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LES AZTÈQUES

 

 

 

 

 

LES  AZTÈQUES

 

Cet article fait partie du dossier consacré aux grandes découvertes.
Peuple autochtone de l'Amérique moyenne qui fonda un empire au Mexique au xve s.
HISTOIRE

Introduction

Dans leur langage, dialecte du nahuatl, leur nom (Azteca) signifie le peuple d'Aztlán, origine légendaire de la tribu. Ils s'appelaient aussi Mexica (prononcer « Méchica »). Leur capitale Mexico a donné son nom au pays tout entier.
Selon leur histoire traditionnelle, ils s'étaient établis à Aztlán vers le milieu du iie s. et y vécurent plus de mille ans. Dans la seconde moitié du xiie s. (1168 ?), ils quittèrent ce pays, qu'on peut situer au nord-ouest de l'actuel Mexique ou au sud-ouest des États-Unis actuels, pour se diriger vers le sud en une longue migration, conduits par les prêtres soldats dits « porteurs de dieux », conformément aux oracles de la divinité tribale, Huitzilopochtli. Environ un quart de siècle plus tard, on les retrouve dans la région de Tula, à 100 km au nord de Mexico ; ils y demeurèrent vingt ans. C'est là sans doute qu'ils commencèrent à s'imprégner des croyances et des mœurs de l'ancienne civilisation toltèque, dont Tula avait été la capitale. Ils célébraient alors pour la première fois, sur la montagne Coatepec, le rite du Feu nouveau.

Couronnement de l'empereur AcamapichtliCouronnement de l'empereur Acamapichtli
Tantôt guerroyant, tantôt s'alliant par des mariages aux populations en place, les Aztèques pénétrèrent au xiiie s. dans la vallée centrale du Mexique par la région nord-ouest (Zumpango, Xaltocán). Ils y trouvaient des cités-États fortement organisées et belliqueuses. Leur première tentative de création d'un État indépendant s'acheva en désastre : le chef aztèque élevé à la dignité de souverain, Huitzilihuitl Ier, fut fait prisonnier et sacrifié. Devenus les vassaux de cités puissantes, ne possédant en propre aucun territoire, les Aztèques finirent par se réfugier dans les îlots et sur les bas-fonds marécageux de la grande lagune. Ils y fondèrent en 1325 un village de cabanes en roseaux, Mexico, appelé aussi Tenochtitlán (« lieu où le cactus pousse sur le rocher ») : leur dieu leur avait donné l'ordre de s'établir là où ils verraient un aigle, perché sur un cactus, en train de dévorer un serpent. C'est seulement cinquante ans plus tard qu'ils purent enfin s'organiser en État. Leur premier souverain, Acamapichtli, se rattachait à une famille noble d'origine toltèque.
Des onze souverains aztèques, quatre ont péri de mort violente : Chimalpopoca, assassiné sur l'ordre du roi d'Atzcapotzalco ; Tizoc, probablement empoisonné ; Moctezuma II, tué par les Espagnols ou par un projectile lancé par un guerrier aztèque ; Cuauhtemoc, pendu par Cortés.
Empire et société aztèques

Le temps de la conquête

NezahualcoyoltNezahualcoyolt
Ce qu'on appelle couramment l'« Empire aztèque » prit naissance en 1428-1429 sous la forme d'une triple alliance. Les trois États de Tenochtitlán, Texcoco et Tlacopan s'associèrent après la défaite de la dynastie militariste d'Atzcapotzalco, qui exerçait son hégémonie sur la vallée centrale. En fait, le tlatoani aztèque étant investi des fonctions de généralissime des forces confédérées, c'est lui qui devint rapidement le chef suprême, l'empereur du Mexique conquis. Après avoir soumis d'abord l'ensemble de la vallée, les Aztèques et leurs alliés étendirent leur domination vers l'est (plateau de Cholula-Puebla, côte du Golfe), vers le sud (Morelos, côte du Pacifique), vers le nord et le nord-ouest (plateau de Toluca, région de Tula et de Xilotepec, cours inférieur du Pánuco), vers le sud-est (Oaxaca, isthme de Tehuantepec, province maya du Soconusco). C’est ainsi que, ayant succédé à Itzcoatl en 1440, Moctezuma Ier, fondateur de la grandeur mexica et alors âgé de quarante ans, entreprit très rapidement une guerre – qui dura jusqu'à l'arrivée des Espagnols – contre les peuples nahuas qui vivaient de « l'autre côté des volcans », à l'est, dans la vallée de Puebla, où se trouvaient les seigneuries indépendantes de Tlaxcala et Cholula. Ce combat perpétuel, surnommé la « guerre fleurie », n'avait pas pour but de vaincre ni de soumettre, mais de capturer le plus de prisonniers possible, afin de les offrir en sacrifice aux dieux. En effet, le sang humain, « eau précieuse » rituellement versée, permettait seul, dans la conception religieuse et la cosmogonie aztèques, la survie des dieux et la perpétuation du monde.
D'autres guerres entreprises par Moctezuma Ier et ses successeurs eurent pour objectif d'étendre la domination aztèque sur les riches contrées tropicales du Sud, de l'Ouest et de l'Est qui regorgeaient de plumes chatoyantes, de pierres précieuses, de coton, de cacao: autant de denrées fort appréciées de la noblesse aztèque et absentes de la vallée de Mexico. Moctezuma Ier soumit peu à peu des villes importantes et des régions entières jusqu'aux confins du Guatemala actuel. Sous les règnes d'Ahuitzotl (1486-1502) et de Moctezuma II (1502-1520), la suprématie aztèque se renforça encore.
Une économie florissante

Au début du xvie s., l'Empire rassemblait des populations appartenant à des ethnies très variées (Nahuas, Otomis, Huaxtèques, Mixtèques, Matlaltzincas, Zapotèques, etc.), groupées pour les besoins de l'administration en 38 provinces tributaires. Chaque province devait verser aux fonctionnaires aztèques (calpixque) des quantités déterminées de denrées alimentaires, tissus, métaux précieux, plumes d'oiseaux tropicaux, matériaux de construction, caoutchouc, jade, armes, etc., selon des barèmes soigneusement tenus à jour par des scribes. En dehors de cette obligation, les cités et villages conservaient une large autonomie, s'administraient selon leurs coutumes et pratiquaient leurs cultes particuliers. Quelques villes, aux frontières, étaient placées sous l'autorité de gouverneurs aztèques appuyés par des troupes de garnison. Certains petits États, amis (Teotitlán) ou hostiles (Tlaxcala), enclavés dans l'Empire, avaient conservé leur indépendance.
Si l'organisation administrative du tribut avait pour résultat de faire affluer à Mexico d'énormes richesses, le commerce, rendu possible par l'effacement des frontières et la paix intérieure, était intense entre la capitale et les provinces. Des corporations de négociants (pochteca), influentes et prospères, détenaient le monopole de ces échanges, tandis que le petit commerce et les métiers les plus divers étaient exercés par des artisans, marchands et marchandes de légumes, poissons ou gibier, menuisiers, sauniers, fabricants de nattes et de paniers, porteurs d'eau, tisserandes, etc. Ceux qui pratiquaient l'artisanat de luxe (orfèvrerie et joaillerie, ciselure, art de la mosaïque de plumes) formaient des corporations respectées. Il en était de même des médecins, sages-femmes, guérisseurs et guérisseuses, tandis que l'opinion et la loi condamnaient sévèrement les sorciers et magiciens.
Mexico, capitale symbole de la puissance aztèque

