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ROME ANTIQUE |
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Rome antique (des origines à 264 avant J.-C.)
Parmi la poussière de cités et de petits États de l'Italie primitive, un village de pasteurs du Latium, Rome, prend un départ modeste au viiie siècle avant J.-C., jusqu’à l’arrivée de rois étrusques qui la transforment au vie siècle en une cité-État. Après s’être transformée en république au début du ve siècle, celle-ci développe sa domination sur les territoires avoisinants, jusqu’à contrôler toute l’Italie antique en 264 avant J.-C.
1. Les origines de Rome
1.1. La légende des origines
Une tradition discutée
Pendant deux millénaires, les historiens ont répété la même histoire : celle d'une ville fondée par Romulus et Remus, jumeaux fils d'une vestale et du dieu Mars, allaités par une louve, et d'une lointaine origine troyenne par Énée, venu en Italie après la ruine de Troie. Mais la conviction des auteurs n'était pas absolue sur ces traditions. Déjà Tite-Live (59 avant J.-C.-17 après J.-C.) reconnaissait dans son Histoire romaine que certains récits ne lui paraissaient être que des racontars.
Il fallut attendre le xxe siècle pour repousser résolument ces légendes, puis pour revenir sur cette position et reconnaître qu'elles n'étaient pas entièrement dénuées de fondement.
La formation d'une légende
On s'est aperçu que la légende des origines troyennes remontait à une haute époque, le vie siècle avant J.-C. Énée était alors connu en Étrurie. Un temple qui lui était consacré a été retrouvé dans la banlieue romaine. Des rapprochements entre l'organisation classique en Troade (pays de Troie, dans l’actuelle Turquie) et celle des bords du Tibre ont été faits. On peut penser que soient restées dans les mœurs comme dans les souvenirs les traces d'une immigration d'origine orientale à une date reculée – immigration à rapprocher de celle qui est supposée avoir été accomplie par les Étrusques.
L'histoire de Romulus et Remus, elle, a pris forme au plus tôt au ive siècle avant J.-C. Un auteur grec faisait de Romulus le fils d'Énée. Mais son nom relève de l'onomastique étrusque. Le héros aurait tracé à la charrue les limites de la fondation de Rome sur le Palatin, l'une des « sept » collines : c'était la Roma quadrata. Les calculs des anciens les amenèrent à déterminer la date de cette fondation. D'hypothèse en hypothèse, celle de 753 avant J.-C. reçut la consécration de l'usage.
1.2. Les apports de l'archéologie
Des débuts modestes
Les fouilles du xxe siècle ont permis de préciser la chronologie des premiers temps de Rome sans anéantir totalement les données de la tradition. La datation de l'occupation des collines correspond sommairement à la chronologie traditionnelle, si l'on veut bien s'en tenir à des époques et non à des dates précises. Certes, il existe des vestiges bien plus anciens, qui remontent au IIe millénaire avant J.-C. Mais, sur le Palatin, des traces de cabanes, aux poteaux enfoncés dans le rocher, sont restées visibles : au viiie siècle avant J.-C., deux villages existaient du côté de l'emplacement plausible de la fondation légendaire. Les bas des collines étaient occupés, ici et là, par des nécropoles, dont certaines urnes reproduisent la forme des cabanes.
Un groupe de villages
Les villages du Palatin pourraient s'être réunis en une seule agglomération vers le viie siècle. Les populations étaient latines, ni plus ni moins que dans la cité voisine d'Albe, sans qu'on puisse affirmer l'antériorité ou la domination d'Albe sur Rome, pas plus que l'inverse. On sait peu de choses des autres collines, connues surtout par les nécropoles qui les flanquaient. Il semble ainsi qu'il y ait eu un village sur le Caelius, moins sûrement sur le Quirinal. Le Capitole ne fut pas occupé avant le vie siècle avant J.-C. L'Esquilin, lui, fut habité par une population différente, guerrière et pastorale. Ces données nous éloignent apparemment de la Rome unique de la légende.
1.3. La dualité Sabins-Romains
Louis David, les Sabines arrêtant le combat entre les Romains et les Sabins
Louis David, les Sabines arrêtant le combat entre les Romains et les Sabins
La légende fait aussi état de l'enlèvement des Sabines par les Romains jusque-là dépourvus de compagnes, d'une guerre qui s'ensuivit et d'une fusion des peuples sabin et romain. Les Sabins de Rome demeurent une énigme. Selon la tradition, ils auraient occupé le Capitole et le Quirinal, face aux Romains du Palatin, de l'Esquilin et de leurs abords. Mais on pourrait aussi les assimiler aux guerriers de l'Esquilin. En tout cas, Rome apparaît alors comme une agglomération double, composée d'au moins deux éléments ethniques.
