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LA GRÈCE ANTIQUE

 

Grèce : histoire de la Grèce antique

Cet article fait partie du dossier consacré à la Grèce antique.
Résumé

Si le relief morcelé ne compartimentait pas véritablement la Grèce, il s'opposait du moins à une circulation aisée ; en outre, la multiplication des « pays naturels », souvent minuscules, ne pouvait que renforcer le particularisme des cités.
Le sol ne permettait qu'une agriculture difficile : vigne et olivier prospéraient, mais toujours il fallut importer du blé, et cette nécessité fut une donnée constante de la politique des cités. Quant aux ressources du sous-sol, elles étaient médiocres.
Ainsi, les exigences économiques poussèrent les Grecs vers une mer toute proche, quoique redoutable. La Grèce antique, limitée par la mer Égée, l'Olympe et le golfe d'Ambracie, privée donc de la Macédoine et de l'Épire, intégrant difficilement la Thessalie, boisée et terrienne, avait une étendue inférieure de moitié à celle de la Grèce actuelle. Mais, très tôt, son rayonnement dépassa ces bornes étroites.
Dès les temps très anciens, des civilisations voisines régnaient sur les deux rives de la mer Égée. Par la suite, diverses phases de colonisation gagnèrent au monde grec la Sicile, l'Italie du Sud (→ Grande-Grèce) et la plus grande partie du pourtour de la Méditerranée – ce qui, du moins, ne relevait pas de la puissance phénicienne puis carthaginoise –, tandis que les pays voisins (Épire, Macédoine) s'intégraient progressivement à la civilisation hellénique (du grec Hellen,  le mot « grec » est d'origine romaine).
Enfin, les monarchies hellénistiques, nées du démembrement de l'Empire d'Alexandre, renforcèrent l'hellénisation, que la conquête romaine étendit à tout l'Empire romain.
xxie s. avant J.-C.-xiie s. avant J.-C.
Après l’installation des premiers peuples indo-européens autour de l’an 2000 avant J.-C., la formation de la Grèce connaît une autre étape fondatrice avec la destruction de la civilisation mycénienne (→ art mycénien) et l’invasion dite « dorienne » vers le xiiesiècle (→ Doriens).
xiie -ve s. avant J.-C.
L'arrivée de ces « peuples de la mer » a notamment pour conséquence d’importants déplacements de populations vers l’Asie Mineure (→ Anatolie) ; c'est là sans doute (dans cette région à l'est de la mer Égée, et qui appartient aujourd'hui à la Turquie) que naissent les premières cités, embryons d'un système politique caractéristique.
Ainsi, du viiie s. au vie s. avant J.-C., un vaste mouvement de colonisation entraîne la fondation de cités grecques sur le pourtour de la Méditerranée et des mers annexes, du Pont-Euxin (mer Noire) à l'est, jusqu'à ce qui est aujourd'hui l'Espagne à l'ouest. C'est seulement au vie s. qu'Athènes devient, et pendant deux siècles, le berceau de la démocratie, qui atteint son apogée au milieu du ves. sous Périclès.
ive-iiie s. avant J.-C.
Tandis qu’Athènes, après avoir imposé son hégémonie, est soumise par l’État aristocratique de Sparte (→ guerre du Péloponnèse), les cités grecques entrent en crise dès le ives., tombant sous la coupe de la monarchie macédonienne.
iiie avant J.-C.-ive s. après J.-C.
Après s’en être libérée en s’alliant aux Romains à la fin du iiiesiècle (→ Rome), la Grèce doit se soumettre à ces derniers jusqu’à son inclusion dans l’Empire byzantin.
1. Premiers peuplements

Les premiers établissements humains connus remontent à près de 40 000 ans avant notre ère (en Épire, par exemple), mais peu d'établissements ont eu une occupation continue.
Les habitats restent rares au paléolithique. Le passage au néolithique s'accomplit entre le Ve et le IIIe millénaire, avec quelque retard par rapport à l'Orient.
1.1. Achéens

Au tournant des IIIe et IIe millénaires, les hommes, dans lesquels on s'accorde à reconnaître les premiers Grecs, arrivent des steppes situées entre mer Caspienne et mer Noire, ou des hauts plateaux anatoliens. Leur langue (encore parlée 34 siècles plus tard sous la forme évoluée du grec moderne) se rattache, sans contestation possible, à celle des Indo-Européens.
Pour en savoir plus, voir l'article Achéens.
1.2. Éoliens, Ioniens

Sous l'influence de grands courants migratoires, les sites se multiplient (notamment en Thessalie). La civilisation reste agricole et pastorale, la diffusion de l'obsidienne, que fournissait seule l'île de Milo, prouvant néanmoins que les relations maritimes étaient importantes dans les îles des Cyclades.
Vers l'an 3000 avant J.-C., d'autres envahisseurs auraient introduit l'usage du métal, colonisant les Cyclades. La société semble fonder sa hiérarchie : la découverte d'armes, d'objets décoratifs réservés à une élite implique l'existence d'une caste aristocratique.
L'époque dite de l'helladique ancien (2600-1950 avant J.-C.) est marquée par une certaine expansion démographique. Certains sites (en Argolide) sont détruits, une poterie dite minyenne apparaît, ainsi que de nouvelles pratiques funéraires (tombes à « ciste »).
Difficiles à distinguer les uns des autres, Achéens, Éoliens, Ioniens forment alors les premiers peuples de la Grèce qui vont supplanter la civilisation crétoise avant l'arrivée des Doriens.
2. La civilisation mycénienne (2000-1100 avant J.-C.)

2.1. Le rayonnement crétois

Fresque du palais de CnossosFresque du palais de Cnossos
Au début du IIe millénaire, le monde autour de la mer Égée est dominé par la Crète qui connaît une brillante civilisation dite « minoenne » (de Minos, souverain légendaire de la Crète). De leurs palais, les rois centralisent l'activité économique de leurs terroirs grâce à leur maîtrise de l'écriture ; leurs flottes sillonnent les mers, exportant en Égypte, en Syrie, et jusqu'aux îles Lipari des objets d'un art remarquable.
L'Égée mycénienneL'Égée mycénienne
À partir du xvie s. avant J.-C., à Troie comme à Chypre, ou encore dans le Péloponnèse (→ Mycènes) se développent des centres de civilisation.
Au milieu du xve s. avant J.-C., les palais crétois sont détruits (sauf Cnossos) et les Mycéniens s'installent dans l'île, apprenant à écrire le grec selon un système syllabique.
Pour en savoir plus, voir les articles Crète, minoen.
2.2. De l'apogée au déclin

En Grèce proprement dite, de puissants royaumes s'organisent : dans le Péloponnèse, à Mycènes, Tirynthe, Pylos ; en Béotie, à Gla. Bien que chaque centre paraisse avoir eu une existence indépendante, le monde mycénien forme un tout. Sa remarquable unité économique est mise en évidence, en particulier, par la diffusion d'une rive à l'autre de la Méditerranée (de Rhodes, Milet, Chypre aux futures cités de Tarente et Sybaris dans le sud de l'Italie actuelle) d'une céramique « mycénienne ». L'ambre, l'obsidienne, l'étain et le cuivre – échangés contre les surplus de l'agriculture – faisaient l'objet d'un commerce à longue distance.
Pour en savoir plus, voir l'article art mycénien.
Le monde mycénien se désagrège lentement, une vague de destructions atteint la majorité des palais dès la fin du xiiie siècle avant J.-C. et provoque des migrations vers les îles du Dodécanèse et vers Chypre.
Invasions (→ Doriens, Peuples de la mer), conflits internes, catastrophes naturelles sont autant d'hypothèses qui expliqueraient la disparition de cette civilisation. La désintégration culturelle est accélérée par de nouvelles et graves destructions vers 1125-1100. L'unité du monde mycénien est rompue, et sa dynamique de croissance stoppée ; la Grèce n'est plus qu'un agrégat de petites entités disparates, affaiblies et repliées sur elles-mêmes.
3. Le Moyen Âge hellénique (du xiie au viiie s. avant J.-C.)

L'invasion dorienne ouvre une période obscure, connue surtout par les textes d'Homère et d'Hésiode. Les xiie et xie s. avant J.-C. montrent l'ampleur des changements. L'extrême dépopulation est encore accrue par de nouvelles migrations vers les côtes occidentales de l'Asie Mineure ; selon les calculs généralement admis des historiens, la Grèce pourrait avoir perdu alors les trois quarts de ses habitants.
Pendant cette période de recul, ces populations, si démunies qu'elles soient, innovent sur le plan technique. La céramique (maîtrisée surtout à Athènes et à Argos) utilise un tour plus rapide, la brosse multiple et le compas. De plus, les Grecs travaillent désormais le fer – resté très rare à l'époque mycénienne –, mais qui, dès le xie siècle, devient prépondérant.
Les populations subissent également de profondes mutations dans leur mode de vie (passage de l'agriculture à une économie plus largement pastorale) et dans leurs attitudes face à la mort : la crémation tend à devenir la règle, on n'inhume plus que les enfants et, peut-être, les gens sans importance. Ce sont ces populations qui jettent les bases de la nouvelle société grecque : celle de la cité.
3.1. La naissance des cités

C'est en Asie Mineure sans doute que se sont façonnées progressivement les nouveautés qui caractérisent l'hellénisme (c'est-à-dire la civilisation grecque antique). Les petites communautés, que l'invasion dorienne a dispersées, se regroupent selon des modes peu connus, en cités (polis) comprenant une agglomération urbaine et un territoire rural (khôra). La polis archaïque naît donc de la réunion (→ synœcisme) de villages suffisamment proches les uns des autres pour tirer parti d'une citadelle commune.
Déjà, dans ces unités politiques minuscules, des groupes sociaux se différencient : aux nobles, compagnons et pairs du principal d'entre eux (le basileus, roi) appartiennent la terre et ses troupeaux, unique source de richesse, et l'entrée au conseil du roi ; les petits paysans et les démiurges de métier artisanal ou libéral ne sont que de muets figurants dans l'assemblée, purement consultative, de l'agora ; les thêtes, journaliers misérables, et les esclaves sont exclus de la vie politique et de l'armée.
La tradition grecque donne la date des premiers jeux Olympiques (776) comme marquant le début du fonctionnement normal des cités, et c'est effectivement dès la première moitié du viiie siècle avant J.-C. que s'organisent ces États qui, si primitifs soient-ils, témoignent déjà des fonctions embryonnaires de la cité.
En effet, dès ses débuts, la cité grecque possède ses caractéristiques propres : une prééminence reconnue du facteur politique, un partage des responsabilités entre les citoyens, plus ou moins égaux devant les instances délibératives et exécutives de l'État ; et par conséquent l'accès aux charges et aux honneurs de la cité. Les Grecs, par opposition au reste du monde ancien, ont pleine conscience de l'unité profonde d'un système qui reste original dans l'histoire.
3.2. Religion

Une civilisation commune s'étend sur l'émiettement territorial.
Peu à peu, elle a unifié les divinités primitives et dans une conception qui mêle le monde des dieux et la société des hommes, le panthéon hellénique hiérarchise des dieux aux attributions diverses. Hors de la péninsule, les groupes grecs tendent vers une cohésion religieuse (culte d'Apollon Délien pour les Ioniens insulaires, sanctuaires ionien du cap Mycale et dorien de Cnide).

Delphes, la tholosDelphes, la tholos
La religion entre dans le processus de structuration de la communauté (entre 900 et 800 avant J.-C.) et les offrandes commencent à affluer sur le site des futurs grands centres religieux de la Grèce : ceux de Samos, de Pérachora et d'Argos (voués à Héra) ; ceux d'Érétrie en Eubée, de Thermon en Étolie, de Délos et de Delphes (voués à Apollon), mais aussi d'Olympie et de Dodone (voués à Zeus) sont parmi les plus anciens sanctuaires.
Le développement de ces cultes communs – qui deviennent bientôt ceux de la divinité protectrice de la cité – traduit bien le progrès de l'idée communautaire.
Pour en savoir plus, voir les articles mythologie grecque, religions de la Grèce antique.
3.3. Écriture

L'écriture alphabétique est acquise par les Grecs pendant cette même période. Empruntée aux Phéniciens, elle modifie profondément les « fonctions de la mémoire » dans la cité. L'écriture accompagne et facilite la formation de l'État et le développement de ses institutions : un des textes de décret les plus archaïques qui ait été conservé (viie s.) provient de Drêros, en Crète ; il porte déjà la formule « la cité a décidé ».
Pour en savoir plus, voir les articles écriture, grec.
4. Les temps archaïques (du viiie au début du ve s. avant J.-C.)