NezahualpilliNezahualpilli
À mesure qu'augmentaient les ressources de la tribu dominante, la capitale, simple village lacustre à l'origine, s'était transformée en une cité de plusieurs centaines de milliers d'âmes. Au centre, sur l'île rocheuse désignée par l'oracle divin, se dressaient les pyramides, les temples, les palais impériaux. Les quatre quartiers, subdivisés en nombreuses fractions (calpulli), s'étendaient sur un millier d'hectares le long de canaux et sur l'île voisine de Tlatelolco. La cité était reliée à la côte du lac par trois chaussées surélevées. Une digue longue de 16 kilomètres, construite sous le règne de Moctezuma Ier, la protégeait à l'est contre l'irruption des eaux de la grande lagune. Deux aqueducs amenaient l'eau potable à la ville depuis Chapultepec et Coyoacán. En raison de la prospérité générale (freinée de 1451 à 1456 par de mauvaises récoltes), la population de la capitale et des villes voisines, Tlacopan, Coyoacán, Culhuacán, Xochimilco, Texcoco, etc., ne cessait de croître. En 1519, le bassin de Mexico abritait entre 1 million et 1,5 million d'habitants, soit une densité de 200 habitants par km2, pour une superficie de terres cultivées qui ne dépassait guère les 3 000 km2. L'espace propice à la culture était en effet très réduit, à cause notamment de la faible épaisseur des sols, de l'érosion, de la présence de nombreux lacs et marécages. Le génie aztèque a su pourtant en tirer un profit maximal grâce à des techniques agricoles originales : fumage des sols avec des excréments humains et animaux, irrigation, dry-farming, élévation de terrasses. Mais le plus remarquable est sans doute la manière dont les Mexicas ont asséché une grande partie des lacs de la vallée et mis en valeur les marais au moyen des chinampas, radeaux de roseaux fixés par des pieux et couverts d'une couche de terre boueuse où sont plantés maïs, haricots, courges et piments.
L'agriculture du bassin de Mexico et celle des régions tropicales sous domination aztèque ont donné au Vieux Monde les ingrédients d'une révolution alimentaire : le maïs, une cinquantaine d'espèces de haricots, dont les haricots verts, les citrouilles, les oignons, les tomates (tomatl), les pommes de terre, les cacahuètes (tlacacahuatl), la vanille… À cette liste non exhaustive, il faut adjoindre une boisson faite avec la graine de l'amaxocoatl, connue sous le nom de « cacao » ou « chocolat ».
Une société hiérarchisée, une administration efficace

La société aztèque à son origine avait été égalitaire et frugale. Mais, avec le temps et l'expansion de l'Empire, le luxe et la hiérarchie politico-sociale l'avaient profondément modifiée. Le « simple citoyen » (maceualli) menait encore une vie assez semblable à celle des Aztèques de la migration ; il cultivait le lopin de terre auquel il avait droit, chassait ou pêchait, devait prendre part aux travaux collectifs (entretien des canaux et des ponts, terrassements, etc.). Mais les négociants disposaient de grandes richesses sous forme de denrées, métaux précieux, plumes, tissus. L'aristocratie militaire, qui se renouvelait d'ailleurs par la promotion de guerriers sortis du peuple, possédait des domaines ruraux et des palais, et recherchait de plus en plus le luxe. Autour d'elle gravitaient serviteurs, métayers, esclaves, et aussi des artistes, sculpteurs, ciseleurs, orfèvres, peintres, poètes et musiciens.
Tous les enfants, quelle que fût leur origine, recevaient une éducation relevant d'un des deux systèmes en vigueur : pour les enfants du peuple, les telpochcalli, collèges de préparation à la vie pratique et à la guerre ; pour ceux de l'aristocratie, mais aussi pour ceux des négociants et pour les enfants « plébéiens » que l'on destinait à la prêtrise, les calmecac, monastères-collèges qui dépendaient des temples. Dans ces derniers, on enseignait l'histoire traditionnelle, la religion et les rites, l'écriture pictographique, la lecture des livres sacrés, la musique et le chant. Il existait d'ailleurs des écoles de chant ouvertes aux jeunes gens de la classe populaire.
L'administration de l'Empire et la justice étaient assurées par un grand nombre de fonctionnaires et de magistrats, assistés de scribes, gendarmes, huissiers, messagers. Organisés selon une hiérarchie complexe, ils percevaient en rémunération le produit de terres qui leur étaient affectées. Les conquérants espagnols et Cortés lui-même ne tarissent pas d'éloges quant à l'ordre et à l'efficacité de l'administration, à l'intégrité des juges, à la splendeur et à la propreté de la capitale. La justice est un modèle d'organisation. Grâce à une remarquable hiérarchie des juridictions, qui comprend des tribunaux d'instance (teccali) et une cour suprême ou cour d'appel (tlacxitlan), la justice est rendue avec rapidité et efficacité. Aucun procès ne dure plus de quatre-vingts jours, y compris le jugement et l'arrêt. Les juges sont nommés par le souverain et par le chef du quartier où se tient le tribunal.
Prédominance de l’empereur

L'État aztèque, né de la démocratie tribale, était devenu une monarchie aristocratique. Au sommet, le tlatoani (« celui qui parle, qui commande »), élu à vie au sein d'une même dynastie par un collège restreint de dignitaires, était assisté d'un « vice-empereur », le ciuacoatl, et de quatre « sénateurs » élus en même temps que lui. Il désignait de hauts fonctionnaires tels que le petlacalcatl, chargé de la perception des impôts et du trésor, le uey calpixqui, préfet de la capitale, etc. Le Grand Conseil (tlatocan, « lieu de la parole, du commandement ») se réunissait sous sa présidence ou sous celle du ciuacoatl pour discuter des décisions importantes, et pouvait repousser jusqu'à trois reprises les propositions du souverain, par exemple en cas de déclaration de guerre. L’empereur est, au début du xvie s., un personnage quasi divin, entouré d'un halo religieux. Sa principale mission consiste à défendre, à agrandir et à embellir le temple de Huitzilopochtli, le dieu organisateur du monde des Aztèques, auquel il offre, souvent lui-même, des sacrifices. L'empereur vit dans un palais superbe, entouré de ses femmes, de ses conseillers, de ses devins, de ses nains et de ses bouffons. Nul ne peut le regarder en face, ni le toucher. Il lui est interdit de fouler le sol.
Une religion omniprésente et sanglante

Reliée à la classe dirigeante par de multiples liens familiaux, mais distincte d'elle, influente à coup sûr dans les affaires publiques mais non mêlée directement à la gestion de l'État, la classe sacerdotale était nombreuse et respectée. À la tête de la hiérarchie se trouvaient les deux grands prêtres égaux appelés Serpents à plumes, assistés d'un « vicaire général », lui-même entouré de deux coadjuteurs. Groupés en collèges au service de telle ou telle divinité, ou répartis dans les quartiers comme simples desservants, les prêtres avaient à leur charge non seulement le culte, mais l'éducation supérieure et les hôpitaux destinés aux pauvres et aux malades. Le clergé disposait d'immenses richesses en terres et en marchandises de toute sorte, qu'administrait un trésorier général.
La vie des Aztèques était dominée par la religion, que caractérisaient un panthéon foisonnant, une riche mythologie, un rituel complexe fertile en épisodes dramatiques et sanglants mais aussi en cérémonies grandioses et en émouvante poésie. La civilisation aztèque avait réalisé la synthèse des divinités astrales des tribus nordiques (Huitzilopochtli, Tezcatlipoca), des dieux agraires adorés par les anciennes populations sédentaires (Tlaloc, Chalchiuhtlicue, etc.), des dieux étrangers tels que Xipe Totec (Oaxaca) ou Tlazolteotl (déesse de l'Amour chez les Huaxtèques).
Le dieu des Aztèques à qui est adressé le culte est guerrier et triomphant. Huitzilopochtli est fils d'une déesse de la Terre, il personnifie le Soleil par sa victoire sur ses frères et sœurs, les Ténèbres et l'Étoile du matin. Soleil et guerre : tels sont les deux principes organisateurs de la religion aztèque. Ainsi, les morts au combat ou les sacrifiés connaissent une survie grandiose, car ils sont chargés d'aider le Soleil dans sa course. Tous les jours pendant quatre ans, ils l'accompagnent du levant au zénith. Passé cette période, ils se métamorphosent en colibris ou en papillons. Celui qui meurt dans sa maison, au contraire, disparaît dans les Ténèbres. Dès son enfance, l'homme aztèque est préparé à l'idée du sacrifice; il ne doit vivre que pour donner son cœur et son sang « à notre Mère et à notre Père, la Terre et le Soleil », et contribuer de la sorte au bel ordonnancement du monde : permettre le lever du Soleil, la tombée de la pluie, la pousse du maïs… La « guerre fleurie », pacte de sang entre tribus sœurs, de même origine et de même culture, a été scellée à cette fin.
Les sacrifices humains, très fréquents, correspondaient à deux conceptions distinctes. Tantôt le sang et le cœur des victimes étaient offerts aux dieux, plus particulièrement au Soleil, afin d'assurer la marche régulière de l'univers ; tantôt les victimes incarnaient le dieu et mimaient son drame mythique, jusqu'au moment où leur sacrifice transférait leur force vitale à la divinité représentée. Les sacrifiés, de même que les guerriers tombés au combat et les femmes mortes en couches étaient promis à une éternité bienheureuse, tandis que les morts ordinaires, pensait-on, devaient subir quatre années d'épreuves dans le royaume souterrain de Mictlantecuhtli (le Pluton aztèque) avant de disparaître dans le néant. Mais les morts que Tlaloc avait « distingués » en les appelant à lui (par noyade, hydropisie, affections pulmonaires, etc.) devaient jouir dans l'au-delà d'une vie paisible dans l'abondance du paradis (Tlalocan).
« Le compte des destins »

