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TCHÉCOSLOVAQUIE

 

Tchécoslovaquie
en tchèque Československo


La formation de la Tchécoslovaquie
Ancien État de l'Europe centrale (1918-1992), formé de l'union de la Bohême, de la Moravie (qui constituaient la République tchèque) et de la Slovaquie ; 127 889 km2 ; capitale : Prague. La Tchécoslovaquie a été scindée le 1er janvier 1993 en deux États indépendants, la République tchèque et la Slovaquie.
Résumé

1918-1938 : la république de Tchécoslovaquie
La défaite de l’Autriche-Hongrie et son éclatement après la Première Guerre mondiale conduisent à l’union des Tchèques et des Slovaques et à la naissance de la Tchécoslovaquie. L'Ukraine subcarpatique lui est rattachée ; les traités de Saint-Germain et de Trianon fixent les frontières de l'État tchécoslovaque, qui est présidé, de 1918 à 1935, par Tomás Garrigue Masaryk, puis à partir de 1938, par Edvard Beneš.
1938-1945 : la république démembrée
Après avoir été sacrifiée lors des accords de Munich, la république est l’une des premières victimes de la politique d'annexions et d'agressions de l'Allemagne nazie qui occupe la Bohême-Moravie et y instaure son protectorat ; la Slovaquie forme un État séparé. Beneš constitue à Londres un gouvernement en exil (1940). Libérée par l'armée soviétique, la Tchécoslovaquie est restaurée dans ses frontières de 1919, à l'exception de la Ruthénie subcarpatique, cédée à l'URSS (juin 1945).
1946-1948 : vers le coup d'État communiste
Le communiste Klement Gottwald, devenu président du Conseil, rejette, en 1947, le plan Marshall, et exécute le coup d'État (« coup de Prague ») qui assure au parti communiste le pouvoir absolu sur la Tchécoslovaquie (février 1948).
1948-1968 : la démocratie populaire et la république socialiste
Gottwald préside à l'alignement sur l'Union soviétique : premier plan quinquennal (1952-1954) et procès de Prague (ou Slánský). Sous la direction d'Antonín Novotný, la Tchécoslovaquie devient une république socialiste. La fronde des intellectuels et le mécontentement slovaque se développent à partir de 1962-1963. Lors du « printemps de Prague » (1968), le parti communiste, dirigé par Alexander Dubček, tente de s'orienter vers un « socialisme à visage humain ». L'intervention soviétique, en août, met un terme au cours novateur.
1969-1989 : de la « normalisation » à la « révolution de velours »
La Tchécoslovaquie devient un État fédéral formé des Républiques tchèque et slovaque. Gustav Husák met en œuvre la « normalisation ». D'importantes manifestations entraînent sa démission, l'abolition du rôle dirigeant du parti et la formation d'un gouvernement d'entente nationale, où les communistes sont minoritaires. Le dissident Václav Havel est élu à la présidence de la République. Cette transition pacifique est désignée sous le nom de « révolution de velours ».
1990-1993 : vers la scission
Devenu la République fédérative tchèque et slovaque, le pays voit ses premières élections libres remportées par les mouvements démocratiques. Entamé en 1992, le processus de partition de la Tchécoslovaquie aboutit à sa scission en deux États indépendants, la Slovaquie et la République tchèque (1er janvier 1993)
1. L'union des Tchèques et des Slovaques

La formation de la TchécoslovaquieLa formation de la Tchécoslovaquie
L'idée de réunir en un État les peuples tchèque et slovaque, séparés depuis le xe siècle, a fait son apparition au moment des révolutions de 1848. À la fin du xixe siècle, Tomáš Garrigue Masaryk reprend cette idée. Mais il faut attendre le bouleversement de la Première Guerre mondiale et le processus de désintégration de l'Empire austro-hongrois, pour que Tchèques et Slovaques envisagent de s'unir en dehors du cadre de la monarchie des Habsbourg.
Après son départ de Bohême, en 1914, Tomáš G. Masaryk organise à Londres, puis à Paris, un Conseil national des pays tchèques (1916) qui prépare l'intervention d'une armée nationale aux côtés des Alliés (1917). Il constitue un gouvernement provisoire le 14 octobre 1918. Son action est soutenue en Bohême par le Comité national de Prague (formé en juillet 1918), qui prend le pouvoir le 28 octobre 1918, lors de l'effondrement du gouvernement impérial de Vienne.
La République tchécoslovaque, proclamée à Prague aussitôt après, est reconnue le 30 octobre 1918 par le Conseil national slovaque. En novembre se réunit à Prague une assemblée de 201 Tchèques et 69 Slovaques ; les Allemands de Bohême et les Hongrois de Slovaquie, qui refusent de reconnaître le nouvel État, n'y sont pas représentés. Tomáš G. Masaryk est alors nommé président de la République par les députés présents à l'assemblée.
2. La Ire République : la démocratie parlementaire (1918-1938)

2.1. Instauration d'un régime parlementaire et centralisé

Héritier du royaume de Bohême, le nouvel État réprime les tentations sécessionnistes des Allemands (décembre 1918 à mars 1919) et se saisit de la Silésie de Těšín (→ Cieszyn), à majorité polonaise (janvier 1919) ; en juillet 1920, la conférence de Spa confirme cette annexion. L'Assemblée nationale constituante établit, en février 1920, une Constitution d'inspiration française et américaine (avec un régime parlementaire et centralisé ainsi qu'une forte autorité du président de la République). À cette occasion, Tomáš G. Masaryk est élu à la tête de l'État jusqu'en 1935, faisant de la présidence de la République le centre réel du pouvoir.
2.3. La question des minorités et le centralisme tchèque

Avantagée par les traités de Versailles (1919), de Saint-Germain (1919) et de Trianon (1920), qui établissent ses frontières avec l'Allemagne, l'Autriche et la Hongrie, la Tchécoslovaquie est confrontée à un important problème de minorités (3 200 000 Allemands, 700 000 Hongrois et 500 000 Ruthènes), qui constituent 32 % de la population. Au lieu de mener une politique d'égalité des droits, elle se contente d'autoriser celles des minorités, qui représentent 20 % de la population, dans l'un des 21 districts, à user de leur langue devant les tribunaux et les administrations. Les Slovaques, pauvres et d'obédience catholique, restent méfiants à l'égard des Tchèques, souvent protestants et plus riches. De plus, l'abbé Andrej Hlinka, chef de file des autonomistes slovaques et leader du parti national slovaque, ne cesse de mener des campagnes contre le centralisme tchèque.
Cependant, à l'extérieur, l'État tchécoslovaque, qui a hérité de la majeure partie des industries des domaines des Habsbourg, est perçu comme un pays riche et démocratique. Cette perception vient, entre autres, de la puissance du parti social-démocrate, lequel, appuyé sur une classe ouvrière nombreuse et encadrée par des syndicats puissants, regroupe 2,3 millions d'adhérents et détient le pouvoir entre 1919 et 1920. Le parti communiste tchécoslovaque naît en mai 1921 de la scission de l'aile gauche du parti social-démocrate.
2.4. La politique étrangère d'Edvard Beneš

L'agitation sociale et les grèves marquent les années 1920. La crise de 1929 provoque de violents affrontements. Pourtant, les bons résultats économiques du pays, fondés sur les exportations de produits de qualité, permettent au gouvernement de mener une certaine politique sociale.
Ministre des Affaires étrangères de 1918 à 1935, Edvard Beneš cherche à prémunir la Tchécoslovaquie d'un relèvement des vaincus de la Première Guerre mondiale. C'est pourquoi il inaugure ce qui va devenir la Petite-Entente par un pacte conclu avec la Yougoslavie contre l'irrédentisme hongrois (août 1920), tout en s'assurant de la protection des puissances occidentales (accords de Locarno en 1925). Mais, s'avérant insuffisante, cette Petite-Entente est suivie d'un autre pacte, conclu cette fois avec l'URSS, en mai 1935.
2.5. La question des Sudètes et les accords de Munich

Le danger d'un réveil du nationalisme des Allemands de Tchécoslovaquie est pressenti dès l'arrivée de Hitler au pouvoir en Allemagne en 1933. En effet, le pouvoir nazi réveille les velléités sécessionnistes des Allemands de Bohême. Subventionné par Berlin, Konrad Henlein, qui dirige le parti allemand des Sudètes, réclame l'autonomie pour sa nationalité. Après l'Anschluss (annexion de l'Autriche) en mars 1938, le Reich intensifie son soutien aux Allemands des Sudètes. Edvard Beneš, qui a succédé à Tomáš G. Masaryk en 1935, doit donc faire face aux revendications accrues de Konrad Henlein et aux menaces d'Adolf Hitler.
Après la rencontre du Premier ministre britannique, Neville Chamberlain, avec Hitler, les autorités de Londres et de Paris choisissent d'éviter le conflit avec l'Allemagne et obligent le gouvernement de Prague à accepter que les districts à majorité allemande soient transférés au Reich (→ accords de Munich, septembre 1938). Hitler exige que les cessions soient effectives avant le 1er octobre 1938. Le gouvernement tchécoslovaque décrète la mobilisation générale et rejette l'ultimatum allemand. La France et la Grande-Bretagne ayant renoncé à intervenir, la Wehrmacht occupe la région tchécoslovaque des Sudètes (1er-10 octobre 1938).
Pour en savoir plus, voir l'article Sudètes.
3. Le morcellement et l'occupation étrangère (1938-1945)

3.1. Le démembrement du pays

L'occupation allemande des Sudètes est suivie de celle de Těšín et de Bohumín par la Pologne (1er octobre 1938), l'arbitrage Ribbentrop-Ciano attribuant à la Hongrie le sud de la Slovaquie (2 novembre 1938). Hitler achève de morceler le pays en accordant une autonomie à la Ruthénie et en formant un gouvernement autonome slovaque, dirigé par Monseigneur Jozef Tiso à Bratislava (octobre 1938), qui proclame l'indépendance de la Slovaquie le 14 mars 1939.
À Prague, Edvard Beneš, qui a démissionné le 5 octobre 1938, est remplacé par Emil Hácha (30 novembre 1938). Hitler, qui accuse les Tchèques « incorrigibles » de molester les Allemands restés en Bohême, convoque à Berlin le président Emil Hácha (14 mars 1939) ; sous la menace, celui-ci signe un document qui remet le destin du peuple tchèque entre les mains du Führer ; le pays est occupé par la Wehrmacht dans la nuit du 14 au 15 mars 1939 et transformé en protectorat de Bohême-Moravie, avec Emil Hácha à la présidence. Les troupes hongroises entrent, quant à elles, en Ruthénie, celle-ci s'étant proclamée indépendante le 15 mars 1939.
3.2. La résistance des Tchèques face à la tyrannie hitlérienne

Tandis que la Slovaquie forme un État satellite du Reich, les Tchèques subissent la tyrannie nazie. La résistance intérieure, qui s'affirme dès novembre 1939 par des manifestations d'étudiants, est durement réprimée : 25 000 exécutions, 200 000 déportations de 1939 à 1945. Les Juifs tchèques sont exterminés et de nombreux massacres sont commis – ainsi celui de Lidice, en représailles à l'assassinat du Reichsprotektor, Reinhard Heydrich, en mai 1942.
Edvard Beneš, qui s'est exilé, a organisé un Comité national tchécoslovaque. Passé à Londres en juin 1940, le Comité se transforme en gouvernement provisoire, reconnu par la Grande-Bretagne en juillet 1940. C'est cependant l'Union soviétique qui, la première, reconnaît à la Tchécoslovaquie ses frontières de 1919, Moscou hébergeant par ailleurs de nombreux communistes tchécoslovaques et soutenant la résistance locale.
4. La IIe République (1945-1948)