4.1. Des mutations socio-économiques et politiques

Au cours de cette époque « archaïque », dont le nom, emprunté à l'archéologie, évoque les prémices de l'art grec, la vie rurale et patriarcale primitive évolue en une économie plus diversifiée. Cette transformation sociale s'accompagne d'un changement politique : à la royauté telle que l'évoquent les œuvres d'Homère se substitue un régime aristocratique, suivi parfois d'une victoire de la démocratie sur l'oligarchie.
Les cités d'Asie Mineure connaissent les premières cette évolution. Dès le viiie s. avant J.-C., dans cette région, l'aristocratie confisque le pouvoir, le plus souvent par un démembrement progressif des prérogatives royales, devenues des magistratures annuelles (archonte, roi et polémarque à Athènes au début du viie s.). La boulê, l'ancien conseil de l'époque royale, formée désormais de magistrats libérés de leur charge, dirige la cité sans véritable contrôle de l'assemblée du peuple, l'ecclésia (ekklêsia). Ainsi, une minorité de privilégiés par la naissance et la fortune – les eupatrides – possèdent la terre et l'autorité.
4.2. La colonisation grecque autour de la Méditerranée

Paestum, le temple de PoséidonPaestum, le temple de Poséidon
Du viiie au vie s. avant J.-C., un vaste mouvement de colonisation entraîne la fondation de cités grecques sur le pourtour de la Méditerranée et des mers annexes, du Pont-Euxin (mer Noire) jusqu'à ce qui est aujourd'hui l'Espagne.
L'expansion grecque à l'époque classiqueL'expansion grecque à l'époque classique
Cette émigration est d'abord provoquée par des crises agraires qui s'accompagnent de troubles sociaux, puis par le désir d'établir des liens commerciaux nouveaux. Ainsi, la cité de Milet essaime sur les côtes de la Propontide (mer de Marmara) et du Pont-Euxin, et Massalia (→ Marseille) multiplie les postes d'échanges sur la côte gauloise et même vers l'intérieur des terres à proximité du Rhône, en plein pays barbare.
La colonisation grecque, en modifiant les rapports économiques traditionnels, provoque dans les cités oligarchiques un double mécontentement : des non-nobles, enrichis par le commerce et l'artisanat, réclament des droits politiques, tandis que les journaliers – les petits paysans, ruinés par l'arrivée massive de blé à bas prix, obligés d'abandonner leurs terres à leurs créanciers – désirent une révolution sociale.
4.3. Les premières réformes

Des législateurs, tels Solon à Athènes et Pittacos à Mytilène (début du vie s. avant J.-C.), chargés d'arbitrer les conflits, rédigent des lois écrites, désormais applicables à tous (nomoi). L'insuffisance de ces réformes fait naître une formule politique nouvelle, toute transitoire : dans nombre de cités, un tyran se voit confier toute autorité dans la cité.
Ces régimes tyranniques permettent souvent, notamment à Athènes, où Pisistrate gouverne en « bon citoyen », de rendre au groupe social son équilibre. Mais ils ne résistent pas toujours aux problèmes des successions, ni aux efforts de l'aristocratie et surtout à la volonté des citoyens de prendre enfin leurs responsabilités politiques, comme à Athènes avec la révolution de Clisthène en 510.

Les guerres médiquesLes guerres médiques
Les institutions qui se sont bâties au cours de l'époque archaïque et la cohésion de la cité ont l'occasion de manifester leur valeur lors des guerres médiques contre les Perses (490-479). À Marathon (490 avant J.-C.), l'hoplite athénien montre que la cité est la force de l'esprit de corps. À Salamine (480), on la voit capable d'utiliser la totalité de ses ressources humaines pour vaincre : même les plus pauvres des citoyens libres mais non propriétaires (thêtes) servent sur les trières (vaisseaux de guerre) et accèdent ainsi à une dignité nouvelle.
5. La primauté spirituelle d'Athènes (479-431 avant J.-C.)

5.1. La ligue de Délos

L'Athénien Aristide conclut, avec la plupart des cités des îles de l'Ionie et de l'Hellespont (détroit des Dardanelles), une alliance, dite ligue de Délos (ou première Confédération athénienne), qui se propose d'arracher toute la Grèce d'Asie au joug perse (477). La ligue, dont le siège administratif est Délos, respecte l'autonomie des cités, mais elle confie la présidence du conseil fédéral et la direction des opérations à Athènes. Les alliés, sous le commandement de Cimon, achèvent, par la victoire de l'Eurymédon (468), la libération de l'Égée, que consacre la paix de Callias, conclue entre Athènes et les Perses, et qui met fin aux guerres médiques (449).

L'Empire athénien au temps de PériclèsL'Empire athénien au temps de Périclès
Entre-temps, la Confédération s'est transformée en un « empire » dominé par Athènes, qui perçoit à son profit le tribut (phoros) sur les alliés et qui multiplie sur leur sol les clérouquies, groupes d'Athéniens expatriés pour contrôler ces cités étrangères.
En outre, sous la pression populaire, Athènes cherche à étendre son hégémonie politique sur toute la Grèce, malgré Corinthe et la ligue Péloponnésienne de Sparte.
Après 454, l'« impérialisme armé » d'Athènes est mis en échec, et la paix de Trente Ans (446) reconnaît la coexistence des ligues athénienne et Péloponnésienne, partageant ainsi la Grèce en deux zones d'influence.
5.2. La splendeur d’Athènes sous Périclès

Périclès
Cette paix ne sera qu'une trêve, mais elle permet l'épanouissement de la civilisation classique dans l'Athènes de Périclès. Pendant une brève période (446-431), l'hellénisme atteint à Athènes un développement qui constitue l'apogée de la civilisation grecque.
Athènes, en effet, par la splendeur de ses monuments, par sa fécondité intellectuelle, surpasse toutes les autres cités ; ouvrant les magistratures à tous les citoyens, indemnisant les serviteurs de l'État, elle s'identifie à la démocratie triomphante. Et, cependant, malgré ce rayonnement spirituel, malgré l'activité maritime, Périclès ne pourra réaliser l'unité spirituelle et économique de la Grèce dont il rêvait sans doute.
Pour en savoir plus, voir l'article Athènes.
6. Les luttes pour l'hégémonie (431-359 avant J.-C.)

6.1. La guerre du Péloponnèse

Alcibiade

Alcibiade La guerre du Péloponnèse (431-404 avant J.-C.)
Les luttes se font alors plus confuses encore et quasi continuelles, les rêves d'hégémonie des grandes cités s'opposant au désir d'autonomie et de liberté des petites.
La ligue de Délos, groupant par la contrainte les îles et les côtes de la mer Égée, s'oppose à la ligue Péloponnésienne de Sparte, qui s'étend également à la Grèce centrale ; cette guerre du Péloponnèse (431-404) met aux prises un État démocratique et maritime et un État aristocratique et continental.
La stratégie de Périclès est mise en échec ; des milliers d'Athéniens réfugiés dans leur cité sont frappés par la peste. Les armées ennemies ravagent la campagne attique. Toute la classe sociale des petits propriétaires exploitants est ruinée.
Après le désastre de l'expédition de Sicile voulue par le stratège athénien Alcibiade (415-413), la ligue de Délos se disloque. La victoire du Spartiate Lysandre, allié à la Perse, sur le fleuve Aigos-Potamos (405) contraint Athènes à accepter la paix de 404, qui la dépouille de ses fortifications, de sa flotte et de ses possessions, et la lie à Sparte par une alliance.
6.2. La domination spartiate

La Grèce de la fin du Ve siècle à la fin du IIIe siècle av. J.-C.La Grèce de la fin du Ve siècle à la fin du IIIe siècle av. J.-C.
Sparte (également appelée Lacédémone), qui prétend « libérer » la Grèce de la tyrannie athénienne, ne fait que lui substituer sa propre hégémonie. Tiraillée entre l'alliance perse, qui lui fournit les indispensables dariques (monnaie d'or des Achéménides), et la protection des Grecs d'Asie, Sparte livre à la Perse d'Artaxerxès II les cités d'Asie Mineure par la paix d'Antalcidas (dite « Paix du roi »), qui assure par ailleurs sa primauté en Grèce proprement dite (386) ; ainsi, le Grand Roi – le souverain de la Perse –, cent ans après sa défaite (→ guerres médiques), dicte sa politique à la Grèce.
Mais Athènes et Thèbes se rapprochent (379), et la victoire thébaine du général Épaminondas à Leuctres (371) met fin à l'hégémonie spartiate.
6.3. Alliances et luttes intestines

Thèbes s'efforce à son tour d'établir son emprise sur la Grèce continentale. Athènes reconstitue sa confédération (→ seconde Confédération athénienne). Thèbes multiplie ses interventions dans toute la Grèce et s'allie à son tour à la Perse, provoquant ainsi le rapprochement de Sparte et d'Athènes (369). Victorieuse à Mantinée (362), Thèbes doit cependant renoncer à ses prétentions dans le Péloponnèse.
Thèbes, Athènes, Sparte : trois alliances sont alors en présence en Grèce ; mais cet « équilibre » fragile reflète l'épuisement d'une Grèce ravagée par des guerres continuelles, incapable de s'unir et à la merci d'un conquérant étranger.
6.4. La crise de la cité au ive siècle avant J.-C.

La plupart des cités grecques connaissent, au ive s., des crises. Sont affectées les cités aristocratiques, comme Sparte, qui évoluent vers une ploutocratie de plus en plus insolente, où les détenteurs des richesses accaparent le pouvoir. Mais aussi les cités démocratiques, comme Athènes, qui, après de brefs épisodes où l'autorité est entre les mains de quelques puissants (→ conseil des Quatre-Cents [411], tyrannie des Trente [404-403]), tombe dans une démagogie sans cesse plus impuissante.
Les cités sont agitées par des conflits sociaux, conséquences des guerres. À une minorité de riches commerçants, de manufacturiers et de gros propriétaires s'oppose le peuple misérable (dêmos), entretenu par l'État en régime démocratique mais concurrencé dans son travail par les esclaves. La pauvreté et les désordres politiques alimentent les bandes de mercenaires à la recherche d'un engagement.

Platon
Tous les philosophes – Isocrate, Xénophon, Platon – sentent la nécessité de réformer la cité. Les expériences des tyrans de Sicile éveillent des sympathies en Grèce.
Autre phénomène « dangereux » pour la cité, le développement de l'individualisme : l'individu réclame ses droits et sa liberté contre la loi civique. Le procès de Socrate traduit le trouble ainsi engendré, la pensée socratique affirmant l'indépendance de l'individu à l'égard de la cité.
La même insatisfaction s'exprime dans la religion. Les cultes traditionnels paraissent insuffisants ou inopérants ; on a recours aux pratiques magiques et superstitieuses, et le culte consolateur d'Asclépios trouve de nouveaux fidèles. L'individu, en lutte contre le cadre traditionnel de la cité, recherche d'autres communautés ; ainsi prospèrent les anciennes confréries, de caractère plus ou moins secret (→ hétairies aristocratiques ou thiases dionysiaques, de recrutement populaire).
Menacée de l'intérieur, la cité l'est également de l'extérieur. Le monde grec sent sa faillite politique et supporte mal l'humiliation de la paix d'Antalcidas négociée avec les Perses. Les orateurs, Isocrate notamment, prêchent la nécessité de l'union, et l'échec des anciennes alliances fait penser que seul un roi peut regrouper les forces vives de l'hellénisme.
7. L'intervention de Philippe de Macédoine (359-336 avant J.-C.)

Philippe II de Macédoine a fait de son royaume au nord de la Grèce une monarchie centralisée, le dotant de solides moyens d'action : formations armées (phalange), corps du génie, exploitation des mines d'or du mont Pangée. Il sait utiliser les discordes des cités pour intervenir en Grèce, sous le couvert de la guerre sacrée qui troublait la Phocide (autour de Delphes) [356-353]. Partout où il s'avance – en Thrace, en Chersonèse et en Chalcidique –, il se heurte à des établissements athéniens ; mais la cité, éprise de paix, néglige le danger qui menace son ravitaillement et son indépendance.
7.1. Démosthène et la défense d'Athènes

Après la paix de Philocratès (346), Philippe tient, outre le nord de la Grèce, des positions en Grèce centrale et il dispose des deux voix jadis possédées par les Phocidiens au conseil de Delphes. Dès lors, le conflit prend l'aspect d'une sorte de lutte entre le roi et l'un des ambassadeurs athéniens, Démosthène, qui doit, en outre, combattre l'inertie et l'égoïsme de ses concitoyens.
Malgré les ambassadeurs athéniens Eschine et Philocratès, acquis au Macédonien, malgré la pacifisme d'Eubule et de ses amis, Démosthène organise la défense d'Athènes. Des fonds sont consacrés à l'armement, et l'on cherche des alliés. Dépassant les vieilles rancunes, Démosthène songe à une alliance avec Thèbes. Mais l'effort de guerre est tardif, et l'alliance n'intervient que lorsque la partie est jouée.
7.2. Fin de l'indépendance des cités grecques

La deuxième guerre sacrée, menée en principe contre les Locriens, permet à Philippe d'envahir la Béotie, que les contingents grecs ne peuvent sauver à Chéronée (338). C'en est fait de l'indépendance des cités grecques. La paix de 338, si elle frappe durement Thèbes, épargne Athènes, qu'elle dépouille cependant de la Chersonèse et de sa confédération.

