un accessoire de sport destiné aux souris, hamsters et gerbilles.
Une roue folle ou libre est une roue non motrice avec un axe libre décalé, pour un pivotage automatique. Les roues folles (qui ne transmettent pas d'énergie) n'ont pour fonction que le guidage et le support d'une charge (roue de remorque ou roue directrice de véhicule). La roue libre est aussi un dispositif mécanique dont le rôle est d'interdire la rotation d'un axe dans un des deux sens ; elle est soit à cliquet comme sur le pignon d'un vélo, bloquant la rotation par obstacle, soit à aiguilles se coinçant pour empêcher par adhérence la rotation (lanceur à ficelle de petit moteurs thermiques). Il se comporte comme une transmission qui se débraye lorsque l'élément mené va plus vite que son moteur.
En robotique, ou pour des chariots de manutention, on emploie des roues holonomes, constituées d'un moyeu muni de galets disposés en périphérie. Cette disposition permet d'établir des mouvements de déplacements différents suivant la combinaison des rotations des roues : par exemple, les mouvements d'avance (marche avant et arrière), de dérive (vers la gauche ou la droite) ou de lacet (rotation autour d'un axe vertical) dépendent des rotations imposées aux roues. De tels engins se manœuvrent dans un encombrement bien plus réduit que les véhicules à essieux articulés.
Symbolique
La roue est un symbole fréquent dans certains mythes décoratifs de l'architecture, comme symbole de la vie, du temps ou du destin. Elle symbolise les cycles, les recommencements, les renouvellements. C'est un symbole solaire dans la plupart des traditions. Elle est un des attributs de la Fortuna ou de Némésis antiques. Elle est associée à certains saints et martyrs de la religion chrétienne, comme instrument de torture, comme Catherine d'Alexandrie. Dans le symbolisme chrétien développé par le Pseudo-Denys l'Aréopagite, la roue symbolise le déroulement de la révélation divine. Ce symbolisme a été repris par certains alchimistes comme Clovis Hesteau de Nuysement et Fulcanelli3.
Dans le bouddhisme, elle est la Roue du dharma, la Roue de la Loi, Dharmachakra, symbole représentant l'enseignement du Bouddha.
Description
La roue est constituée principalement de trois parties :
    •    le moyeu, au centre, qui assure le guidage en rotation par rapport au support (châssis ou bras) ; son diamètre étant toujours très petit devant celui de la jante, l'effet des frottements entre le moyeu et le palier s'en trouve réduit.
    •    à la périphérie, la jante, sur laquelle se fixe la bande de roulement souvent rapportée ; au contact de la jante avec le sol, le frottement de glissement se substitue au frottement de roulement. Cet effet combiné au précédent contribue au rendement du dispositif.
    •    la structure, souvent composée de rayons, reliant les deux parties précédentes.

 

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LE BLÉ

 

Le blé a d'abord été récolté à l'état sauvage puis cultivé depuis le néolithique dans le « croissant fertile » (actuels Liban, Syrie, Sud de la Turquie) où subsistent à ce jour des blés sauvages.


Le blé civilisateur : où ? quand ? comment ?

C'est donc par le blé qu'a commencé la "culture", le mot étant pris dans toutes ses acceptations : agricole et sociale. C'est par cette céréale que l'homme qui avait été nomade, cueilleur et chasseur pendant des centaines de millénaires, s'est fixé et a créé un mode de vie complètement nouveau. Tournant décisif de la civilisation, pour la première fois, l'espèce humaine a agit sur la nature et l'environnement de façon à améliorer sa subsistance et en régulariser la production à son profit.
Evènement considérable dont nous sommes toujours tributaires. A ce moment nous sommes passés du paléolithique (paléo = ancien) à une ère nouvelle : le néolithique (néo = nouveau). Cette transition a demandé des innovations à la fois de techniques, de modes de pensée et de concepts sociaux. Des symboles différents de ceux utilisés jusque là sont apparus. L'ensemble de ces transformations pratiques et mentales ont été telles qu'on qualifie ce passage de "révolution néolithique".


Le blé sauvage et la saga du "croissant fertile
Cette étape majeure est connue par plusieurs faisceaux de données et de documents. L'archéologie, en premier lieu, par le décapage et l'analyse fine des restes fossiles des premiers villages a permis de connaître les phases de transformation des sociétés agraires et de dater les étapes avec précision, en particulier grâce aux méthodes utilisant le carbone 14. La botanique et la génétique permettent, d'autre part, l'examen des nombreux changements qui mènent du blé sauvage au froment produisant la farine panifiable actuelle. Enfin, des cultures expérimentales de blé sauvage ont indiqué comment, à quelle vitesse et avec quel rendement ont pu se faire les récoltes préhistoriques avec les moyens de défrichement et les outils existant alors. L'ensemble des données disponibles indique que ce moment essentiel est intervenu au Moyen-Orient. La zone nucléaire constitue ce qu'on appelle le "Noyau Levantin" : les principales découvertes décisives ont été faites dans la région qui va de la vallée du Jourdain à l'Euphrate et qui forme un large arc de cercle ou "Croissant Fertile". On y trouve des steppes herbacées où poussent encore des blés sauvages ainsi que les traces des transformations de la plante et des premières sociétés préagraires puis agraires. A partir de cette zone initiale, les innovations de nos lointains ancêtres ont diffusé vers l'Occident.


Les espèces archaïques de blé qu'on trouve encore dans ces régions, dispersées parmi d'autres plantes herbacées, sont bien différentes du froment cultivé actuellement. La première différence porte sur le mode de dispersion des graines. Les blés sauvages se reproduisent spontanément alors que le blé domestique ne peut le faire sans l'aide de l'homme. La raison se situe au niveau du rachis (ou axe) de l'épi. Initialement, dans des formes spontanées, il était fragile et se fragmentait en dispersant les semences. Les longues barbes qui les entouraient se déformaient en fonction de l'humidité du sol et finissaient par enterrer spontanément les grains, qui ensuite pouvaient germer dans le sol. Si l'avantage de cette fragmentation du rachis est évidente pour l'ensemencement naturel, cela constitue un gros inconvénient en pratique agricole : les épis mûrs se dispersent et sont impossibles à moissonner. Les grains furent donc vraisemblablement cueillis grain par grain ; les épis les plus solides ont du être favorisés par ce mode de récolte et peu à peu naturellement sélectionnés. On obtint progressivement des variétés à "rachis solide" résistant mieux au moissonnage.


Autre difficulté pour la collecte des espèces primitives : elles avaient des grains "vêtus" c'est-à-dire avec des enveloppes membraneuses qui ne peuvent être détachées par vannage et battage, de plus ces grains étaient petits, pauvres en réserves et surtout dépourvus de gluten : la farine n'était donc pas panifiable.
Il faudra donc une longue sélection du patrimoine génétique pour obtenir des blés moissonables, d'une part, et producteurs d'une farine capable de donner du pain grâce, d'autre part, à l'évolution remarquable du blé depuis les plantes sauvages. Elle demande un minimum d'explication scientifique car elle sous-tend son importance pratique et symbolique. La plupart des êtres vivants ont une reproduction croisée. Pour les animaux, elle est obligatoire puisque les sexes sont séparés et qu'elle implique la rencontre d'individus mâles et femelles. Elle a pour conséquence un brassage génétique, chaque individu recevant un équipement héréditaire maternel et un équipement paternel. Pour les végétaux, les deux sexes sont en général réunis dans la même fleur : le système est hermaphrodite. Il peut y avoir autofécondation mais le plus souvent un certain nombre de filtrages évite la fécondation d'un individu par son propre pollen. Celui-ci est transporté - par le vent, les insectes, les oiseaux - sur la fleur d'un autre individu. Il y a donc également comme chez les animaux fécondation croisée et brassage génétique, c'est-à-dire renouvellement à chaque génération avec apport maternel et paternel. Le blé est différent et assez exceptionnel dans le monde végétal : la fécondation a lieu dans la fleur avant même qu'elle ne s'ouvre et ne s'épanouisse de sorte qu'il y a effectivement une autofécondation à l'intérieur même du bouton floral.