4.1. Le gouvernement de coalition et le programme de Košice

Klement Gottwald en campagne électoraleKlement Gottwald en campagne électorale
La Tchécoslovaquie reconstituée en 1945 est le résultat d'un compromis entre le président Edvard Beneš et l'URSS de Joseph Staline, dont l'Armée rouge, entrée en Slovaquie en octobre 1944, est toujours présente sur le territoire. Le Conseil national slovaque, fondé en 1943, avait au préalable enclenché une insurrection populaire où s'étaient illustrés des dirigeants communistes tels que Gustáv Husák.
Le 4 avril 1945, un gouvernement de coalition, installé à Košice et composé des partis qui n'ont pas collaboré avec les nazis, est mis en place. Les communistes, avec Klement Gottwald, vice-président du Conseil, y détiennent des ministères-clés. La Tchécoslovaquie est restaurée dans ses frontières de 1919, à l'exception de la Ruthénie subcarpatique, cédée à l'URSS (juin 1945). Le nouveau gouvernement expulse les Allemands (2,4 millions) qui n'ont pas soutenu la Résistance et conclut avec les autorités de Budapest un accord d'échange de population, qui prévoit le départ de 500 000 Hongrois.
4.2. Égalité entre Tchèques et Slovaques

L'égalité entre les peuples tchèque et slovaque est proclamée, la Slovaquie recevant cependant des institutions autonomes, afin d'étouffer toute résurgence nationaliste. Les communistes estiment que le problème du nationalisme slovaque résulte d'une inégalité de développement économique, qui peut être compensée par une industrialisation rapide. On retrouve cette conception dans le programme économique biennal pour 1947-1948 adopté, après les élections de mai 1946, par le nouveau gouvernement de coalition de Klement Gottwald.
4.3. Nationalisation

La réforme agraire s'effectue en juin 1945 d'autant plus facilement que les riches propriétaires allemands et hongrois ont été expulsés. Ainsi, 1 700 000 hectares sont distribués aux paysans démunis. Par ailleurs, les banques, les mines et les entreprises de plus de 500 personnes sont nationalisées en octobre 1945. Une nouvelle vague de nationalisation des entreprises de plus de 50 employés a lieu en avril 1948. Outre ces nationalisations, la période de 1945 à 1948 est caractérisée par de nombreux conflits au sein de la classe politique.
5. La démocratie populaire et la République socialiste (1948-1967)

5.1. Le « coup de Prague » (février 1948)

Le parti communiste tchèque (PCT), qui compte 1 300 000 adhérents et qui dispose de postes clés dans l'appareil d'État, met finalement un terme à l'expérience démocratique en s'emparant du pouvoir, en février 1948. Après ce qu'on a appelé le « coup de Prague », le parti social-démocrate se fond avec le PCT en avril 1948 et la coalition gouvernementale est progressivement épurée. La Constitution du 9 mai 1948 fait de la Tchécoslovaquie une démocratie populaire.
5.2. Développement économique et procès staliniens

Le premier plan quinquennal 1949-1953 reprend l'idée d'un développement de l'industrie lourde en Slovaquie. Il est suivi d'un autre plan, entre 1956 et 1960, qui maintient cette priorité et poursuit la collectivisation de l'agriculture.
S'alignant en cela aussi sur Moscou, la période des années 1950 est en outre marquée par une politique anticléricale agressive. Pour obtenir le serment d'allégence des ecclésiastiques, les autorités internent l'archevêque de Prague Monseigneur Beran (juin 1949-1963) et font condamner des évêques. Les écoles confessionnelles sont sécularisées (1948), un grand nombre de monastères fermés (1950).
La période 1950-1954 est marquée par les grands procès staliniens, montés avec l'aide de conseillers soviétiques (condamnation et exécution de Vladimir Clementis et du secrétaire général du PCT, Rudolf Slánský en 1952). L'un des survivants du procès Slánský, Artur London, décrira les mécanismes de fabrication des aveux arrachés sous la torture dans L'Aveu (1968), ouvrage d'après lequel Costa-Gavras réalisera le fim du même nom sur un scénario de Jorge Semprun.
5.3. La République socialiste

La présidence de la République passe de Gottwald (mort en mars 1953) à Antonín Zápotocký (mort 1957), puis à Antonín Novotný, qui reste secrétaire général du PCT. La présidence du Conseil va à Viliam Široký (mars 1953), éliminé en 1963 pour stalinisme et remplacé par Lenárt. La Tchécoslovaquie prend la qualité de « république socialiste » (Constitution du 11 juillet 1960).
À partir de 1962, la censure devient moins stricte, malgré des périodes de réaction en 1964 et en 1967. On assiste à de nombreuses mais distrètes réhabilitations de personnalités condamnées pendant la prériode des grands procès. Le cinéma (Miloš Forman,Věra Chytilová, etc.), la littérature (Milan Kundera, Josef Škvorecký, etc.) connaissent un renouveau complet tandis qu'augmente le rôle des intellectuels. L'effondrement du revenu national de 1961 à 1964 oblige le parti à adopter une réforme économique, préparée par Ota Šik. Celle-ci est définitivement mise en application à partir du 1er janvier 1967. Une coalition d'opposants se forme contre Antonín Novotný : nationalistes slovaques, Tchèques partisans de réformes libérales, centristes indécis. Le 5 janvier 1968, le Comité central remplace Novotný par Alexander Dubček au poste de premier secrétaire. En mars 1968, Novotný est obligé de démissionner de la présidence de la République. Il est remplacé par le général Ludvík Svoboda. En avril, Oldřich Cerník dirige un gouvernement rénové.
6. L'évolution démocratique

6.1. Le printemps de Prague (janvier-août 1968)

Le printemps de Prague, le 21 août 1968Le printemps de Prague, le 21 août 1968
Les nouveaux dirigeants politiques, qui veulent créer un « socialisme à visage humain » mettent en application le « programme d'action », défini le 11 avril 1968 ; le Parlement approuve, ainsi, en juin, la levée de la censure ; de même, Ota Šik propose la réalisation d'importantes réformes économiques et sociales ; sur le plan extérieur, la Tchécoslovaquie engage des négociations économiques avec la République fédérale d'Allemagne. Toutefois, Alexander Dubček critique les propositions des progressistes radicaux et accepte que les manœuvres des forces du pacte de Varsovie se déroulent sur le sol tchécoslovaque.
Le 4 juillet 1968, Leonid Brejnev se déclare prêt à intervenir militairement si le socialisme était menacé dans un pays frère. Quelques jours plus tard, l'URSS, la Pologne, la Hongrie, l'Allemagne de l'Est et la Bulgarie adressent une mise en garde au gouvernement de Prague. Les armées soviétique, polonaise, est-allemande et bulgare pénètrent en Tchécoslovaquie dans la nuit du 20 au 21 août 1968 ; en quelques heures, elles occupent toutes le villes. Les principaux dirigeants tchécoslovaques, sauf le général Svoboda, chef de l'État sont arrêtés et emmenés en détention en Union soviétique. L'intervention militaire suscite une vague d'émotion dans les pays occidentaux. Elle est aussi condamnée par la Chine, la Roumanie et la Yougoslavie, ainsi que par les partis communistes français et italien.
Les actes de résistance se multiplient ; des incidents violents éclatent entre certains soldats soviétiques et Tchécoslovaques. Les Soviétiques ne parviennent pas à former un nouveau gouvernement : le 22 août, le PCT réunit clandestinement dans une usine de Prague, son XIVe Congrès, prévu pour le 9 septembre ; les 22 et 23 août, toute activité est suspendue pendant une heure, dans le pays. Svoboda, accompagné de membres du parti, dont Gustav Husák, rencontre, le 23 août, à Moscou, les autorités soviétiques ; sur sa demande, Dubček et les autres dirigeants tchécoslovaques participent aux négociations et à la conclusion d'un accord qui met fin à la politique inaugurée en janvier.
Pour en savoir plus, voir l'article printemps de Prague.
6.2. La politique de « normalisation »

Gustáv Husák
La politique menée par Gustav Husák, est celle d'une normalisation appuyée par les Soviétiques. La loi sur la fédéralisation de la Tchécolovaquie, adoptée le 28 octobre 1968, contribuera à la promotion économique et sociale des Slovaques. Dans un premier temps, elle oblige à un remaniement du gouvernement et des assemblées fédérales qui permet d'écarter les partisans du printemps. Husák cherche d'abord à reprendre le contrôle du parti. Il est élu premier secrétaire du PCT en remplacement d'Alexander Dubček en avril 1969. Lubomir Strougal devient Premier ministre en janvier 1970. À partir de mai 1970, des commissions d'épuration éliminent les opposants, 20 % des effectifs. C'est seulement du 25 au 29 mai que 1971, que Husák peut réunit un congrès du parti qui s'intitule le XIVe Congrès (celui d'août 1968 ayant été annulé). L'épuration touche l'ensemble de la société. Husák renforce son pouvoir. Le 27 mai 1975, il fait mettre à l'écart par le Comité central du parti le président de la République Svoboda, pour raison de santé, et il se fait élire à sa place. Les réformes économiques de 1965 sont annnulées. Le but n'est plus de moderniser l'économie, mais avant tout de satisfaire les demandes de l'Union soviétique en lui fournissant des machines et du matériel pour l'industrie nucléaire. Le traité soviéto-tchécoslovaque du 6 mai 1970 est le premier à faire entrer dans un accord entre États le droit d'intervention au nom de la défense du socialisme.
6.3. La Charte 77

Malgré la répression contre les opposants, un groupe d'intellectuels, dont le philosophe Jan Patočka, l'ancien ministre des Affaires étrangères de 1968, Jiří Hájek, et l'écrivain Václav Havel, mais également un grand nombre d'ouvriers, publie en 1977 un manifeste baptisé la Charte 77, qui réunit un millier de signataires. Tous demandent le respect des libertés élémentaires – liberté de la pratique religieuse, liberté de conscience, garantie contre les arrestations arbitraires –, c'est-à-dire l'application par l'État tchécoslovaque et sa justice des principes qu'il a théoriquement reconnus en signant les accords d'Helsinki (1975). La répression est brutale : ainsi Jan Patočka meurt après un interrogatoire en mars 1977 ; Václav Havel est condamné à quatre ans et demi de prison en 1979.
Dans la partie tchèque du pays, on a tendance à identifier la dictature du PCT à des mesures de favoritisme pour les Slovaques. Cependant, si la nomination de Slovaques à des postes importants de l'État et du parti est une réalité du régime de G. Husák, il n'en reste pas moins que la répression contre les intellectuels est avant tout le résultat d'une incapacité du système communiste à envisager sa propre réforme. Cette rigidité est d'autant plus forte dans le cas tchécoslovaque, que l'intervention militaire des pays du pacte de Varsovie a laissé des traces durables dans les consciences.
6.4. L'évolution démocratique en Europe orientale

Pendant les années 1980, l'idée d'une réforme du système communiste revient en force avec Mikhaïl Gorbatchev, au pouvoir en URSS, et qui lance le concept de perestroïka, devenu, malgré son manque de contenu, un mot à la mode. Repris par des communistes réformateurs dans l'ensemble des pays du bloc socialiste, ce mot devient le symbole du changement. Changement économique tout d'abord, puisque une crise profonde, faite de pénurie et d'inflation, frappe les sociétés d'Europe de l'Est. Mais changement stratégique aussi puisque l'idée d'un rapprochement avec l'Union européenne est évoquée par des chefs d'États occidentaux (→ François Mitterrand, Helmut Kohl).
Mikhaïl Gorbatchev parle lui-même de la mise en place d'un « toit commun » entre l'Europe de l'Ouest et l'Europe de l'Est. Profitant de ce contexte international plus favorable, en Tchécoslovaquie, les dissidents reprennent la parole pour changer la politique. Ils y arrivent d'autant plus facilement qu'ils n'ont jamais cessé leurs actions, même au plus fort de la répression. Ils bénéficient en outre du soutien moral de la population.
7. La « révolution de velours »