Corinthe, le temple d'ApollonCorinthe, le temple d'Apollon
Philippe convoque à Corinthe – dont la position stratégique et la puissance de la citadelle en font une place clé – un congrès des cités grecques qui fait de lui le maître de la Grèce.
La création de la ligue de Corinthe donne à la Grèce une organisation d'ensemble ; les cités dites « libres » doivent vivre en paix et adhérer à la ligue, dont Philippe est le généralissime (hêgemôn). Pour donner un but à cette union, Philippe se prépare à envahir la Perse, mais il est assassiné avant le départ de l'expédition (336).
Pour en savoir plus, voir l'article Corinthe.
8. Alexandre et l'époque hellénistique (ive-iiie s. avant J.-C.)

Alexandre III le GrandAlexandre III le Grand
Arrivé au pouvoir en 336, Alexandre, le fils de Philippe, reprend la lutte contre la Perse et se lance à la conquête d'un immense Empire ; mais Grèce participe peu à ses campagnes. En 335, il détruit Thèbes qui s'était révoltée et réassure la prépondérance macédonienne. Parti pour l'Asie, Alexandre laisse quelques garnisons en Grèce mais n'occupe pas militairement Athènes.
Pour en savoir plus, voir l'article Alexandre le Grand.
8.1. L’affaiblissement de la tutelle macédonienne

L'empire d'Alexandre et son partageL'empire d'Alexandre et son partage
À la mort d'Alexandre (323), la Grèce tente de recouvrer son indépendance ancienne et des cités grecques groupées autour d'Athènes se soulèvent contre les Macédoniens. Cette révolte – la guerre lamiaque – ne peut réaliser l'union des cités et s'achève par la victoire d'Antipatros et une soumission sans condition (322).
La Grèce est ensuite entraînée dans les luttes de succession qui suivent la disparition du Conquérant. Disputée tour à tour (par Antipatros, Cassandre, Démétrios Ier Poliorcète), elle échoit finalement, en 277, avec la Macédoine, à Antigonos Ier Gonatas.
Morcelée, ruinée, la Grèce subit les effets de multiples crises sociales ainsi que ceux d'une grave dépopulation. La domination des rois de Macédoine se manifeste selon divers modes ; parfois ils installent dans les cités un épistate (fonctionnaire) et une garnison, ou ils se contentent de désigner les deux magistrats principaux des cités, ou bien encore ils s'appuient sur un tyran ou sur tel parti politique.
Athènes reste un centre intellectuel ; les philosophes stoïciens et épicuriens en font le siège de leur école.
La résistance la plus efficace à la Macédoine est le fait d'États qui parviennent à placer de grandes régions sous leur autorité :
– la ligue Étolienne (290 ?-189 avant J.-C.), regroupant les cités d'Étolie, en Grèce centrale,
– la ligue Achéenne (280-146 avant J.-C.), rassemblant plusieurs cités du Péloponnèse,
– et Sparte (227-221 avant J.-C.).
Mais aussi d'États qui en arrivent à se faire la guerre entre eux ou à agresser les cités récalcitrantes au combat, soucieuses de préserver avant tout leur autonomie.
8.2. L'affaiblissement des cités grecques

L'équilibre du pouvoir entre les monarchies hellénistiques issues du partage de l'empire d'Alexandre donne à la Grèce un sentiment illusoire d'autonomie vis-à-vis du pouvoir macédonien, mais le pays devient en réalité l'enjeu de leurs rivalités. Ainsi, le mouvement anti-macédonien est particulièrement exploité par l'Égypte.
Ces guerres de libération épuisent les cités grecques qui, tout en conservant leurs structures politiques traditionnelles, se révèlent incapables de mettre en place une cohésion nationale : la tradition républicaine ne survit que sous la forme des fédérations autonomes, telles que les ligues Étolienne et Achéenne.
Tandis qu'elles perdent leur place dans les affaires internationales, les cités grecques sont confrontées à des problèmes sociaux de plus en plus graves. Les conditions qui avaient déclenché la crise du ive s. ressurgissent, aggravées par les guerres incessantes. La richesse se concentre aux mains de quelques-uns, et le marché des exportations se rétrécit du fait de la concurrence des nouvelles communautés gréco-orientales. La seule nouveauté porte sur l'émancipation des esclaves, car leur appui est indispensable pour s'imposer face aux armées mercenaires.
Favorisée par sa position géographique, sa richesse commerciale et son alliance avec l'Égypte, Rhodes est la seule cité grecque de la fin du iiie s. avant J.-C., qui joue encore un rôle actif et indépendant dans le monde égéen.
Pour en savoir plus, voir l'article hellénistique.
9. L'alliance avec Rome et la domination romaine (iiie-ier s. avant J.-C.)

9.1. La fin de l'indépendance grecque

N'arrivant pas à se délivrer seule du joug macédonien, la Grèce s'allie finalement aux Romains.
Le conflit entre Rome et la Macédoine éclate lorsque Rome établit une tête de pont sur l'Adriatique orientale après deux expéditions contre les pirates illyriens (229-228, 219 avant J.-C.) ; il se transforme en véritable guerre (première guerre de Macédoine, 215-205 avant J.-C.) lorsque le roi de Macédoine, Philippe V (qui régne de 221 à 179 avant J.-C.), conclut une alliance avec Carthage.
La deuxième guerre de Macédoine (200-197 avant J.-C.) fait de Rome – massivement soutenue par les États de la ligue Étolienne, Athènes, Sparte et Rhodes, tous ennemis de la Macédoine – la principale puissance en Grèce.
La proclamation, en 196 avant J.-C., de la liberté de toutes les cités grecques, par le général romain Titus Quinctius Flamininus est reçue avec enthousiasme. Les conquérants prennent en effet, dans un premier temps, la décision de ne pas organiser la Grèce en province romaine. Cela signifie pour les populations libérées qu'elles ne sont pas obligées de payer un tribut aux Romains ni d'accueillir une garnison, et que les tribunaux locaux conservent leur indépendance.
Néanmoins, les Romains imposent des modifications territoriales aux cités grecques qu'ils ont délivrées de la tutelle macédonienne. Ils dictent à certaines des dispositions constitutionnelles et attendent de toutes qu'elles mènent une politique étrangère pro-romaine.
9.2. Du protectorat à la domination romaine

 La prise d'Athènes (86 avant J.-C.)
Flamininus affecte de rendre à toutes les cités grecques leur autonomie, mais en fait, il établit sur la Grèce un protectorat tatillon. Les légats (représentants de Rome), soucieux de s'attirer l'appui des oligarchies locales, exaspèrent les tensions sociales. La ligue Achéenne, mal récompensée de son appui à la cause romaine, se révolte ; c'est la fin de l'indépendance de la Grèce (146), soumise désormais à la surveillance du gouverneur romain de la province de Macédoine.

Pergame, grand autel de ZeusPergame, grand autel de Zeus
Progressivement, au-delà de la Grèce, c'est tout le monde hellénistique qui passe sous la domination romaine (royaume de Pergame légué à Rome [133], organisation de la province de Syrie [64-63], conquête de l'Égypte [30]). La tentative de Mithridate pour libérer l'Asie Mineure et la Grèce propre (88-84 avant J.-C.) se solde par un échec : Athènes est prise après un très dur siège par le général romain Sulla.
L'écrasement de la résistance grecque et ses conséquences
Jules CésarJules César
La domination romaine a des effets catastrophiques. Plus encore que les Macédoniens, les Romains brisent impitoyablement toute velléité d'opposition. De plus, les dévastations se poursuivent après l'écrasement de la résistance grecque, car la région devient l'un des principaux théâtres des guerres civiles romaines (batailles de Pharsale en 48, de Philippes en 42 et d'Actium en 31 avant J.-C.).
Si, malgré le soutien qu'elle a donné à Pompée, la Grèce est bien traitée par César, qui fonde une colonie à Corinthe (détruite en 146), le pays est exsangue quand Auguste réorganise l'Empire.
Cette domination est également désastreuse du point de vue économique. La stratégie de Rome consiste à isoler les monarchies hellénistiques d'Orient les unes des autres et à les couper de la Grèce, brisant ainsi les liens commerciaux qui avaient été à l'origine de la prospérité de ces régions. L'effondrement de l'économie est tel qu'au ier s. avant J.-C, la Grèce est obligée d'importer d'Italie l'huile et le vin qui, jusque là, constituaient la quasi-totalité de ses exportations.
Sous le règne d'Auguste (27 avant J.-C.-14 après J.-C.), les seules villes florissantes sont les nouvelles colonies créées par l'empereur.
9.3. La pacification (ier-ive s. après J.-C.)

NéronNéron
À partir du ier s. après J.-C, Rome renonce à son hostilité vis-à-vis de la Grèce et se lance dans une politique plus conciliante.
Bien qu'organisée en province romaine depuis 27 avant J.-C., la Grèce conserve quelques cités « libres » : Néron, qui vient chercher en Grèce (67 après J.-C.) le couronnement de ses talents poétiques et athlétiques, proclame la liberté des Grecs et exempte les cités du tribut, mais cela n'a aucun effet pratique.
D'autres cités deviennent libres sur l'initiative des empereurs du iie s. de notre ère qui s'intéressent aux cultes anciens, au prestige des vieilles cités, la Grèce étant devenue comme un conservatoire de la culture. Ainsi Hadrien subventionne des festivals religieux tandis qu'Antonin le Pieux (qui régne de 138 à 161 après J.-C.) et son successeur Marc Aurèle créent des chaires de rhétorique et de philosophie à Athènes.
La solidarité grecque s'exprime au sein de ligues (par exemple l'amphictyonie de Delphes) et par la création – à l'initiative d'Hadrien – d'une ligue panhellénique basée à Athènes, ouverte aux communautés grecques de tout le monde romain.
Pour en savoir plus, voir l'article Rome.
9.4. Le déclin des cités

Malgré l'évolution de la politique romaine, la Grèce ne parvient pas à redresser sa situation économique.
Le pays est dépeuplé. Toutes les richesses du pays sont aux mains de quelques privilégiés. Les exploitations d'agriculture intensive du ier siècle avant J.-C. sont transformées en pâturages. Si la Grèce s'enorgueillit cependant de son influence spirituelle, déjà lui portent ombrage les grandes villes d'Asie Mineure (→ Éphèse notamment) ou de Syrie (→ Antioche).
Les Barbares se font de nouveau menaçants (en 267 après J.-C., Athènes est prise par les Goths et par les Hérules), mais la réorganisation de l'Empire par Constantin éloigne le danger pour un temps.

Olympie, l'HéraïonOlympie, l'Héraïon
Le christianisme devient alors un concurrent pour l'hellénisme ; en 381, l'empereur Théodose interdit l'exercice du paganisme ; en 395, les jeux Olympiques sont célébrés pour la dernière fois. La Grèce antique cède la place au monde byzantin.