À l'instar des Mayas et des Toltèques, les Aztèques ont élaboré un système très complexe de calendriers, mêlant observations astronomiques et métaphysique, instrument de repérage des phénomènes naturels, tels les saisons ou le mouvement des astres, mais aussi moyen de déterminer le destin des hommes et du monde. L'existence de chacun était régie par le tonalpoualli, le « compte des destins », système extrêmement complexe de divination fondé sur un calendrier rituel de 260 jours divisé en 20 séries de treize. Chacun de ces jours était désigné par un chiffre et un signe – « 1, crocodile », « 2, vent », « 3, maison », etc. –, que les prêtres spécialisés, les « compteurs de destins », interprétaient à l'occasion des naissances, mariages, départs en voyage, expéditions militaires. Chaque année solaire est désignée par le nom de son premier jour, pris lui-même dans le calendrier divinatoire. Seuls quatre signes peuvent commencer une année: tecpatl (le silex), acatl (le roseau), calli (la maison), tochtli (le lapin). Combinés chacun avec les treize nombres fondamentaux du calendrier divinatoire, ils offrent 52 débuts d'année possibles. À l'issue de ce cycle de cinquante-deux ans, le temps est réputé suspendu: il peut alors se dissoudre, et c'est la fin du monde tant redoutée, ou se répéter, les anciens signes épuisés redevenant porteurs de vie à la faveur d'une cérémonie sacrificielle. Au-delà de ce cycle clos, les noms des jours et des années se répètent inlassablement.
La chute de l’empire

Le 18 février 1519, Hernán Cortés débarque au Yucatán accompagné de quelques dizaines de soldats. Le 13 août 1521, Tenochtitlán tombe sous ses assauts ; le dernier empereur est capturé, les Aztèques sont décimés et soumis à jamais. On peut se demander pourquoi un État organisé à ce point pour la guerre et une civilisation aussi élaborée se sont effondrés comme châteaux de sable devant une poignée d'Espagnols. L'explication tient sans doute au décalage technologique (les Mexicas n'ont ni épées de fer ni armes à feu). Elle tient aussi au pessimisme de la vision religieuse aztèque. Moctezuma II, scrupuleux et méditatif, très attentif aux présages, croit reconnaître dans les Espagnols qui arrivent sur la côte du Mexique les représentants de Quetzalcóatl, le roi-prêtre des Toltèques, le dieu-serpent à plumes dont le retour est annoncé par d'anciennes prophéties. De plus, l'année 1519 coïncide avec la fin d'un cycle calendaire de cinquante-deux ans, qui marque la suspension du temps. Ces êtres étranges, blancs, barbus et vêtus de fer, qui lancent la foudre et possèdent des chevaux, animaux que personne n'a jamais vus au Mexique, ont tous les caractères des dieux. Les Aztèques, prêts à les accepter comme tels, ne veulent que les honorer…
L'explication réside enfin dans la complicité active des peuples voisins, soumis depuis trop longtemps à la puissance mexica, fatigués de donner leur fortune à son empereur, et leurs enfants à ses dieux. Les Totonaques et les seigneurs de Tlaxcala rejoignent Cortés, qui se présente devant Tenochtitlán-Mexico avec une armée de plus de 30 000 indigènes. Moctezuma hésite : il cherche la preuve qu'il se trouve devant des dieux. Il reçoit les Espagnols et prépare pour eux des fêtes, en l'honneur, notamment, de Huitzilopochtli. Mais Cortés doit regagner la côte à la hâte pour combattre des émissaires de l'Espagne venus lui demander des comptes sur son épopée. Pendant ce temps, Alvarado, son lieutenant resté sur place, organise, sous on ne sait quel prétexte, le massacre de la foule venue assister à une cérémonie religieuse. À son retour, Cortés trouve la capitale aztèque en révolte ; Moctezuma, tenu responsable de la situation, est tué par le peuple. L'insurrection progresse. Assiégés, Cortés et ses compagnons doivent se frayer un chemin hors de la ville ; ils sont décimés par les guerriers aztèques enragés : c'est la Noche Triste (la Nuit Triste) du 30 juin au 1er juillet 1520. Cortés en réchappe pourtant. Il va reconstituer ses forces et réinvestir méthodiquement Tenochtitlán à partir de la fin de 1520. Le 13 août 1521, au milieu des ruines de sa ville dévastée par les canons, le dernier empereur aztèque se rend aux Espagnols. Il s'appelle Cuauhtémoc, l'« Aigle-qui-tombe », c'est-à-dire le Soleil couchant ; le soleil aztèque s'éteint pour toujours.
Quelques divinités du panthéon aztèque

Chalchiuhtlicue

« Celle qui a une jupe de pierres vertes », déesse de l'Eau douce, compagne de Tlaloc.
Cihuateteo

« Femmes-déesses », femmes mortes en couches et divinisées ; elles prennent au zénith le relais des guerriers morts au sacrifice pour accompagner le Soleil dans son voyage.
Coatlicue

« Celle qui a une jupe de serpents », vieille déesse de la Terre, qui enfanta miraculeusement le dieu des Mexica, Huitzilopochtli.
Coyolxauhqui

« Celle qui est parée de grelots », sœur aînée de Huitzilopochtli, tuée par lui, ainsi que ses frères, les 400 étoiles au Sud, au moment de sa venue au monde. Elle symbolise les ténèbres, vaincues par le jeune Soleil triomphant.
Eecatl

Quetzalcóatl sous sa forme de dieu du Vent. Représenté avec un masque en forme de bec de canard, ou sous la forme d'un singe soufflant.
Huitzilopochtli

« Le colibri de gauche », jeune dieu de la tribu aztèque, qu'il avait guidée dans sa migration. Il symbolise le Soleil triomphant, au zénith.
Mayahuel

Déesse du Maguey, qui avait été la plante nourricière des Aztèques au temps de leur migration. Elle est généralement représentée comme plurimammaire.
Mictlantecuhtli

Le « Seigneur du lieu des morts », dieu des Enfers, représenté sous la forme d'un cadavre décharné.
Nanauatzin

Petit dieu pustuleux ou syphilitique, autre forme de Quetzalcóatl. À l'origine des temps, il s'était sacrifié en se jetant dans un brasier allumé à Teotihuacán, pour faire naître le Soleil.
Ometecuhtli et Omecihuatl

« Le Seigneur et la Dame de la dualité ». D'après certaines sources, c'est le couple primordial qui aurait enfanté tous les autres dieux et les humanités. Leur culte semble être tombé en désuétude chez les Aztèques, et n'être resté vivant que chez certains rameaux nahuas émigrés dès le xiie s. comme les Pipils du Guatemala.
Quetzalcóatl

QuetzalcóatlQuetzalcóatl
« Serpent plume précieuse ». Sans doute la figure dominante du panthéon aztèque. Inventeur des arts, des techniques et de la pensée philosophique.
Tezcatlipoca

« Miroir qui fume », dieu du Nord, du Ciel nocturne et de la Guerre, patron des jeunes guerriers. Vainqueurs de Quetzalcóatl par ses sortilèges.
Tlaloc