Les éventuels changements génétiques qui se produisent spontanément (mutations) au lieu de survenir de façon aléatoire, sont maintenus dans le patrimoine des descendants. Les potentialités de sélection par l'homme ont été facilitées par ce mode de transmission stable de génération en génération.
Ajoutons une remarque sur les propriétés génétiques du blé car elles sont une des raisons de l'étonnante progression de ses performances agroalimentaires jusqu'à nos jours. Le stock des entités qui portent le patrimoine héréditaire, les chromosomes, s'est multiplié chez les blés cultivés et s'est hybridé avec celui d'autres graminées. Les blés sauvages sont diploïdes et ont, comme la plupart des espèces, un stock chromosomique double (ici 2 fois 7 chromosomes), la moitié d'origine paternelle, l'autre moitié d'origine maternelle. Au cours de l'évolution ce stock chromosomique s'est multiplié par deux produisant des blés tétraploïdes comme l'amidonier ou le blé dur et même par trois (blés hexaploïdes à 42 chromosomes) dans le cas du froment ou blé tendre. En même temps une partie du patrimoine d'au moins deux autres espèces de graminées sauvages encore mal identifiées s'est métissée de façon fortuite avec celle des blés. Il a été maintenu grâce à l'autofécondation et cette addition a donné des aptitudes nouvelles. C'est ainsi qu'a été acquise par le froment la capacité de synthèse des éléments du gluten qui rend la farine panifiable.


Au total, on constate ici une étonnante association des potentialités d'une plante et des gestes de l'homme. Retenons surtout que, dès le départ, doué de propriétés culturales et nutritives remarquables, le genre blé s'est constamment diversifié et amélioré. Ainsi, il est, en particulier, devenu moissonnable et panifiable, ce qu'il n'était pas au départ. Ses rendements ont constamment augmenté ; le nombre des variétés cultivées ou cultivables n'a cessé de s'accroître (plusieurs milliers) permettant une adaptation à des situations de milieu très diverses et une résistance aux parasites. C'est une plante domestique véritablement unique.


Cueillete et préculture
Au plan historique, il y eut ainsi une "période de préculture" où les blés sauvages étaient utilisés et involontairement sélectionnés avant que l'idée de les mettre en culture fut imaginée. Des aléas de la présence spontanée, nos lointains ancêtres passèrent à une maîtrise inédite de la production avec la période culture proprement dite. Une réserve de produit renouvelable pouvait désormais être constituée sur initiative humaine.
Il a fallu bien des innovations techniques et des transformations mentales pour mettre en culture le blé et le domestiquer. Il a été nécessaire de dégager et préparer une surface de sol, penser à enfouir, recouvrir et protéger les grains et les germinations contre les éléments, la concurrence des autres espèces envahissantes qu'on appelle "mauvaises herbes" ou plantes "messicoles" (c'est-à-dire qui aiment les moissons), récolter les grains nouveaux, inventer des silos pour les conserver, prévoir un calendrier de succession de travaux ("Les Travaux et les Jours ..." Hésiode). Autant de gestes qui paraissent naturels et quasi spontanés mais qui ont du être peu à peu mis au point et planifiés. Il a fallu prévoir aussi de nouveaux défrichements et comprendre que le sol s'épuise, penser aussi à garder des semences pour les prochaines plantations. Les essais expérimentaux indiquent que, au début, près de la moitié ou du tiers des récoltes devait être mis de côté pour les futures semailles. Tout un savoir a dû se constituer, socialement transmissible, pour réaliser une stratégie de subsistance.

Il y a eu ainsi une période où l'homme préhistorique fut simplement "cueilleur de céréales" avant d'être un vrai cultivateur. En adoptant ces plantes comme ressource alimentaire principale, il a commencé par préparer leur mise en culture. Toutes les données indiquent que cette étape préagricole s'est produite dans le Croissant Fertile il y a 12000 ans. Puis s'est développée la phase agraire. Passant de la vie itinérante, nomade, à une vie fixée stable, l'homme a créé un mode communautaire permettant d'articuler la coexistence des groupes et des individus travaillant dans les villages. Il s'agit bien d'une "révolution" dans les techniques, les rythmes quotidiens et saisonniers, les modes de pensée, les motivations, d'une façon générale dans les structures mentales.
Cela fut donc conçu d'abord pour le blé - engrain, amidonnier - et aussi pour l'orge puis d'autres espèces furent maîtrisées : des légumineuses comme le pois ou les fèves, également le lin pour l'huile de ses graines et les fibres textiles de ses tiges dont on trouve des traces dans les restes fossiles des anciens villages agraires.
Cette période décisive a été étudiée en détail par les archéologues, particulièrement dans la région de Jéricho, proche du Jourdain et dans des villages du Moyen Euphrate. Des mortiers et des pilons ont été mis à jour indiquant que, déjà, on broyait les grains pour en extraire une mouture farineuse. Mais, fait notable, on ne trouve pas encore de poterie, période dite "précéramique". En l'absence de récipients aptes à l'hydratation et à la cuisson, les grains étaient consommés crus ou grillés. A l'état natif les grains et les molécules d'amidon sont très compacts et peu accessibles et attaquables par nos enzymes digestives. Leur valeur nutritive est faible. On trouve pourtant de nombreuses traces d'abrasion sur les dents de ces hommes préhistoriques : ce sont les stries d'usure qu'ont laissé les microconcrétions de silice des enveloppes de ces grains, telles les signatures de consommation de céréales crues. Il est fait mention, dans le Nouveau Testament, de cette pratique longtemps maintenue, ainsi "Jésus vint à passer à travers un champ de blé. Ses disciples eurent faim et se mirent à arracher les épis et à les manger" (Evangile selon Saint Matthieu).


Du cru au cuit
La pratique du grillage ou de la torréfaction semble avoir été largement pratiquée et ce très tôt. Elle est réalisable sur des pierres chaudes et présente de nombreux avantages. Elle améliore la conservation des grains en augmentant la déshydratation et elle favorise le décorticage des ces espèces "vêtues", c'est-à-dire gardant après récolte leurs enveloppes membraneuses. Elle permet de sauver les grains gâtés ou moisis car cueillis avant maturation complète et encore humides. Enfin, elle donne une saveur plus agréable aux grains car elle produit, par caramélisation, un goût sucré plus doux.
L'innovation importante qui suivit fut la cuisson proprement dite. Elle fut rendue possible avec l'invention de la poterie qui se situe vers 8000 à 7000 ans av. J.C . Elle améliora l'alimentation des communautés. Les grains pouvaient être mis à tremper avant d'être cuisinés. Le passage du "cru" au "cuit" (C. Lévy Strauss) est un moment essentiel, culturel et nutritif. Les céréales ainsi traitées sont plus faciles à digérer car, gélifié par la température et moins dense, l'amidon des grains devient facilement attaquable par les enzymes salivaires (amylases) et intestinales ; ceci libère des sucres qui sont absorbables par le tube digestif. On constate que le ramollissement des grains a considérablement réduit l'usure des dents (en revanche, avec le développement de sucres favorisant les bactéries buccales, on voit apparaître et se multiplier les caries dentaires ...).
Il n'est pas encore question de pain, mais de bouillies et de galettes non levées. L'amélioration de la nutrition eut un résultat net sur l'accroissement des populations, source de besoins alimentaires accrus et de la nécessité de perfectionner les rendements agricoles.