 

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L'AGRICULTURE

 


AGRICULTURE
Histoire


Les agricultures sans métal : Amérique précolombienne, Océanie
Les agricultures à la houe : Afrique noire
Énergie animale et premières mécanisations : pays méditerranéens et Proche-Orient
Les agricultures de l'Extrême-Orient
Les innovations agricoles en Europe centrale et septentrionale
Les révolutions de l'agriculture moderne
L'agriculture aujourd'hui
Les progrès de la productivité
La régression relative du poids économique de l'agriculture
Le progrès technique
La physiologie des plantes
La culture sous serre
L'irrigation
De nouvelles variétés
Les progrès dans l'élevage
De nouvelles machines
Agriculture et environnement
La pollution
Les friches et la désertification
Les écarts de développement
La mondialisation des échanges

agriculture
(latin agricultura)

Plus généralement, ensemble des activités développées par l'homme, dans un milieu biologique et socio-économique donné, pour obtenir les produits végétaux et animaux qui lui sont utiles, en particulier ceux destinés à son alimentation.
Histoire

La culture de certaines plantes à graines serait née dans les collines du Proche-Orient vers le IXe millénaire avant J.-C. (et vers le VIIe millénaire en Méso-Amérique). Les premières traces d'animaux domestiques (ovins ou caprins) sont presque aussi anciennes. Mais nous ne savons presque rien des régions tropicales humides, où l'on a des raisons de postuler une domestication ancienne de plantes à tubercules (taro, igname, manioc, patate…), qui n'a malheureusement pas laissé de traces. L'agriculture étant un ensemble de techniques, celles-ci ont pu se développer indépendamment les unes des autres pendant des millénaires, jusqu'à ce que leur convergence donne graduellement naissance aux premières formes complexes d'activité agricole.
Les agricultures sans métal : Amérique précolombienne, Océanie

L'outillage se limite aux haches de pierre pour l'abattage des arbres, à une sorte de sabre de bois dur, ancêtre de la machette actuelle, et au bâton à fouir. Dans ces conditions, les seuls milieux accessibles sans dépense excessive de travail sont la forêt et les zones inondables (agriculture de décrue), marécageuses ou, au contraire, semi-arides. L'association des cultures dans le même champ est la règle ; elle permet de tirer le meilleur parti possible d'un espace défriché toujours limité.
Les agricultures à la houe : Afrique noire

Houes
En Afrique noire, où le fer, mais non l'attelage, est connu depuis 1 500 à 2 000 ans, la houe est l'outil de base de préparation du champ dans la plupart des régions. Elle permet de cultiver les sols de savane, où l'enchevêtrement des racines rend le défrichement particulièrement difficile. Les agricultures africaines se caractérisent par une répartition géographique complexe des plantes cultivées, indigènes ou introduites, qui servent de base à l'alimentation. L'élevage n'est nulle part intégré à l'agriculture, sauf parfois pour la fumure des champs.
Énergie animale et premières mécanisations : pays méditerranéens et Proche-Orient

Araire
Une utilisation plus poussée du fer (faucille) et l'emploi de l'énergie animale (dépiquage, araire, noria, moulin) caractérisent les agricultures d'une vaste zone s'étendant de l'Occident méditerranéen à l'Inde et à l'Asie centrale. Toutes ces innovations intéressent des tâches associées à la production d'un petit nombre de céréales : blé et orge à l'ouest, millet et riz à l'est. La production du vin et de l'huile dans les pays méditerranéens ainsi que celle du sucre en Inde conduisent à d'autres développements mécaniques, plus localisés (broyeurs, pressoirs).
Dans toute cette zone, les céréales, consommées sous forme de bouillie, de couscous, de galettes ou de pain, sont la base de l'alimentation. Les techniques de production sont assez uniformes : labours de préparation du champ à l'araire (jachère), au printemps et en été ; semis en automne, dès les premières pluies, en général à la volée, et enfouis par un dernier labour à l'araire (couvrailles) ; récolte à la faucille et dépiquage sur une aire découverte, soit par piétinement des animaux, soit à l'aide d'un tribulum ou d'un plaustellum attelés.
Les agricultures de l'Extrême-Orient

Repiquage du riz en Chine
C'est le climat de moussons – sécheresse d'hiver, pluies d'été – qui fait l'unité agricole de l'Extrême-Orient. Ce caractère tropical s'accompagne d'un emploi très poussé de l'énergie humaine. La mécanisation est systématiquement adaptée à la traction par un seul animal, et même par l'homme. La brouette et le tarare sont deux très anciennes inventions chinoises. Au Japon, le développement des machines hydrauliques mues à bras (ou à pieds) d'homme a été poussé plus loin que partout ailleurs. On connaît, d'autre part, l'usage que la Chine a su faire d'une autre ressource humaine : l'engrais.
Les innovations agricoles en Europe centrale et septentrionale

Les transformations des techniques qu'on a appelées la « révolution agricole médiévale » sont un complexe d'innovations dont les plus anciennes, bien que difficiles à dater, remontent vraisemblablement au deuxième âge du fer. Ces innovations sont les suivantes :
– culture de l'avoine et du seigle ;
– charrue à soc plat et tranchant, coutre, versoir et avant-train ;
– emploi de la herse pour enfouir les semis à la volée ;
– faux à deux mains et fenaison ;
– stockage et battage en grange des céréales ;
– généralisation du moulin à eau à roue motrice verticale (xe s.) ;
– étangs artificiels pour l'élevage du poisson ;
– attelage du cheval (collier d'épaules, traits, palonnier, ferrures à clous), qui prend place aux côtés du bœuf dans les travaux agricoles ;
– moulin à vent à axe horizontal (fin xiie s.) ;
– assolement triennal ; etc.

Planche extraite de l'Encyclopédie : agriculture et labouragePlanche extraite de l'Encyclopédie : agriculture et labourage
Au xiiie s., lorsque cette première révolution s'achève, l'Europe est déjà la zone du monde où l'emploi des énergies naturelles dans l'agriculture est le plus poussé. C'est en particulier la seule région où l'on ait résolu, grâce à la charrue, le problème de l'emploi de l'énergie animale au défrichement de sols couverts de gazon.
Une deuxième vague d'innovations s'amorce dès le début du xviiie s. avec le semoir, le tarare (mécanisation du vannage) et les premières cultures fourragères intégrées à l'assolement. La première machine à battre fonctionnelle est construite en 1786. C'est dans les plaines de l'Amérique du Nord que la moissonneuse se développe.
Les révolutions de l'agriculture moderne

La décennie 1840-1850 marque la naissance de l'agriculture moderne ; c'est le début d'une longue série d'innovations :
– innovations mécaniques, agissant sur la rapidité et la qualité du travail. (Il faut attendre les pneumatiques, vers 1935, pour que le moteur à explosion puisse remplacer le cheval dans tous ses emplois.) ;
– innovations biophysiques, agissant sur la qualité et la conservation des produits (appertisation, pasteurisation, froid, séchage, ensilage fourrager, etc.) ;
– innovations biochimiques (fertilisation, pesticides) et biologiques (amélioration génétique), agissant sur les rendements physiques.
On estime qu'en deux siècles la productivité du travail agricole a été multipliée au moins par un facteur 50, et celle du sol par un facteur 10.
L'agriculture aujourd'hui

L'activité agricole demeure fondamentale pour tous les pays et toutes les sociétés. C'est de l'agriculture que l'humanité tire la quasi-totalité de son alimentation. L'agriculture concourt aussi, mais beaucoup moins qu'autrefois, à la production des matières premières nécessaires à la fabrication des textiles. Les destinations industrielles de ses produits se sont diversifiées : la canne à sucre brésilienne, par exemple, est largement utilisée pour fabriquer des carburants. Élargissant son rôle comme source de matières premières, l'agriculture a beaucoup évolué au cours des dernières décennies, tant du point de vue technique que du point de vue économique.
Les progrès de la productivité

Grâce aux biologistes, aux agronomes, aux constructeurs de machines, aux informaticiens, etc., les méthodes de culture et d'élevage autorisent maintenant de hautes productivités du travail et une grande maîtrise des processus de production – sans qu'on puisse toutefois se prémunir complètement contre certains caprices de la nature, par exemple la succession des sécheresses, l'invasion d'insectes parasites (criquets). Des efforts considérables réalisés par la recherche découlent notamment la création de variétés végétales, de races d'animaux toujours plus productives et la mise au point de techniques de plus en plus rentables.
La régression relative du poids économique de l'agriculture

Ce progrès technique s'accompagne d'une diminution relative de la place de l'agriculture dans l'économie. L'une des raisons en est le caractère limité des besoins alimentaires de l'homme : une fois ceux-ci satisfaits, la proportion de la valeur des biens alimentaires dans l'ensemble des autres biens consommés diminue. Pour lutter contre cette tendance, l'industrie agroalimentaire s'efforce de proposer sans cesse des produits nouveaux. Cela a comme résultat d'allonger la chaîne de transformation des produits agricoles, donc de réduire la place de l'agriculture dans l'ensemble que celle-ci constitue avec l'agroalimentaire – et, par voie de conséquence, dans l'économie tout entière. Les progrès de la productivité du travail, plus ou moins forte selon le niveau de développement des économies nationales et régionales, entraînent une diminution du nombre des agriculteurs, ce qui ajoute à la perte d'influence de l'agriculture. Enfin, la régression relative de l'agriculture s'explique par la croissance plus rapide du secteur des services, devenu prépondérant dans les économies les plus développées.
Le progrès technique

Pour améliorer les conditions et les résultats de la production agricole, des travaux de recherche sont menés dans de très nombreux domaines. Leurs réalisations sont ensuite diffusées auprès des agriculteurs.
La physiologie des plantes
L'étude de la physiologie des plantes et de leurs rapports avec leur milieu aboutit à la connaissance de leurs besoins nutritionnels au cours du cycle végétatif. La confrontation de ces besoins avec les résultats de l'analyse des sols de culture conduit à l'établissement et à la mise en pratique de plans de fertilisation, base indispensable de l'obtention de hauts rendements des cultures (céréales, betterave à sucre, soja, tournesol, etc.). Des programmes informatiques permettent d'automatiser ces opérations.
La culture sous serre
Culture de salades hors sol
La combinaison des connaissances acquises dans la physiologie des plantes et dans la maîtrise des milieux contrôlés a permis les grands progrès de la culture sous serre. On sait maintenant produire des substrats artificiels et des solutions nutritives sans germes pathogènes pour alimenter la plante « hors-sol ». Le contrôle du milieu aérien concerne la température, la lumière, l'humidité de l'air et sa teneur en dioxyde de carbone, l'état sanitaire des plantes : il est plus ou moins complet et plus ou moins automatisé. Les fruits et légumes, les plantes ornementales bénéficient de ces progrès.
L'irrigation
Irrigation par tubesIrrigation par tubes
L'amélioration des techniques d'irrigation est un souci constant, qui se traduit par la mise au point d'équipements de plus en plus puissants pour l'irrigation par aspersion, par du matériel permettant l'apport d'eau goutte à goutte au pied des plantes, par l'emploi de l'informatique pour automatiser la distribution.
De nouvelles variétés
Culture du chou

Culture du chou
L'un des instruments les plus efficaces du progrès technique réside dans la mise au point de nouvelles variétés de plantes et dans l'amélioration des races d'animaux d'élevage. Les recherches dans ce domaine font appel à toutes les ressources de la génétique. On ne cherche pas seulement à obtenir des variétés donnant de hauts rendements, on s'efforce aussi de fixer ou d'introduire des caractères particuliers comme la résistance à telle maladie, la précocité de la maturité de la graine, la dimension de la tige (pour les céréales), etc. Les généticiens disposent maintenant de techniques qui rendent leurs travaux plus efficaces : culture in vitro des embryons hybrides, utilisation de marqueurs moléculaires pour choisir la descendance des plantes sélectionnées. Grâce au génie génétique, il est possible de réaliser des transferts de gènes pour introduire tel caractère recherché. Toutefois, outre les difficultés d'ordre scientifique, agronomique ou réglementaire, l'introduction d'organismes génétiquement modifiés (O.G.M.) dans la nature soulève certaines oppositions, inspirées par la crainte que ces produits ne présentent des risques encore inconnus pour la santé, l'environnement, etc.
Les progrès dans l'élevage
On connaît désormais avec précision les besoins nutritionnels de chaque espèce à chaque stade de la vie, ce qui permet de fabriquer les aliments les mieux adaptés aux objectifs souhaités : croissance rapide ou lente, production intensive ou modérée (lait, viande). D'où l'essor considérable de l'industrie des aliments composés, qui applique les résultats de la recherche zootechnique et approvisionne maintenant la plupart des élevages dans les pays développés. D'autres recherches font progresser la productivité des animaux : sélection des meilleurs reproducteurs, transplantation d'embryons de femelles aux qualités exceptionnelles dans l'utérus de plusieurs femelles porteuses, création de nouvelles races. De plus, les résultats obtenus dans la prévention et le traitement des maladies par la médecine vétérinaire constituent un élément supplémentaire de progrès.
De nouvelles machines
Vue aérienne d'une moissonneuse batteuse dans un champVue aérienne d'une moissonneuse batteuse dans un champ
Enfin, on ne saurait passer sous silence l'amélioration des machines. Le tracteur, par exemple, symbole même de la modernisation agricole, gagne en puissance et en automatisation, et se dote d'une informatique embarquée de plus en plus efficace. De nouvelles machines automotrices sont apparues, comme la vendangeuse. Les robots cueilleurs de fruits ont dépassé le stade expérimental.
Agriculture et environnement