Les manifestations à l'occasion des commémorations des dates clés de l'histoire nationale prennent une ampleur inhabituelle à partir de 1988. En novembre 1989, les manifestations organisées pour commémorer la mort de l'étudiant Jan Palach (qui s'était immolé par le feu en janvier 1969 pour protester contre l'intervention soviétique), sont violemment réprimées. Douze mouvements indépendants constituent, à l'initiative du dissident Václav Havel, un Forum civique qui demande et obtient l'ouverture de négociations.
La direction du PCT démissionne en bloc le 24 novembre. Puis le rôle dirigeant du parti est aboli par l'Assemblée fédérale. Enfin, en décembre, le communiste Marian Čalfa devient Premier ministre et forme un gouvernement d'entente nationale, à majorité non communiste, ce qui provoque la démission du président Husák. Les 28 et 29 décembre, Alexander Dubček et Václav Havel sont élus respectivement président de l'Assemblée fédérale et président de la République.
En avril 1990, le pays prend officiellement le nom de République fédérative tchèque et slovaque. En juin, les premières élections libres depuis 1946 sont remportées par le Forum civique et son homologue slovaque – « Public contre la violence » – qui obtiennent 46,6 % des votes, tandis qu'une dizaine de petits partis se partagent le reste des suffrages. Rapidement, se pose la question de l'ampleur et de la nature des réformes à entreprendre. L'attrait pour le modèle occidental anglo-saxon domine. Ainsi, un groupe d'experts, ayant travaillé à l'Institut de recherches prospectives et convaincus des vertus de l'ultra-libéralisme, proposent des transformations en profondeur. Parmi eux, Václav Klaus, nommé ministre des Finances, préconise une « thérapie de choc » : convertibilité de la monnaie, libéralisation des prix, ouverture au commerce mondial, privatisations, etc.).
À l'opposé, redoutant que ces changements brusques provoquent la baisse de production et une montée du chômage, les tenants du gradualisme pensent nécessaire d'étaler les réformes économiques dans le temps en prenant en considération la dimension sociale. En accord avec le Fonds monétaire international (FMI), un programme de stabilisation macroéconomique est mis en place.
8. Vers la scission

La partition de la TchécoslovaquieLa partition de la Tchécoslovaquie
Parallèlement, un processus de « décommunisation », qui vise les anciens collaborateurs de la police politique, est engagé. La démocratisation en cours fait paradoxalement renaître le débat sur les différences de développement au sein du pays. Les Slovaques estiment que les Tchèques concentrent trop de pouvoir économique. D'abord minoritaires, les tendances nationalistes prennent le dessus et les relations entre les deux nations deviennent le thème principal de la vie politique, entre 1990 et 1991. Les élections de juin 1992 renforcent les partisans de la séparation. Václav Klaus, partisan du fédéralisme et du libéralisme économique l'emporte en République tchèque, tandis que Vladimír Mečiar, un nationaliste, arrive en tête du scrutin en Slovaquie.
Constatant l'impossibilité de parvenir à un accord sur les futures structures de l'État fédéral, les Premiers ministres des républiques tchèque et slovaque conviennent d'engager un processus devant mener à la partition du pays. Le président Václav Havel, refusant de cautionner l'éclatement de la fédération, démissionne le 20 juillet 1992. Après plusieurs votes de résistance, l'Assemblée fédérale adopte, en novembre 1992, la loi proclamant l'extinction de la République fédérative tchèque et slovaque. La scission de la Tchécoslovaquie en deux États indépendants, la République tchèque et la Slovaquie, prend effet le 1er janvier 1993.
Pour en savoir plus, voir les articles République tchèque : vie politique depuis 1993, Slovaquie : histoire.

 

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LÉNINE

 

Vladimir Ilitch Oulianov, dit Lénine

Cet article fait partie du dossier consacré à la Première Guerre mondiale.
Révolutionnaire et homme d'État russe (Simbirsk 1870-Gorki, près de Moscou, 1924).
Portrait et citation de LéninePortrait et citation de Lénine
Nourri des écrits de Karl Marx, Lénine proclama la nécessité d'une révolution socialiste en Russie. Doué d'un exceptionnel sens tactique, il sortit victorieux de toutes les luttes d'influences et, en 1917, engagea son pays dans un mouvement qui devait changer la face du monde.
Origines et formation
Issu d'une famille prospère et progressiste, lisant, adolescent, les grands démocrates russes Herzen et Tchernychevski, Vladimir Ilitch s'engage dans le mouvement révolutionnaire aussitôt après la mort de son frère aîné Aleksandr, exécuté pour avoir comploté contre le tsar Alexandre III. Exclu de l'université de Kazan où il suivait des études de droit, il adhère, dès cette époque à la pensée de Marx.
L'exil
Au retour d'un séjour en Suisse, où il rencontre le socialiste Plekhanov, il fonde en 1895 l'Union de lutte pour la libération de la classe ouvrière. Aussitôt arrêté, il est relégué en Sibérie pour trois ans (1897-1900), où il rédige le Développement du capitalisme en Russie (1899). Parti rejoindre Plekhanov à Munich, il y crée le journal de propagande, Iskra (« Étincelle »). Dans Que Faire ? (paru en 1902), il expose sa conception d'un parti centralisé qui doit être l'avant-garde du prolétariat et ne comprendre qu'un petit nombre de révolutionnaires professionnels. Il pousse alors à la scission du parti ouvrier social-démocrate de Russie entre une fraction blolchevique (« majoritaire ») opposée à la fraction menchevique (« minoritaire »).
L'insurrection d'octobre
Rentré clandestinement à Petrograd en avril 1917, il rédige les Thèses d'avril qui résument les trois mots d'ordre : « À bas la guerre ! À bas le gouvernement provisoire ! Tout le pouvoir aux soviets ! », et déclenche l'insurrection d'octobre (→ révolution russe de 1917).
La fondation du régime soviétique
Obligé de lutter contre l'anarchie où se trouve plongée la Russie alors en proie à la guerre civile, Lénine organise le communisme de guerre et met en place un pouvoir coercitif en créant la Tcheka (la police politique) et les camps de travail (le goulag, 1919). Se consacrant à la construction du socialisme en Russie, Lénine établit une dictature reposant sur une idéologie d'État qui préconise la mobilisation des masses. En 1921, il instaure le système du parti unique, tout en admettant la nécessité, sur le plan économique d'un « repli stratégique » qui prend la forme de la NEP (Nouvelle économie politique).
Le testament de Lénine
Premier président de l'URSS (fondée en décembre 1922), Lénine, atteint d'hémiplégie, dicte une lettre (qui ne sera rendue publique qu'en 1956) dans laquelle il parle de l'avenir du parti communiste et met en garde ses camarades contre Staline, qu'il juge trop brutal.
1. De l'enfance à la relégation en Sibérie (1870-1900)

Le père de Lénine, Ilia Nikolaïevitch Oulianov (1831-1886), était inspecteur de l'enseignement primaire à Simbirsk, sur la Volga. Sa mère, Maria Aleksandrovna Blank, d'origine allemande, était fille d'un médecin de campagne, aux idées progressistes. Outre Vladimir, le ménage eut cinq enfants. Son père illustre les changements sociaux profonds intervenus dans l'Empire russe après l'abolition du servage en 1861 : sa carrière professionnelle lui a permis une réelle ascension sociale, consacrée par son anoblissement en 1876.
Dès quatorze ans, Vladimir aborde la lecture des ouvrages des grands démocrates russes, alors interdits : Aleksandr Herzen, Nikolaï Tchernychevski. En 1886, son père meurt. En 1887, son frère Aleksandr, son aîné de quatre ans, est arrêté pour avoir participé à un attentat contre Alexandre III : il est exécuté le 20 mai 1887.
Dès lors, Vladimir Oulianov est engagé dans le mouvement révolutionnaire : exclu de l'université de Kazan à la fin de 1887, il participe aux cercles clandestins de la même ville qui étudient le marxisme. Il commence à se heurter à la génération des populistes (narodniki en russe), qui sont nombreux à être exilés dans la région.
1.1. Premiers écrits politiques

En 1891, il passe les examens de la faculté de droit de Saint-Pétersbourg et obtient brillamment un diplôme d'avocat qui l’autorise à plaider à partir de juillet 1892. À Saint-Pétersbourg – ville déjà fortement industrialisée (usine Poutilov) – le populisme a cédé la place au marxisme, auquel Gueorgui Plekhanov contribue à donner un grand prestige. Vladimir Oulianov y participe à l'instruction des cercles ouvriers à partir de 1894. Ses premiers textes politiques (sur le paysannat, sur l'économie), écrits en 1893, ne seront publiés qu'après sa mort. Il publie en 1894 Ce que sont les « Amis du peuple » et comment ils luttent contre les sociaux-démocrates, dirigé contre les populistes. À l'image de ses mots d'ordre et de sa doctrine, et aussi des affrontements de l'époque, son style est volontiers polémique, d'une ironie parfois féroce : il cherche à la fois à disqualifier des concurrents, souvent présentés comme des ennemis, et à mobiliser des militants en sa faveur lors des luttes acharnées entre organisations révolutionnaires rivales.
Outre la critique du populisme, il commence à attaquer les « marxistes légaux », qui refusent les conséquences révolutionnaires du marxisme, et les économistes, qui ne visent que l'amélioration de la condition économique de la classe ouvrière. En 1895, il passe l'été en Suisse, où il établit le contact avec le groupe de Plekhanov. Il rencontre Karl Liebknecht à Berlin et Paul Lafargue à Paris.
1.2. L'Union de lutte pour la libération de la classe ouvrière

À la fin de 1895 est créée l'Union de lutte pour la libération de la classe ouvrière, qui rassemble les groupes locaux russes et le groupe Plekhanov. Vladimir Oulianov pousse à la création d'un nouveau type de militant, le révolutionnaire professionnel spécialisé. Mais, le 21 décembre 1895, les créateurs de l'Union sont arrêtés : Vladimir Oulianov est emprisonné. Par chance, il a droit à un régime libéral qui lui permet de correspondre avec l'extérieur, notamment avec sa collaboratrice, rencontrée en 1894, Nadejda Konstantinovna Kroupskaïa, alors étudiante. En février 1897, il apprend sa déportation pour trois ans en Sibérie.
1.3. Déporté en Sibérie (1897-1900)

Installé à Chouchenskoïe, dans le gouvernement d'Ienisseï, il est rejoint par sa mère et par Nadejda Kroupskaïa. Pour avoir le droit de vivre avec lui, cette dernière l'épouse le 22 juillet 1898. Vladimir Oulianov achève alors son ouvrage, commencé à la prison de Saint-Pétersbourg, sur le Développement du capitalisme en Russie, puis il rédige la brochure les Tâches des sociaux-démocrates russes. Dans le premier de ces ouvrages, il soutient qu'en additionnant les ouvriers de la grande industrie et les salariés agricoles, son pays compte 50 millions de prolétaires et semi-prolétaires. Cette image de la classe ouvrière présentant celle-ci comme la force dominante de la société russe (alors que les statistiques officielles recensent seulement 2 millions d'ouvriers pour 128 millions d'habitants, en 1897) est appelée à légitimer la voie révolutionnaire et à confirmer la thèse de l'auteur ; selon lui, l'économie russe a subi des transformations économiques majeures : la pénétration du capitalisme y est irréversible, comme le montre le triomphe des lois du marché dans l'agriculture.
Dès lors, il est absurde d'envisager – à la façon des courants slavophiles ou populistes – une spécificité russe qui justifierait le choix d'un développement particulier, différent de celui de l'Europe occidentale. Au contraire, pour Oulianov, la Russie ne peut se passer de l'étape du capitalisme industriel, malgré l'importance du secteur agricole. Ce qui freine dans ce pays le développement capitaliste et l'essor de la civilisation, c'est l'autocratie en tant que régime politique et rapport social profondément ancré dans toute la société. La bourgeoisie russe, quant à elle, est incapable de libéraliser le régime et – contrairement à ses homologues de France ou de Grande-Bretagne –, elle ne conduit pas le processus de modernisation. Le sol russe reste encombré d'institutions et de groupes sociaux moyenâgeux.
Déporté politique, Vladimir Oulianov organise par une caisse d'entraide la solidarité avec les déportés ouvriers de droit commun. Il renseigne les paysans pauvres sur leurs droits face aux paysans riches, les koulaks. Le 10 février 1900, il quitte la Sibérie, sa peine expirée.
2. L'instauration du bolchevisme (1900-1905)