Diffusion vers l'occident : la première "conquête de l'Ouest"
La céréaliculture se consolide dans le "Noyau Levantin". La poterie culinaire se généralise vers 7000 ans av. J.C. A partir de cette zone nucléaire va rayonner la civilisation sédentaire. Vers l'Est et la Mésopotamie, il est possible qu'une adaptation préagricole se soit produite sur place car des graminées sauvages indigènes existent dans les steppes semi-arides. Mais à l'ouest, vers l'Europe, il n'y a pas d'espèces de blé ou d'orge spontanées. Ces céréales ont nécessairement été importées toutes domestiquées. Elles ont été apportées par l'homme en même temps que les techniques agricoles, la céramique culinaire et tout un cortège idéologique.
Cette première "conquête de l'Ouest" de la civilisation, cette "migration de sédentaires", s'est faite progressivement, sans doute de proche en proche. Elle a été lente et on estime qu'elle a demandé environ trois mille ans pour atteindre l'Atlantique. Elle a emprunté deux trajets principaux : l'un côtier, la voie méditerranéenne, l'autre continental, dit voie danubienne. La France est le lieu de rencontre de ces deux circuits, le premier arrivant par le sud, le second par le nord. Des variations culturelles se sont différenciées et l'homme a réussi à obtenir des variétés plus rentables à grains plus nombreux et plus gros, aux épis mécaniquement résistants. Des espèces de blés nus apparaissent dans les paléosemences. Ils sont plus faciles à décortiquer de leurs enveloppes.
Des outils agricoles élaborés se retrouvent de plus en plus nombreux, comme des couteaux à moissonner faits d'un silex taillé en lame, assemblé dans une poignée de bois dur et collé par des résines d'arbres. Les silex ont le poli caractéristique dit "lustrage spéculaire" produit par les parties dures des chaumes. Des bâtons à fouir ont également été utilisés pour préparer le sol.
Les premières araires, ancêtres des charrues, permettent de fendre la terre pour les semailles mais non de la retourner car elles n'ont pas de soc verseur comme les vraies charrues (qui n'apparaîtront qu'au Moyen-Age). Les sillons étaient peu profonds, multiples et croisés, et non parallèles comme ils furent ultérieurement. Des meules utilisées pour moudre le grain ont également été retrouvées, une était fixe et l'autre maniée à la main. Des déformations caractéristiques sont repérables sur les squelettes au niveau des genoux et des épaules indiquant que ce travail de mouture devait être une longue et harassante occupation journalière des ces pionniers.

 

Michèle Mosiniak, Roger Prat et Jean-Claude Roland


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L'AFRIQUE - ART ET CULTURE -

 

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Afrique : art et culture


Un grand mouvement de revendication et de revalorisation culturelle a précédé, puis accompagné, les luttes politiques pour l'indépendance dans les années 1950 et 1960. Les expressions de « cultures nègres », de « civilisations noires et africaines » ont symbolisé ce retour sur soi, cette volonté d'affirmer une autonomie historique et une maturité politique. Le mépris, le racisme, le paternalisme de l'époque coloniale avaient en effet occulté l'ancienneté et nié la richesse culturelle, il est vrai très mal connues, de tout un continent.
Il semble aujourd'hui arbitraire et réducteur de s'efforcer de classer les populations – au moins un millier – et les États – plus d'une cinquantaine – selon quelques aires culturelles. Définies par des traditions visibles, ces dernières connaissent des transformations considérables. Les adoptions mimétiques ou syncrétiques, les métissages euro-africains, ou tout simplement interafricains, ont permis l'apparition de formes culturelles, d'usages populaires ou élitistes, originales et inédites. Les traditions se bousculent, dépérissent d'une part, innovent de l'autre.
C'est pourquoi toute approche des phénomènes culturels ne peut être que sélective : elle évoque les dynamiques modernes et leurs assises anciennes sans se perdre dans un passé dont la connaissance est parfois problématique. Elle insiste, ici, sur trois dimensions de la culture : les instruments et les formes d'expression linguistique et artistique, les moyens de transmission des patrimoines et des informations (écoles, médias), et les formes idéologiques et culturelles les plus populaires, à savoir les religions.
Les langues

La question des langues est l'une des réalités culturelles qui reste encore aujourd'hui l'objet d'innombrables préjugés et incohérences. Mais ces dernières sont de nos jours le fait de gouvernements africains sans politique linguistique, et non de métropoles coloniales imbues de leur supériorité. Les langues officielles du continent restent, cependant, dans leur quasi-totalité, des langues occidentales écrites. Dans de très rares cas, une langue africaine se voit reconnaître aussi ce privilège, comme en Tanzanie avec le swahili, langue d'origine arabo-bantoue.
Seule une approche sociolinguistique peut permettre de classer en première approximation les divers statuts linguistiques. Il faut d'abord établir une distinction entre langue officielle (celle de l'enregistrement des lois et des actes de l'État) et langue nationale qui peut, comme le yoruba, l'igbo et le haoussa au Nigeria, le ouolof au Sénégal, le kirundi au Burundi, ne dominer « officiellement » que dans certains secteurs de la vie sociale et culturelle : l'école, l'administration territoriale, l'armée, les médias audiovisuels. Cette langue « nationale » est souvent une langue véhiculaire qui est parlée bien au-delà de sa région d'origine. L'hétérogénéité linguistique est donc la règle, et le plurilinguisme un état de fait. Cette situation recouvre le plus souvent une diglossie, soit une situation de bilinguisme dans laquelle une langue a une valeur sociopolitique supérieure à l'autre.
Les classifications

Les spécialistes discutent du nombre exact de langues africaines, et leurs estimations varient entre 750 et 1 200. La transcription écrite de certaines d'entre elles, relativement récente, a été d'abord le fait de missionnaires traduisant la Bible, puis d'administrateurs coloniaux, et enfin de linguistes. Toutes sont loin d'être transcrites, et bien moins nombreuses sont celles dont on connaît la phonétique et la syntaxe. Elles sont l'objet de plusieurs classifications, dont les plus connues sont celles de Maurice Delafosse, Dietrich Westermann, Joseph Greenberg et Malcolm Guthrie : des aires linguistiques ont été définies, mais on débat encore pour savoir si l'on a affaire à des langues, des dialectes, ou des parlers.
Les linguistes dénoncent trois préjugés tenaces : les langues africaines seraient pauvres, ne se prêteraient pas à l'expression de notions abstraites et n'auraient pas de grammaire. C'est probablement la situation internationale du continent qui explique tant le maintien des « dominations » linguistiques étrangères que la solution de facilité qui a consisté à ne pas aider les langues « nationales » à se constituer un patrimoine institutionnel et matériel moderne (transcription, enseignements, publications). Ce sont en fin de compte des raisons sociales, économiques et politiques qui expliquent les privilèges de certaines langues : ils correspondent au rôle dominant de certaines régions, de certaines populations ou de certains dirigeants politiques. Ainsi, en République démocratique du Congo (ex-Zaïre), la langue officielle, écrite, de prestige, est toujours le français. Puis viennent quatre langues nationales dont la fonction véhiculaire est dominante ; ces langues servent d'instrument d'unification régionale et jouent un rôle décisif dans les communications entre communautés urbaines d'origines diverses ; c'est par leur pratique que se manifeste le bilinguisme quasi naturel de la majorité de la population. Enfin, il faut prendre en compte les très nombreuses (parfois plusieurs centaines) langues dites ethniques, « maternelles » ou vernaculaires.
Il existe d'autres langues en Afrique noire qui proviennent des conditions particulières du contact avec les Européens ; ce sont les pidgins et les créoles, présents surtout dans les pays anglophones ou lusophones (le krio en Sierra Leone, le kriyol au Cap-Vert, le coast-english au Cameroun).
Aires et familles linguistiques

Les études comparées des langues africaines et leur classification ne peuvent être menées qu'avec précaution, dans la mesure où nous ne disposons pas, contrairement aux langues indo-européennes, de témoignages écrits anciens. La recherche d'une langue ancêtre commun est d'autant plus compliquée que l'histoire même du peuplement et des migrations à travers le continent tout entier est approximative et conjecturale, en tout cas pour les périodes remontant à plus de six ou huit siècles. Maurice Delafosse a proposé une ascendance commune aux langues bantoues (Centre, Est et Sud) et soudanaises (Ouest). Sa classification a été remaniée en 1940 par Dietrich Westermann qui, sur la base de nombreux arguments morphologiques et structuraux, a établi trois familles : chamito-sémitique, khoisan et nègre (bantou, soudanais, nilotique).
C'est l'Américain Joseph Greenberg qui pose (en 1955 et 1963) les bases de la classification admise aujourd'hui par la majorité des linguistes. Elle comporte quatre familles : l'ensemble nigéro-kordofanien, qui recouvre la majorité des langues bantoues et occidentales ; la famille afro-asiatique (Afrique du Nord, haoussa, corne de l'Afrique) ; la famille nilo-saharienne ; la famille khoisan. Une zone de fragmentation (suivant l'axe Dakar-Djibouti) marquerait, selon le linguiste britannique David Dalby, la région d'origine de diffusion et de différenciation de ces familles.
Les formes culturelles