L'application du progrès technique, là où elle se réalise, conduit à l'existence d'une agriculture intensive, qui utilise beaucoup de produits chimiques (engrais, pesticides) et de machines, tout en n'ayant plus besoin que d'un petit nombre d'agriculteurs. Cet emploi quelquefois massif de moyens venant de l'extérieur des exploitations peut avoir des effets néfastes sur l'environnement.
La pollution
engraisengrais
La pollution des eaux souterraines par les engrais est l'un de ces effets. Dans l'agriculture intensive, on en arrive à épandre 200 kg d'unités fertilisantes d'azote par hectare. Le sol ne peut plus jouer son rôle épurateur comme cela était le cas autrefois : une partie de cet engrais est entraînée par les pluies, sous forme de nitrates, dans les couches profondes du sol puis dans les nappes phréatiques, qui sont ainsi polluées.
Dans les grands élevages hors-sol, les animaux vivent très nombreux sur de très petits espaces. Les porcs, notamment, provoquent l'accumulation d'énormes quantités de déjections liquides (lisiers) qui entraînent des pollutions de diverses natures : accroissement des apports azotés lorsqu'elles sont épandues sur les terres, pollution de l'atmosphère par les mauvaises odeurs.
Les friches et la désertification
Dans les pays de bocage, l'exiguïté des parcelles rendant difficile la mécanisation, les haies ont été arasées, les parcelles, regroupées, et des chemins, tracés. La suppression des haies a entraîné la disparition de leurs nombreuses fonctions : régulation des microclimats, hébergement d'une faune spécifique, fourniture de bois de chauffage. Le paysage lui-même a été affecté, comme il l'est pour d'autres raisons dans les zones où l'agriculture est en régression. En effet, une conséquence de l'agriculture intensive est la concentration de la production sur les terres les plus fertiles, ce qui provoque l'abandon de terres appelées « marginales », où les techniques les plus modernes n'ont pas le meilleur rendement possible. La friche et la forêt s'y installent, de façon anarchique en général, ce qui provoque la détérioration des paysages agraires. Le cas des terrasses méditerranéennes est exemplaire de ce phénomène.
Sur les territoires que ne revendique pas l'agriculture intensive, le risque de dépopulation agricole est très important. On en vient à parler de « désertification » de certains espaces ruraux, phénomène néfaste pour l'ensemble de la société car l'entretien des paysages agraires, pour le bénéfice de tous, est en passe d'être abandonné. D'où l'émergence d'une nouvelle fonction sociale pour une partie des agriculteurs : celle de « conservateurs » des territoires faiblement peuplés, grâce à la mise en œuvre de techniques de production extensives qui demandent beaucoup d'espace et peu de travailleurs pour des productions faibles par hectare. Sur ces mêmes territoires, se développe aussi l'agritourisme, activité d'accueil à la ferme destinée à offrir restauration et hébergement aux touristes citadins.
Les écarts de développement

Lac Atitlán
L'état du progrès technique décrit plus haut est essentiellement le fait des pays industrialisés. Les agriculteurs de la forêt et de la savane africaines, par exemple, n'emploient dans leur majorité rien d'autre que de simples outils manuels. Dans beaucoup de régions du monde (Asie, Moyen-Orient, Amérique latine) domine encore l'agriculture avec traction animale.
Par ailleurs, les agricultures peu développées emploient peu d'engrais et de pesticides et connaissent de fortes pertes de récoltes, conséquence du faible développement de l'économie. Le progrès technique est cependant en train de s'y diffuser, ce qui se traduit par l'augmentation de la production et par la diminution de la population active agricole.
Les écarts de développement des agricultures n'en restent pas moins considérables, ce qu'enregistrent les différences dans les proportions de population active agricole dans la population active totale : alors que ces proportions se situent entre 2 et 15 % dans les pays industrialisés, elles représentent encore souvent plus de la moitié de la population au travail dans les pays en voie de développement. L'agriculture demeure, en fait, l'activité première de la population active à l'échelle mondiale.
La mondialisation des échanges

Récolte de thé
Or, malgré le grand nombre de paysans, dans beaucoup de pays du tiers-monde l'expansion de la production agricole demeure insuffisante pour satisfaire des besoins alimentaires qui augmentent rapidement sous l'effet d'une forte croissance démographique et d'une certaine amélioration des revenus. Pour certains d'entre eux, les faibles disponibilités en terre viennent aggraver la situation, comme dans le cas de l'Égypte. C'est pourquoi ces pays (pays d'Afrique noire, du Maghreb, du Moyen-Orient notamment) doivent avoir recours aux importations de produits de base auprès des pays industrialisés excédentaires (États-Unis, Canada, États de l'UE, Australie, Nouvelle-Zélande). Ce déficit chronique des pays dont l'agriculture est peu productive est l'une des raisons de la croissante internationalisation des échanges des produits agricoles. Mais il en est d'autres, comme la spécialisation des agricultures des pays développés ou en voie d'industrialisation : celle du Brésil et des États-Unis dans la culture du soja – un produit essentiel pour les élevages européens –, celle du bassin méditerranéen dans les fruits et légumes, celle des Pays-Bas dans les produits de l'élevage. Toutes ces spécialisations génèrent des excédents qui font naître à leur tour des échanges commerciaux. Enfin, les pays du Sud, bien que souvent déficitaires en produits vivriers, restent spécialisés dans la production et l'exportation de produits tropicaux : café, cacao, fruits (Afrique noire, Amérique latine), thé (Asie), manioc (Thaïlande).
Pour en savoir plus, voir l'article agroalimentaire.


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L'ÉCRITURE

 

écriture
(latin scriptura)


Cet article fait partie du dossier consacré à la Mésopotamie.
Système de signes graphiques servant à noter un message oral afin de pouvoir le conserver et/ou le transmettre.
HISTOIRE

Toutes les civilisations qui ont donné naissance à une forme d'écriture ont forgé une version mythique de ses origines ; elles en ont attribué l'invention aux rois ou aux dieux. Mais les premières manifestations de chaque écriture témoignent d'une émergence lente et de longs tâtonnements. Dans ces documents, les hommes ont enregistré : des listes d'impôts et des recensements ; des traités et des lois, des correspondances entre souverains ou États ; des biographies de personnages importants ; des textes religieux et divinatoires. Ainsi l'écriture a-t-elle d'abord servi à noter les textes du pouvoir, économique, politique ou religieux. Par ailleurs, les premiers systèmes d'écriture étaient compliqués. Leur apprentissage était long et réservé à une élite sociale voulant naturellement défendre ce statut privilégié et qui ne pouvait guère être favorable à des simplifications tendant à faciliter l'accès à l'écriture, instrument de leur pouvoir.
À partir du IIIe millénaire avant J.-C., toutes les grandes cultures du Proche-Orient ont inventé ou emprunté un système d'écriture. Les systèmes les plus connus, et qui ont bénéficié de la plus grande extension dans le monde antique, demeurent ceux de l'écriture hiéroglyphique égyptienne et de l'écriture cunéiforme, propre à la Mésopotamie. L'écriture égyptienne est utilisée dans la vallée du Nil, jusqu'au Soudan, sur la côte cananéenne et dans le Sinaï. Mais, pendant près d'un millénaire, l'écriture cunéiforme est, avec la langue sémitique (l'assyro-babylonien) qu'elle sert à noter, le premier moyen de communication international de l'histoire. L'Élam (au sud-ouest de l'Iran), les mondes hittite (en Anatolie) et hourrite (en Syrie du Nord), le monde cananéen (en Phénicie et en Palestine) ont utilisé la langue et l'écriture mésopotamienne pour leurs échanges diplomatiques et commerciaux, mais aussi pour rédiger et diffuser leurs propres œuvres littéraires et religieuses. Pour leur correspondance diplomatique, les pharaons du Nouvel Empire avaient eux-mêmes des scribes experts dans la lecture des textes cunéiformes.
À la même époque, d'autres systèmes d'écriture sont apparus, mais leur extension est limitée : en Anatolie, le monde hittite utilise une écriture hiéroglyphique qui ne doit rien à l'Égypte. Dans le monde égéen, les scribes crétois inventent une écriture hiéroglyphique, puis linéaire, de 80 signes environ, reprise par les Mycéniens.
Au Ier millénaire, l'apparition de l'alphabet marque une histoire décisive dans l'histoire de l'écriture. Depuis des siècles, l'Égypte dispose, au sein de son écriture nationale, du moyen de noter les consonnes. Au xive siècle avant J.-C., les scribes d'Ougarit gravent sur des tablettes d'argile des signes cunéiformes simplifiés et peu nombreux, puisqu'ils ne sont que 30, correspondant à la notation de 27 consonnes et de 3 valeurs vocaliques. Mais les uns et les autres ne font pas école. Ce n'est qu'après le xie siècle que le système d'écriture alphabétique se généralise à partir de la côte phénicienne. Une révolution sociale accompagne cette innovation radicale : les scribes, longuement formés dans les écoles du palais et des temples, voient leur rôle et leur importance diminuer.
Le système cunéiforme


Le premier système d'écriture connu apparaît dans la seconde moitié du IVe millénaire avant notre ère, en basse Mésopotamie, pour transcrire le sumérien. Dans l'ancienne Mésopotamie, les premiers signes d'écriture sont apparus pour répondre à des besoins très concrets : dénombrer des biens, distribuer des rations, etc. Comme tous les systèmes d'écriture, celui-ci apparaît donc d'abord sous forme de caractères pictographiques, dessins schématisés représentant un objet ou une action. Le génie de la civilisation sumérienne a été, en quelques siècles, de passer du simple pictogramme à la représentation d'une idée ou d'un son : le signe qui reproduit à l'origine l'apparence de la flèche (ti en sumérien) prend la valeur phonétique ti et la signification abstraite de « la vie », en même temps que sa graphie se stylise et, en s'amplifiant, ne garde plus rien du dessin primitif.
Les pictogrammes de l'écriture cunéiforme

Trouvées sur le site d'Ourouk IV, de petites tablettes d'argile portent, tracés avec la pointe d'un roseau, des pictogrammes à lignes courbes, au nombre d'un millier, chaque caractère représentant, avec une schématisation plus ou moins grande et sans référence à une forme linguistique, un objet ou un être vivant. L'ensemble de ces signes, qui dépasse le millier, évolue ensuite sur deux plans. Sur le plan technique, les pictogrammes connaissent d'abord une rotation de 90° vers la gauche (sans doute parce que la commodité de la manipulation a entraîné une modification dans l'orientation de la tablette tenue en main par le scribe) ; ultérieurement, ces signes ne sont plus tracés à la pointe sur l'argile, mais imprimés, dans la même matière, à l'aide d'un roseau biseauté, ce qui produit une empreinte triangulaire en forme de « clou » ou de « coin », cuneus en latin, d'où le nom de cunéiforme donné à cette écriture.
Le sens des pictogrammes cunéiformes

Sur le plan logique, l'évolution est plus difficile à cerner. On observe cependant, dès l'époque primitive, un certain nombre de procédés notables. Ainsi, beaucoup de ces signes couvrent une somme variable d'acceptions : l'étoile peut tour à tour évoquer, outre un astre, « ce qui est en haut », le « ciel » et même un « être divin ». Par ailleurs, les sumériens ne se sont pas contenté de représenter un objet ou un être par un dessin figuratif : ils ont également noté des notions abstraites au moyen de symboles. C'est ainsi que deux traits sont parallèles ou croisés selon qu'ils désignent un ami ou un ennemi.
Le sens peut aussi procéder de la combinaison de deux éléments graphiques. Par exemple, en combinant le signe de la femme et celui du massif montagneux, on obtient le sens d'« étrangère », « esclave ».
Tous ces signes, appelés pictogrammes par référence à leur tracé, sont donc aussi des idéogrammes, terme qui insiste sur leur rôle sémantique (leur sens) et indique de surcroît leur insertion dans un système. L'écriture cunéiforme dépasse ensuite ce stade purement idéographique. Un signe dessiné peut aussi évoquer le nom d'une chose, et non plus seulement la chose elle-même. On recourt alors au procédé du rébus, fondé sur le principe de l'homophonie (qui ont le même son). Ce procédé permet de noter tous les mots et ainsi des messages plus élaborés.
L'écriture des Akkadiens