Fresque de TepantitlaFresque de Tepantitla
Vieux dieu de la Pluie, l'un des plus importants du panthéon, honoré dans tout le Mexique. Caractérisé par ses yeux entourés de serpents formant comme des lunettes et par sa bouche ornée de crocs, comme les autres dieux de la Pluie des peuples voisins ou antérieurs : le Cocijo des Zapotèques, le Chac des Mayas, etc.
Tlazolteotl

« Déesse de l'Immondice », déesse de l'Enfantement et de l'Amour charnel, des Bains lustraux. Originaire sans doute de la Huaxteca, région connue pour sa « frivolité », elle avait le pouvoir d'effacer, par la confession, les offenses à la morale sexuelle.
Toci

« Notre aïeule », nommée aussi Teteo innan, « la mère des dieux ». C'est son culte qui était célébré sur la colline où devait apparaître la Vierge de Guadalupe, faisant de celle-ci, par un phénomène de syncrétisme, une Vierge pleinement nationale.
Tonatiuh

Le Soleil, représenté au centre du célèbre monument « la Piedra del sol », tirant la langue pour réclamer sa nourriture, le sang humain.
Xipe Totec

« Notre Seigneur l'écorché », dieu peut-être originaire de l'actuel État d'Oaxaca. Il représente le Renouveau de la végétation. Les prêtres se revêtaient en son honneur de la peau des sacrifiés, qui, en jaunissant, évoquait une feuille d'or : il est aussi le dieu des orfèvres.
Xiuhtecuhtli

« Le Seigneur du feu », également nommé Huehueteotl, « le vieux dieu ». Vieux dieu du Feu et des puissances volcaniques, représenté généralement comme un vieillard ridé dont la tête supporte un brasero.
Xolotl

Autre forme de Quetzalcóatl. Lors du sacrifice qu'avaient décidé tous les dieux à Teotihuacán pour faire vivre le Soleil, il fut le seul à s'enfuir et à tenter de se cacher. Il devint le dieu des Monstres, et de tout ce qui est double : double épi de maïs, double maguey, jumeaux…
ART

Introduction

L'art des Aztèques, comme leur religion, est le résultat d'une synthèse. La tradition toltèque qui avait survécu dans certaines villes du plateau central comme Culhuacán, le style « mixtéca-puebla » de Cholula, de Tizatlán et de l'Oaxaca, et certaines influences d'origine plus lointaine, comme celle des Huaxtèques, se sont amalgamés en un ensemble original. Riche à la fois d'un symbolisme ésotérique et d'un vigoureux réalisme, l'art aztèque frappe par la puissance et l'énergie des formes, par la sûreté du dessin, par la hardiesse de la conception.
Architecture

En architecture, les Aztèques n'ont guère innové ; ils ont repris pour l'essentiel les thèmes de l'architecture classique et toltèque, c'est-à-dire la pyramide à degrés et le palais horizontal. Cependant, la juxtaposition de deux temples au sommet d'une pyramide unique, comme c'était le cas du Grand Teocalli de Mexico, avec les sanctuaires jumelés de Tlaloc et de Huitzilopochtli, est un trait typiquement aztèque. Les monuments circulaires, tels que les temples du Vent à Mexico et à Calixtlahuaca, relèvent d'une tradition étrangère à la civilisation classique : il s'agit là d'un emprunt à l'architecture huaxtèque. Les dimensions grandioses de certains édifices, comme le palais du Tlatoani à Mexico ou celui du roi de Texcoco, immenses bâtiments groupés autour de patios et de jardins, surpassaient tout ce qui avait été réalisé au Mexique auparavant. En outre, les Aztèques sont le seul peuple autochtone du Mexique qui ait taillé entièrement dans la roche vive, à Malinalco, un temple avec ses statues et ses bas-reliefs.
Sculpture

QuetzalcóatlQuetzalcóatl
La sculpture, dont il subsiste de très nombreuses œuvres en dépit des destructions massives dues à la conquête, présente un large éventail symbolique et stylistique, depuis les idoles et les bas-reliefs à thèmes religieux jusqu'aux statues de personnages et d'animaux, en passant par les scènes historiques à la gloire des empereurs. Parmi les spécimens les plus connus qui se trouvent dans les musées du Mexique ou à l'étranger, on mentionnera la statue colossale de la déesse Coatlicue, extraordinaire chef-d'œuvre macabre ; les représentations du Serpent à plumes Quetzalcóatl ; le « Calendrier aztèque », monolithe qui résume sur son disque les conceptions cosmologiques des anciens Mexicains ; le « Teocalli de la Guerre sacrée », dédié au Soleil et au combat cosmique ; une tête de dignitaire (« chevalier-aigle ») qui évoque de façon frappante l'énergie des guerriers ; la « Pierre de Tizoc », qui retrace les victoires du septième souverain ; la stèle commémorative de l'inauguration du grand Temple, par Ahuitzotl, en 1487.
Arts décoratifs

Les Aztèques ont fait revivre l'art du masque en pierre, qui avait été pratiqué avec virtuosité à l'époque classique (Teotihuacán, ve-viiie s.). Ils ont porté à un haut degré de perfection la sculpture et la ciselure des pierres semi-précieuses : jadéite, néphrite, serpentine, cristal de roche. D'admirables statuettes en portent témoignage, par exemple celle du dieu Tezcatlipoca (musée de l'Homme, Paris) ou celle de Xolotl (musée du Wurtemberg, à Stuttgart).
Trois grandes corporations d'artisans étaient spécialisées, à Mexico, dans les arts que nous appelons « mineurs » : les orfèvres, dont les merveilleux bijoux et ornements d'or et d'argent s'inspiraient surtout du style mixtèque de l'Oaxaca ; les lapidaires, qui décoraient de mosaïque de turquoise, de grenat, d'obsidienne et de nacre les masques, objets cérémoniels, casques d'apparat ; enfin les amanteca, ou plumassiers, dont les fragiles chefs-d'œuvre faits de plumes d'oiseaux tropicaux ornaient la coiffure et les vêtements des dignitaires ainsi que les idoles des dieux.
Peinture

Manuscrit aztèqueManuscrit aztèque
Il existait à Mexico deux catégories de peintres : ceux qui couvraient de fresques les murailles des palais et des sanctuaires, et ceux qui, scribes versés dans l'écriture hiéroglyphique, enluminaient les manuscrits religieux ou historiques. Certains de ces manuscrits, tel le Codex borbonicus (bibliothèque de l'Assemblée nationale, Paris), constituent des recueils de petits tableaux symboliques admirablement exécutés.
Littérature

La littérature, surtout sous la forme de poèmes déclamés et chantés avec accompagnement de flûtes et d'instruments à percussion, présentait des genres nettement délimités : poèmes religieux d'une grande élévation, poèmes philosophiques, épopées historico-mythiques, odes lyriques, poèmes mimés et dialogués que l'on peut considérer comme un embryon de théâtre. En outre, les Aztèques attachaient une importance extrême à l'art oratoire ; toutes les circonstances importantes de la vie publique ou privée, depuis l'élection d'un souverain jusqu'au départ d'une caravane de négociants, étaient marquées par des discours pompeux et imagés. Enfin, la danse tenait une large place dans les réjouissances familiales, dans les banquets et dans les cérémonies religieuses.

 

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HONGKONG

 

Hongkong ou Hong Kong
en chinois Xianggang

Hongkong
Région administrative spéciale de la Chine, au S.-E. de Canton, comprenant, outre la petite île de Hongkong, Kowloon et de petites îles.
Superficie : 1 077 km2
Population : 7 195 000 hab. (estimation pour 2014)
Capitale : Victoria

À une latitude tropicale, presque dépourvu de plaines, Hongkong est constitué de pics granitiques (Victoria dans l'île de Hongkong, 550 m ; Lantau dans l'île du même nom, 936 m ; Tai Mo Shan dans la péninsule, 958 m). Il tombe 2 150 mm de pluies en moyenne par an, mais le sous-sol est dépourvu de nappe phréatique. Faisant partie de la Chine méridionale et ouverte sur la mer homonyme, Hongkong doit une part de sa fortune à son rôle d'intermédiaire entre la Chine communiste et le monde industrialisé. À la Chine, dont elle a reçu des émigrés (ou réfugiés) et d'où elle importe des compléments alimentaires, elle sert de port de transit, à la fois importateur et réexportateur. Hongkong exporte 13 % des produits de haute technologie du monde en volume.