La réputation internationale des cultures et arts africains est relativement récente. L'« invention » de l'art nègre entre les années 1905 et 1910, l'intense commercialisation des objets d'art, les succès indirects (jazz et blues des Noirs américains) et directs de la musique (Fela Anikulopo Kuti, Mory Kante, Johnny Clegg), les prix accordés à des films africains au festival de Cannes confirment la reconnaissance des divers genres de la création artistique et esthétique du continent.
Mais cette valorisation extérieure n'est ni de pure curiosité ni sans conséquences : en effet, elle modifie singulièrement le regard que les sociétés africaines peuvent porter sur leurs propres formes culturelles. Ainsi les arts plastiques traditionnels ne sont-ils pas devenus des « arts de musée » (comme en Inde, par exemple), parce qu'il y a peu de musées d'art dans les pays africains eux-mêmes, et surtout les belles pièces sont depuis longtemps la propriété de collections publiques et privées de l'Occident. Même le cinéma reste largement un produit d'exportation – à l'exception peut-être du Nigeria ou du Burkina –, et non de consommation intérieure. En outre, usages et publics, dynamiques de création et de diffusion varient d'une population à l'autre, d'un État à l'autre : ainsi, la culture fait l'objet d'une reconnaissance officielle au Sénégal et en Tanzanie, mais non au Kenya.
La création artistique

Les savoirs et les savoir-faire (et leur transmission d'une génération à l'autre) dépendent du degré de spécialisation des artisans qui peuvent appartenir à une caste comme en Afrique de l'Ouest. Ils dépendent aussi du contexte rituel, plus ou moins protégé et secret, dans lequel ces objets sont utilisés, au contraire des commandes d'une clientèle villageoise ordinaire. Les arts de cour ont été très nombreux, et ils semblent avoir été les pourvoyeurs d'une bonne partie des objets recueillis et collectionnés à ce jour. La particularité des critères idéologiques, politiques et esthétiques auxquels ils répondent devrait être appréciée avec précision. Michel Leiris et Jacqueline Delange ont fait une distinction entre, d'une part, les arts de l'atour et de l'entour de la vie sociale (le corps, les espaces), et, d'autre part, ceux de la représentation, où la symbolique finit par prendre le dessus sur la fonctionnalité ou la forme de l'objet.

Le corps humain est le premier objet d'art : scarifications, tatouages, peintures corporelles introduisent à l'art du masque (à la fois instrument de déguisement du corps et cérémonie dansée), en rapport avec une initiation, par exemple. Art de l'éphémère que nous connaissons grâce à une relative abondance de documents (masques, statuettes), la coiffure est l'un des plus grands arts populaires de l'Afrique contemporaine. Colliers, peignes, bijoux sont mieux connus que les vêtements ou les tissus (encore que certains soient vieux de plusieurs siècles). Enfin, il ne faut pas oublier les arts liés au pouvoir (cannes, tabourets, bâtons de commandement) et à la guerre (armes, casques, boucliers). Quant aux maisons, aux palais, aux lieux de culte, portes, linteaux, peintures murales confirment, au-delà des arts architecturaux, la volonté de charger de sens les espaces publics. Enfin, mobiliers, ustensiles domestiques (calebasses, vanneries, cuillères, poteries, appuis-tête) permettent de lire une esthétique du quotidien et de la symbolique domestique (hommes, femmes ; aînés, cadets ; agriculteurs, éleveurs, etc.).

Congo, statuette magiqueCongo, statuette magique
Avec la statuaire, les arts graphiques et picturaux, nous entrons dans les relations avec la nature et la surnature, dans le panthéon des dieux et des pouvoirs. L'existence de plusieurs grands styles à travers le continent renvoie à une histoire culturelle, à une anthropologie sociale, à une écologie (liens avec la nature), qui sont fondatrices de sociétés et de traditions, aujourd'hui considérablement modifiées.
Malgré les oublis, les changements, les vols et les destructions (des centaines de milliers d'objets ont été détruits sciemment par les missionnaires des diverses Églises chrétiennes sous prétexte de lutte contre l'idolâtrie et le paganisme), l'occidentalisation des cultures africaines a engendré des dynamiques positives, suscitant des initiatives artistiques inédites ou des réinterprétations d'un passé souvent imaginaire. De nombreux liens unissent ces passés et ce présent, comme dans la transmission de certains savoir-faire ; c'est le cas des griots musiciens. Plusieurs processus se superposent : le jeu des demandes populaires, des goûts des élites, le poids du tourisme international, la nature de la reconnaissance et du statut de l'artiste individuel, enfin les moyens techniques de la reproduction des œuvres. L'adoption et l'incorporation de techniques et de traditions artistiques occidentales (peinture sur toile, statuaire) sont un fait.
La musique

Yodler des Pygmées du ZaïreYodler des Pygmées du Zaïre
Dans le cas de la musique, le recours à une instrumentation et à une orchestration modernes (guitare électrique, batterie, cuivres, xylophone, synthétiseur) a permis de redonner une nouvelle vie et un nouveau public à des mélodies et à des thèmes traditionnels (comme les poèmes mandingues du Mali) ou, au contraire, de résister et de réagir de façon innovatrice à l'invasion de la musique « pop ». Ces créations musicales participent alors de mouvements visant le changement social – et même politique comme pour Fela au Nigeria –, comme celui qui se traduit par l'apparition d'une véritable culture de la jeunesse urbaine.
Le cinéma

Si l'on met à part la déjà longue tradition de production égyptienne (Muhammad Bayyumi tourna en 1920 al-Bash Katib avec l'acteur Amin Atallah) qui réalise, au début des années 1990, plus de 150 films par an, le cinéma du Maghreb et de l'Afrique noire est né pour l'essentiel avec les indépendances, dans les années 1960-1970, et avec des réalisateurs formés en France, en Belgique ou au Royaume-Uni, du Sénégalais Ousmane Sembène au Malien Souleymane Cissé en passant par le Nigérian Oumarou Ganda ou l'Algérien Mohamed Lakdar-Hamina.
Le cinéma africain hésite toujours entre un comique d'inspiration populaire et une description ethnologique des problèmes sociaux ou culturels contemporains, qui débouche souvent sur une acerbe critique politique et sociale.
Les arts

Les formes de productions culturelles les plus anciennes, parce que les mieux préservées de la destruction jusqu'à nos jours, sont les très nombreuses représentations peintes ou gravées sous des abris ou sur des surfaces rocheuses : elles vont du Maroc central au Nil, passant par les grands massifs centraux sahariens et, vers le sud, jusqu'en Guinée et en Tanzanie. On en trouve aussi bon nombre dans le Drakensberg sud-africain, en Namibie et en Angola. L'inventaire de ces vestiges d'une grande valeur esthétique, souvent difficiles à dater, est loin d'être achevé.
L'argile


Elle est, avec certaines pierres tendres, le matériau le plus anciennement façonné. Les représentations en terre cuite, souvent rudimentaires, figurent des humains dans la moyenne vallée du Nil dès le Ve millénaire, mais surtout des animaux, en particulier des bovidés, en de nombreux points du continent. Les statuettes, les têtes en terre cuite ont fait hier la gloire de la culture de Nok puis de celle d'Ife ; elles font aujourd'hui celle de cultures plus récentes des bassins du Niger et du Limpopo. Durant quatre, voire cinq millénaires, à des degrés divers, avec des chances très variables de préservation jusqu'à nos jours, le monde africain noir a produit des chefs-d'œuvre en argile.
Les textiles

Ils constituent une troisième grande série de productions. La laine est tissée et teinte dès le viiie s. après J.-C., le coton depuis le ixe s., en Afrique occidentale ; la splendeur des pagnes ashantis, baoulés, ivoiriens, togolais montre la continuité précieuse de cette production artistique jusqu'à nos jours. Dans les mêmes conditions de continuité, et au moins depuis le xive s., l'Afrique équatoriale bat les écorces de ficus jusqu'à les avoir assez assouplies pour tailler des vêtements dans ce « tissu » ; elle tisse et teint de superbes pagnes en raphia.
Les métaux cuivreux

Apparus au IIe millénaire avant J.-C., les métaux cuivreux aussi ont permis le développement d'une belle production, toujours vivante aujourd'hui ; le fer a été moins souvent et bien plus récemment utilisé pour créer des objets auxquels nous accordons une valeur esthétique.
Le bois


Au moins depuis le viiie s., le bois a fourni le support de la production la plus célèbre, la plus recherchée par les collectionneurs et les marchands : celle des masques et des statues ; dans ce domaine les faux pullulent, et l'imitation abâtardie est devenue la règle.
La vannerie, les perles et les coquillages