Cependant, les Sumériens considèrent les capacités phonétiques des signes, nouvellement découvertes, comme de simples appoints à l'idéographie originelle, et font alterner arbitrairement les deux registres, idéographique et phonographique. Lorsque les Akkadiens empruntent ce système vers − 2300, ils l'adaptent à leur propre langue, qui est sémitique, et font un plus grand usage du phonétisme, car, à la différence du sumérien, dont les vocables peuvent se figurer par des idéogrammes toujours identiques, flanqués d'affixes qui déterminent leur rôle grammatical, l'akkadien renferme déclinaisons et conjugaisons.
L'évolution du suméro-akkadien

L'écriture suméro-akkadienne ne cesse d'évoluer et connaît notamment une expansion importante au IIe millénaire. Le cunéiforme est adopté par des peuples de l'Orient qui l’adaptent à la phonétique de leur langue : Éblaïtes, Susiens, Élamites, etc. Vers − 1500, les Hittites adoptent les cunéiformes babyloniens pour noter leur langue, qui est indo-européenne, associant leurs idéogrammes à ceux venus de Mésopotamie, qu'ils prononcent en hittite. L'ougaritique, connu grâce aux fouilles de Ras Shamra (l'antique Ougarit), dans l'actuelle Syrie, est un alphabet à technique cunéiforme ; il note plusieurs langues et révèle que, à partir de − 1400 environ, l'écriture en cunéiformes est devenue une sorte de forme « véhiculaire », simplifiée, servant aux échanges internationaux. Au Ier millénaire encore, le royaume d'Ourartou (situé à l'est de l'Anatolie) emprunte les caractères cunéiformes (vers − 800) et ne les modifie que légèrement. Enfin, pendant une période assez brève (vie-ive s. avant notre ère), on utilise un alphabet à technique cunéiforme pour noter le vieux perse. Au Ier millénaire, devant les progrès de l'alphabet et de la langue des Araméens (araméen), l'akkadien devient une langue morte ; le cunéiforme ne se maintient que dans un petit nombre de villes saintes de basse Mésopotamie, où il est utilisé par des Chaldéens, prêtres et devins, jusqu'au ier s. après J.-C., avant de sombrer dans l'oubli.
Du hiéroglyphe au démotique

Hiéroglyphes
Tout d'abord hiéroglyphique, l'écriture égyptienne évolue en se simplifiant vers une écriture plus maniable, et d'un usage quotidien. Le hiéroglyphe est une unité graphique utilisée dans certaines écritures de l'Antiquité, comme l'égyptien. Les premiers témoignages « hiéroglyphiques » suivent de quelques siècles les plus anciennes tablettes sumériennes écrites en caractères cunéiformes. Le mot « hiéroglyphe », créé par les anciens Grecs, fait état du caractère « sacré » (hieros) et « gravé » (gluphein) de l'écriture égyptienne monumentale, mais n'est réservé à aucun système d'écriture particulier. On désigne par le même terme les écritures crétoises du minoen moyen (entre 2100 et 1580 avant J.-C.), que l'on rapproche ainsi des signes égyptiens, mais qui demeurent indéchiffrées.
Les hiéroglyphes égyptiens

La langue égyptienne est une langue chamito-sémitique dont la forme écrite n'est pas vocalisée. Vers 3000 avant J.-C., l'Égypte possède l'essentiel du système d'écriture qu'elle va utiliser pendant trois millénaires et dont les signes hiéroglyphiques offrent la manifestation la plus spectaculaire. Quelque 700 signes sont ainsi créés, beaucoup identifiables parce que ce sont des dessins représentant des animaux, un œil, le soleil, un outil, etc.
Cette écriture est d'abord pictographique (un signe, dessiné, représente une chose ou une action). Mais dès l'origine, l'écriture égyptienne eut recours, à côté des signes-mots (idéogrammes), à des signes ayant une valeur phonétique (phonogrammes), où un signe représente un son. Le dessin du canard représente l'animal lui-même, mais canard se disant sa, le même signe peut évoquer le son sa, qui sert aussi à désigner le mot « fils ». Pour éviter au lecteur confusions ou hésitations, le scribe a soin de jalonner son texte de repères : signalisation pour désigner l'emploi du signe comme idéogramme (signe-chose, représentant plus ou moins le sens du mot) ou phonogramme, et compléments phonétiques qui indiquent la valeur syllabique. Il existe également des idéogrammes déterminatifs, qui ne se lisent pas, mais qui indiquent à quelle catégorie appartient le mot. Les signes peuvent être écrits de gauche à droite ou de droite à gauche.
On distingue trois types d'écriture égyptienne : l'écriture cursive ou hiératique, tracée sur papyrus, l'écriture démotique, plus simplifiée que l'écriture hiératique, et l'écriture hiéroglyphique proprement dite, c'est-à-dire celle des monuments, antérieure à 2500 avant J.-C. Ces hiéroglyphes, gravés à l'origine dans la pierre, en relief ou en creux, peuvent être disposés verticalement ou horizontalement, comme ils peuvent se lire de droite à gauche ou de gauche à droite, le sens de la lecture étant indiqué par la direction du regard des êtres humains et des animaux, toujours tourné vers le début du texte.
L'écriture hiéroglyphique apparaît toute constituée dès les débuts de l'histoire (vers 3200 avant J.-C.) ; la dernière inscription en hiéroglyphes, trouvée à Philae, date de 394 après J.-C.
Le système de l'écriture égyptienne
Les idéogrammes peuvent être des représentations directes ou indirectes, grâce à divers procédés logiques :
– la représentation directe de l'objet que l'ont veut noter ;
– la représentation par synecdoque ou métonymie, c'est-à-dire en notant la partie pour le tout, l'effet pour la cause, ou inversement : ainsi, la tête de bœuf représente cet animal ; deux yeux humains, l'action de voir ;
– la représentation par métaphore : on note, par exemple, la « sublimité » par un épervier, car son vol est élevé ; la « contemplation » ou la « vision », par l'œil de l'épervier, parce qu'on attribuait à cet oiseau la faculté de fixer ses regards sur le disque du Soleil ;
– représentation par « énigme » – le terme est de Champollion – ; on emploie, pour exprimer une idée, l'image d'un objet physique n'ayant qu'un rapport lointain avec l'objet même de l'idée à noter : ainsi, une plume d'autruche signifie la « justice », parce que, disait-on, toutes les plumes des ailes de cet oiseau sont parfaitement égales ; un rameau de palmier représente l'« année », parce que cet arbre était supposé avoir autant de rameaux par an que l'année compte de mois, etc.
L'évolution de l'écriture égyptienne
L'évolution des hiéroglyphes vers le phonétisme
À partir des idéogrammes originels, l'écriture égyptienne a évolué vers un phonétisme plus marqué que celui du cunéiforme. Selon le principe du rébus là aussi, on a utilisé, pour noter telle notion abstraite difficile à figurer, l'idéogramme d'un objet dont le nom a une prononciation identique ou très proche. Par exemple, le scarabée, khéper, a servi à noter la notion qui se disait également khéper, le « devenir ».
Poussé plus loin, le recours au phonétisme mène à l'acronymie. Un acronyme est en l'occurrence une sorte de sigle formé de toute consonne initiale de syllabe. Apparaissent ainsi des acronymes trilitères et bilitères (nfr, « cœur » ; gm, « ibis »), ainsi que des acronymes unilitères (r, « bouche »), qui constituent une espèce d'alphabet consonantique de plus de vingt éléments.
Mais le fait de noter exclusivement les consonnes entraîne beaucoup trop d'homonymies. Pour y remédier, on utilise certains hiéroglyphes comme déterminatifs sémantiques destinés à guider l'interprétation sémantique des mots écrits phonétiquement. Par exemple, le signe du « Soleil », associé à la « massue », hd, et au « cobra », dj, qui jouent un rôle phonétique, mène à la lecture hedj, « briller ».C'est dans la catégorie des déterminatifs qu'entre le cartouche, encadrement ovale signalant un nom de souverain. Quelle que soit sa logique, cette écriture est d'un apprentissage et d'une lecture difficiles, et se prête peu à une graphie rapide.
L'écriture hiératique
Ostracon
Sur le plan technique, si la gravure dans la pierre s'accommode de ces formes précises, l'utilisation du roseau ou du pinceau sur du papyrus ou de la peau entraîne une écriture plus souple. Les hiéroglyphes sont simplifiés pour aboutir à deux formes cursives : l'écriture hiératique (usitée par les prêtres) et l'écriture démotique (servant à la rédaction de lettres et de textes courants). Tracée sur papyrus à l'aide d'un roseau à la pointe écrasée, trempée dans l'encre noire ou rouge, l'écriture hiératique est établie par simplification et stylisation des signes hiéroglyphiques. Avec ses ligatures, ses abréviations, elle sert aux besoins de la vie quotidienne : justice, administration, correspondance privée, inventaires mais aussi littérature, textes religieux, scientifiques, etc.
Le démotique
Vers 700 avant J.-C., une nouvelle cursive, plus simplifiée, remplace l'écriture hiératique. Les Grecs lui donnent le nom de « démotique », c'est-à-dire « (écriture) populaire », car elle est d'un usage courant et permet de noter les nouvelles formes de la langue parlée. Utilisée elle aussi sur papyrus ou sur ostraca (tessons de poterie), cette écriture démotique suffit à tous les usages pendant plus de 1000 ans, exception faite des textes gravés sur les monuments, qui demeurent l'affaire de l'hiéroglyphe, et des textes religieux sur papyrus pour lesquels on garde l'emploi de l'écriture hiératique.
Sur le plan fonctionnel, les Égyptiens, tout comme les Sumériens, n'ont pas exploité pleinement leurs acquis et se sont arrêtés sur le chemin qui aurait pu les mener à une écriture alphabétique. Demeuré longtemps indéchiffrable, le système d’écriture égyptien fut décomposé et analysé par Champollion (1822) grâce à la découverte de la pierre de Rosette, qui portait le même texte en hiéroglyphe, en démotique et en grec.
Les écritures anciennes déchiffrées

Alliant érudition, passion et intuition, les chercheurs du xixe s. déchiffrent les écritures des civilisations mésopotamiennes et égyptiennes.
Dans leurs travaux, ils durent résoudre deux problèmes : celui de l'écriture proprement dite, d'une part ; celui de la langue pour laquelle un système d'écriture était employé, d'autre part. Le document indispensable fut donc celui qui utilisait au moins deux systèmes d'écriture (ou davantage) dont l'un était déjà connu : la pierre de Rosette, rédigé en 2 langues et trois systèmes d’écritures (hiéroglyphe, démotique et grec) permit de déchiffrer les hiéroglyphes, grâce à la connaissance du grec ancien. Les savants durent ensuite faire l'hypothèse que telle ou telle langue avait été utilisée pour rédiger un texte donné ; Jean-François Champollion postula ainsi que la langue égyptienne antique a survécu dans la langue copte, elle-même conservée dans la liturgie de l'église chrétienne d'Égypte. De même le déchiffreur de l’écriture cunéiforme, sir Henry Creswicke Rawlinson, une fois les textes en élamite et vieux-perse de Béhistoun mis au point, fit l'hypothèse, avec d'autres chercheurs, que le texte restant était du babylonien, et qu'il s'agissait d'une langue sémitique dont les structures pouvaient être retrouvées à partir de l'arabe et de l'hébreu.
Les déchiffreurs

1754 : l'abbé Barthélemy propose une lecture définitive des textes phéniciens et palmyriens.
1799 (2 août) : mise au jour de la pierre de Rosette, dans le delta du Nil, portant copie d'un décret de Ptolémée V Épiphane (196 avant J.-C.) rédigé en trois écritures, hiéroglyphique, hiératique et grecque.
1822 : Lettre à Monsieur Dacier, de J.-F. Champollion, où ce dernier expose le principe de l'écriture égyptienne.
1824 : parution du Précis du système hiéroglyphique rédigé par Champollion.
À partir de 1835 : l'Anglais H. C. Rawlinson copie, à Béhistoun, en Iran, une inscription célébrant les exploits de Darius Ier (516 avant J.-C.) rédigée selon trois systèmes d'écriture cunéiforme, en vieux-perse, en élamite et en babylonien (akkadien), langues jusqu'alors inconnues.
1845 : le texte en vieux-perse est déchiffré par Rawlinson.
1853 : le texte en élamite est déchiffré par E. Norris.
1857 : un même texte babylonien est confié à quatre savants qui en proposent des traductions identiques.
1858 : Jules Oppert publie son Expédition scientifique en Mésopotamie, qui contribue au déchiffrement du cunéiforme.
1905 : F. Thureau-Dangin établit l'originalité de l'écriture et du système linguistique des Sumériens.
1917 : le Tchèque Hrozny établit que les textes hittites, écrits en caractères cunéiformes, servent à noter une langue indo-européenne, désormais déchiffrée.
1945 : découverte d'une stèle bilingue à Karatépé, en Cilicie ; la version phénicienne du texte permet de déchiffrer un texte louwite (proche du hittite) noté en écriture hiéroglyphique.
1953 : les Anglais M. Ventris et J. Chadwick établissent que les textes rédigés en écriture dite « linéaire B » sont du grec archaïque (mycénien) ; le linéaire B est une écriture syllabique comprenant environ 90 signes.
La « langue graphique » des Chinois