2.1. L'exil et la création de l'Iskra

La mère de celui qui prend, en 1901 pour la première fois dans un article de la revue Zaria, le pseudonyme de Lénine (l'« homme de la Lena » du nom d'un fleuve de Sibérie) tente d'obtenir pour lui une résidence près d'un grand centre urbain. Mais la police signale aussitôt Oulianov comme le principal personnage révolutionnaire russe. Le 28 juillet 1900, Lénine quitte la Russie et se rend en Suisse auprès de Plekhanov. L'exil commence.
Plekhanov et le groupe d'émigrés occidentalisés qui l'entoure sont très éloignés de la réalité du mouvement révolutionnaire russe : marxistes classiques, ils n'imaginent pas de révolution possible dans ce pays arriéré. Lénine, au contraire, analyse déjà la tâche du prolétariat russe en fonction de la violence des contradictions accumulées par le régime tsariste. La Russie peut être le maillon le plus faible de la chaîne capitaliste.
Les deux hommes décident cependant de créer ensemble un journal légal pour coordonner et discipliner le mouvement. Plekhanov apporte son prestige et l'argent de la caisse social-démocrate. Il s'assure la majorité au comité de rédaction. Le titre du journal est Iskra (l'Etincelle). La rédaction s'installe à Leipzig, puis à Munich, et le premier numéro paraît en décembre 1900 avec un éditorial de Lénine sur les tâches du mouvement. En 1902, la rédaction, menacée par la police, déménage à Londres, où Trotski la rejoint. Lénine travaille au British Museum, discute avec les travaillistes et les ouvriers anglais.
Les divergences avec Plekhanov s'aggravent. Celui-ci, resté à Genève, crée une revue spéciale sur les questions philosophiques, l'Aube. Lénine refuse la distinction entre un journal ouvrier limité aux questions immédiates de la condition des travailleurs et un organe théorique d'intellectuels. Il veut faire connaître les questions de politique et d'organisation aux masses les plus larges. Il continue la critique des actes de terrorisme individuels ; il assure, grâce à l'immense travail de secrétariat accompli par sa femme Nadejda Kroupskaïa, la centralisation des informations en provenance de Russie.
Le réseau de distribution de l'Iskra est d'une infinie complexité (de Londres à Kiev ou à Odessa, ou même par le Grand Nord, jusqu'à Saint-Pétersbourg).
2.2. Scission entre bolcheviks et mencheviks

Après le Ier Congrès symbolique du parti ouvrier social-démocrate de Russie (POSDR) à Minsk (1898) auquel Lénine, déporté à l’époque en Sibérie, n’a pu assister, l'essentiel du travail de Lénine vise à la préparation du IIe Congrès, qui se tient en juillet-août 1903, d'abord à Bruxelles, puis à Londres.
Une cinquantaine de délégués adoptent le programme rédigé par Plekhanov et Lénine, où figure pour la première fois dans l'histoire d'un parti social-démocrate le mot d'ordre de dictature du prolétariat. Mais la bataille essentielle du Congrès se déroule sur la question des statuts : Lénine propose que ne soit membre du parti que celui qui « participe personnellement à l'une de ses organisations ».
L'autre tendance, dirigée par Iouli Ossipovitch Zederbaum dit L. Martov propose une formule plus souple, plus proche de la tradition des divers cercles du mouvement russe. La tradition de l'intelligentsia s'oppose à la nouvelle conception d'un parti avant-garde disciplinée de révolutionnaires professionnels qui jouent un rôle dirigeant. Pour Lénine, la lutte des classes est moins l'effet de transformations sociales spontanées que le résultat de l'action délibérée du parti : c'est celui-ci qui guide le prolétariat en lui donnant la force que les ouvriers, dispersés, ne possèdent pas, et qui leur communique la vérité.
Le départ du Congrès des délégués du Bund (parti socialiste d'ouvriers juifs) et des économistes donne la majorité à Lénine : sa fraction, qui prend alors le nom de bolchevik (majoritaire), désigne un comité de rédaction et un comité central, où elle détient le pouvoir contre l'autre fraction, dite menchevik (minoritaire). C'est le début de la grande querelle.
Dès après le Congrès, Plekhanov, conciliateur, obtient un changement de majorité au comité de rédaction, d'où Lénine est bientôt exclu. Ce dernier reprend alors les liens avec les groupes bolcheviks de Russie et lance en janvier 1905 son propre organe, V period (En avant).
3. La clarification révolutionnaire (1905-1912)

3.1. Le principe du centralisme bureaucratique

Le 22 janvier 1905, le tsar fait mitrailler une manifestation d'ouvriers ; c'est le Dimanche rouge. Lénine pressent la crise révolutionnaire et obtient la convocation d'un congrès du parti, qui se réunit à Londres en avril 1905. En fait, seuls les bolcheviks y participent. La coupure entre les groupes de l'intérieur, en majorité bolcheviks, et l'émigration (en majorité menchevik) semble totale.
Certes, la conception centraliste de Lénine est fortement attaquée au sein de la IIe Internationale par le groupe révolutionnaire de Rosa Luxemburg, qui en dénonce les dangers bureaucratiques. Mais l'organisation bolchevik compte 8 000 militants en Russie, implantés dans la plupart des centres industriels.
En juin 1905 éclate la révolte du Potemkine, en octobre la grève générale. Le tsar est contraint de publier un manifeste octroyant au pays les libertés fondamentales et un Parlement. Mais les masses ouvrières se sont organisées dans une nouvelle forme de pouvoir, les soviets des délégués ouvriers. Les bolcheviks, attachés à la clandestinité, n'y joueront au début qu'un rôle secondaire. À l'inverse, Trotski, qui s'oppose aux thèses de Lénine, sera président du soviet de Saint-Pétersbourg.
Poussé par le mouvement, l'appareil bolchevik se modifie ; les responsables sont élus et de nombreuses fusions avec les comités mencheviks se produisent. En décembre 1905, à Tampere, en Finlande, une conférence bolchevik se réunit. À la même époque, la révolte du soviet de Moscou est noyée dans le sang. La conférence décide, contre l'avis de Lénine, de boycotter les élections à la douma (l'assemblée législative) ; quelques jours plus tard, Lénine et Martov se mettent d'accord pour la réunification des deux tendances du parti, qui se produit au congrès de Stockholm en avril 1906. Les mencheviks sont majoritaires au congrès, mais les bolcheviks, organisés en tendances, inspirent le journal Le Prolétaire. Au congrès de Londres (mai 1907), les bolcheviks reprennent la majorité et introduisent le principe du centralisme démocratique.
3.2. Lénine à Paris (1908-1912)

Lénine, après un séjour à Saint-Pétersbourg en novembre 1905, avait regagné l'étranger. C'est à Genève, en février 1908, qu'il entreprend la rédaction de Matérialisme et Empiriocriticisme (paru en 1909). À partir de décembre 1908, il vit à Paris, où il traverse une période très difficile, tant financièrement que politiquement. C'est à Paris que se tient la cinquième conférence du parti ouvrier social-démocrate de Russie, où Lénine continue à s'opposer au boycottage des élections, qui se traduit maintenant par l'otzovizm, c'est-à-dire le rappel par le parti de ses députés siégeant au Parlement.
En fait, le POSDR semble au bord de la décomposition : les mencheviks développent le courant « liquidateur », qui se fixe désormais comme principal objectif l'installation de la démocratie bourgeoise en Russie. Plekhanov a rompu à la fin de 1908 avec les liquidateurs et s'allie avec Lénine : en 1910, une séance plénière du Comité central réalise une nouvelle fois une unification réclamée par Trotski, mais à laquelle Lénine ne croit guère. Dès le 11 avril, ce dernier écrit à Gorki : « Nous avons un bébé couvert d'abcès. » En août, à Copenhague, bolcheviks et mencheviks de la tendance Plekhanov s'unissent pour publier la Rabotchaïa Gazeta (Gazette ouvrière), illégale, et Zvezda (l'Étoile), légale.
Entre 1908 et 1912, la colonie social-démocrate émigrée se regroupe autour du parc de Montsouris à Paris. Lénine s'installe finalement au 4, rue Marie-Rose avec sa mère et sa femme. Il vit toujours très modestement, entre les promenades à bicyclette et les passages à l'imprimerie du journal. Il descend parfois à Montparnasse, mais il méprise la « pourriture de la révolution », l'esprit « montparno ». Il travaille beaucoup à la Bibliothèque nationale. Pour combattre l'idéologie mystique développée par Gorki dans sa retraite de Capri, il ouvre à Longjumeau, au printemps 1911, une école du parti.
4. La révolution en marche (1912-1917)

4.1. Rupture définive entre bolcheviks et mencheviks

En janvier 1912, une conférence du POSDR se réunit à Prague : le réveil du mouvement ouvrier en Russie annonce un renouveau. La conférence exclut les mencheviks « liquidateurs », place le parti sous la direction exclusive des bolcheviks, qui décident alors la publication d'un organe quotidien légal, Pravda (la Vérité), qui changera plusieurs fois de titre du fait des interdictions. Les mencheviks sont désormais dépassés ; les tentatives unitaires de Trotski seront vaines.
En 1912, le 1er mai, 400 000 ouvriers arrêtent le travail en Russie. En juin, Lénine se rend à Cracovie (Pologne), pour animer de plus près le travail en Russie. Aux élections à la quatrième douma (automne 1912), les députés bolcheviks ont plus d'un million de voix ouvrières (contre 200 000 aux mencheviks). En dépit des efforts de l'Internationale socialiste, la scission entre bolcheviks et mencheviks est totale.
La santé de Nadejda Kroupskaïa exige le déménagement du couple dans le village de Poronin, au pied des Hautes Tatras. Lénine y prépare un congrès du parti qui doit se tenir en été 1914, mais que la guerre rend impossible. Quand celle-ci éclate, il obtient un passeport pour la Suisse, d'où il assistera à l'effondrement de l'Internationale socialiste face à la guerre.
Au moment où éclate la guerre, les conceptions politiques des bolcheviks s'opposent à tout ce que le marxisme officiel enseigne en Russie comme dans l'Internationale : les bolcheviks refusent de considérer l'étape de la démocratie bourgeoise comme le but essentiel de la lutte à mener dans un pays arriéré. L'échec de 1905 a amené les mencheviks à rejoindre de fait le camp de la bourgeoisie libérale. Il a conduit Lénine à élaborer la théorie de la nécessité de l'alliance entre le prolétariat et la paysannerie pour établir une dictature révolutionnaire qui permettrait à son tour de soulever l'Europe industrialisée. En revanche, la question des soviets reste controversée parmi les bolcheviks. Le caractère spontané de ces assemblées leur paraît remettre en question la prééminence du parti.
4.2. « La guerre est le plus beau cadeau fait à la révolution » (Lénine, 1914)