Ce rôle commercial est indissociable de l'essor d'une industrie de main-d'œuvre (à l'habillement, aux jouets se sont ajoutées l'horlogerie, l'électronique) stimulée par le poids accru de la place financière. 80 % de la production sont exportés, taux exceptionnel, expliqué naturellement par le volume et la nature d'une production sans rapport avec le marché local, montrant aussi une sensibilité excessive à la conjoncture extérieure, tant économique que politique. Le paysage urbain, admirable, cache mal les problèmes aigus du territoire : manque d'eau (dont une partie vient par pipeline d'un réservoir créé sur Lantau), manque de terrains à bâtir. Un tunnel routier et un métro relient l'île au continent. Sur l'île de Lantau, aéroport Chek Lap Kok (agence N. Forster, 1994-1998) et parc de loisirs Disneyland. La ville a accueilli les épreuves d’équitation des jeux Olympiques d'été en 2008.
HISTOIRE

L'île de Hongkong fut cédée en 1842 à la Grande-Bretagne qui acquit la presqu'île de Kowloon en 1860 et obtint en 1898 un bail de 99 ans sur les Nouveaux Territoires et sur 235 îles au large de Hongkong. Conformément à l'accord sino-britannique de 1984, le territoire a été rétrocédé à la République populaire de Chine le 1er juillet 1997.
1. La Loi fondamentale ou Basic Law

Le 1er juillet 1997 à 0 heure, Hongkong est rattachée à la République populaire de Chine en tant que « région administrative spéciale » (RAS). L'ancienne colonie britannique doit être régie pendant cinquante ans par la Basic Law (1990), texte qui tient lieu de mini-Constitution et qui confirme les accords sino-britanniques signés à Pékin en 1984.
Au nom du principe « Un pays, deux systèmes » formulé par Deng Xiaoping, il est convenu que le système économique et social libéral dont jouit Hongkong soit maintenu durant le régime transitoire prévu jusqu'en 2047 : port franc, respect de la propriété privée, autonomie de la politique monétaire (monnaie officielle : le dollar de Hongkong), liberté des transferts de capitaux. Riche et ouverte, Hongkong conserve ce qui reste refusé à l'écrasante majorité des Chinois : une presse libre, une justice indépendante et la promesse du suffrage universel, acceptée par Pékin avec la Loi fondamentale de 1990.
1.1. Un système institutionnel complexe

D'après la Loi fondamentale, le chef de l’exécutif est élu pour un mandat de 5 ans par un collège de grands électeurs (1200 depuis 2012), composé de représentants des circonscriptions corporatistes (représentant chacune un groupe économique social ou professionnel) et d’organisations religieuses, du Conseil législatif (ou Legco), mais aussi des représentants de Hongkong aux deux assemblées chinoises (l'ANP et la CCPPC [Conférence consultative politique du peuple chinois]). Pour être candidat, il faut, au préalable, réunir le soutien de 150 membres du collège. Celui-ci est ensuite invité à choisir parmi la liste ainsi établie.
Le Conseil législatif, quant à lui, est composé depuis 2012 de 70 députés élus pour quatre ans. Parmi ces derniers, 35 sont élus directement par les résidents hongkongais via cinq circonscriptions géographiques (l'Île de Hong Kong, Kowloon Est, Kowloon Ouest, Nouveaux Territoires Est, Nouveaux Territoires Ouest). 35 députés sont élus par les circonscriptions corporatistes, où dominent les pro-Pékin. L’adoption d’une loi proposée par un membre du Conseil doit obtenir la majorité simple dans chacun des deux groupes. Par ailleurs, tout amendement à la Loi fondamentale nécessite, entre autres, une majorité des deux tiers des représentants de la RAS.
Depuis le début des années 2000, l'introduction du suffrage universel direct constitue une demande récurrente des milieux pro-démocratiques. À l'origine de nombreuses manifestations, elle se révèle le principal enjeu des débats politiques.
2. Dans l'attente du suffrage universel direct

2.1. Le temps des désillusions

Cependant, les cinq années qui suivent la rétrocession sont marquées par un contrecoup tant politique qu'économique. Le climat politique s'assombrit rapidement et les atteintes aux libertés se multiplient, à l'incitation du gouvernement central ou des autorités locales, dirigées par Tung Chee-hwa, le chef de l'exécutif de la RAS. Celui-ci a fait notamment adopter un nouveau système de gouvernement renforçant indirectement l'emprise de la Chine sur Hongkong en affaiblissant le pouvoir de l'administration locale.
Au plan économique et social, le climat paraît également maussade, Hongkong étant très affectée par la crise financière asiatique de 1997, qui provoque l'effondrement du marché boursier puis l'éclatement de la bulle immobilière sur laquelle est adossée la prospérité du territoire. Hongkong subit en outre la concurrence du continent et singulièrement de Shanghaï : elle ne peut renforcer son rôle d'intermédiaire auprès des investisseurs étrangers du fait de la politique d'ouverture entreprise par Pékin, favorisée par son entrée dans l'Organisation mondiale du commerce (OMC) en 2001. Cette année-là, tandis que le PIB chinois progressait de 7 %, la croissance de Hongkong n'est que de 0,1 % et le chômage frappe 7,4 % de sa population.
Au printemps 2003, la région est en outre gravement atteinte par l'épidémie de SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) qui cause près de 300 décès. Toutefois, reposant sur un système économique solide, Hongkong renoue dès mi-2003 avec une forte croissance qui bénéficie désormais du dynamisme de la Chine.
2.2. Lentes et timides avancées démocratiques

Sur le plan politique, même si les partis favorables à la démocratie, notamment le parti démocrate (DP) de Martin Lee, remportent régulièrement 60 % des voix aux élections législatives de 1998, 2000, 2004 et 2008, ce sont les partis pro-Pékin – notamment l'Alliance démocratique pour l'amélioration de Hongkong (DAB) – qui dominent le Parlement local (le Conseil législatif ou Legco), la moitié seulement de ses sièges étant pourvus au suffrage universel.
Le projet de loi sur « la subversion, la sécession et la trahison » est retiré après voir provoqué en juillet 2003 le plus large rassemblement d'opposition (500 000 personnes) depuis les événements de Tian'anmen en 1989.
En 2005, deux ans avant la fin de son second mandat, affaibli par une impopularité croissante et son incapacité à gérer la crise, Tung Chee-hwa annonce son départ de l'exécutif. C'est le candidat de la Chine, Donald Tsang, qui lui succède. Pour la première fois, même s'il n'a aucune chance d'être élu, un candidat pro-démocratie, Alan Leong, se présente face à Donald Tsang, réélu en mars 2007.
Tandis que le dixième anniversaire de la rétrocession de Hongkong à la Chine en 2007 est une nouvelle occasion pour l'opposition de manifester en faveur de l'élection du chef de l'exécutif au suffrage universel direct, le Comité permanent de l'Assemblée nationale populaire fixe les premières élections totalement démocratiques pour le chef de l'exécutif à 2017, et pour le Conseil législatif à 2020. En 2010, ce dernier adopte un ensemble de « réformes démocratiques » : 10 nouveaux sièges sont ajoutés au Conseil législatif ; le nombre des grands électeurs est porté de 800 à 1 200 pour les élections de 2012.
À l'issue du scrutin du 25 mars 2012, la grande majorité de ces derniers, suivant les consignes de Pékin contraint d'abandonner son favori initial, Henry Tang, un tycoon empêtré dans un scandale, se reporte sur Leung Chun-ying, qui recueille plus de 57 % des suffrages. Surnommé « CY Leung » par les Hongkongais, Leung Chun-ying est membre de la CCPPC. Le 9 septembre 2012, s’il conserve son droit de veto sur les réformes constitutionnelles et vient en tête en nombre de voix, le camp pro-démocrate, divisé, recule aux élections législatives provoquant la démission du président du DP.
2.3. La mobilisation de la société civile