Statue royale de Reine porte-coupe, Afrique, CamerounStatue royale de Reine porte-coupe, Afrique, Cameroun
Dans l'est du continent, au Rwanda et au Burundi, la vannerie est productrice de très beaux objets, de somptueuses cloisons de demeures, par exemple en Tanzanie.
Perles, importées ou de fabrication locale, et coquillages (notamment les cauris, coquillages du groupe des porcelaines qui ont longtemps servi de monnaie en Afrique noire) sont aussi d'importants moyens d'orner des statues ou de parer les corps. Les peintures corporelles et les scarifications, enfin, sont, comme les précédentes, des formes d'art aux profondes significations sociales et culturelles.
Les styles

On a pu dégager des styles auxquels on a donné le nom des peuples qui les ont produits. Parmi les ethnies ayant une production artistique originale, il convient de citer particulièrement les Achantis, les Bambaras, les Bamilékés, les Bamoums, les Bochimans, les Baoulés, les Dans, les Dogons, les Fangs, les Kongos, les Lubas, les Noks, les Saos, les Sénoufos et les Yoroubas. L'ancien royaume du Bénin a connu une remarquable production de bronze.
Les médias

Comme la quasi-totalité des régions du tiers-monde, l'Afrique noire est soumise aux effets de la dépendance technologique en matière de communication (radios, télévisions, satellites, programmes, formations). Il n'existe aucune grande structure de communication panafricaine, publique ou privée, tant au niveau des agences de presse que des chaînes de radio ou de télévision. Certes, rien ne s'opposerait à des regroupements régionaux ou par affinités linguistiques, mais c'est souvent une influence occidentale qui l'emporte, notamment en raison de la francophonie ou du poids des investissements privés dans la presse des pays anglophones.
La radio

Le faible coût des appareils à transistor explique la prédominance de la radio (en moyenne, un récepteur pour quinze personnes), mais la couverture hertzienne du continent est loin d'être totale. Cependant, les radios les plus écoutées en matière d'information politique, nationale et internationale, ne sont pas les radios africaines, mais des radios occidentales ou asiatiques ; leurs émissions en anglais, en français et, bien sûr, en langues africaines (haoussa, swahili), lorsque de tels programmes existent, offrent des informations plus nombreuses et qui, en tout cas, échappent à la censure. Les informations locales ainsi que les émissions à portée pédagogique et éducative restent l'apanage des chaînes nationales, qui ont des politiques variables en matière d'utilisation des langues « nationales », mais seules les langues les plus répandues ont le droit à l'antenne.
La télévision

La télévision reste d'un usage plus limité que celui de la radio. Son introduction date, au mieux, du début de l'indépendance, et certains pays, comme la Tanzanie, n'ont pas encore de chaîne nationale. Une partie non négligeable des programmes est fournie directement par les différents bailleurs de fonds, qui interviennent également dans la formation des cadres techniques : ainsi l'Institut national de l'audiovisuel français (I.N.A.) joue ce rôle pour les télévisions francophones et lusophones. En règle générale, faute de moyens, la qualité technique reste très pauvre.
Radios et télévisions sont donc les voix de l'État ; ce n'est d'ailleurs pas par hasard si les bâtiments de la radiodiffusion sont les premiers occupés lors d'une tentative de coup d'État. Pourtant, il existe des programmes où s'engage un dialogue avec les masses paysannes et la radio reflète plus la culture urbaine, populaire et petite-bourgeoise que la culture de l'élite et des coopérants internationaux. Mais ces voix de l'État prennent la forme d'une propagande déguisée dans la mesure où il n'existe aucune concurrence, et encore moins de liberté véritable en matière d'expression et d'opinion à ce niveau.
La presse écrite

La presse écrite, qui reflétait une situation identique à celle des autres médias, est en train de changer. Les différences sont considérables d'un État à l'autre : entre le tirage « confidentiel » de l'Essor (3 500 exemplaires), l'ancien journal financé par le gouvernement malien, et la multiplicité des quotidiens et périodiques nigérians (plus d'une vingtaine de titres pour chaque type de publication et des tirages qui peuvent atteindre plusieurs dizaines de milliers d'exemplaires), entre la liberté de la presse déjà ancienne au Sénégal (presse de parti, presse d'opinion) et les rares quotidiens ou périodiques très surveillés et (auto)censurés du Kenya, il existe toute une gamme de titres intermédiaires. La presse en langue nationale est plus ou moins répandue : citons le Nigeria avec des journaux en haoussa, le Kenya et la Tanzanie avec des quotidiens et des hebdomadaires en swahili, le Mali avec des mensuels en bambara, en soninké ou encore en peul.
La reproduction des discours officiels, les reportages sur les tournées des personnalités politiques et religieuses, et sur les projets de développement, la reprise des dépêches des grandes agences de presse internationales rendent la plupart de ces quotidiens peu attractifs. C'est surtout dans des périodiques comme Weekly Review au Kenya ou Sud-Hebdo au Sénégal que l'on peut trouver des analyses de fond ou des réflexions politiques argumentées. La floraison de la presse démocratique pourrait éventuellement changer cette image restrictive et officielle. Mais, dans ce domaine, l'Afrique francophone ne fait peut-être que s'aligner sur certains pays anglophones qui ont réussi à maintenir une presse privée, plus ou moins indépendante politiquement.
L'éducation et la recherche

C'est par l'accès à une école de type occidental, introduite par les puissances coloniales, que s'est opérée, sur près d'un siècle, l'apparition d'une élite sociale et politique. À la suite des indépendances, le diplôme et le fonctionnariat ont paru proposer l'image par excellence de l'emploi stable, urbain, bien rémunéré, conférant prestige et avantages nombreux. La bureaucratie des États a ainsi accordé beaucoup d'attention à la scolarisation, surtout primaire, pour répondre à une très forte demande sociale. Le coût croissant d'un tel système, sa désagrégation progressive devant la pression démographique, la préférence accordée en pratique par les élites elles-mêmes à l'enseignement privé et aux universités occidentales, la nécessité de limiter, voire de réduire le nombre des fonctionnaires, expliquent l'accumulation des facteurs de crise.
Ces systèmes ont commencé par copier les modèles occidentaux déjà plus ou moins implantés dans les faits. Ils s'en sont vite rendus indépendants par l'africanisation des programmes et par le renouvellement des structures et des moyens pédagogiques. Mais de nombreuses expériences ont été des échecs ; par exemple, en Côte-d'Ivoire, la télévision scolaire, qui a fonctionné pendant vingt ans, a été remise en cause à la suite de son manque de souplesse et de la démotivation du corps enseignant. Au Kenya, une vaste réforme de tout le cursus scolaire se met en place, avec le système du 8-4-4 (huit ans de primaire, quatre ans de secondaire et quatre ans de supérieur) ; mais l'un des appareils éducatifs les plus performants d'Afrique est en train d'éclater sous le poids de la demande (le nombre d'étudiants a pratiquement décuplé sans augmentation des moyens correspondants).
L'alphabétisation

Certains pays ont lancé de grandes campagnes d'alphabétisation, notamment ceux qui se réclamaient à une époque ou à une autre d'une certaine forme de socialisme (Guinée, Mozambique, Éthiopie, Burkina). Mais, comme dans beaucoup d'autres États du tiers-monde, le résultat final s'est avéré très décevant. Le problème fondamental reste celui des formations professionnelles et techniques, de l'ouvrier qualifié à l'ingénieur. Le paradigme bureaucratique a prévalu pendant de nombreuses années, aussi a-t-il fallu du temps avant d'accorder une certaine priorité à ce secteur. Le prestige du droit et de la médecine primait sur leur utilité sociale. Le nombre des gestionnaires de l'économie publique et des entreprises privées a augmenté, leur qualité s'est très nettement améliorée, mais les dysfonctionnements de ces secteurs ont des causes plus politiques et sociales.
Certes, d'impressionnantes cohortes d'ingénieurs et de cadres supérieurs ont été formées à l'étranger (grâce à de nombreuses bourses, mais aussi sur les fonds propres des familles privilégiées). Malheureusement, un certain nombre d'entre eux sont restés dans les pays d'accueil (la Banque mondiale évoque le chiffre de 100 000 en Europe et aux États-Unis) ou ont été intégrés dans les organisations panafricaines et internationales. Cette « fuite des cerveaux » coûte très cher aux États africains.
La recherche universitaire et appliquée

La recherche universitaire et appliquée est de plus en plus entre les mains des organismes internationaux ou des chercheurs occidentaux, malgré le nombre très important de chercheurs africains. Cette situation peut sembler normale dans les très coûteuses sciences exactes et biologiques, mais il n'en est pas de même dans des domaines tels que l'agronomie, la médecine ou la technologie, dont l'utilité est immédiate.
Cette dégradation des conditions d'apprentissage, de transmission et de production des savoirs fondamentaux et appliqués risque de remettre en cause, à terme, le principe même de l'autonomie intellectuelle et culturelle du continent. Pourtant, c'est à la suite d'une prise de conscience de l'extrême gravité d'une situation de ce genre que les mouvements anti-apartheid noirs ont mis fin à leurs boycotts scolaires répétés au cours des années 1980 : la non-scolarisation ou la déscolarisation de générations entières est apparue comme bien plus dangereuse qu'une mauvaise scolarisation, partielle et partiale.