Mais c'est sur la question de la guerre que le clivage entre Lénine et la social-démocratie traditionnelle va se cristalliser. Les grands partis de la IIe Internationale se solidarisent avec leurs gouvernements respectifs. Lénine, qui fait reparaître en Suisse, dès octobre 1914, l'organe central bolchevik le Social-Démocrate, écrit un manifeste dans lequel il souhaite la défaite de la monarchie tsariste : « La défaite de l'armée gouvernementale affaiblit ledit gouvernement, contribue à l'affranchissement des peuples opprimés par lui et facilite la guerre civile contre les classes dirigeantes. C'est particulièrement vrai en ce qui concerne la Russie ». Il voit donc dans la guerre la chance de la révolution.
L'appel à la paix
Pour transformer la défaite éventuelle du tsarisme en révolution, pour lutter contre le « social-chauvinisme », Lénine réunit la conférence de Zimmerwald en septembre 1915. Il groupe autour de lui Karl Radek et des délégués allemands et scandinaves. Mais son propre texte, jugé trop tranché, est remplacé par celui de Radek pour représenter la position de la « gauche zimmerwaldienne », minoritaire face à la majorité plus modérée groupée autour de l'Allemand Ledebour, et au centre, avec Trotski. Les débats sont extrêmement houleux, et Lénine n'atteint pas son but de faire condamner la IIe Internationale. En revanche, il signe le manifeste qui marque, selon lui, « un pas en avant dans la véritable lutte contre l'opportunisme » en appelant les ouvriers du monde à lutter pour une paix sans annexions ni indemnités de guerre.
En avril 1916, la conférence de Kienthal déclare qu'« il est impossible d'établir une paix solide dans une société capitaliste ». C'est l'esquisse de la IIIe Internationale. L'analyse théorique de l'impérialisme (l'Impérialisme, stade suprême du capitalisme, écrit au printemps 1916, publié en 1917) s'accompagne de l'affirmation que le développement inégal du capitalisme peut permettre la victoire du socialisme d'abord en Russie, alors même que les grands États capitalistes occidentaux resteraient sous la domination bourgeoise.
Le contexte russe
En Russie, l'organisation bolchevik a été décapitée par l'arrestation des députés et du bureau russe du Comité central à la fin de 1914. Mais, en 1916, le tsarisme est discrédité. Le rôle de Raspoutine auprès du tsar, le désastre militaire, la crise économique de l'hiver 1916-1917 sonnent le glas du régime.
Lénine analyse les conditions d'une possible révolution : outre « la répugnance des couches inférieures à voir encore baisser leur niveau de vie », il faut, pour provoquer une révolution, « que les couches supérieures se trouvent dans l'impossibilité de continuer à gérer de la même façon le pays et son économie ». C'est le cas en Russie. Mais, « si l'oppression des couches inférieures et la crise des couches supérieures pourrissent le pays, elles ne sauraient susciter une révolution en l'absence d'une classe révolutionnaire capable de transformer la condition passive des opprimés en indignation et en révolte active ». C'est là qu'est le rôle des bolcheviks.
5. La prise du pouvoir (1917)

5.1. Les Thèses d'avril

En mars 1917, Petrograd (nouveau nom de Saint-Pétersbourg depuis 1914) se révolte. Comme en 1905, un soviet se forme, composé d'ouvriers, de soldats et de paysans. Mais il est dominé par les mencheviks et les sociaux-révolutionnaires, qui font confiance à un Gouvernement provisoire constitué par les bourgeois libéraux sous la direction du prince Lvov, qui s'est adjoint le socialiste Aleksandr Kerenski. Le gouvernement libère les détenus politiques, promulgue une amnistie et la liberté des nationalités et des syndicats. Mais il maintient les alliances du tsarisme à l'étranger et continue la guerre.
Ralliement bolchevik au Gouvernement provisoire
Les bolcheviks hésitent face aux événements. Certes, alors que les mencheviks, encore majoritaires au Ier Congrès panrusse des soviets, soutiennent le pouvoir bourgeois, la Pravda, bolchevik, réclame dès le début de mars la fin de la guerre, mais se contente de demander la mise en place d'une république démocratique. La libération des dirigeants bolcheviks arrêtés entraîne le ralliement de la majorité bolchevik à un soutien critique au Gouvernement provisoire, représentant la nécessaire étape bourgeoise.
Lénine, qui, dans ses Lettres de loin, a recommandé la constitution d'une milice ouvrière et la transformation de la guerre impérialiste en guerre civile, est alors minoritaire. Il lui faut revenir en Russie. Il obtient, à la suite de négociations entre Platten, un socialiste suisse, et l'ambassade d'Allemagne de traverser ce pays dans un wagon « exterritorialisé » ; l'Allemagne croit ainsi favoriser la désorganisation de la défense russe.
Retour de Lénine en Russie
Lénine à Petrograd
Le 16 avril, Lénine arrive à la gare de Petrograd. Dès son premier discours, il salue « la révolution russe victorieuse, avant-garde de la révolution prolétarienne mondiale ». Il développe les « Thèses d'avril » : le Gouvernement provisoire est un gouvernement impérialiste et bourgeois, et il est impossible de terminer la guerre sans renverser le capital. Il faut que les soviets soient le lieu d'où sortira le nouveau pouvoir, qui appliquera les mesures bolcheviks : nationalisation de la terre, fusion des banques en une grande banque nationale, contrôle des soviets sur la production et la distribution. Enfin, Lénine propose l'abandon du terme social-démocrate et l'adoption de celui de communiste.
Beaucoup de bolcheviks, dont Zinoviev et Kamenev, s'opposent aux Thèses d'avril, qui paraissent dans la Pravda sous la seule responsabilité personnelle de Lénine. Ce dernier multiplie les meetings, les réunions avec les ouvriers et les soldats. Avec un programme simple, « le pain, la terre et la paix », il envisage la poursuite du mouvement révolutionnaire. Il obtient enfin l'adoption de ses thèses par la majorité des bolcheviks au cours de la conférence d'avril du POSDR. La plupart des petits groupes indépendants se rallient à leur tour au bolchevisme.
5.2. Derniers obstacles avant l'insurrection

Kerenski échoue dans la tentative d'offensive militaire du 1er juillet. Le 17 juillet, le peuple et la garnison de Petrograd se soulèvent, mais Lénine juge le mouvement prématuré. En effet, le gouvernement écrase le mouvement et arrête les leaders bolcheviks ; Lénine passe à la clandestinité, d'un appartement à un autre, puis s'enfuit en Finlande en août 1917. Cependant, l'unification a été réalisée entre les groupes ralliés au bolchevisme, et Trotski est entré au parti en juillet. Le Comité central élu, le 19 août, au VIe Congrès, comprend Lénine, Trotski, Zinoviev, Kamenev, Boukharine.

Lénine et Staline
La tentative de coup d'État du général Kornilov contre le gouvernement Kerenski échoue grâce à la grève des cheminots, à la mobilisation de Petrograd et à la débandade des troupes. Par ses lettres des 25 et 27 septembre, Lénine met à l'ordre du jour la question de la prise du pouvoir par les bolcheviks. Là encore, la plupart des dirigeants bolcheviks s'opposent à lui. Ils veulent participer au « Préparlement », proposé par Kerenski en attendant la réunion de la Constituante. Trotski et Staline proposent le boycotter le « Préparlement », avec le soutien de Lénine. Ils sont minoritaires, et Lénine met en balance sa démission pour obtenir le boycottage et la décision d'insurrection.
5.3. L'insurrection

Lénine, afficheLénine, affiche
En dépit de l'opposition de Zinoviev et de Kamenev, les préparatifs militaires des bolcheviks commencent en octobre. C'est au milieu des discussions entre les fractions du Comité central, Trotski et Lénine d'un côté, Zinoviev et Kamenev de l'autre, que va se produire l'insurrection : non pas par une décision disciplinée et centralisée acquise de longue date, mais par l'initiative du comité militaire révolutionnaire.
Lénine, de retour à Petrograd, participe à la séance secrète du Comité central du 23 octobre ; le jour de l'insurrection y est fixé au 7 novembre (ou 25 octobre du calendrier russe), ce qui coïncide avec le IIe Congrès panrusse des soviets.
Lénine arrive à Smolnyï, quartier général des bolcheviks, dans la nuit du 6 au 7 novembre. Il rédige l'Appel aux citoyens de Russie, publié le 7 novembre par le soviet de Petrograd. Le 8 novembre, vers 2 heures du matin, le palais d'Hiver (siège du gouvernement) capitule. Le soir, Lénine déclare à la tribune du IIe Congrès panrusse des soviets, où les bolcheviks sont désormais majoritaires : « Maintenant nous abordons l'édification de l'ordre socialiste. »
Il vient de rédiger les décrets sur la terre (« la possession de la terre par les propriétaires fonciers est abolie immédiatement et sans contrepartie […] le droit de propriété privée sur la terre est supprimé à jamais ») ; il annonce la paix.
Pour en savoir plus, voir l'article révolution russe de 1917.
6. De Brest-Litovsk au communisme de guerre (1917-1921)

6.1. Le traité de Brest-Litovsk

Les bolcheviks ont pris le pouvoir dans l'isolement : dirigeants mencheviks et socialistes révolutionnaires ne les soutiennent pas et rallient l'opposition bourgeoise. L'économie est sérieusement atteinte, et la guerre avec l'Allemagne n'est pas encore terminée.
Les soviets sont l'organe du pouvoir. Le comité exécutif du Congrès des soviets choisit le Conseil des commissaires du peuple, dont Lénine est le président. En mars 1918, le parti ouvrier social-démocrate de Russie deviendra parti communiste (bolchevik), et, en juillet 1918, le Ve Congrès des soviets ratifiera la première Constitution soviétique.
Les négociations d'armistice avec l'Allemagne avaient commencé à Brest-Litovsk en décembre 1917. L'armistice est signé le 15 décembre ; il accorde, outre le maintien du statu quo territorial, le droit aux relations entre soldats russes et soldats allemands. La propagande bolchevik peut se développer.
Mais l'Allemagne reprend l'offensive en février 1918. En dépit de l'opposition de Boukharine et d'une partie du Comité central, Lénine exige la paix, alors que les conditions allemandes sont extrêmement dures : la Russie perd le quart de son territoire. Le traité de Brest-Litovsk est signé le 3 mars 1918. La discussion sur la paix a durement ébranlé le parti.
6.2. L'Internationale communiste

Pour exporter la révolution dans le monde, Lénine fonde, en 1919, l'Internationale communiste ou IIIe Internationale (en russe Komintern). Mais l'échec des mouvements révolutionnaires en Europe l'amène à se consacrer à la construction du socialisme en Russie.
6.3. La guerre civile et la terreur (1918-1920)

Lénine à Moscou, 1919Lénine à Moscou, 1919
Au cours de l'été 1918, la guerre civile s'étend, et les anciens alliés du tsar interviennent. Une armée tchèque sous commandement français envahit la Sibérie ; Anglais et Français attaquent par la mer Blanche et la mer Noire. La tuerie et le chaos dureront jusqu'en 1920 (→ défaite d'Aleksandr Koltchak).
La guerre civile a entraîné la « terreur rouge ». C'est la Tcheka, créée en décembre 1917 et dirigée par Feliks Djerzinski, qui exerce la fonction répressive. Pour Lénine : « Il est indispensable de prendre des mesures urgentes pour combattre les contre-révolutionnaires et les saboteurs. » Après l'attentat du 30 août 1918 (au cours duquel il est blessé au cou d'une balle de revolver), Lénine affirme : « Ceux qui espèrent une révolution sociale » propre « l'espèrent en vain ».
6.4. Le communisme de guerre

LénineLénine
Le VIIIe Congrès du parti, réuni en mars 1919, réorganise son fonctionnement, avec un Bureau politique et un Comité central, et la création d'un bureau d'organisation. La politique du « communisme de guerre » entraîne la mobilisation et le contrôle de toutes les ressources du pays : le commerce privé disparaît. Trotski propose la militarisation du travail (décembre 1919) ; il obtient d'abord le soutien de Lénine, mais les formes de plus en plus autoritaires que prend cette militarisation entraînent son abandon en novembre 1920.
En mars 1921, la question syndicale est au centre du Xe Congrès du parti. Lénine refuse l'égalitarisme et le contrôle ouvrier à la base, proposé par l'opposition ouvrière d'Aleksandra Kollontaï. Il maintient le contrôle du parti sur les organisations ouvrières, mais assure leur indépendance face à un État qu'il définit alors comme un « État ouvrier et paysan à déformation bureaucratique ».
La répression intérieure contre les socialistes révolutionnaires et les anarchistes, l'échec de la révolution européenne (défaite des communistes allemands) entraînent l'isolement et le durcissement du pouvoir bolchevik : Lénine est à la tête d'un État dont les conditions de survie sont précaires.
7. La NEP et le renforcement de l'appareil (1921)