En fait, les choses ne sont pas si simples, car ni les Latins ni les Sabins ne semblent avoir formé des groupes homogènes. Cela rejoint fort bien la description traditionnelle d'un ramassis de brigands amenés là par Romulus. Une chose semble à peu près sûre : la population a dû s'accroître rapidement : les cabanes se répandent au pied des collines, comme à l'emplacement du futur Forum, où, vers 650 avant J.-C., elles succédent aux tombes.
2. La Rome royale (viiie-ve siècle avant J.-C.)
2.1. La royauté avant les Étrusques
Pour les Anciens, la Rome primitive était gouvernée par des rois. Les premiers d'entre eux, Romulus, Numa Pompilius, Tullus Hostilius et Ancus Martius, paraissent entièrement légendaires. Les historiens latins eux-mêmes reconnaissent combien la tradition paraît ici fantaisiste. Elle n'est pourtant pas dénuée de sens.
Les premiers rois de la légende
Romulus dote Rome d'un sénat, divise la population en trente curies, lui donne des institutions, une organisation militaire, avant de disparaître mystérieusement et d'être honoré par assimilation au dieu Quirinus. C'est un Sabin, Numa Pompilius (vers 715-vers 672 avant J.-C.), qui lui succéde ; roi pacifique, pieux et législateur, conseillé par la nymphe Égérie, il donne à Rome son organisation religieuse. Vient ensuite Tullus Hostilius (vers 673-640 avant J.-C.), roi guerrier qui dote Rome de son organisation militaire ; il lutte contre Véies et, après avoir conquis et détruit Albe la Longue (épisode du combat des Horaces et des Curiaces), transfère sa population à Rome. Enfin, toujours selon la tradition légendaire, le Sabin Ancus Martius (640-616 avant J.-C.) agrandit Rome : il fait jeter sur le Tibre, en face du mont Janicule, le premier pont de la ville, le pont Sublicius, bâtit l'aqueduc de l'Aqua Martia, et fait creuser, sous le Capitole, la première prison de Rome. Enfin, il fonde le port d'Ostie, à l'embouchure du Tibre.
Quelques certitudes historiques
Les rois semblent avoir été imaginés, Romulus comme les autres, assez tardivement. Dans leur histoire et dans leur rôle, l’historien Georges Dumézil voit les manifestations d'une mythologie primitive. Mythologie ou pas, rien ne semble les rattacher à des faits réels. Leur légende paraît plutôt s'être constituée et enrichie à partir de sites familiers : la cabane de Romulus, le figuier sacré sous lequel il fut allaité, etc. Les événements d'époque dont l'existence paraît admissible sont limités : ce sont la colonisation de la campagne romaine et la destruction de la ville d'Albe. Là apparaissent les liens entre Rome et une ligue latine à laquelle elle appartenait, ce qui exclut qu'elle ait été une bourgade différente des autres. Cette ligue, unie par un lien religieux, passe de la direction albaine à celle de Rome.
2.2. Pouvoir et société
Des familles aux tribus
La famille, sous l'autorité absolue du paterfamilias, faisait partie du groupement plus vaste de la gens, qui réunissait toutes les familles apparentées et reliées par une communauté de nom propre, ou « gentilice ». La gens, était le cadre de cultes privés comme de liens de dépendance, un peu analogues à ceux de la vassalité, entre un patron et des clients ; ceux-ci, protégés, portaient eux-mêmes le nom de la gens, et pouvaient être des colons ou des soldats du patron. L'ensemble du peuple se groupait en trois tribus qu'on a crues longtemps être trois groupes ethniques, où G. Dumézil voit trois fonctions sociales et dont le caractère territorial est peut-être prédominant.
Les premières institutions
Chaque tribu se divisait en dix curies, dont l'assemblée, ou comices, avait un rôle politique incertain. Elle était en fait dépendante du sénat, composé de chefs de famille, en nombre très limité, désignés sans doute par les comices, puis plus tard par le roi. Face au roi, les pouvoirs du sénat sont, eux aussi, difficiles à estimer : tout-puissant selon certains historiens ou simple conseiller d'un monarque absolu, à n'en juger que par l'étendue de ses attributions religieuses.
Le pouvoir royal, l'imperium, était d'essence religieuse : sa force divine était vérifiée par le cérémonial d'investiture, et c'est elle qui valait au candidat, nullement héréditaire, d'être reconnu. En fait, le roi n'était pas élu, mais recherché comme susceptible d'être agréé par Jupiter. Il annonçait au peuple les jours du calendrier, ceux qui étaient fastes ou néfastes, ceux qui étaient fériés ou non. La justice s'adaptait à cette conception : religieuse elle-même, elle était rendue par le roi les jours fastes. Mais l'étendue du pouvoir juridique royal, qui rencontrait celui des gentes, est inconnue.