 
 
 
 

L' ÉGYPTE - 2 -

 

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Égypte : histoire de l'Égypte après la conquête arabe
Saladin Ier
L'histoire de l'Égypte jusqu'à la conquête arabe est traitée sous l'intitulé Histoire de l'Égypte ancienne et préislamique.
1. L'Égypte musulmane jusqu'à la conquête ottomane (642-1517)

1.1. La conquête et l'occupation arabe

 La conquête
L'armée byzantine d'Égypte, forte de 30 000 hommes, était presque entièrement composée d'indigènes de médiocre valeur militaire. Le patriarche melkite Cyrus (630 ou 631-643 ou 644), chargé par Héraclius de la réconciliation des monophysites (→ monophysisme), s'était vu confier les pouvoirs du préfet augustal, mais sa dureté envers les hérétiques l'avait rendu impopulaire. L'Égypte n'a pas appelé les Arabes, mais elle les a laissés faire.
En 640, sous le califat d'Umar, le général arabe Amr ibn al-As envahit le pays ; en 642, Alexandrie capitule. Le vainqueur fonde la forteresse de Fustat (le Vieux-Caire). Il remet en état le canal du Nil à la mer Rouge, et l'annone est dirigée sur Médine.
 L'occupation
Les Arabes, peu nombreux, restent groupés en garnisons ; celles-ci sont entretenues par le produit des terres qui restent propriété d'État. L'appât de cette vie mercenaire, l'appel à la colonisation lancé par les gouverneurs (amil) grossissent le nombre des Arabes. Des capitulations ont laissé aux chrétiens leurs églises, leur organisation locale, mais ils doivent payer des impôts spéciaux : le kharadj, impôt foncier qui marque la propriété éminente des conquérants musulmans, et la djizya (capitation).
La série des patriarches melkites s'interrompt de 651 à 742 et leur confession reste très minoritaire. De leur côté, les Coptes monophysites voient également leur audience diminuer très rapidement : vers 750, ils ne représentent plus qu'un quart de la population.
Comment s'explique cette conversion rapide à l'islam ? L'épiscopat copte, reconstitué trop vite après les persécutions, est fort médiocre. Beaucoup de chrétiens se convertissent pour échapper aux impôts spéciaux. Comme les moines sont exempts de capitation, des foules se réfugient dans les monastères. Le gouverneur prend des mesures rigoureuses de contrôle, les faux moines apostasient.
Les Arabes ont la sagesse de conserver les institutions administratives des Byzantins avec des Coptes comme fonctionnaires subalternes. Il semble que la mainmise de l'État byzantin sur le commerce extérieur ait été levée. Le commerce vers l'Inde se ranime, mais le golfe Persique reste plus important que la mer Rouge.
L'Égypte suit le sort du monde arabe pendant deux siècles : omeyyade dès 661 (→ Omeyyades), elle n'est guère touchée par les hérésies de l'islam. La politique fiscale des Abbassides, qui exploitent la vallée du Nil pour le seul profit des capitales irakiennes, provoque des révoltes périodiques des Arabes et des Coptes.
1.2. Les Tulunides (868-905) et les Ikhchidides (935-969)

Un esclave turc, Ahmad, fils de Tulun, est chargé, en 868, du commandement des troupes : il organise un corps de mercenaires achetés sur les marchés d'esclaves, les mamelouks. Il se proclame maître de l'Égypte et conquiert la Syrie. Son fils se fait reconnaître par le calife gouverneur de l'Égypte et des pays voisins. En 905, une armée abbasside réoccupe le pays.
En 935, un Turc, Muhammad, qui a pris le surnom royal iranien d'Ikhchid, reçoit de Bagdad les pleins pouvoirs pour lutter contre la propagande des hérétiques chiites.
Ces deux dynasties, qui parviennent à obtenir une certaine autonomie, restent cependant fidèles à l’empire et ne cherchent pas à se rendre indépendantes à la différence de leurs successeurs.
Pour en savoir plus, voir l'article Tulunides.
1.3. Les Fatimides (969-1171) : une période de prospérité

Maîtres du Maghreb depuis 909, les Fatimides, chiites ismaéliens, visent depuis longtemps l'Égypte. Profitant de la mort du vizir Abu al-Misk Kafur, rempart de la dynastie ikhchidide (968), leur armée occupe l'Égypte et la Syrie (969) ; elle fonde à côté de Fustat la ville d'al-Qahira (la Victorieuse) [le Nouveau Caire]. En 973, le calife al-Muizz vient s'installer en Égypte. Lui succéderont douze califes parmi lesquels son petit-fils al-Hakim (996-1021), divinisé par certains de ses partisans (→ Druzes).
La souveraineté des Fatimides se restreint assez vite à l’Égypte : le Maghreb leur échappe à partir de 1045 ; les Turcs seldjoukides les attaquent et les supplantent en Syrie (1078) et les croisés leur enlèvent Jérusalem (1099). Mais même en Égypte, leur assise sociale est faible dans un pays acquis au sunnisme et où les révoltes populaires s’ajoutent aux troubles militaires dus aux rivalités entre divers contingents (Mamelouks, Berbères, Turcs…).
Leur pouvoir est préservé par l'énergie des vizirs, qui finissent par choisir eux-mêmes leur calife. L'Égypte connaît alors une grande prospérité. Le pays n'est plus exploité au profit de capitales lointaines ; la mer Rouge et Alexandrie retrouvent un rôle de premier rang dans les relations entre la Méditerranée et l'Extrême-Orient. Les marchands de Venise et d'Amalfi, qui assurent les relations maritimes avec le Maghreb, affluent à Alexandrie ; des caravanes relient également l'Égypte à l'Afrique du Nord, au Soudan, à l'Éthiopie. L'artisanat, aux mains des Coptes, continue à fabriquer des objets de valeur : ivoires, cuivres et bronzes, verrerie, carreaux de faïence émaillée. Le Caire s'orne de monuments remarquables : le palais du calife (Qasr al-Kabir, aujourd'hui disparu), la mosquée al-Azhar.
En 1164, devançant les troupes du royaume de Jérusalem, les lieutenants de l'atabek turc de Mossoul, Chirkuh, et son neveu Saladin (Salah al-Din) occupent l'Égypte. Saladin devient vizir en 1169 et, à la mort du Fatimide al-Adid (1160-1171), fait prononcer la prière au nom du calife de Bagdad.
1.4. Les Ayyubides (1171-1250)

Saladin IerSaladin Ier
Saladin, fils de l'émir kurde Ayyub, fonde une dynastie royale ; il annexe la Syrie et le Yémen, et se fait reconnaître par Bagdad. En 1187, il porte un coup décisif au royaume latin de Jérusalem qui est réduit à une frange côtière s'étirant de Tyr à Jaffa après la paix de 1191. Son État se morcelle après sa mort en 1193.
La prise de Damiette, en 1249, par saint Louis (septième croisade)La prise de Damiette, en 1249, par saint Louis (septième croisade)
Les croisés ne cessent de tenter des débarquements dans le Delta. En juin 1249, Saint Louis débarque à Damiette ; battu et pris à Mansourah (février 1250), il évacue l'Égypte. Le dernier Ayyubide est tué en mai 1250, et le pouvoir passe aux chefs des Mamelouks.
Pour en savoir plus, voir l'article les croisades.
1.5. La remarquable administration des Mamelouks (1250-1517)