7.1. L'insurrection de Kronchtadt

Avec la guerre civile, l'économie russe s'est effondrée. En 1921, la crise touche à son point maximal avec l'insurrection de Kronchtadt, où est alors basée la flotte russe.
La propagande bolchevik proclame que les gardes blancs (adversaires de la révolution) sont les vrais responsables de l'insurrection qui éclate au début de mars dans la flotte et dans la ville. Lénine assure : « Ce ne sont pas des gardes blancs, mais ils ne veulent pas non plus de notre régime. » Il craint que les marins ne servent, en fait, de couverture aux forces contre-révolutionnaires.
Kronchtadt est reprise par la force entre le 7 et le 18 mars. Quand Lénine affirmera que la répression est allée trop loin, il est trop tard : la coupure entre la tradition anarchisante et le jeune pouvoir soviétique est définitive.
7.2. La nouvelle politique économique (NEP)

Au nom du marxisme-léninisme, Lénine établit une dictature reposant sur une idéologie d'État qui préconise la mobilisation permanente des masses. En 1921, il instaure le système du parti unique, tout en admettant la nécessité, sur le plan économique, d'un « repli stratégique » qui prend la forme de la NEP (→ Nouvelle politique économique).
La NEP adoptée par le Xe Congrès en 1921 vise à mettre fin aux tensions qu'a révélées l'insurrection de Kronchtadt : c'est la fin des mesures de réquisition, le rétablissement de la liberté du commerce, le retour à l'économie monétarisée, la tolérance d'une industrie privée de petite taille. Lénine explique le compromis réalisé alors par la nécessité d'obtenir l'appui de la majorité paysanne de la population.
7.3. Tensions au sein et autour du parti

Le Xe Congrès est aussi marqué par la montée de l'appareil du parti : Lénine attaque avec violence l'« opposition ouvrière » d'Aleksandra Kollontaï en déclarant que toute déviation anarchisante dans un pays à majorité paysanne et à faible classe ouvrière est trop dangereuse pour pouvoir être tolérée au sein du parti. L'une des motions finales du Congrès qu'il présente déclare l'appartenance à l'« opposition ouvrière » incompatible avec l'appartenance au parti. L'autre motion finale dénonce les « indices du fractionnisme ».
On peut penser que l'attitude de Lénine est justifiée par des circonstances graves ; il réaffirme d'ailleurs au même moment la nécessité d'action fractionnelle la plus vigoureuse « en cas de nécessité absolue », et il combat vigoureusement la proposition qui vise à interdire l'élection au Comité central sur des plates-formes différentes. Les lendemains du Congrès voient le nouveau secrétariat accroître son pouvoir. Le Bureau politique détient désormais la puissance qui revient en droit au Comité central. Une purge du parti est organisée.
Certes, Lénine est conscient de la bureaucratisation qui menace le parti. Mais il croit à la possibilité de redresser la tendance par des commissions de contrôle et, plus encore, par l'inspection ouvrière et paysanne en laquelle il met le plus grand espoir. Mais, de fait, cette inspection est une émanation de l'appareil du parti et est placée sous la direction de Joseph Staline. À la suite du XIe Congrès du parti, Staline devient secrétaire général en avril 1922.
7.4. Face aux revendications nationales

Par ailleurs, Lénine voit dans les revendications nationales un facteur de dissolution de l'Empire russe. Il existe, en effet, dans l'Empire russe des partis révolutionnaires par nationalité (polonais, letton), mais Lénine souhaite, au nom de la « volonté unique », une organisation centralisée et non pas fédérative du parti : il s'oppose spécialement au Bund, qui regroupe les ouvriers juifs.
Cependant, lors de la guerre de 1914, il a proclamé qu'il faut rendre aux peuples le droit à disposer d'eux-mêmes. Ainsi Lénine s’est distingué à la fois de ceux qui, comme Rosa Luxemburg, considèrent que les revendications nationales sont toujours bourgeoises et de ceux, comme les austromarxistes d'Otto Bauer, qui préconisent l'« autonomie culturelle » des nations et considèrent que le sentiment national n'est pas incompatible avec l'internationalisme.
Une fois au pouvoir, et alors que Staline a été nommé commissaire du peuple aux Nationalités, les bolcheviks s’engagent néanmoins dans une politique brutalement centralisatrice (invasion de la Géorgie en 1921).
8. Les dernières années (1922-1924)

Depuis août 1918, Lénine est malade. À la fin de 1921 apparaissent les symptômes de l'artériosclérose ; Lénine se retire aux environs de Moscou ; à partir de 1922, il ne pourra plus travailler que par à-coups. Le 26 mai 1922, il est frappé d'une attaque. D'octobre à décembre, il reprendra ses activités, mais il sera de nouveau immobilisé à partir du 16 décembre.
Il avait déjà affirmé devant le VIIIe Congrès : « L'inculture de la Russie avilit le pouvoir des soviets et recrée la bureaucratie. » En 1920, 1921 et 1922, il répète souvent que l'appareil d'État soviétique a hérité de l'appareil tsariste. Il écrit à propos du poème de Maïakovski Ceux qui n'en finissent pas de siéger : « Notre pire ennemi, notre ennemi intérieur : le communiste bureaucrate. »
Mais Lénine reste attaché à l'idée que le parti est le légitime représentant de la dictature du prolétariat. Il en est dès lors réduit à imaginer des remèdes internes à la bureaucratie qui restent inefficaces.
8.1. Le testament de Lénine

C'est au moment où la maladie le rend à moitié paralysé qu'il prend conscience du danger principal : il dicte à la fin du mois de décembre une lettre qui est considérée comme son testament. Elle prévoit le conflit entre Staline et Trotski. Dans les jours qui suivent, Lénine apprend par quelles méthodes de répression Staline et le bureau d'organisation ont brisé le parti communiste géorgien. Il traite alors Staline de « brutal argousin grand-russe ». Puis, le 4 janvier, il écrit un post-scriptum à sa lettre du Congrès où il demande au comité de « réfléchir aux moyens de remplacer Staline à son poste ». En public, il attaque par deux articles, à la fin de janvier et au début de février, l'appareil d'État et le parti.
À la suite d'un incident entre Staline et Nadejda Kroupskaïa, Lénine est amené à envoyer une lettre de rupture à Staline le 6 mars. Mais, le 9 mars, sa troisième attaque le prive définitivement de la parole. Malgré une courte rémission en été 1923, Lénine meurt le 21 janvier 1924 après avoir fêté Noël avec les enfants du village dans le manoir de Gorki.
En dépit des protestations de N. Kroupskaïa, le culte de Lénine commence : Petrograd est débaptisé et devient Leningrad. Zinoviev déclare : « Lénine est mort, mais le léninisme est vivant », inventant ainsi un concept que Lénine avait toujours refusé. Le célèbre testament, lu au cours du XIIIe Congrès du parti (23-31 mai 1924), n'est pas rendu public : ce texte restera secret jusqu'à sa révélation par Khrouchtchev au XXe Congrès (1956).
Extrait du « testament de Lénine »
« Staline est trop brutal, et ce défaut, parfaitement tolérable dans notre milieu et dans les relations entre nous, communistes, ne l'est plus dans les fonctions de secrétaire général. Je propose donc aux camarades d'étudier un moyen pour démettre Staline de ce poste et pour nommer à sa place une autre personne qui n'aurait en toutes choses sur le camarade Staline qu'un seul avantage, celui d'être plus tolérant, plus loyal, plus poli et plus attentif envers les camarades, d'humeur moins capricieuse, etc. Ces traits peuvent sembler n'être qu'un infime détail. Mais, à mon sens, pour nous préserver de la scission, et tenant compte de ce que j'ai écrit plus haut sur les rapports de Staline et de Trotski, ce n'est pas un détail, ou bien c'en est un qui peut prendre une importance décisive. » (4 janvier 1923.)
9. Lénine fondateur du bolchevisme

9.1. L'État

En 1899, Lénine a publié sa première grande œuvre, le Développement du capitalisme en Russie qui doit servir à la critique des théories populistes. En 1917, il rédige son ouvrage essentiel sur la question de l'État, l'État et la Révolution (paru en 1918). Il y réaffirme l'analyse marxiste, montrant que l'État n'est pas au-dessus des classes, mais une machine au service d'une classe contre une autre.
Il y aborde la question de la destruction de l'État capitaliste et du type d'État qu'édifie le prolétariat pour lutter contre la contre-révolution bourgeoise : « En d'autres termes, nous avons en régime capitaliste l'État au sens propre du mot, une machine spéciale de répression d'une classe par une autre, et, qui plus est, de la majorité par la minorité […]. Il ne saurait être question de supprimer d'emblée, partout et complètement la bureaucratie. C'est une utopie. Mais briser tout de suite la vieille machine administrative, pour commencer sans délai à en construire une nouvelle, qui permettrait de supprimer graduellement toute bureaucratie, […] c'est la tâche directe, immédiate, du prolétariat révolutionnaire […]. Nos premières mesures […] conduisent d'elles-mêmes au » dépérissement « graduel de toute bureaucratie, à l'établissement graduel d'un ordre (ordre sans guillemets et qui ne ressemble point à l'esclavage salarié), d'un ordre où les fonctions de plus en plus simplifiées de surveillance et de comptabilité seront remplies par tous à tour de rôle, pour devenir ensuite une habitude et disparaître enfin en tant que fonctions spéciales d'une catégorie spéciale de personnes. »
9.2. Le parti

L'essentiel de l'œuvre de Lénine porte sur l'édification de l'instrument révolutionnaire qu'est le parti bolchevik. En 1902, Que faire ? – qui reprend le titre du roman de Tchernychevski expose sa conception d'un parti centralisé avant-garde du prolétariat. Dans cet ouvrage, il critique les économistes qui abandonnent le terrain politique à la seule bourgeoisie : « La conscience politique de classe ne peut être apportée à l'ouvrier que de l'extérieur, c'est-à-dire de l'extérieur de la lutte économique, de l'extérieur de la sphère des rapports entre ouvriers et patrons […]. C'est pourquoi à la question : que faire pour apporter aux ouvriers les connaissances politiques ? on ne saurait donner simplement la réponse dont se contentent les praticiens, sans parler de ceux qui penchent vers l'économisme, à savoir : » aller aux ouvriers « […]. En Russie, la doctrine théorique de la social-démocratie surgit d'une façon tout à fait indépendante de la croissance spontanée du mouvement ouvrier ; elle y fut le résultat naturel, inéluctable du développement de la pensée chez les intellectuels révolutionnaires socialistes. »
Dans Un pas en avant, deux pas en arrière (1904), Lénine analyse la scission entre bolcheviks et mencheviks, et s'explique sur sa conception rigide du parti : « Voilà où le prolétaire qui a été à l'école de l'usine peut et doit donner une leçon à l'individualisme anarchique […]. L'ouvrier conscient sait apprécier ce plus riche bagage de connaissances, ce plus vaste horizon politique qu'il trouve chez les intellectuels. Mais, à mesure que se forme chez lui un véritable parti, l'ouvrier conscient doit apprendre à distinguer entre la psychologie du combattant de l'armée prolétarienne et celle de l'intellectuel bourgeois, qui fait parade de la phrase anarchiste ; il doit apprendre à exiger l'exécution des obligations incombant aux membres du parti – non seulement des simples adhérents, mais aussi des gens d'en haut. »
Enfin, en 1920, Lénine publie le Gauchisme : maladie infantile du communisme. Il y attaque le refus du compromis politique, qu'il estime parfois nécessaire et défend la nécessité de la discipline du parti : « Rejeter les compromis en principe, nier la légitimité des compromis en général, quels qu'ils soient, c'est un enfantillage qu'il est même difficile de prendre au sérieux […]. Nier la nécessité du parti et de la discipline du parti, voilà où en est arrivée l'opposition. Or cela équivaut à désarmer entièrement le prolétariat au profit de la bourgeoisie. Cela équivaut précisément à faire siens ces défauts de la petite-bourgeoisie que sont la dispersion, l'instabilité, l'inaptitude à la fermeté, à l'union, à l'action conjuguée, défauts qui causeront inévitablement la perte de tout mouvement révolutionnaire du prolétariat, pour peu qu'on les encourage […]. Celui qui affaiblit tant soit peu la discipline de fer dans le parti du prolétariat (surtout pendant sa dictature) aide en réalité la bourgeoisie contre le prolétariat. »
9.3. Léninisme et marxisme