2.3. Les rois étrusques (vie-ve avant J.-C.)
Une historicité plus assurée
On s'accorde aujourd'hui à considérer que, vers 575 avant J.-C., Rome tomba sous la domination des Étrusques : événement longtemps occulté tant l'historiographie antique se refusait à avouer cette honteuse sujétion. Le fait coïncide avec une évolution de la monarchie : aux sages législateurs succéderaient des rois violents et tyranniques, qui négligent les avis du sénat. Le calendrier est remanié par incorporation de fêtes étrusques, et le caractère sacré du roi s'amplifie, allant jusqu'à l'assimilation de celui-ci à Jupiter. Les attributs classiques du roi sont d'origine étrusque : licteurs qui l'escortent , armés de faisceaux (verges) et d'une hache, chaise curule aux pieds en X, vêtement bariolé (peint ou brodé), sceptre et couronne. La tradition ne connaît que trois rois, Tarquin l'Ancien (616-579 avant J.-C., Servius Tullius (578-535) et Tarquin le Superbe (vers 535-vers 509). Cette chronologie des anciens a été décalée par les historiens de 35 à 40 ans vers le présent. L'enchaînement réel des règnes est inconnu, bien que ces souverains paraissent avoir eu une existence historique.
Portée symbolique des règnes
Tout semble se présenter comme si la dynastie des Tarquins, originaire de la cité étrusque de Tarquinia, avait été un moment interrompue par la venue d'un aventurier arrivé de Vulci, Servius Tullus, qui aurait pratiqué une politique différente, laissé en suspens les grands travaux des Tarquins (assainissement du Forum par drainage, temple du Capitole) pour se consacrer à des questions d'ordre militaire : construction du rempart, réorganisation de l'armée des citoyens. La constitution servienne distribue les droits politiques et les rôles militaires en fonction du capital (cens) possédé par les intéressés ; cette évolution, qui fait songer à l'œuvre des législateurs grecs contemporains, répond aux aspirations des patriciens, représentants des familles les plus influentes et débouche sur une armée bien équipée, composée de la légion des fantassins et d'une cavalerie de recrutement aristocratique. En cela, Servius Tullius agit différemment des Tarquins, qui, eux, s'appuient sur la plèbe.
2.4. Aspects de la Rome royale
Des villages rudimentaires
Les cabanes primitives, de forme ronde ou ovale, puis de plus en plus, rectangulaire et au toit conique, s'appuyaient sur des pieux fichés en terre. Les parois combinaient le jonc ou la paille et l'argile. La porte était pourvue d'une grosse serrure. Le mobilier se réduisait à l'époque la plus reculée à une céramique noire de fabrication locale, à quelques outils de bronze et à quelques objets d'importation. À cela s'ajoutent ensuite des fourneaux de terre cuite, des meules à bras, des vases d'origine grecque et des instruments de fer. Dès le viie siècle avant J.-C., on utilise l'écriture, dont des reliques en caractères grecs nous ont conservé les mots latins les plus archaïques. Les agglomérations s'entourent de ce qui est plus une clôture qu'un rempart.
Des villages à la ville
Sous la domination étrusque, les choses changent : d'une agglomération de hameaux, Rome se transforme en une ville. Les vallons sont réellement occupés. L'assèchement, puis le pavage du Forum donnent déjà à celui-ci son aspect de place publique. On bâtit des maisons de pierre avec des toits de tuile, un cirque (le Circus Maximus), les boutiques du Forum, des temples ornés de terres cuites à la mode étrusque, dont celui de la Fortune, retrouvé au Forum boarium (« marché aux bœufs »), et celui de Jupiter, Junon et Minerve, au Capitole. Cette apparence urbaine est accentuée par l'afflux de population d'origine étrusque : commerçants, techniciens, qui participent à ces grands travaux. Une petite rue, le Vicus tuscus, garde dans son nom le souvenir de ces Toscans, dont la venue, si elle contribua à l'alphabétisation de Rome, ne détrôna pas la langue latine.
Pour en savoir plus, voir l'article latin.
3. Les débuts de la République
3.1. Fondation de la République
À la date traditionnelle de 509 avant J.-C., les Romains chassent les rois et fondent leur république. Derrière cette donnée apparemment simple se cachent divers bouleversements dont la coïncidence chronologique n'est pas évidente.