À partir de la fin septembre 2014, le territoire est le théâtre d’un mouvement en faveur de la démocratie sans précédent depuis 1997. Par cette campagne non violente de désobéissance civile déclenchée et dominée par les étudiants, les lycéens et des associations de défense des droits humains, les opposants exigent la levée de l’accréditation préalable par Pékin et les grands électeurs des candidats au poste de chef de l'exécutif, dans la perspective du scrutin au suffrage universel prévu en 2017.
Après plus de trois semaines de manifestations, des discussions s’engagent, mais le pouvoir reste sourd aux revendications parmi lesquelles la démission de Leung Chun-ying. Ayant perdu une part de la sympathie dans la population, ce mouvement « des parapluies » (déployés pour se protéger des gaz lacrymogènes) finit par s’éteindre faute d’unité et de direction politique et les dernières tentes dressées par les manifestants sont démontées au milieu du mois de décembre. Si ce mouvement, censuré en Chine continentale et que Pékin parvient à contrer par l’intermédiaire de ses relais dans l’île, est ainsi défait, il révèle l’existence d’une nouvelle opposition et d’importantes fractures au sein des élites locales.
CINÉMA

Hongkong a d'abord été le refuge des cinéastes chinois fuyant la répression, celle des années 1930, après l'invasion japonaise, comme celle des années 1950 et 1960, sous le régime maoïste. Un cinéaste comme King Hu (1931-1997), se fixe à Hongkong en 1949 et commence sa carrière comme acteur et scénariste pour les frères Shaw, qui viennent d'implanter leurs nouveaux studios à Kowloon (Sons of the Good Earth, 1964). Il se spécialise dans le film historique de style cape et épée à la chinoise comme A Touch of Zen (1972). Il réalise ensuite d'autres films marquants en Corée du Sud (Pluie dans la montagne, 1978) et à Taiwan (Mariage, 1981).
Les principaux genres développés à Hongkong sont, dans un premier temps, le mélodrame de style shanghaïen, la comédie et le film à suspense. Ils sont rapidement dépassés par les films d'arts martiaux, qui connaissent un extraordinaire succès, national puis international, et dans lesquels se spécialise toute une génération d'acteurs. Le plus connu d'entre eux reste Bruce Lee (mort en 1973), dont certains films ont fait le tour du monde (la Fureur du Dragon, 1972 ; le Jeu de la mort, 1978).
Il a été remplacé depuis par Chang Cheh, David Chiang, Michael Hui, et Liu Jia Liang, devenu « superstar ». Bruce Lee avait été engagé par Raymond Chow, patron de l'une des Majors du Sud-Est asiatique, la Golden Harvest. Ces compagnies de production-distribution ont des filières à Singapour, en Malaisie, à Taiwan et aux Philippines. Elles développent de manière intensive les films de kung-fu et produisent des comédies, souvent élaborées et brillantes, qui intègrent des ballets ou des opéras, comme chez King Hu ou Samo Hong (le Fils prodigue, 1981).
En marge de cette production – environ 130 films par an –, des réalisatrices ont signé des œuvres beaucoup plus personnelles : ainsi Shu Shuen (l'Arche, 1968) et Ann Hui (le Secret, 1979 ; Boat people/Passeport pour l'enfer, 1982).

 
 
 
 

RAMSES II

 

Ramsès II


Cet article fait partie du dossier consacré à l'Égypte ancienne.
Troisième pharaon de la XIXe dynastie (1301-1236 avant J.-C.).
Le règne de Ramsès II se situe au début de la seconde moitié du Nouvel Empire (1580-1085 avant J.-C.), la dernière période de gloire et de prospérité de l'Égypte ancienne. À cette époque de l'histoire de l'humanité, l'Égypte est encore une grande puissance qui rayonne sur tout le Proche-Orient et qui, bien au-delà, mène une politique ouvertement expansionniste en Afrique et en Asie.
Un monarque guerrier

Fils de Seti Ier, Ramsès II est le troisième souverain de la XIXe dynastie, qui a pris le pouvoir vers 1314 avant J.-C., soixante ans après le règne d’Akhenaton. Les années troublées qui suivent directement celui-ci (règnes de Smenkhkarê, de Toutankhamon, de Aï) sont mal connues ; mais on sait que, vers 1339 avant J.-C., le général Horemheb, qui a su conserver l'intégrité des frontières de l'Empire menacé, est désigné comme roi par un oracle d'Amon ; il restaure l'Empire et l'État. Sans héritiers, il adopte pour successeur un général originaire, semble-t-il, de Tanis, Ramsès Ier, qui, très vite, associe son fils Seti Ier au trône. Avec cette dynastie de monarques guerriers, provenant des marches de l'Asie, la politique égyptienne devient résolument impérialiste, l'idéologie se fait violente : Amon rétablira par la terreur la domination du roi, qui sera « celui qui s'élance sur ses ennemis comme un lion terrible, qui entasse leurs cadavres auprès de leurs vallées, qui les renverse dans leur sang… ».
La lutte contre les Hittites

Quand Ramsès II monte sur le trône, la situation extérieure est de nouveau menaçante. Il y a un danger principal : le royaume du Hatti (peuplé par les Hittites, et constitué dans la région des plateaux de l'Anatolie actuelle lors des invasions indo-européennes du IIe millénaire avant J.-C.) et son actif souverain, Mouwattali. Une intense activité diplomatique a permis à celui-ci de nouer un réseau d'alliances en Asie Mineure, constituant ainsi un bloc de puissance politique rival du « groupe » égyptien ; de plus, à l'hégémonie économique de l'Égypte en Méditerranée, le Hatti oppose maintenant une politique concurrente en Égée, à laquelle la puissance mycénienne (succédant à celle de la Crète) donne une importance nouvelle ; les commerçants des îles égéennes se tournent naturellement vers le Hatti, installé sur les côtes occidentale et méridionale de l'Asie Mineure. La clef de cette double hégémonie est la Syrie et les ports phéniciens ; Ramsès et Mouwattali se préparent ouvertement à la lutte.
Ramsès, militaire avisé, installe ses bases et renforce ses armées. Il transporte d'abord sa résidence à Pi-Ramsès, à la frontière orientale de l'Égypte. Cette « remontée » de la capitale vers le nord est un fait important, tant du point de vue économique (en effet, les villes du Delta oriental, Tanis, Bubastis, Athribis, sont alors de grands centres commerciaux, et la nouvelle résidence du souverain se trouve ainsi au point de jonction des routes qui unissent le Delta aux ports syro-phéniciens et à la mer Rouge) que du point de vue politique (à la capitale religieuse sise à Thèbes, où le clergé d'Amon est puissant, s'oppose désormais une autre capitale, centre politique, éloignée de l'emprise cléricale) ; de plus, Pi-Ramsès (Tanis ? Qantir ?), aux frontières mêmes de l'Asie, prend figure de capitale d'Empire, mi-égyptienne, mi-asiatique (ainsi, le quartier oriental de la ville est consacré à la grande déesse-mère de l'Asie antérieure, Ishtar, et le quartier occidental à celle du Delta, Ouadjet). Cette décision répond avec évidence à un souci de politique impérialiste raisonnée, et a l'avantage d'offrir une base commode pour les opérations militaires.
Dans le même esprit, Ramsès II développe son armée. Aux trois divisions déjà existantes (placées sous le patronage des dieux Amon, Rê et Ptah), il en adjoint une quatrième, que protège Seth, dieu oriental (proche de Baal ou de Soutekh, guerriers asiatiques, et souvent assimilé à ceux-ci). Des troupes noires sont levées en Nubie (corps d'archers), et des mercenaires sont recrutés parmi les prisonniers de guerre (Shardanes, notamment). Dernière mesure de sagesse : des campagnes en Nubie et en Libye assurent la paix aux confins du sud et de l'ouest. Une guerre s'engage, qui va durer, suivant différentes phases, une vingtaine d'années.
Ramsès remonte jusqu'à l'Oronte et livre, devant Qadesh, une grande bataille connue grâce à des sources précises : notamment le Poème de Pentaour (reproduit sur plusieurs papyrus, copié en hiéroglyphes sur les murs des temples de Louqsor, de Karnak, d'Abydos) et le rapport officiel de la bataille (sculpté en bas reliefs, accompagnés de légendes, sur les murs de plusieurs sanctuaires : à Thèbes, Abydos, Abou-Simbel, entre autres). C'est une aventure héroïque : Ramsès II, déjà parvenu aux rives de l'Oronte, où l'attend Mouwattali près de Kadesh, ayant été trompé par de faux rapports d'espions (agents doubles) annonçant la retraite de l'armée hittite, précipite sa marche et franchit en partie le gué sur le fleuve, pour contourner la ville, et cela (rassuré qu'il est) sans prendre soin de couvrir ses flancs ; la division d'Amon a franchi la rivière, celle de Rê s'apprête à le faire, cependant que les divisions de Ptah et de Seth, à l'arrière, s'acheminent encore sur la route. Mais la trahison apparaît lorsque deux prisonniers hittites, interrogés… et bâtonnés, avouent la manœuvre perfide. Ramsès veut accélérer le regroupement de ses soldats, mais Mouwattali, qui a déjà massé ses 2 500 chars au bord du fleuve, fonce, coupe en deux l'armée égyptienne et pénètre, semble-t-il, jusque dans le camp de Ramsès. Celui-ci, guidé par Amon, réussit (d'après les textes égyptiens) l'héroïque exploit de rejeter, seul, l'ennemi en désordre : « Je t'invoque, ô mon père Amon ! Me voici au milieu de peuples si nombreux qu'on ne sait qui sont les nations conjurées contre moi, et je suis seul, aucun autre avec moi. Mes nombreux soldats m'ont laissé, aucun de mes charriers n'a regardé vers moi quand je l'appelais… Mais Amon vaut mieux pour moi qu'un million de soldats, que cent mille charriers, qu'une myriade de frères ou de jeunes fils… Amon surgit à mon injonction, il me tend la main, il pousse un cri de joie : "Face à face avec toi, Ramsès Meriamoun, je suis avec toi ! C'est moi ton père ! Ma main est avec toi… Moi, le fort, qui aime la vaillance, j'ai reconnu un cœur courageux…" Alors je suis comme Montou, de la droite je tranche, de la gauche je saisis… J'ai rencontré 2 500 chars, et, dès que je suis au milieu, ils se renversent devant mes cavales… ». Bataille confuse, en fait, à l'issue incertaine, mais qui arrêta la progression hittite vers le sud.
La lutte contre l'Assyrie