Marx, Engels, Lénine et StalineMarx, Engels, Lénine et Staline
Le léninisme se présente comme une étape du marxisme, dont il produit les principes de la pratique politique repris comme base par les partis communistes et les États socialistes héritiers de la IIIe Internationale. De l'héritage de Lénine, on retiendra d'abord la nécessité que la lutte soit conduite par un parti dirigeant.
Ce postulat est-il marxiste et, si même Marx ne l'a pas formulé, est-il présent « en creux » dans son œuvre ? C'est un fait que Marx n'a pas laissé une « politique » entendue comme principes d'organisation, d'intervention et d'analyse de la conjoncture historique. Et cela tient à un refus de la politique entendue comme stratégie d'un état-major dirigeant ses troupes.
La révolution, selon Marx, est l'émancipation du prolétariat par lui-même, abolissant les rapports politiques de dirigeants à dirigés. Lénine a pu fonder une politique en réintroduisant le rapport entre avant-garde dirigeante et masses dirigées. Les analyses de Lénine prennent leur départ dans son projet politique.
Elles ont pour objet de répondre à des questions que Marx ne se posait pas en ces termes : quel est le point le plus faible de la chaîne impérialiste mondiale ? Comment utiliser les divergences de l'adversaire pour nouer des alliances ? Où, quand et comment intervenir pour pousser le mouvement des masses jusqu'à la prise du pouvoir ?
L'objectif essentiel des analyses marxistes était de donner aux masses en lutte la connaissance scientifique dont elles ont besoin, sans idée de direction. Lénine raisonne en stratège et en tacticien de la révolution, et Marx en tant que partie prenante dans l'émancipation du prolétariat par lui-même. Le léninisme ne fait pas état de cette différence de point de vue, mais il donne amplement ses raisons de confier la lutte à un parti dirigeant. Marx avait déjà montré que la classe ouvrière combat d'abord pour des revendications accessibles dans le cadre du système, qu'elle est, de ce fait, toujours menacée par le réformisme, qu'elle est soumise à l'idéologie de la classe dominante. Lénine tire de ces considérations la nécessité d'un parti d'avant-garde, représentant et guide d'un prolétariat qui ne peut pas, dans sa masse, accéder à l'organisation et à la conscience révolutionnaires ; Marx estime que les circonstances et sa propre lutte contraindront le « prolétariat à s'organiser en classe et en parti politique », à acquérir la conscience de soi. Avec la IIIe Internationale et ses divers héritiers, le parti de la classe ouvrière est le représentant de ses intérêts ; il la dirige et parle en son nom.
Du point du vue de Marx, la révolution n'a de sens que si elle est voulue et faite consciemment par la masse du prolétariat « organisé en parti ». Du point de vue de Lénine, le parti d'avant-garde peut utiliser toutes les occasions, forcer les étapes de l'histoire et la faire accoucher avant terme d'une révolution.
Cette conception l'a emporté contre les critiques de gauche parce qu'elle ouvrait le chemin le plus court vers la prise du pouvoir, et aussi parce qu'elle correspondait au besoin des masses de remettre leur pouvoir entre les mains d'une autorité. Au regard de ce réalisme-là, le projet marxiste d'une révolution où le prolétariat prend et exerce lui-même la totalité du pouvoir (« l'émancipation du prolétariat sera l'œuvre du prolétariat lui-même ») devait paraître renvoyé à trop long terme, voire utopique.
Il reste que, pour vaincre, le léninisme avait reproduit la séparation entre dirigeants et dirigés, entre les travailleurs et le pouvoir, séparation que le socialisme voulait abolir et que le stalinisme porta à son comble.
Pour en savoir plus, voir les articles communisme, marxisme, révolution russe de 1905, révolution russe de 1917.


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L'URANIUM

 


 

 

 

 

URANIUM
Introduction
Historique de la découverte de l’uranium
La géochimie de l'uranium
Les propriétés physico-chimiques de l’uranium
L'uranium métallique
Les composés de l'uranium
Les oxydes d’uranium
Les halogénures d’uranium
Complexes, sels et hydroxydes d’uranium
Traitement des minerais d’uranium
Obtention du concentré uranifère
Traitements mécaniques
Lixiviation acide
Séparation
Concentration
La purification
L'enrichissement isotopique
Fabrication du combustible nucléaire
Retraitement des déchets radioactifs
GÉOGRAPHIE
GÉOLOGIE
Voir plus
uranium
(de urane)
Traitement d'un combustible nucléaire
Consulter aussi dans le dictionnaire : uranium
Cet article fait partie du dossier consacré à l'énergie.
Métal lourd, radioactif. (Élément chimique de symbole U.)
Numéro atomique : 92
Masse atomique : 238,03
Masse volumique : 19,07 g/cm3
Température de fusion : 1 132 °C
Introduction

Fission nucléaireFission nucléaire
Aujourd'hui, en France, l'essentiel de l'électricité consommée est d'origine nucléaire. Ce sont des réactions de fission de noyaux d'uranium 235 qui fournissent l'énergie nécessaire à la production de cette électricité.
L'essentiel de l'uranium extrait est destiné à la fabrication du combustible nucléaire (en 2002, la production mondiale s'élevait à 37,04 milliers de tonnes d'uranium métallique, les principaux pays producteurs étant le Canada, le Niger, la Russie, le Kazakhstan et la Namibie).
Historique de la découverte de l’uranium

L'oxyde d'uranium, l'urane (UO2), fut découvert, en 1789, par l'Allemand Martin Heinrich Klaproth. En analysant un minerai originaire de Saxe, la pechblende, ce chimiste met en évidence la présence d'une substance inconnue qui se comporte comme un métal et qu'il baptise uranium, d'après le nom de la planète Uranus, observée pour la première fois huit ans plus tôt par l'astronome anglais William Herschel.
Mais c'est Eugène Melchior Peligot qui en 1841 réussit à purifier et à obtenir un échantillon d'uranium métallique. En 1896, Henri Becquerel découvre que des sels d'uranium sont capables de produire un rayonnement : la radioactivité est née. L'analyse de la pechblende conduit les Français Pierre et Marie Curie à la découverte du polonium et du radium. En 1938, les physiciens allemands Otto Hahn et Fritz Strassmann analysent les propriétés de fission de certains noyaux d'uranium ayant été bombardés par des neutrons ; les recherches les plus importantes sur cet élément chimique débutent alors. Cette dernière découverte, ainsi que les travaux des physiciens Enrico Fermi, Leo Szilard, Carl David Anderson, Frédéric et Irène Joliot-Curie et d'autres permettent la réalisation, dès 1942, de la première réaction nucléaire en chaîne.
Depuis, les explosions des bombes atomiques sur les villes d'Hiroshima et de Nagasaki lors de la Seconde Guerre mondiale et l'accident de la centrale nucléaire de Tchernobyl, ont montré la puissance et les dangers de cette source d'énergie.
La géochimie de l'uranium

Dans la lithosphère, la teneur en uranium est de l'ordre de 3 à 4 ppm : c'est un élément chimique relativement rare.
On le trouve essentiellement sous forme d'inclusions dans certains minéraux. Les réserves sont situées principalement en Australie, aux États-Unis, au Canada et en Afrique du Sud. La prospection de l'uranium se fait essentiellement par radiométrie ou par prospection géochimique.
L'uranium naturel est un mélange de trois isotopes radioactifs dont les nombres de masse, les périodes radioactives (ou temps de demi-vie, c’est-à-dire le temps au bout duquel la moitié des noyaux radioactifs se sont désintégrés) et les proportions dans l’élément naturel sont les suivants :
U 238 : période radioactive de 4,46.109 ans, constituant 99,27 % de l’uranium naturel ;
U 235 : période radioactive de 7,04.108 ans, constituant 0,72 % de l’uranium naturel ;
U 234 : période radioactive de 2,45.105 ans, constituant 0,006 % de l’uranium naturel.
L'isotope 235 est le seul radionucléide naturel qui soit fissile.
Les propriétés physico-chimiques de l’uranium

L'uranium métallique

D'aspect, l'uranium métallique ressemble beaucoup au nickel (même couleur, textures similaires).
Les propriétés mécaniques de l'uranium métallique dépendent de son mode de fabrication. Cependant, il est généralement malléable et ductile. C'est un métal très réactif, très inflammable et oxydable. Il peut se combiner avec d'autres éléments chimiques (chlore, soufre, azote, carbone).
Les composés de l'uranium

Les oxydes d’uranium
Les oxydes de l'uranium les plus courants sont l'oxyde uraneux UO2, l'oxyde salin U3O8 et l'anhydride uranique UO3.
L'oxyde uraneux (UO2) est stable thermiquement. Il ne réagit pas avec l'eau, et il est donc utilisé en priorité pour l'industrie nucléaire.
L'anhydride uranique (UO3), lui, est plus réactif et il est utilisé en tant qu'intermédiaire. Il est obtenu par calcination de l'oxyde uraneux.
L'oxyde salin (U3O8) se trouve à l'état naturel dans la pechblende. C'est une association de UO2 et de UO3 et par conséquent il possède les propriétés décrites ci-dessus des deux autres oxydes.
Les halogénures d’uranium
Les principaux halogénures d’uranium sont le tétrafluorure d'uranium UF4 et l'hexafluorure d'uranium UF6.
L'hexafluorure d'uranium (UF6) est volatil, incolore et se sublime aisément. Il est utilisé pour réaliser des opérations d'enrichissement isotopique.
Le tétrafluorure d'uranium (UF4) est lui un excellent intermédiaire de synthèse.
Complexes, sels et hydroxydes d’uranium
Les complexes de l'uranium sont très nombreux et sont d'autant plus stables que leurs ligands sont basiques.
Les plus rencontrés sont obtenus à partir des ions UO22+, nitrates NO3− et sulfates SO42− et sont très stables.
En milieu basique, les ions U4+ et UO22+ sont facilement hydrolysés et conduisent à la formation de précipités et d'hydroxydes solubles.
Le minerai naturel (pechblende ou uranite) doit subir différents traitements mécaniques et chimiques sur le site même de l'exploitation avant d'être transporté vers les centrales nucléaires où il sera soumis aux derniers traitements en vue de l'obtention du combustible nucléaire.
Traitement des minerais d’uranium

Traitement d'un combustible nucléaireTraitement d'un combustible nucléaire
Les minerais d’uranium présents dans la nature ne sont donc pas directement exploitables. Il faut les concentrer avant de les utiliser, ce qui est réalisable en solution. Les différentes opérations ont lieu sur le site même de l'exploitation. La métallurgie de l'uranium comporte plusieurs phases distinctes.
Obtention du concentré uranifère

Traitements mécaniques
Le minerai d’uranium extrait d'un site d'exploitation est concassé et broyé dans un premier temps de manière à obtenir une poudre fine susceptible de se solubiliser facilement.
Lixiviation acide
Cette poudre doit être mise en solution avant la concentration. Aujourd'hui, la lixiviation acide est le procédé le plus employé. On fait agir sur le minerai une solution d'acide sulfurique, ce qui a pour effet de solubiliser les oxydes sous forme de sulfates d'uranyle (sels de sulfate et d'uranium). À cette étape du traitement, les sels d'uranium sont encore mélangés avec d'autres composés chimiques ne contenant pas d'uranium, ce qui rend nécessaire une étape de séparation.
Séparation
Pour cette opération, on utilise une résine échangeuse d'ions qui retient les sels d'uranium et laisse passer les impuretés. À ce stade, les solutions obtenues contiennent 20 g d'élément uranium par litre (sous forme du sel UO2(SO4)34−), ce qui est encore insuffisant. Une autre étape de concentration est donc nécessaire.
Concentration
Dans la solution obtenue après séparation, l'ion contenant l'élément uranium est l'ion uranyle UO22+ qui précipite facilement en présence d'une base forte ou d'un oxyde basique.
On met à profit cette propriété dans l'opération de concentration puisque l'on y fait précipiter sélectivement l'ion UO22+ en présence de MgO afin d'obtenir un solide à base de MgUO4 dans lequel la teneur en uranium atteint 70 %.
Le composé ainsi obtenu peut être transporté loin du site d'exploitation pour y subir les derniers traitements nécessaires à la fabrication du combustible, notamment, l'opération de purification.
La purification