La fin de la royauté
Il apparaît que la fin de la domination étrusque se situerait plutôt vers 475 avant J.-C. Cela n'empêcherait pas la monarchie d'avoir été, éventuellement, renversée plus tôt au profit de magistrats élus : un certain nombre des plus anciens consuls portent des noms étrusques. Sur la révolte même, on en est réduit à des hypothèses : révolte latine, où Rome aurait pris une part modeste ; intervention de montagnards sabins ; révolte des autres Latins, qui auraient subi jusqu'alors la domination de la Rome étrusque. Les traces archéologiques de la culture étrusque à Rome disparaissent vers 480-460 avant J.-C., mais c'est là peut-être un indice de déclin et non de départ des maîtres étrusques. L'annalistique romaine aurait conservé la date de 509 avant J.-C. parce que c'était celle de la dédicace du temple du Capitole et qu'il fallait le désolidariser du souvenir de la présence étrusque.
Les premiers magistrats
L'origine des magistratures romaines est très floue. Il semble que certaines d'entre elles aient préexisté à la disparition de la monarchie. Le pouvoir aurait été aux mains d'un préteur suprême, assisté d'un collège de préteurs. Puis une mutation leur substitue deux consuls, égaux en pouvoir et ne pouvant rien faire l'un sans l'autre. La présence de ce double pouvoir laisse soupçonner des factions ou des groupes antagonistes, équilibrés en force.
Pour en savoir plus, voir les articles consulat, magistrat.
3.2. Patriciens et plébéiens
Deux forces mal identifiées
Patriciens et plébéiens, qui apparaissent sans cesse dans l'histoire ancienne de la République, semblent représenter les querelles intérieures. Il serait facile de dire que le patriciat englobait les vieilles familles, mais il est prouvé que des familles plébéiennes sont aussi anciennes. Les patriciens peuvent être les descendants des premiers sénateurs, qui se sont constitués en un cercle fermé à l'époque de la chute des rois. La distinction entre patriciens et plébéiens peut être également religieuse – les patriciens auraient été, à l'origine, seuls à détenir le droit aux auspices – ou encore militaire : les patriciens seraient issus de la noblesse à cheval du temps des rois. La plèbe, elle, serait constituée de ces gens infiltrés à Rome sous la domination étrusque, occasionnellement étrusques eux-mêmes et surtout citadins. Elle pourrait encore être constituée par une ethnie locale très ancienne.
Deux forces antagonistes
L'antagonisme entre patriciens et plébéiens est un fait tardif, qui prend naissance après la chute de la royauté. Parmi les premiers consuls, certains sont plébéiens. Puis les consuls deviennent tous patriciens, comme si la caste monopolisait le pouvoir pendant quelques années. Les plébéiens, pour leur part, se retirent à deux reprises sur le mont Aventin, en armes et avec tous les éléments d'un État : leur assemblée (concilium plebis), leurs magistrats (tribuns de la plèbe et édiles), leurs dieux (Cérès, Liber et Libera), dont le temple est établi au pied de l'Aventin. Les magistrats plébéiens bénéficient d'une inviolabilité d'origine à la fois religieuse et guerrière. Ils vont toutefois, par la suite, s'insérer dans les rouages constitutionnels et perdre leur caractère insurrectionnel.
La loi des Douze Tables (vers 449 avant J.-C.)
Au milieu du ve siècle avant J.-C., la liste des consuls, les fastes consulaires, s'interrompt pour laisser place pendant deux ans à un groupe de dix hommes, les décemvirs investis du pouvoir consulaire et chargés, en outre, de rédiger des lois. Avant de sombrer dans la tyrannie et d'être renversés, ceux-ci accomplissent la mémorable œuvre législative connue sous le nom de loi des Douze Tables, dont il ne reste que quelques fragments. C'est une législation débarrassée de ses éléments religieux et influencée par la Grèce. Elle met fin à des traditions coutumières dont la connaissance était peut-être un privilège. Elle est censée assurer l'égalité entre patriciens et plébéiens, mais interdit toutefois les mariages mixtes. Elle pourrait bien avoir été remaniée au ive siècle ou au iiie siècle avant J.-C.
L'ascension de la plèbe
La plèbe ne s'en trouve pas moins confrontée au problème de la conquête ou de la reconquête de sa part de pouvoir effectif. Le droit de veto dont disposent ses tribuns lui permet d'enrayer la machine politique et d'arracher peu à peu des lois favorables. Les lois dites « liciniennes » (367 avant J.-C.), allégeant les dettes, réglementant l'utilisation des terres appartenant à la collectivité (ager publicus), rétablissant le consulat – disparu quelque temps –, à condition qu'un des consuls soit plébéien, témoignent à la fois des troubles du moment et de la victoire de la plèbe (367 avant J.-C.). L'ascension des leaders plébéiens comme l'effondrement de la résistance patricienne donnent naissance à une classe dirigeante commune, une noblesse (nobilitas) où le jeu de rivalités embrouillées entre familles va devenir la règle. Après le consulat, les autres magistratures deviennent accessibles à tous, du moins à tous ceux qui ont la fortune et l'influence, c'est-à-dire, à un nombre très restreint.