L'Égypte, XIIe-XVIe siècleL'Égypte, XIIe-XVIe siècle
Cette oligarchie militaire d'origine servile, au service des derniers sultans ayyubides, s'impose à la tête du pouvoir, contrôlant une administration modèle et assurant la prospérité dans le seul pays du monde arabe qui échappe aux ravages des Mongols (destruction du califat abbasside de Bagdad en 1258).
Alexandrie détient maintenant le monopole du transport des épices vers l'Europe chrétienne ; les Vénitiens et les Génois, qui se disputent ce marché, n'hésitent pas, malgré les défenses de l'Église, à livrer aux Égyptiens du bois, du fer, des armes, des esclaves. Les taxes prélevées à la sortie d'Alexandrie expliquent le luxe de la cour du Caire, les magnifiques monuments de la capitale : mosquée funéraire de Qalaun (xiiie siècle), mosquée-madrasa du sultan Hasan (xive siècle), mosquée de Qaitbay (xve siècle).
Les Mamelouks bahrites
De 1250 à 1382, le pouvoir est aux mains des Mamelouks bahrites (de bahr, d'après leur caserne sur le Nil, sur l'île de Rawda), des Turcs. Le sultan Qutuz (1259-1260) sauve l'Égypte en battant les Mongols à Aïn Djalout, en Syrie (1260) mais est assassiné sur les ordres de son lieutenant Baybars (1260-1277), qui lui succède, reconnaissant comme calife, mais sans pouvoir, un survivant des Abbassides. Véritable fondateur de l'empire mamelouk, Baybars conquiert notamment la majeure partie des villes du royaume latin de Jérusalem, dont le commerce concurrençait celui d'Alexandrie ; Qalaun (1279-1290) achève la destruction de l'État des croisés par la prise d'Acre (1291). Le royaume d'Arménie-Cilicie (ou Petite Arménie) tombera à son tour en 1375.
Les Mamelouks burdjites
En 1382, le pouvoir passe aux Mamelouks burdjites (de burj, tour fortifiée, d'après leur résidence dans les tours de la Citadelle du Caire), des Tcherkesses ou Circassiens. La nouvelle dynastie est victime de coups d'État multipliés. La situation économique est moins bonne : la monnaie d'or fuit vers l'Occident, et l'Égypte n'a plus qu'une monnaie de billon.
En 1400, les Mamelouks repoussent la tentative d’invasion de Timur Lang (Tamerlan), mais la campagne a entraîné de très lourdes dépenses, contribuant à la crise économique coïncidant avec le sultanat de Barsbay (1422-1438) qui tente sans grand succès d’imposer un monopole d’État sur le commerce extérieur (sucre, poivre, cuivre).
Dès 1503, les Portugais s'installent en maîtres en Inde et coupent les convois d'épices à destination de l'Égypte ; en 1509, Francisco de Almeida détruit la flotte des Mamelouks.
Depuis longtemps, l'Égypte est convoitée par les Ottomans. En 1516, le sultan Selim attaque les Mamelouks ; seul à posséder une artillerie, il les écrase à Alep (1516), au Caire (1517). Selim, qui a racheté les droits du dernier calife, se proclame commandeur des croyants.
Pour en savoir plus, voir l'article Mamelouks.
2. L'Égypte, province ottomane de 1517 à 1805

2.1. Le déclin de l'économie

La province est confiée à un pacha nommé pour un an. Il lève les impôts, envoie 600 000 piastres par an et des contingents militaires à Constantinople. Il est assisté par 24 préfets, les beys ; ceux-ci achètent des esclaves (des mamelouks) pour se faire une garde personnelle ; lorsqu'une charge de bey est vacante, le bey le plus puissant propose un de ses mamelouks. Pour garder les frontières et refouler lesBédouins, le pacha dispose de sept régiments commandés par des aghas. Les aghas sont élus pour un an par les soldats ; à leur sortie de charge, ils entrent dans un conseil des anciens aghas, qui administre l'armée.
Beys et aghas reçoivent (en concession révocable) des terres en usufruit, devenant à la fois des seigneurs terriens (absentéistes le plus souvent) et des fermiers généraux (multazims). Dans le cadre de ce système foncier et fiscal appelé iltizam, ils font cultiver leur domaine personnel (non imposable) par corvées, et lèvent l'impôt sur les autres terres villageoises dont ils remettent une partie au pacha mais en conservent la plus grande part.
Le pouvoir des pachas ne cesse de décliner devant ces milices insubordonnées. Ali Bey (1757-1773) se rend indépendant du Sultan, qui a beaucoup de mal ensuite à rétablir son autorité nominale. L'incurie turque amène le déclin de l'économie.
2.2. L'enjeu des convoitises européennes

Au xviiie siècle, le pays est convoité par la France et la Russie, surveillé par les Anglais. Les Français (des Marseillais), bénéficiant des capitulations, sont pratiquement les seuls à commercer à Alexandrie. Les Anglais, qui ont obtenu en 1775 l'ouverture de la mer Rouge, empruntent le territoire égyptien pour se rendre aux Indes.

La bataille des Pyramides, 21 juillet 1798La bataille des Pyramides, 21 juillet 1798
Les exactions subies par des commerçants français provoquent un conflit entre les beys mamelouks et la France. C'est alors que Bonaparte fait décréter par le Directoire l'expédition d'Égypte (→ campagne d'Égypte). Il prend Alexandrie le 2 juillet 1798, bat les Mamelouks aux Pyramides (21 juillet). Son équipe de savants commence l'inventaire des richesses du pays et inaugure le renouveau des méthodes d'exploitation de l'Égypte. Bonaparte rentre en France en août 1799 ; son armée, qu'il avait laissée à Kléber (assassiné le 14 juin 1800), capitule à la suite d'un débarquement de Turcs et d'Anglais (30 août 1801).
3. L'Égypte moderne (1805-1952)

3.1. De Méhémet-Ali au protectorat britannique (1805-1882)

Méhémet-Ali (1805-1848) : les fondements de l'Égypte moderne
Méhémet-AliMéhémet-Ali
Le Sultan ne réussit pas à rétablir sa domination, et, après le départ des Anglais (1803), le chef des troupes albanaises, Méhémet-Ali, oblige Constantinople à le reconnaître comme pacha (1805). Il en finit avec les Mamelouks en faisant massacrer 300 beys (1811). Il se débarrasse de ses Albanais turbulents en les envoyant conquérir le Soudan et les remplace par une armée de conscrits recrutée chez les fellahs (paysans).
Son objectif est surtout de favoriser un développement agricole et industriel de l’Égypte, dirigé par l’État, en démantelant le système fiscal de l’iltizam. Tandis que les biens de mainmorte (des fondations religieuses) sont saisis et le monopole d’État de la terre instauré après expropriation de l’ancienne classe dirigeante mamelouke, la perception directe de l’impôt agricole est rétablie. Si le pacha s’approprie un vaste domaine personnel, la plupart des terres villageoises sont attribuées à titre viager aux paysans. Chaque communauté villageoise est redevable de l’impôt et de la corvée (grands travaux d’irrigation). L’État décide des types de cultures (coton en particulier, lin, canne à sucre, destinées à l’exportation) et se charge de l’achat et de la revente de la production. Des monopoles industriels et commerciaux sont instaurés et l’industrie textile protégée de la concurrence.
Cette politique contribuera à l'hostilité de l’Angleterre, par ailleurs inquiète des relations étroites établies entre l’Égypte et la France d’où proviennent plusieurs conseillers du pacha, instructeurs militaires (Sèves) ou ingénieurs (Linant de Bellefonds).
En compensation de son appui apporté au gouvernement ottoman en 1820-1827 contre le mouvement d’indépendance en Grèce et pour couvrir ses frontières grâce à cet État-tampon, Méhémet-Ali réclame en vain au Sultan la Syrie, qu’il fait envahir en 1831-1832 avant de menacer Istanbul. Mais l'Angleterre s’oppose à ces ambitions et dresse contre lui une coalition européenne (Grande-Bretagne, Autriche, Russie et Prusse) : en 1841, Méhémet-Ali perd la Syrie et doit se contenter du pachalik héréditaire de l'Égypte outre le Soudan qu’il avait conquis en 1820-1821.
Said (1854-1863) : poursuite de la politique moderniste pro-occidentale
Son petit-fils, Abbas Hilmi (1848-1854), qui lui succède, renvoie les conseillers de son aïeul, suspend les grands travaux, se rapproche du Sultan par haine des consuls européens. Il est étranglé et remplacé par le dernier fils de Méhémet-Ali, Said (1854-1863). Ce dernier rétablit les relations privilégiées avec les Français. De nombreuses écoles sont ouvertes par les ordres religieux français ; les fouilles sont développées par Mariette. Le pacha réforme le régime foncier, accélérant l'instauration de la propriété privée de la terre et la constitution de grands domaines : la propriété éminente de l'État est supprimée ; la corvée est officiellement abolie ; le fellah peut vendre librement son lot et les produits de sa terre, mais l'État peut reprendre son lot si l'impôt n'est pas payé.
Les concessions accordées par la dynastie de Méhémet-Ali permettent la constitution de grands domaines, à côté des parcelles toujours plus exiguës des paysans ; le surpeuplement apparaît : la population, qui était tombée à 2 millions d'habitants en 1800, sera de 10 millions à la fin du siècle.