Afin d'améliorer la qualité du composé obtenu, on le soumet à l'action de l'acide nitrique et de l'ammoniac. On obtient ainsi le diuranate d'ammonium ((NH4)2U2O7), ou concentré uranifère, qui possède une pureté nucléaire mais qui est malheureusement très peu riche en isotope 235 de l'uranium (seul isotope fissible et donc utilisable dans un réacteur nucléaire).
Il est donc nécessaire d'enrichir ce composé en isotope 235.
L'enrichissement isotopique

Enrichissement de l'uraniumEnrichissement de l'uranium
Le diuranate d'ammonium est tout d'abord calciné, ce qui conduit à la formation de UO3.
UO3 est ensuite réduit en UO2, lequel est soumis à l'action de fluorure d'hydrogène gazeux (HF). On obtient ainsi le tétrafluorure d’uranium solide UF4 qui, en présence de difluor gazeux, conduit à la formation de l’hexafluorure d’uranium UF6.
Ce dernier est ensuite soumis à un procédé de diffusion gazeuse qui a pour effet d'enrichir le composé en isotope 235.
Fabrication du combustible nucléaire

Pour être utilisable dans les réacteurs nucléaires, l'élément combustible doit être constitué de l'uranium de qualité nucléaire enrichi (sous forme métallique, ou sous forme d'alliage ou d'oxyde) et d'une gaine (en acier, en magnésium, en zirconium…).
Ces opérations de fabrication sont réalisées à proximité des réacteurs et on fabrique ainsi des éléments combustibles dont la forme dépend du type de réacteur.
Retraitement des déchets radioactifs

Lorsque 1 000 kg de combustible pénètrent à l'intérieur d'un réacteur nucléaire, ils génèrent à la sortie de ce réacteur plus de 950 kg de déchets dont beaucoup sont radioactifs. La plupart d'entre eux sont retraités afin d'être réutilisés. Seulement, lorsque le retraitement n'est pas possible ou trop peu rentable, se pose le problème du stockage de ces déchets, en particulier ceux à vie longue (plusieurs milliers d’années).
GÉOGRAPHIE

La production mondiale annuelle (en métal contenu) avoisine 35 000 tonnes. Le Canada occupe le premier rang mondial (12 000 tonnes), loin devant l'Australie (5 000 tonnes), le Niger (3 000 tonnes), le Kazakhstan, l'Ouzbékistan et la Russie (1 500 à 3 000 tonnes chacun). La France est le deuxième producteur européen (700 tonnes), derrière l'Ukraine. Les réserves sont estimées à plus de 1,5 million de tonnes (dont environ 25 000 tonnes en France).
GÉOLOGIE

L'uranium se concentre dans le liquide résiduel au cours de la cristallisation magmatique et on le trouve dans les roches très différenciées. Sa distribution peut être modifiée par les phénomènes hydrothermaux ou l'altération. Les gisements d'uranium sont généralement détectés par radiométrie. La désintégration des isotopes de l'uranium est utilisée dans la datation des roches. (→ géochronologie.)

 

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PIERRE ET MARIE CURIE

 

 

 

 

 

 

Pierre et Marie Curie

Couple de physiciens français.
Marie Curie, née Skłodowska (Varsovie 1867-Sancellemoz, près de Sallanches, 1934)
Pierre Curie (Paris 1859-Paris 1906)
1. Introduction

Le père de Pierre, Eugène Curie, médecin et fils de médecin, est d'une famille protestante originaire d'Alsace ; il est libre penseur et profondément républicain. Sa mère, Claire Depoully, est la fille d'un industriel de Puteaux. Dans son enfance, Pierre Curie ne fréquente ni école ni lycée ; c'est de ses parents, puis de son frère aîné, Jacques (1855-1941), qu'il reçoit son instruction première. Un professeur ami de la famille poursuit son éducation et lui donne le goût des sciences de la nature. Pierre Curie peut alors suivre des cours à la Sorbonne et passer sa licence à l'âge de dix-huit ans. Remarqué par ses professeurs, il est nommé en 1878 préparateur de Paul Desains (1817-1885) à la Faculté des sciences de Paris.
2. La piézo-électricité

Son premier travail est une étude, en collaboration avec Desains, sur les radiations infrarouges, dont il mesure les longueurs d'onde. Puis il effectue des recherches sur les cristaux avec son frère Jacques, alors préparateur au laboratoire de minéralogie de la Sorbonne. Ce travail conduit les deux jeunes physiciens à une découverte très importante, celle de la piézo-électricité (1880). Ils mettent au point la réalisation du « quartz piézo-électrique », dont les applications seront nombreuses dans les domaines de la radioélectricité et des ultrasons.
Mais ils doivent alors cesser leur collaboration : Jacques devient maître de conférences à Montpellier et Pierre est nommé en 1882 chef de travaux à l'École de physique et de chimie industrielles de la Ville de Paris, qui vient d'être fondée. C'est dans les vieux bâtiments de cette école que Pierre va effectuer, pendant vingt-deux ans, la presque totalité de ses travaux.
3. Le principe de symétrie

Solide cristallin
En 1884, il publie un mémoire sur la symétrie et les répétitions dans les milieux cristallins. Cette étude l'amène à réfléchir sur la symétrie générale dans les phénomènes physiques. Il en déduit un principe très général, dont il ne donnera l'énoncé définitif qu'en 1894 : « Lorsque certaines causes produisent certains effets, les éléments de symétrie des causes doivent se retrouver dans les effets produits. Lorsque certains effets révèlent une certaine dissymétrie, cette dissymétrie doit se retrouver dans les causes qui leur ont donné naissance. » Ce principe, applicable à tous les domaines de la physique, permet de prévoir la possibilité ou l'impossibilité de divers phénomènes.
4. La loi et le point de Curie

Cependant, le laboratoire de l'École de physique et de chimie reçoit enfin quelque matériel, et Pierre Curie peut reprendre ses recherches expérimentales. Il crée en 1889 une balance apériodique à lecture directe munie d'amortisseurs à air et réalise un électromètre condensateur à anneau de garde qui suscite l'intérêt de lord Kelvin. Puis il entreprend un très gros travail sur le magnétisme, qu'il présente en 1895 comme sujet de thèse sous le titre Propriétés magnétiques des corps à diverses températures. Il a découvert que le diamagnétisme est indépendant de la température, que la susceptibilité paramagnétique est inversement proportionnelle à la température absolue (loi de Curie), qu'au-dessus d'une certaine température (point de Curie) le ferromagnétisme se transforme en paramagnétisme. Il obtient alors une chaire de physique à l'École de physique et de chimie.
5. Mariage de Pierre et de Marie Curie

La même année, il épouse Marie Skłodowska, qui sera, dès lors, associée à ses recherches. Celle-ci, fille d'un professeur de mathématiques et d'une institutrice de Varsovie, est venue à Paris en 1892 pour y poursuivre ses études scientifiques. Elle passe sa licence et est reçue en 1896 à l'agrégation des sciences physiques. Les deux époux mènent une vie très simple, de laquelle est exclue toute préoccupation mondaine et qu'ils consacrent entièrement au travail. Leur seule détente consiste en longues randonnées à bicyclette à la campagne.
6. Le radium

Henri BecquerelHenri Becquerel
Marie Curie choisit comme sujet de thèse l'Étude des rayons uraniques, que vient de découvrir Henri Becquerel. Elle observe la radioactivité du thorium et remarque l'intensité anormalement élevée du rayonnement émis par certaines impuretés de la pechblende, minerai d'uranium. C'est alors que Pierre Curie abandonne son travail sur les cristaux pour assister sa femme dans l'étude de ce phénomène. Cette étude aboutit, après un travail acharné, à la découverte successive, en 1898, de deux radioéléments nouveaux, le polonium et le radium.
Radium
Mais ceux-ci n'existent dans le minerai qu'à l'état de traces infimes ; on sait, aujourd'hui, qu'une tonne de pechblende n'en renferme qu'un milligramme. Pour cette recherche, Marie Curie avait eu la chance de recevoir du gouvernement austro-hongrois, par l'entremise d'un ancien collaborateur viennois, une tonne de minerai provenant des gisements de Joachimsthal, qui étaient alors les seules mines d'uranium exploitées dans le monde. En Bohême, on extrayait les sels d'uranium de la pechblende et l'on rejetait la majeure partie des roches préalablement broyées ; ce sont ces matériaux de rejet qui furent expédiés gratuitement. Pendant trois ans, nos chercheurs se livrent à un travail de séparation pénible et délicat ; ils l'effectuent dans un hangar abandonné, dépourvu de tout aménagement. Ils découvrent la radioactivité induite, provoquée par le radium, ou plutôt par son émanation, sur les corps qui l'environnent. En 1902, enfin, Marie Curie réussit à préparer un décigramme de chlorure de radium pur et à déterminer la masse atomique de cet élément. Elle présente ce résultat dans sa thèse de doctorat, soutenue en 1903. Plus tard, en 1910, avec l'aide de André Louis Debierne (voir plus bas), elle isolera le radium à l'état métallique.
7. La mort de Pierre Curie

Ces découvertes, qui ouvrent à la physique un domaine entièrement nouveau, valent aux deux époux, en commun avec Henri Becquerel, le prix Nobel de physique en 1903. Pierre Curie obtient en 1904 une chaire de physique à la Sorbonne et est admis en 1905 à l'Académie des sciences ; sa femme est nommée chef de travaux. Alors qu'il pouvait espérer des conditions de travail enfin améliorées, il meurt brusquement en 1906, écrasé par un camion sortant du Pont-Neuf. Il laisse à sa femme deux filles, Irène, qui épousera Frédéric Joliot et s'illustrera plus tard dans le même domaine (→ Irène et Frédéric Joliot-Curie), et Ève.
8. Marie Curie poursuit l'œuvre commune

CuriethérapieCuriethérapie
Marie Curie remplace Pierre dans sa chaire à la Sorbonne ; c'est la première fois qu'une femme occupe un tel poste. Elle poursuit l'œuvre commune et se voit attribuer, cette fois seule, le prix Nobel de chimie en 1911. Pendant la Première Guerre mondiale, elle organise les services radiologiques aux armées. Et, en 1921, c'est la création de la Fondation Curie, département des applications thérapeutiques et médicales de l'Institut du radium, lui-même fondé dès 1909.
Mais l'émanation du radium, dans l'ambiance de laquelle elle vivait depuis tant d'années, a finalement raison de la santé de Marie Curie, qui, frappée d'anémie pernicieuse, s'éteint dans un sanatorium de Sancellemoz.
C'est en mémoire de ces deux illustres savants que le nom de curie a été adopté pour désigner l'unité de radioactivité et que l'élément chimique numéro 96 a été baptisé curium.
LE COLLABORATEUR DE PIERRE ET MARIE CURIE

André Louis Debierne, chimiste français (Paris 1874-Paris 1949). Ancien élève de l'École de physique et de chimie de Paris, il en deviendra directeur, puis succédera à Marie Curie à la direction de l'Institut du radium. En collaboration avec Marie Curie, il réussit à isoler le radium métallique grâce à l'électrolyse de son chlorure avec emploi d'une cathode de mercure (1910). Auparavant, en 1899, il avait découvert un élément radioactif, l'actinium. Il étudia par la suite les émanations gazeuses des divers radioéléments.

 

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