3.3. L'aménagement des institutions
Les comices
L'ensemble du peuple dispose des assemblées que sont les comices : comices curiates, remontant à l'époque royale, mais vite dépourvus de pouvoir effectif ; comices centuriates, représentant le peuple dans son organisation militaire, élisant les magistrats, votant les lois et jugeant en appel ; comices tributes (→ comices), enfin, inspirés ou émanés du concilium plebis, dont le rôle politique va croissant, aux dépens des précédents, et dont l'organisation se fonde sur la répartition territoriale entre tribus urbaines et rustiques.
Les magistrats
Limités à un pouvoir annuel, les deux consuls exercent leur pouvoir à tour de rôle, l'un à Rome, et l'autre au loin. Héritiers du pouvoir des rois, ils en ont la marque juridique et vaguement religieuse, l'imperium. Les préteurs, réapparus en 367 avant J.-C., aux attributions judiciaires, sont également pourvus de l'imperium. Un autre pouvoir, la potestas, est le propre des autres magistrats. Les deux censeurs, qui recensent les citoyens et les classent selon leur fortune, sont élus pour dix-huit mois tous les cinq ans. Les tribuns de la plèbe, dont le nombre se stabilisera à dix, défenseurs sacro-saints de la plèbe (potestas sacro sancta), possèdent de vastes droits de veto politique et de protection ; leurs fonctions s'alignent peu à peu sur celles des magistratures. Les édiles de la plèbe et les édiles curules se consacrent à l'administration quotidienne de la ville, et les vingt questeurs sont des trésoriers.
Le sénat
Ancien conseil du roi, le sénat, conservé, finit, lui aussi, par ouvrir ses portes à la plèbe, car son recrutement est assuré parmi les anciens magistrats. Ses membres, les pères conscrits (patres conscripti), sont les dignes représentants de cette oligarchie républicaine. Sans pouvoir officiel, le sénat aura cependant durant des siècles une immense influence et représentera, face au défilé des consuls, l'élément stable du gouvernement.
4. Rome face à l'Italie
L'histoire de Rome est une histoire de conquêtes défensives puis offensives. Elle commence par des querelles de voisinage.
4.1. Des adversaires multiples (499-341 avant J.-C.)
Les Latins
Il existe une confédération de trente cités latines, qui déborde d'ailleurs du Latium. En son sein, les cités se disputent, et il ne faut pas s'étonner si, selon les moments, Rome est alliée aux Latins ou s'oppose à eux. Les premières colonies mentionnées (Norba, Cora) sont l'œuvre des Latins ; Ostie, la première colonie romaine, est créée seulement vers 335 avant J.-C. Les chefs militaires de la confédération (ou ligue) sont des dictateurs, occasionnellement romains – ce qui permettra aux historiens anciens de faire état d'une hégémonie romaine. Les Latins se serrent les coudes contre les descentes des peuples montagnards et pasteurs de l'Apennin (→ Sabelliens). Mais ils se retournent aussi contre Rome, à la suite de l'expulsion des Tarquins, en tentant de restaurer ceux-ci. Rome l'emporte à la bataille du lac Régille (entre 499 et 496 avant J.-C.) et conclut une alliance qui lui donne une position supérieure à celle de simple État confédéré.
Véies
La voisine étrusque qu'est Véies est longtemps l'objet d'une hostilité tenace. Les deux villes se querellent à propos des salines côtières, des bois, des points de passage du Tibre. Maints combats ont été enjolivés par les annalistes, qui leur ont donné un air d'épopée. Véies serait tombée au bout d'un siège de dix ans, en 396 avant J.-C. après avoir été l'occasion des prouesses des 306 Fabii et du dictateur Camille (M. Furius Camillus). Celui-ci va se distinguer de nouveau lors de l'invasion gauloise.
L'invasion des Celtes
Les Celtes, venus des régions danubiennes et déjà installés dans la plaine du Pô, descendent dans la péninsule, rencontrent les Romains à la bataille de l'Allia, tout près de Rome, les battent, et occupent presque toute la ville vers 390-386 avant J.-C. Le soutien accordé à Rome par Caere (→ Cerveteri), qui fait un massacre de Gaulois, vaut aux Caerites des privilèges juridiques.