Deux ans après, Ramsès fait campagne en « Palestine », où Mouwattali a fomenté une révolte.
Une crise dynastique éclate au Hatti : Hattousili, frère de Mouwattali, prend finalement le pouvoir. Après une nouvelle démonstration militaire du souverain d'Égypte, qui remonte jusqu'à Tounip, Hattousili III semble manifester une volonté de paix. Un nouveau danger, commun, rapproche d'ailleurs, à ce moment, les deux souverains : Salmanasar Ier (Shoulmân-asharêdou), roi d'Assyrie, pénètre dans le Mitanni et porte sa frontière jusque sur l'Euphrate. Des ambassadeurs égyptiens et hittites établissent, vers 1278 avant J.-C., les bases d'un traité qui assure aux deux royaumes le partage de l'hégémonie, politique et économique, sur le monde asiatique. Le texte de ce traité est gravé en langue akkadienne sur des tablettes d'argile, déposé aux pieds des dieux Rê et Teshoub (ses garants), dans leurs sanctuaires respectifs à Pi-Ramsès et à Hattousa (l'actuel site de Boğazköy), et des copies sont sculptées, en hiéroglyphes, sur les murs du temple d'Amon à Karnak et sur ceux du Ramesseum. Il témoigne d'une alliance étroite entre deux rois égaux, alliance consolidée par des rapports personnels : visite du souverain hittite en Égypte, mariage de Ramsès avec une princesse hittite ( ?). Pendant cinquante ans, le Proche-Orient connaît la paix, que rend féconde un intense courant d'échanges culturels et économiques.
Mise en valeur du royaume et grandes réalisations architecturales

Ramsès emploie également ces années calmes à consolider son empire africain. La mise en valeur des mines d'or, la politique d'égyptianisation se développent encore. L'occupation, tout en se maintenant officiellement jusqu'à Napata (quatrième cataracte), semble n'avoir été effective que jusqu'à la deuxième cataracte. Cette région se couvre alors de magnifiques monuments : les plus célèbres sont les temples que Ramsès II fit tailler dans la montagne même, à Abou-Simbel (peu avant la deuxième cataracte) ; l'un est consacré à la triade Amon-Horakhty-Ptah, l'autre à la déesse Hathor ; c'est à même le roc également que sont sculptées les quatre statues assises colossales du souverain, lesquelles devancent la façade du grand temple, ainsi que les six hautes statues de Ramsès II et de la grande épouse royale Néfertari, qui encadrent l'entrée du temple d'Hathor.
Une extraordinaire activité architecturale marque d'ailleurs ce règne : achèvement de la grande colonnade de Karnak et du temple d'Amon-Mout-Khonsou à Louqsor, construction du temple funéraire, dit Ramesseum, à Thèbes, de l'Osireion à Abydos, notamment. Travaillant à ces constructions, des prisonniers de guerre et des populations ramenées en butin constituent un immense prolétariat (Phéniciens pour les constructions navales, Syriens dans les carrières, Hébreux briquetiers dans l'est du Delta). Ainsi, du cœur de l'Afrique aux rives de l'Oronte, d'innombrables monuments et documents attestent le prestige du souverain « élu de Rê, aimé d'Amon », souverain magnifique, nanti de cinq ou six grandes épouses et de nombreuses concubines, père de plus de 100 enfants royaux. Le luxe de la cour est sans précédent, qui fait dire que « à Thèbes, toutes les maisons regorgent d'or » (l'Odyssée, IV, 125).
Une fin de règne difficile

Mais la fin du règne est assombrie par des événements menaçants pour l'avenir. Au-delà des frontières, une double rupture de l'équilibre international entraîne la ruine de l'Empire : sur terre, la dynastie assyrienne s'installe définitivement sur l'Euphrate (la grande voie commerciale reliant l'Asie Mineure à Babylone), défait les Hittites, occupe Babylone même et contrôle désormais toute la Mésopotamie. Sur mer, l'expansion achéenne prend, dans la mer Égée et la Méditerranée orientale, des proportions considérables. Le Hatti fait front, Ramsès II, vieilli, ne fait rien et temporise. Son pouvoir est d'ailleurs sapé de l'intérieur par la formation inévitable d'une nouvelle classe militaire (conséquence de la création d'une armée de métier, dotée de bénéfices fonciers inaliénables), par le développement de la classe cléricale (l'hérédité sacerdotale s'implante, les terres des temples prennent allure de domaines seigneuriaux) et par des troubles démographiques (dus à l'accroissement de la main-d'œuvre étrangère).
À la mort de Ramsès II, en 1236 avant J.-C., Mineptah, son quatrième fils et successeur, doit affronter une situation dangereuse.
Une découverte archéologique, en 1995, a permis de mettre au jour les sépultures des femmes et enfants de Ramsès II ; il s'agit du plus vaste ensemble funéraire de la Vallée des rois.