Ferdinand, vicomte de LessepsFerdinand, vicomte de Lesseps
L'Égypte reprend son rôle d'intermédiaire entre l'Europe et l'Extrême-Orient. La voie ferrée relie Alexandrie à Suez en 1859, mais, dès 1856, Said avait accordé à Ferdinand de Lesseps la concession du futur canal de Suez.
En 1863, Ismaïl succède à son oncle et reçoit le titre de khédive en 1867. Le 17 novembre 1869, le canal est solennellement inauguré.
Pour en savoir plus, voir l'article Empire ottoman.
3.2. La domination britannique (1882-1923)

Le réveil du nationalisme
La Grande-Bretagne pense dès lors à s'assurer le contrôle du canal ; en 1874, elle rachète les actions du khédive Ismaïl. En 1876, ce dernier suspend le paiement de la dette publique contractée auprès des Européens. La France et l'Angleterre prennent la direction de l'administration égyptienne, créent la Caisse de la dette publique qui finit par absorber l’essentiel des revenus de l’État, puis remplacent Ismaïl par son fils Tawfiq (1879-1892) plus docile, alors que la mainmise des étrangers provoque le mouvement nationaliste du colonel Urabi.
La mainmise de l'Angleterre
Un massacre de chrétiens à Alexandrie (juin 1882) permet une intervention européenne : la France se dérobant, l'Angleterre agit seule, et Urabi, qui attaque la zone du canal, est battu à Tell el-Kébir (13 septembre 1882). Malgré les réclamations françaises et les protestations de la Turquie, l'Angleterre installe sa domination sans titre sur l'Égypte : un haut-commissaire assiste le khédive, des Anglais surveillent l'administration et l'armée. Les finances sont assainies ; la construction des barrages d'Assouan et d'Assiout augmente de moitié la surface cultivée.
Sous Ismaïl, l'armée égyptienne avait achevé la conquête du Soudan oriental ; puis, cédant aux objurgations des puissances, le khédive interdit la traite dans ces territoires, qui en vivaient. Le Soudan s'insurge et tombe aux mains des derviches (mahdi Muhammad Ahmad et Abd Allah ibn Muhammad al-Taaichi) [1881-1885]. Kitchener, qui a réorganisé l'armée égyptienne, reconquiert le Soudan en 1898 et oblige les Français à renoncer à leurs prétentions sur cette province de l'Égypte (→ affaire de Fachoda).
Renaissance de l'opposition nationaliste
La présence des Anglais cristallise l'opposition nationaliste, née de la prédominance économique des étrangers (235 000, qui possèdent la moitié de la richesse du pays). Le nationalisme, au début du xxe siècle, se veut comme un retour aux sources de l'islam et se donne le panarabisme comme fin dernière.
En novembre 1914, le sultan de Turquie, qui a déclaré la guerre à l'Angleterre, proclame la guerre sainte. Le 17 décembre 1914, Londres dépose le khédive Abbas Hilmi (1892-1914), le remplace par son oncle Husayn Kamil (1914-1917), nommé sultan, et proclame en même temps son protectorat et la suppression de la suzeraineté ottomane.
3.3. La fin du protectorat et l'expérience parlementaire (1918-1952)

Naissance du parti Wafd
Dès 1918, l'Égypte réclame son indépendance. L'avocat Sad Zaghlul organise le parti Wafd (« délégation »). À la suite de l’arrestation et la déportation à Malte de ses dirigeants, un vaste mouvement de protestation (dans lequel les femmes tiennent un rôle de premier plan) éclate dans le pays en mars-avril 1919. Le désordre persistant amène Lloyd George à proclamer la fin du protectorat (février 1922).
Le sultan devient le roi Fuad Ier et promulgue une Constitution parlementaire (1923). Mais, jusqu'à la conclusion d'accords, la Grande-Bretagne se réserve les communications, la défense, la protection des intérêts étrangers et l'administration du Soudan. L'occupation militaire continue, ainsi que l'agitation.
Lutte de pouvoir entre le Wafd et la royauté
En 1924, alors que le Wafd vient de remporter largement les élections au Parlement, le gouverneur général du Soudan est assassiné ce qui entraîne de très fortes tensions entre les Britanniques et le gouvernement dirigé par Zaghlul qui finit par démissionner. En 1927, Zaghlul meurt et est remplacé à la tête du Wafd par Nahhas Pacha.
Dans les années 1930, contre le Wafd majoritaire, le roi et le haut-commissaire favorisent la formation de gouvernements autoritaires menés par les représentants des partis monarchistes Shaab (comme celui d’Ismail Sidqi à l’origine de la nouvelle Constitution de 1930, [1930-1933]) et Ittihad (1933-1936).
Le traité anglo-égyptien de 1936 et l'émergence des Frères musulmans
Le traité anglo-égyptien du 26 août 1936, signé par le Premier ministre Nahhas Pacha et le Haut commissaire britannique, n’accorde pas à l'Égypte l'indépendance pleine et entière : si le Haut commissaire est remplacé par un ambassadeur et si les capitulations sont abolies, l'Angleterre garde un droit de regard sur la politique étrangère de l'Égypte, continue à occuper la zone du canal et conserve le contrôle du Soudan théoriquement soumis à un condominium depuis 1899. Le traité est ainsi mal accueilli par certains nationalistes qui accusent le Wafd d’avoir trahi leur cause. Dès lors, le parti dont le bilan politique et social est également critiqué, commence à décliner au profit de nouvelles formations parmi lesquelles les Frères musulmans, créés en 1928 ou La Jeune Égypte et ses « Chemises vertes », une organisation nationaliste aux tendances fascisantes créée en 1933 par Ahmad Husayn.
Le roi Farouk (1937-1952), fils et successeur de Fuad, contribue également à la lutte contre le Wafd dont le chef est cependant nommé Premier ministre pour la quatrième fois en 1942-1944.
L'agitation nationaliste
Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'Égypte est une base essentielle pour l'armée britannique ; Farouk est plus que réticent devant l'aide qu'exige la Grande-Bretagne, et une partie de l'opinion se montre également germanophile. Dès 1945, l'Égypte réclame l'évacuation de la zone du canal et la restitution du Soudan. Devant les lenteurs britanniques, l'opinion s'enflamme ; la crise sociale, due à la surpopulation rurale et à la constitution d'un prolétariat urbain, aggrave la crise politique.
La guerre contre Israël (→  première guerre israélo-arabe,, mai 1948-février 1949) tourne à la confusion des pays arabes et de leur leader égyptien ; les vaincus se refusent à reconnaître le fait accompli et se contentent d'un simple armistice (Rhodes, 24 février 1949). La menace israélienne reste un des slogans de la politique égyptienne.
En 1950, le roi rappelle le chef du Wafd au pouvoir ; Nahhas, dont c'est le cinquième et dernier mandat, dénonce cette fois le traité de 1936 et fait proclamer Farouk « roi d'Égypte et du Soudan » (1951). L'agitation nationaliste croît, attisée par les Frères musulmans, qui groupent 500 000 membres, recrutés surtout dans les milieux ruraux ; le 26 janvier 1952, une violente émeute populaire éclate au Caire.
Pour en savoir plus, voir les articles Égypte, vie politique depuis 1952.

 
 
 
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