4.2. L'extension de la puissance romaine
Une cité désormais fameuse
Rome doit ensuite se consacrer à sa reconstruction. À la panique de la guerre a succédé une période de troubles intérieurs dont la plèbe sait tirer parti. En ce ive siècle avant J.-C., Rome fait figure de grande ville auprès des cités étrusques, déjà décadentes. Sa puissance maritime commence à se manifester : des traités d'alliance ont été conclus avec l'autre puissance en Méditerranée occidentale, Carthage, à une époque ancienne, en 348 avant J.-C., ou peut-être même beaucoup plus tôt, dès 509.
L'armée romaine
La légion romaine primitive a quadruplé au cours du ive siècle avant J.-C. Toujours constituée comme une milice de soldats-citoyens, elle reflète les distinctions sociales : les hastati, les principes et les triarii forment les trois rangs successifs de l'ordre de combat, inégalement équipés. Les hommes sont groupés en unités appelées centuries et manipules. Les armes offensives sont le javelot, la lance et l'épée. Les conflits italiques permettent de faire de cette armée, dont la conception est influencée par l'expérience grecque, un instrument efficace. La guerre est alors impitoyable, sans merci : le vaincu est souvent réduit en esclavage, exposé avec le butin dans ce cérémonial plus guerrier que religieux dont est honoré le général vainqueur : le triomphe.
4.3. La conquête de l'Italie
C'est un enchaînement de fatalités qui fait de Rome, presque malgré elle, une grande conquérante. Les hasards des querelles italiques l'entraînent d'une guerre vers une autre. La conception romaine de l'alliance sur un pied inégal avec les autres villes fait entrer ses alliés dans l'orbite de sa domination presque aussi sûrement que la victoire militaire. Après quoi, Rome se trouve amenée à épouser les problèmes politiques des pays qui sont sous sa tutelle, et ce d'autant mieux que ces pays sont de plus en plus représentés à Rome même, où Campaniens et Sabelliens s'infiltrent dans les rangs de l'aristocratie. L'histoire du ive siècle avant J.-C. est aussi ponctuée d'apparitions des Gaulois dans la péninsule. Ceux-ci paralysent souvent les Étrusques et facilitent ainsi les progrès de Rome. Celle-ci s'accorde avec certains peuples et se brouille avec d'autres.
Les guerres samnites (343-290 avant J.-C.)
En 343 avant J.-C., les habitants de Capoue en Campanie appellent Rome à l'aide contre les montagnards samnites. Elle intervient, puis, à l'instigation du parti samnite dans la ville, change d'alliance et se tourne, avec les Samnites, contre les Latins et les Campaniens. Chacune des cités du Latium est traitée séparément, tantôt recevant le droit de cité romaine sans droit de vote, tantôt seulement une alliance. Il en résulte que les Latins vont grossir l'effectif des légions. Le sort fait à Capoue, dont une partie des terres est confisquée, mais dont les chevaliers deviennent citoyens romains, permet de supposer une entente entre aristocratie romaine et aristocratie capouane contre les progrès de la plèbe. Rome poursuit sa colonisation, fondant Antium (Anzio) et Anxur (Terracina). Au cours d'une deuxième guerre samnite (326-304 avant J.-C.), l'armée romaine est écrasée dans le ravin des fourches Caudines (321avant J.-C.) : les soldats vaincus doivent se prêter au cérémonial humiliant du défilé sous le joug. Lors de la troisième guerre (298-290 avant J.-C.), les Romains triomphent enfin à Sentinum (vers 295 avant J.-C.) d'une coalition de Gaulois, de Samnites, d'Ombriens et d'Étrusques, financée par Tarente. Entre-temps, Rome a soumis divers peuples montagnards et envahi l'Étrurie.
La guerre contre Tarente (282-272 avant J.-C.)
Maîtresse de l'Italie centrale et parée d'une gloire générale à la suite de Sentinum, Rome est appelée à l'aide par la cité grecque de Thourioi, pressée par les montagnards lucaniens. C'est l'occasion d'établir quelques garnisons en Italie du Sud, au-delà de la ligne de démarcation fixée avec Tarente en 302 avant J.-C. Un incident provoque la guerre avec cette dernière, qui fait appel à un capitaine célèbre, Pyrrhos, roi d'Épire, en Grèce du Nord-Ouest. Après quelques victoires, Pyrrhos est battu à Bénévent (275 avant J.-C.), et Tarente tombe (272 avant J.-C.). Les Grecs de tout le monde hellénistique prennent alors conscience de la puissance romaine.