Après les écritures sumérienne et égyptienne, l'écriture chinoise est la troisième écriture importante à avoir découpé les messages en mots. Mais elle n'a pas évolué comme les deux autres, car, à la différence de tous les systèmes d'écriture, qui sont parvenus, à des degrés divers, à exprimer la pensée par la transcription du langage oral, l'écriture chinoise note une langue conçue en vue de l'expression écrite exclusivement, et appelée pour cette raison « langue graphique ».
L'évolution des idéogrammes chinois

Les premiers témoignages de l’écriture chonoise datent du milieu du IIe millénaire avant J.-C. : ce sont des inscriptions divinatoires, gravées sur des carapaces de tortues ou des omoplates de bœufs. Les devins y gravaient les questions de leurs « clients » puis portaient contre ce support un fer chauffé à blanc et interprétaient les craquelures ainsi produites. Ce type d’écriture a évolué à travers le temps et les différents supports : inscriptions sur des vases de bronze rituels aux alentours du ixe s. ; écriture sigillaire, gravée dans la pierre ou l'ivoire, au milieu du Ier millénaire ; caractères « classiques », peints au pinceau, à partir du iie s. avant J.-C. Ces derniers signes ont traversé deux millénaires ; en 1957, une réforme en a simplifié un certain nombre.
Le fonctionnement de l'écriture chinoise

Écriture chinoise
Sur le plan fonctionnel, les pictogrammes originels ont évolué vers un système d'écriture où les éléments sont dérivés les uns des autres. Soit le caractère de l'arbre (mu) : on peut en cocher la partie basse pour noter « racine » (ben), ou la partie haute pour « bout, extrémité » (mo) ; on peut aussi lui adjoindre un deuxième arbre pour noter « forêt » (lin), un troisième pour noter « grande forêt », et ultérieurement « nombreux », « sombre » (sen).
Un dérivé peut servir à son tour de base de dérivation. Ainsi, le pictogramme de la « servante », de l'« esclave », figurant une femme et une main droite (symbole du mari et du maître), est associé au signe du cœur, siège des sentiments, pour signifier la « rage », la « fureur », éprouvée par l'esclave.
Cette langue graphique use également d'indicateurs phonétiques. Ainsi, le caractère de la femme, flanqué de l'indicateur « cheval » (mâ), note « la femme qui se prononce comme le cheval » (au ton près), c'est-à-dire la « mère » (m"a) ; si l'on associe « cheval » avec « bouche », on note la particule interrogative (ma) ; avec deux « bouches », le verbe « injurier ».
Inversement, le caractère chinois peut être lu grâce au déterminatif sémantique. Ces déterminatifs, ou clés (au nombre de 540 au iie s. après J.-C., réduits à 214 au xviie s., et portés à 227, avec des modifications diverses, en 1976), sont des concepts destinés à orienter l'esprit du lecteur vers telle ou telle catégorie sémantique. Le même signe signifiera « rivière » s'il est précédé de la clé « eau », et « interroger » s'il est précédé de la clé « parole ».
Le système chinois repose donc sur le découpage de l'énoncé en mots. Il semble que, de l'autre côté du Pacifique, et au xvie s. de notre ère seulement, à la veille de la conquête espagnole, les glyphes précolombiens (que nous déchiffrons très partiellement à ce jour, malgré des progrès dans la lecture des glyphes mayas) présentent des similitudes avec cette écriture. Mais ils ne se sont pas entièrement dégagés de la simple pictographie.
L'aventure durable de l'alphabet

La naissance de l'alphabet

L'invention de l'alphabet (dont le nom est forgé par les Grecs sur leurs deux premières lettres alpha et bêta) se situe au IIe millénaire avant notre ère en Phénicie. Deux peuples y jouent un rôle important, les Cananéens et, à partir du xiie s. avant J.-C., les Araméens ; ils parlent chacun une langue sémitique propre et utilisent l'akkadien, écrit en cunéiformes, comme langue véhiculaire. Dans les langues sémitiques, chacun des « mots » est formé d'une racine consonantique qui « porte » le sens, tandis que les voyelles et certaines modifications consonantiques précisent le sens et indiquent la fonction grammaticale. Cette structure n'est sans doute pas étrangère à l'évolution de ces langues vers le principe alphabétique, et plus précisément vers l'alphabet consonantique, à partir du système cunéiforme.
L'alphabet ougaritique
Le premier alphabet dont on ait pu donner une interprétation précise est l'alphabet ougaritique, apparu au moins quatorze siècles avant notre ère. Différent du cunéiforme mésopotamien, qui notait des idées (cunéiformes idéographiques), puis des syllabes (cunéiformes syllabiques), il note des sons isolés, en l'occurrence des consonnes, au nombre de vingt-huit. Il a probablement emprunté la technique des cunéiformes aux Akkadiens, en pratiquant l'acrophonie (phénomène par lequel les idéogrammes d'une écriture ancienne deviennent des signes phonétiques correspondant à l'initiale du nom de l'objet qu'ils désignaient. Ainsi, en sumérien, le caractère cunéiforme signifiant étoile, et qui se lisait ana, finit par devenir le signe de la syllabe an) et en simplifiant certains caractères. La véritable innovation est celle des scribes d'Ougarit : gravés dans l'argile, comme les signes mésopotamiens, les caractères d'apparence cunéiforme sont en fait des lettres, déjà rangées dans l'ordre des futurs alphabets. C'est en cette écriture que les trésors de la littérature religieuse d'Ougarit, c'est-à-dire la littérature religieuse du monde cananéen lui-même, nous sont parvenus.
L'alphabet de Byblos
Alors que l'« alphabet » ougaritique demeure réservé à cette cité, l'alphabet sémitique dit « ancien » est l'ancêtre direct de notre alphabet. Sa première manifestation en est, au xie s., le texte gravé sur le sarcophage d'Ahiram, roi de Byblos : 22 signes à valeur uniquement de consonnes. Cet alphabet apparaît donc à Byblos (aujourd'hui Djebaïl, au Liban), lieu d'échanges entre l'Égypte et le monde cananéen. Ce système est utilisé successivement par les Araméens, les Hébreux et les Phéniciens. Commerçants et navigateurs, ces derniers le diffusent au cours de leurs voyages, notamment vers l'Occident, vers Chypre et l'Égée, où les Grecs s'en inspirent pour la création de leur propre alphabet. Car ce sont les Grecs qui, au xie s. avant J.-C., emploient, pour la première fois au monde, un système qui note aussi bien les voyelles que les consonnes, constituant ainsi le premier véritable alphabet.
Pour les deux alphabets d'Ougarit et de Byblos, entre lesquels il ne devrait pas y avoir de continuité globale, il est frappant que l'ordre des lettres soit le même et corresponde à peu près à celui des alphabets ultérieurs. Cet ordre, dont l'origine reste mystérieuse, serait très ancien.
La forme et le nom des lettres
Mais quel critère a déterminé le choix de tel graphisme pour noter tel son ? D'où viennent les noms des lettres ? L'hypothèse retenue répond à ces deux questions à la fois : une lettre devait fonctionner à l'origine comme un pictogramme (A figurait une tête de bœuf) ; on a utilisé ce pictogramme pour noter le son initial du nom qui désignait telle chose ou tel être dans la langue (A utilisé pour noter « a », issu par acrophonie d'aleph, nom du bœuf en sémitique) ; enfin, on a donné à la lettre alphabétique nouvelle le nom de la chose que figurait le pictogramme originel (aleph est le nom de la lettre A). C'est sur cette hypothèse que s'est fondé l'égyptologue Alan Henderson Gardiner dans ses travaux sur les inscriptions dites « protosinaïtiques » découvertes dans le Sinaï. Elles sont antérieures au xve s. avant J.-C., présentent quelque signes pictographiques et notent une langue apparentée au cananéen. Les conclusions de Gardiner ne portent que sur quelques « lettres » de ce protoalphabet, mais elles semblent convaincantes et devraient permettre de repousser de cinq à sept siècles la naissance du système alphabétique.
La chaîne des premiers alphabets

Des convergences dans la forme, le nom et la valeur phonétique des lettres établissent, entre les alphabets, une parenté incontestable. Pour l'araméen et le grec, celle-ci est collatérale : ils ont pour ancêtre commun le phénicien. De l'alphabet araméen dérivent l'hébraïque (iiie ou iie s. avant J.-C.) et probablement l'arabe (avant le vie s. après J.-C.), avec ses diverses adaptations, qui notent le persan ou l'ourdou, par exemple ; à moins qu'il ne faille distinguer une filière arabique qui aurait une parenté collatérale avec le phénicien. Du grec découle la grande majorité des alphabets actuels : étrusque (ve s. avant J.-C.), italiques puis latin (à partir du ve s. avant J.-C.), copte (iie-iiie s. après J.-C.), gotique (ive s.), arménien (ve s.), glagolitique et cyrillique (ixe s.). La propagation du christianisme joua un rôle majeur dans cette filiation : c'est pour les besoins de leur apostolat que des évangélisateurs, s'inspirant des alphabets grec ou latin dans lesquels ils lisaient les Écritures, constituèrent des alphabets adaptés aux langues des païens.

Écriture devanagari
Quant aux alphabets asiatiques, au nombre d'au moins deux cents, on pense qu'ils remontent tous à l'écriture brahmi. La devanagari, par exemple, a servi à noter le sanskrit et note aujourd'hui le hindi. D’aucuns supposent que l'écriture brahmi aurait été elle-même créée d'après un modèle araméen. Selon cette hypothèse, tous les alphabets du monde proviendraient donc de la même source proche-orientale.
L'alphabet aujourd’hui

Avec la grande extension de l'alphabet, la fonction de l'écrit a évolué. À la conservation de la parole, ou, sur une autre échelle, de la mémoire des hommes, s'est ajoutée l'éducation, l'œuvre de culture, souvent synonyme d'« alphabétisation ». Il existe bel et bien une civilisation de l'alphabet, accomplissement de celle de l'écriture, où un autodafé de documents écrits est considéré comme un acte de barbarie. Depuis le siècle dernier, une étape importante s'est amorcée avec la diffusion de l'alphabet latin hors de l'Europe occidentale, surtout pour noter des parlers encore non écrits, en Afrique ou dans l'ex-Union soviétique. En Turquie, par exemple, la réforme de 1928 (utilisation de l’alphabet latin, légèrement enrichi de diacritiques et d’une lettre supplémentaire) a permis de rapprocher le pays de la civilisation occidentale.
LINGUISTIQUE

L'écriture est un code de communication secondaire par rapport au langage articulé. Mais, contrairement à celui-ci, qui se déroule dans le temps, l'écriture possède un support spatial qui lui permet d'être conservée. La forme de l'écriture dépend d'ailleurs de la nature de ce support : elle peut être gravée sur la pierre, les tablettes d'argile ou de cire, peinte ou tracée sur le papyrus, le parchemin ou le papier, imprimée ou enfin affichée.
Selon la nature de ce qui est fixé sur le support, on distingue trois grands types d'écriture, dont l'apparition se succède en gros sur le plan historique, et qui peuvent être considérés comme des progrès successifs dans la mesure où le code utilisé est de plus en plus performant : les écritures synthétiques (dites aussi mythographiques), où le signe est la traduction d'une phrase ou d'un énoncé complet ; les écritures analytiques, où le signe dénote un morphème ; les écritures phonétiques (ou phonématiques), où le signe dénote un phonème ou une suite de phonèmes (syllabe).
Les écritures synthétiques