 

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CLÉOPÂTRE

 

Cléopâtre


Cet article fait partie du dossier consacré à l'Égypte ancienne.
Nom de sept reines d'Égypte dont la plus célèbre fut Cléopâtre VII (Alexandrie 69 avant J.-C.-Alexandrie 30 avant J.-C.), reine de 51 à 30 avant J.-C., lors de la conquête romaine, fille de Ptolémée XII Aulète.
Héritière des Ptolémées, (Lagides) et dernière reine d’Égypte, Cléopâtre VII Philopator est l’une des figures féminines les plus connues de l’histoire. On lui prête un pouvoir de séduction hors du commun, qui ne doit pas éclipser le rôle déterminant qu’elle a tenu pour restaurer la grandeur de son royaume. Plus attachée à l'Égypte qu'aucun de ses prédécesseurs étrangers, Cléopâtre fut la première reine grecque à parler l'égyptien, à adopter certaines croyances pharaoniques et à vouloir rendre à l'Égypte la place qu'elle avait auparavant occupée pendant des siècles. Sa politique, traditionaliste à l'intérieur, audacieuse à l'extérieur, fut constamment soutenue par le peuple égyptien, dont elle avait renforcé le nationalisme et l'orgueil. Intelligente et ambitieuse, elle était, dit-on, d'une beauté remarquable qu'elle sut, à l'occasion, user comme atout dans son jeu politique.
L'avènement d'une reine

Cléopâtre, septième du nom – lequel signifie « la gloire de mon père » –, est issue d’une dynastie d'origine grecque, celle des Lagides, fondée par Ptolémée, fils de Lagos. Elle est la fille de Ptolémée XII Néos Dionysos Aulète, auquel elle succède à l'âge de 18 ans. Comme le stipule le testament de son père, elle partage le trône avec son frère cadet, Ptolémée XIII, qui est également son époux.
Lors de son accession au trône, la situation politique, économique et sociale de l'Égypte est catastrophique : impuissance et indifférence des gouverneurs, cupidité et ambition des administrateurs, indiscipline et exactions des fonctionnaires ont fait du royaume une terre livrée à l'anarchie et promise à une nouvelle colonisation. En raison de conflits qui éclatent entre la jeune reine et l'entourage de son frère, Cléopâtre recherche l’appui de Rome afin d'essayer de transformer une simple colonisation en une alliance au profit de Rome et de l'Égypte.
Cléopâtre prend le parti de Pompée dans la guerre qui oppose ce dernier à César parce qu’il était autrefois venu en aide à son père. Accusée par les partisans de son frère de comploter, elle doit prendre la fuite, afin de rassembler une armée. C'est dans ces circonstances que Pompée, qui vient d’être vaincu à Pharsale (48 avant J.-C.), arrive chez son allié pour reconstituer ses forces. Mais Ptolémée XIII le fait assassiner en pensant y gagner les faveurs de César, qui est lui-même entré en Égypte en poursuivant son rival.
César et le contrôle de l’Égypte

César, qui prétend réconcilier Cléopâtre et Ptolémée, les fait convoquer à Alexandrie. C’est alors que, selon la tradition, la reine, craignant d’être tuée par les sbires de son frère, arrive enroulée dans un tapis. Ébloui, César fit de Cléopâtre sa maîtresse et défendit ses droits à la couronne risquant ainsi sa vie et sa fortune pour cette jeune reine de 21 ans. En 47 avant J.-C., il fit d’elle l’unique souverain de l’Égypte après avoir maté la révolte d’Alexandrie, fomentée par l’eunuque Pothin, conseiller de Ptolémée XIII, qui trouve la mort en se noyant dans le Nil. Mariée à son frère Ptolémée XIV, âgé de 12 ans, Cléopâtre entreprend néanmoins une croisière sur le Nil en compagnie de César. C’est à ce dernier qu’on attribue la paternité de l’enfant qu’elle met au monde Césarion, le futur Ptolémée XV. Après le retour triomphal de César à Rome, durant l'été 46 avant J.-C., elle vient le rejoindre avec son fils, qui représente pour elle un atout politique majeur, car César, n’ayant pas de descendant, reconnaît effectivement Césarion pour fils et fait de lui son héritier présomptif. L’assassinat de César, en mars 44 avant J.-C., réduit à néant les espoirs de Cléopâtre, qui retourne alors en Égypte.
Antoine et l'Empire romain d'Orient

Ptolémée XIV meurt en 44 avant J.-C. à Rome et Césarion (Ptolémée XV) monte sur le trône à l'âge de 3 ans. Après avoir châtié les assassins de César, le triumvir Marc Antoine commence une tournée en Orient et, en 41 avant J.-C., convoque Cléopâtre à Tarse, en Cilicie. La reine s’y rend sur un navire paré d’une poupe en or et d’avirons en argent. Antoine, devenu maître de l’Orient s’éprend, à son tour, de Cléopâtre, en même temps que des fastes de l’Égypte. Tous deux menèrent alors ce que Plutarque a appelé « la vie inimitable », vie de douceurs, de fêtes et de festins. Cependant, le pacte scellé avec Octave – le futur Auguste – l’oblige à repartir pour épouser Octavie, la sœur de ce dernier.
Cléopâtre, qui a donné naissance à des jumeaux, Alexandre et Cléopâtre, se retrouve isolée. En 37 avant J.-C., à la demande d’Antoine qui a entrepris une expédition contre les Parthes, elle le rejoint à Antioche. Un troisième enfant, Ptolémée Philadelphe, naît l'année suivante. Mais la guerre contre les Parthes tourne mal. Antoine est obligé de passer en Arménie. De retour à Alexandrie, il peut célébrer son triomphe, mais il soulève alors l'indignation à Rome, car aucun triomphe n’a encore jamais eu lieu hors de la Ville.
Cet épisode est exploité par la propagande d’Octave, qui redouble de vigueur au moment où Antoine confère à Cléopâtre le titre de « reine des rois » et à Césarion celui de « roi des rois », qui pourrait un jour lui permettre de revendiquer l'héritage de César. Quant aux enfants d’Antoine et de Cléopâtre, ils sont nommés « rois » et reçoivent des territoires. Même si Antoine ne revêt pas le diadème royal, on le soupçonne à Rome d’aspirer à la royauté et de vouloir faire d’Alexandrie sa capitale. La répudiation d’Octavie met le comble à l’opprobre. Antoine ayant donné à Cléopâtre la Phénicie, la Syrie, une partie de la Cilicie, Chypre et l'Arabie des Nabatéens, Octave s’empare alors du testament d'Antoine, déposé dans le temple de Vesta, et fait lire au Sénat ses dernières volontés, qui stipulent que son corps devra être transporté à Alexandrie et remis à Cléopâtre. Endossant l’habit du défenseur de Rome, il obtient du Sénat de décréter la guerre, tout en biaisant pour qu'il ne la déclare qu’à la seule Cléopâtre.
Octave et le sacrifice d'une reine

À la tête de sa puissante flotte, Antoine fait voile vers le golfe d’Ambracie, au nord-ouest de la Grèce, mais il est stoppé par Octave et son général Agrippa. Renforcé par une soixantaine de navires égyptiens, il tente une manœuvre qui échoue face au promontoire d’Actium (2 septembre 31 avant J.-C.). Cléopâtre et Antoine ont quitté la bataille, peut-être pour rallier Alexandrie avec le plus grand nombre possible de vaisseaux. Toujours est-il que, se sentant abandonnées, l'armée de terre puis la flotte d’Antoine se livrent à Octave, qui peut entrer dans Alexandrie le 1er août 30 avant J.-C.
Antoine, qui s’est donné la mort par le glaive, croyant avoir été trahi par Cléopâtre, expire à ses côtés à Alexandrie. Octave veut s’emparer de la reine vivante, mais, quand celle-ci qui cherche sa clémence apprend qu’il va l’exhiber lors de son triomphe, elle se fait apporter un panier de figues contenant un serpent venimeux (un aspic) et y plonge la main. Ainsi la reine échappe à l'humiliation du triomphe romain. Surmontant le dépit que lui cause sa mort, Octave ordonne qu’elle soit inhumée avec Antoine. Peu après, il fait assassiner Césarion. Le royaume de Cléopâtre devient alors une province romaine dont l'importance pour l’Empire ne s’est pas démentie.
La reine fatale devenue mythe

On connaît le mot de Blaise Pascal : « Le nez de Cléopâtre : s'il eût été plus court, toute la face de la terre aurait changé » (Pensées, 162). La reine, telle que la montrent les pièces de monnaie qui nous sont parvenues, est tout sauf idéalisée. Elle porte un large diadème, sur des cheveux qui sont tressés et noués en chignon ; elle a le nez en fait plutôt long et busqué, le front bombé et le menton légèrement en galoche. Plus que sa beauté elle-même, on loua dès l’Antiquité sa voix musicale, son esprit éclairé et sa culture raffinée.
Comme nulle autre, peut-être, Cléopâtre sut user de ses charmes à des fins politiques. En attirant à elle César puis Antoine, qui l’aimèrent à la folie, elle fit trembler Rome. Maretrix regina (« reine courtisane ») s’écriait le poète Properce au nom de tous ceux qui lui vouaient une haine inexpiable parce qu’ils redoutaient qu’on en vînt à substituer Osiris à Jupiter si Cléopâtre l’avait emporté à Actium.

 

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