L'organisation de la conquête
La possession de la péninsule par un maître unique résout une partie des problèmes agraires existants, au moins au profit des Romains. La colonisation donne à ceux-ci de nouvelles terres, assure leur domination, sans négliger la surveillance des côtes (colonies maritimes). Les montagnards, désireux de ravager les terres des agriculteurs de la plaine, doivent se limiter aux parcours coutumiers. Le sort des villes demeure varié, car Rome, malgré sa domination, respecte les institutions originales des cités, même si leur pouvoir est désormais nul. Rome demande des hommes et de l'argent, selon des modalités diverses : service des citoyens ou des contingents alliés, tribut (impôt direct des citoyens), vectigal (impôt sur certaines terres), prestations en nature, douanes. En revanche, les effets du régime romain vont assurer le loyalisme d'une grande partie de l'Italie – la paix sociale, la paix entre les peuples, la paix sur mer, une condition politique et juridique souvent avantageuse – et fournir des instruments économiques : les premières artères du réseau des voies romaines.
5. La civilisation au début du iiie siècle avant J.-C., entre tradition et évolution
5.1. L'environnement matériel
Un quotidien rudimentaire
Les mœurs des Romains évoluent lentement. Il reste encore à ceux-ci encore l'essentiel de leur rusticité ancestrale : nourriture sobre de lait et de galettes, usage de vases grossiers, habillement constitué de la toge – qui n'est qu'un grand drap de laine incommodément drapé –, mentalité de paysans rudes et avaricieux.
La monnaie, indice d'évolution
Le monnayage romain commence seulement au début du iiie siècle avant J.-C. À l'origine, la tête de bétail tenait lieu d'unité de valeur : les amendes se formulaient en bœufs et en moutons. Puis vient le lingot de bronze : les lois du ve siècle avant J.-C. fixent des équivalences entre animaux et métal. Le lingot marqué d'un taureau évoque cette relation. Enfin, la guerre en Italie du Sud nécessite le monnayage d'argent : didrachme frappé pour Rome en Campanie. La monnaie de bronze, initialement lourde, est l'as, qui pèse une livre, en attendant les dévaluations qui vont l'amener au sixième de livre. L'apparition de la monnaie est le produit tout à la fois d'une ouverture économique et des problèmes financiers provoqués par les guerres.
5.2. La religion
Un socle primitif
La religion a encore tout son caractère primitif, dépendant d'une mentalité prélogique, attachée aux tabous, aux totems et aux fétiches, encore que certains cultes primitifs aient disparu à l'époque historique (→ Cacus, Pomone). Des dieux président à tous les moments de la vie, à tous les phénomènes ou objets de la nature. Ils sont des forces invisibles (numina) dont on sent particulièrement la présence dans les bois sacrés. Jupiter, dieu de la Foudre, est adoré sous la forme d'une pierre ou d'un arbre. Les serpents sont des gardiens domestiques, et les oiseaux des messagers divins. Le culte des morts s'ajoute à celui des protecteurs du foyer (lares et pénates). Le culte, qui est l'affaire de tous, des pères de famille comme des magistrats, et pas seulement des flamines, des augures, des pontifes et des vestales, ajoute aux sacrifices et aux rites agraires (danses et courses purificatoires) la pratique de la divination, surtout appliquée aux oiseaux (auspices) et dont l'influence étrusque accroît l'importance. Les prodiges (pluies de sang, bœufs sur le toit d'un temple, etc.) sont des présages dont on tient le plus grand compte.
Pour en savoir plus, voir l'article mythologie romaine.
L'ouverture aux influences extérieures
L'influence grecque – en partie par l'intermédiaire des Étrusques – est importante. La fusion des divinités romaines et des dieux grecs a été facilitée par des racines indo-européennes communes. La religion n'est pas fermée aux courants extérieurs : en cas de nécessité pressante, surtout, on n'hésite pas à faire appel à la puissance d'un dieu étranger. De là l'importation solennelle et officielle de nouveaux cultes, les quindécemvirs ayant pour tâche d'héberger ces dieux nouveaux venus. De là, aussi, la tolérance vis-à-vis des diverses divinités exotiques amenées par des immigrants ou honorées peut-être pour des raisons sociales, parce qu'elles ne sont pas des dieux du patriciat. Le temple de Cérès (de 499 avant J.-C.) est un lieu de ralliement populaire, et les progrès du culte de Cérès sont parallèles à ceux de la plèbe.
Pour en savoir plus, voir l'article mythologie grecque.
Au moment d’entrer en guerre contre Carthage, en 264 av. J.-C., Rome a atteint un point d’équilibre incontestable dans tous les domaines : son autorité est acquise sur toute l’Italie péninsulaire, ses institutions fonctionnent bien, ses valeurs sont respectées, et ses antagonismes sociaux ont été momentanément surmontés. Ses interventions de plus en plus lointaines dans le bassin méditerranéen vont révéler le caractère précaire de cette harmonie momentanée et déboucher sur la crise de la République.