On peut classer dans les écritures synthétiques toutes sortes de manifestations d'une volonté de communication spatiale. Certains, d'ailleurs, préfèrent parler en ce cas de « pré-écriture », dans la mesure où ces procédés sont une transcription de la pensée et non du langage articulé. Quoi qu'il en soit, le spécialiste de la préhistoire André Leroi-Gourhan note des exemples de telles manifestations dès le moustérien évolué (50 000 ans avant notre ère) sous la forme d'incisions régulièrement espacées sur des os ou des pierres. À ce type de communication appartiennent les représentations symboliques grâce à des objets, dont un exemple classique, rapporté par Hérodote, est le message des Scythes à Darios ; il consistait en cinq flèches d'une part, une souris, une grenouille et un oiseau d'autre part, formes suggérées à l'ennemi pour échapper aux flèches. Ce genre de communication se retrouve un peu partout dans le monde dans les sociétés dites primitives. On peut ainsi signaler les systèmes de notation par nœuds sur des cordelettes (quipus des archives royales des Incas), mais la forme la plus courante d'écriture synthétique est la pictographie, c'est-à-dire l'utilisation de dessins figuratifs (pictogrammes), dont chacun équivaut à une phrase (« je pars en canot », « j'ai tué un animal », « je rentre chez moi », etc.) : c'est le système utilisé par les Inuits d'Alaska, les Iroquois et les Algonquins (wampums) ou encore par les Dakotas. Les limites de ces modes d'expression apparaissent évidentes : ils ne couvrent que des secteurs limités de l'expérience, ils ne constituent pas, comme le langage, une combinatoire.
Les écritures analytiques

Dans les écritures analytiques (dites aussi, paradoxalement, « idéographiques »), le signe ne représente pas une idée mais un élément linguistique (mot ou morphème), ce n'est plus une simple suggestion, c'est une notation. En réalité, le manque d'économie de ce système (il y aurait un signe pour chaque signifié) fait qu'il n'existe pas à l'état pur : toutes les écritures dites idéographiques comportent, à côté des signes-choses (idéogrammes), une quantité importante de signes à valeur phonétique, qu'il s'agisse des cunéiformes suméro-akkadiens, des hiéroglyphes égyptiens ou de l'écriture chinoise. Par exemple, en chinois, on peut distinguer, en gros, cinq types d'idéogrammes : les caractères représentant des objets, et qui sont, à l'origine, d'anciens pictogrammes (le soleil, la lune, un cheval, un arbre, etc.) ; les caractères évoquant des notions abstraites (monter, descendre, haut, bas) ; les caractères qui sont des agrégats logiques, formés par le procédé du rébus, en associant deux signes déjà signifiants (une femme sous un toit pourra dénoter la paix) ; les caractères utilisés pour noter des homophones : tel caractère désignant à l'origine un objet donné sera utilisé pour noter un mot de même prononciation mais de sens complètement différent ; les caractères qui sont des composés phonétiques, constitués, à gauche, d'un élément qui indique la catégorie sémantique (clef) et, à droite, d'un élément indiquant la prononciation (ce dernier type de caractère constitue jusqu'à 90 % des entrées d'un dictionnaire chinois). Cependant, l'écriture chinoise, malgré ses recours au phonétisme, n'est pas liée à la prononciation : elle peut être lue par les locuteurs des différents dialectes chinois, entre lesquels il n'y a pas d'intercompréhension orale ; elle sert, d'autre part, à noter des langues complètement différentes comme le lolo, l’ancien coréen (qui a depuis créé son propre alphabet, le hangul) ou le japonais, où les idéogrammes chinois coexistent avec une notation syllabique.
Les écritures phonétiques

Les écritures dites « phonétiques » témoignent d'une prise de conscience plus poussée de la nature de la langue parlée : les signes y ont perdu tout contenu sémantique (même si, à l'origine, les lettres sont d'anciens idéogrammes), ils ne sont plus que la représentation d'un son ou d'un groupe de sons. Trois cas peuvent se présenter, selon que le système note les syllabes, les consonnes seules ou les voyelles et les consonnes. Les syllabaires ne constituent pas toujours historiquement un stade antérieur à celui des alphabets. S'il est vrai que les plus anciens syllabaires connus (en particulier le cypriote) précèdent l'invention de l'alphabet (consonantique) par les Phéniciens, d'autres sont, au contraire, des adaptations d'alphabets : c'est le cas de la brahmi, ancêtre de toutes les écritures indiennes actuelles, qui procède de l'alphabet araméen, ou du syllabaire éthiopien, qui a subi des influences sémitiques et grecques.
Quant à la naissance de l'alphabet grec, elle a été marquée, semble-t-il, aussi bien par le modèle phénicien que par celui des syllabaires cypriote et crétois (linéaires A et B). Les systèmes syllabiques se caractérisent par leur côté relativement peu économique, puisqu'il faut, en principe, autant de signes qu'il y a de possibilités de combinaison voyelle-consonne. D'autre part, ils présentent l'inconvénient de ne pouvoir noter simplement que les syllabes ouvertes (C+V) ; en cas de syllabe fermée (C+V+C) ou de groupement consonantique (C+C+V), l'un des signes contiendra un élément vocalique absent de la prononciation.

Alphabet araméen

Alphabet araméen
Les alphabets consonantiques, dont le phénicien est historiquement le premier exemple, ne conviennent bien qu'à des langues ayant la structure particulière des langues sémitiques : la racine des mots y possède une structure consonantique qui est porteuse de leur sens, la vocalisation pouvant être devinée par l'ordre très rigoureux des mots dans la phrase, qui indique leur catégorie grammaticale et, par là même, leur fonction. L'alphabet araméen a servi de modèle à toute une série d'alphabets (arabe, hébreu, syriaque, etc.), ainsi qu'à des syllabaires (brahmi) ; l'alphabet arabe a servi et sert à noter des langues non sémitiques, non sans quelques difficultés (il a ainsi été abandonné pour le turc).


Alphabet grec
L'alphabet grec est historiquement le premier exemple d'une écriture notant à la fois et séparément les consonnes et les voyelles. Il a servi de modèle à toutes les écritures du même type qui existent actuellement : alphabets latin, cyrillique, arménien, géorgien, etc.
PÉDAGOGIE

L'apprentissage de l'écriture fait appel à une maîtrise de la fonction symbolique ainsi qu'à une maîtrise motrice de l'espace et du temps. Il s'effectue soit par l'étude progressive et linéaire des lettres, servant à former les mots (méthode analytique), soit par la compréhension directe des mots dans le contexte de la phrase, dont on décomposera seulement après les lettres (méthode globale d’Ovide Decroly). Mais ce sont de plus en plus des méthodes mixtes qui sont utilisées, intégrant parfois expression corporelle et exercices de motricité.


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LA ROUE

 

LA   ROUE

Histoire

La roue est une invention très ancienne constituant un des fondements de nos technologies des transports. Elle permet de déplacer sur terre des charges importantes, en réduisant les forces de frottement. Elle est indispensable dans la plupart des moyens de transports terrestres.
L’invention de la roue est estimée située vers 3500 av. J.-C. à Sumer en basse Mésopotamie. Concurremment, le pot de Bronocice, trouvé en Pologne, présente un pictogramme gravé qui semble être la représentation d'un chariot et on estime sa datation à 3500 ans av. J.-C., ce qui permet de mettre en doute l'origine sumérienne de la roue, ou du moins que sa première apparition fut effectuée à Sumer.[réf. nécessaire]
Son usage est inconnu dans l’Amérique précolombienne, bien que des objets en pierre en forme de roue y ont été retrouvés et considérés comme des jouets (datés de 1500 ans av. J.-C.) mais pas d’engins utilisant la roue. Ce paradoxe est retenu comme exemple par Alain Gras pour illustrer le refus d’engagement dans des trajectoires technologiques données bien qu’accessibles en termes de faisabilité, Jared Diamond a quant à lui émis la théorie selon laquelle seules les civilisations qui disposaient d'animaux de trait (ce qui n'était pas le cas des Amérindiens) ont utilisé des attelages ; la roue n'étant pas utile pour les autres2. La roue était également inconnue en Afrique subsaharienne, Amérique latine (les civilisations Inca, Maya, etc.) et en Océanie jusqu’à une époque récente.
Les premières roues étaient pleines, en pierre d'une seule pièce, ou en bois souvent constituées de trois ou quatre pièces assemblées. Les roues à rayons et à jantes, plus légères, seraient apparues environ 2000 ans av. J.-C..
Ces roues étaient solidaires de l’essieu dans un premier temps, celui-ci constituant alors un axe reliant deux roues situées de part et d’autre de la caisse. Pour réduire le frottement entre l’axe et le châssis reposant sur lui, divers procédés ont été mis au point, dont notamment un trou dans un madrier faisant office de membrure, ce trou étant garni de galets lubrifiés avec de l’huile (l’ancêtre du roulement à billes).
Désormais les roues sont montées sur leur axe à l'aide de roulements à billes ou à rouleaux, ou de paliers hydrodynamiques. Ces derniers assurent une liaison mécanique fiable, avec un minimum de frottements.
La roue est aussi un modèle d'induction, avec la roue de Barlow qui en est la plus connue, d’ailleurs pour calculer le couple de Laplace agissant sur la roue, on peut le calculer en considérant que le flux soit sur la seule direction du rayon principal, bien sûr ceci est faux, mais il s'avère que le résultat est le même que dans le cas général, ceci facilite donc le calcul.
La roue fluide est créée par une forme donnée à la surface de contact pour améliorer l'écoulement
Différents types
Une roue est dite « dentée » lorsqu’elle transmet le mouvement par obstacle à d'autres pièces par le biais de dents qui la garnissent sur son pourtour. On parle d’engrenage pour un système utilisant plusieurs roues de ce type, le nom de pignon étant donné aux plus petites d’entre elles.
La roue à aubes est une roue comportant des sortes de cuillères ou palettes (les aubes). Elle était utilisée dans les moulins à eau ainsi que dans les anciens bateaux à vapeur.
Une roue peut être motrice lorsqu'elle est en sortie d'une chaîne de transmission d'énergie, ou réceptrice lorsqu'elle est en entrée de cette chaîne.
La roue pour rongeurs est un accessoire de sport destiné aux souris, hamsters et gerbilles.
Une roue folle ou libre est une roue non motrice avec un axe libre décalé, pour un pivotage automatique. Les roues folles (qui ne transmettent pas d'énergie) n'ont pour fonction que le guidage et le support d'une charge (roue de remorque ou roue directrice de véhicule). La roue libre est aussi un dispositif mécanique dont le rôle est d'interdire la rotation d'un axe dans un des deux sens ; elle est soit à cliquet comme sur le pignon d'un vélo, bloquant la rotation par obstacle, soit à aiguilles se coinçant pour empêcher par adhérence la rotation (lanceur à ficelle de petit moteurs thermiques). Il se comporte comme une transmission qui se débraye lorsque l'élément mené va plus vite que son moteur.
En robotique, ou pour des chariots de manutention, on emploie des roues holonomes, constituées d'un moyeu muni de galets disposés en périphérie. Cette disposition permet d'établir des mouvements de déplacements différents suivant la combinaison des rotations des roues : par exemple, les mouvements d'avance (marche avant et arrière), de dérive (vers la gauche ou la droite) ou de lacet (rotation autour d'un axe vertical) dépendent des rotations imposées aux roues. De tels engins se manœuvrent dans un encombrement bien plus réduit que les véhicules à essieux articulés.
Symbolique
La roue est un symbole fréquent dans certains mythes décoratifs de l'architecture, comme symbole de la vie, du temps ou du destin. Elle symbolise les cycles, les recommencements, les renouvellements. C'est un symbole solaire dans la plupart des traditions. Elle est un des attributs de la Fortuna ou de Némésis antiques. Elle est associée à certains saints et martyrs de la religion chrétienne, comme instrument de torture, comme Catherine d'Alexandrie. Dans le symbolisme chrétien développé par le Pseudo-Denys l'Aréopagite, la roue symbolise le déroulement de la révélation divine. Ce symbolisme a été repris par certains alchimistes comme Clovis Hesteau de Nuysement et Fulcanelli3.
Dans le bouddhisme, elle est la Roue du dharma, la Roue de la Loi, Dharmachakra, symbole représentant l'enseignement du Bouddha.
Description
La roue est constituée principalement de trois parties :
    •    le moyeu, au centre, qui assure le guidage en rotation par rapport au support (châssis ou bras) ; son diamètre étant toujours très petit devant celui de la jante, l'effet des frottements entre le moyeu et le palier s'en trouve réduit.
    •    à la périphérie, la jante, sur laquelle se fixe la bande de roulement souvent rapportée ; au contact de la jante avec le sol, le frottement de glissement se substitue au frottement de roulement. Cet effet combiné au précédent contribue au rendement du dispositif.
    •    la structure, souvent composée de rayons, reliant les deux parties précédentes.

 

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