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ROOSEVELT |
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Franklin Delano Roosevelt
Franklin Delano Roosevelt
Homme d'État américain (Hyde Park, État de New York, 1882-Warm Springs 1945).
1. L'ascension vers la présidence
1.1. Origines et formation
De son père, James Roosevelt (1828-1900), gentilhomme campagnard administrateur de plusieurs sociétés, le jeune Franklin reçoit le nom ; de sa mère, Sarah Ann Delano (1854-1941), issue d'une famille riche possédant des mines et une flotte de navires, il hérite la fortune. Appartenant à l'élite, il bénficie du meilleur enseignement de l'époque : à Groton, puis à Harvard, enfin à Columbia, où il acquiert son diplôme d'avocat. Ce n'est pas un élève brillant, mais il sait se faire apprécier de ses camarades. Ses activités sont moins intellectuelles que sociales ; ses goûts le portent vers les bateaux et les chevaux, beaucoup plus que vers la jurisprudence.
1.2. La conquête du siège de sénateur de l'État de New York
En 1905, il épouse une lointaine cousine, Anna Eleanor (1884-1962), qui est la nièce du président républicain Theodore Roosevelt. Pendant quelque temps, le jeune Franklin travaille dans un cabinet d'affaires de New York. Puis, en 1910, le parti démocrate lui demande de se présenter aux élections sénatoriales de l'État de New York : son nom, sa fortune, son dynamisme devraient faire merveille dans une région qui traditionnellement vote républicain. Au terme d'une campagne menée en automobile, il est élu.
1.3. Secrétaire adjoint à la Marine (1913-1921)
Son inclination le pousse du côté des progressistes, et, lorsque Thomas Woodrow Wilson se présente à l'élection présidentielle de 1912, F. D. Roosevelt ne lui marchande ni son aide ni son appui. Il en est récompensé : le nouveau président fait de lui son secrétaire adjoint à la Marine (1913) ; c'est un poste où le brillant jeune homme peut unir son goût de la politique à sa passion pour les bateaux. Il exerce ses fonctions jusqu'en 1921 ; c'est dire qu'il a l'occasion de vivre, à un niveau élevé, des événements de grande importance : les multiples interventions militaires de son pays aux Antilles, la préparation et la participation à la Grande Guerre, les vains efforts de Wilson pour faire ratifier le traité de paix (→ traité de Versailles) et le pacte de la Société des Nations (SDN).
F. D. Roosevelt est un fidèle partisan de son président, le défenseur inébranlable d'une puissante marine non dépourvu d'idées originales (il recommande avec vigueur en 1917 de lutter contre les sous-marins allemands par une attaque de leurs bases), mais sa jeunesse, ses airs de dandy ne lui confèrent qu'une audience limitée. Quoi qu'il en soit, la convention du parti en 1920 le désigne comme candidat à la vice-présidence ; les démocrates n'ont aucune chance de gagner les élections, mais F. D. Roosevelt se fait mieux connaître dans le pays.
1.4. Le choix délibéré de la politique
L'arrivée des républicains au pouvoir le ramène à la vie privée. Au cours de l'été de 1921, il est frappé par la poliomyélite et lutte contre la maladie pendant plusieurs semaines. Il recouvre partiellement l'usage de ses jambes. Sa vie politique est gravement compromise ; il pourrait même y renoncer ; sa fortune, l'exemple de son père, les encouragements de sa mère l'incitent à mener la vie tranquille du gentilhomme campagnard.
Mais, sous l'influence d'Eleanor, il réagit différemment : son caractère devient plus ferme ; il prend le goût de l'effort ; ses lectures se font plus nombreuses ; la vie politique est un excellent dérivatif à son infirmité. À demi paralysé, il manifeste une indomptable énergie, un allant qui surprend son entourage et bientôt le pays, une gaieté et une santé morale à toute épreuve. Paradoxalement, il incarne l'optimisme.
1.5. Gouverneur progressiste de l'État de New York (1929-1932)
Dès 1924, F. D. Roosevelt reparaît dans les assemblées du parti. En 1928, il brigue le poste de gouverneur de l'État de New York auquel il est (il sera réélu en 1930). C'est à ce poste que F. D. Roosevelt fait l'expérience des effets de la crise : comme le plus grand nombre de ses concitoyens, il a été surpris par l'ampleur du marasme. Mais, avec l'aide de Frances Perkins (1882-1965) et de Harry Lloyd Hopkins (1890-1946) – qui joueront un rôle primordial de 1933 à 1945 –, il met au point les premières mesures de secours, notamment la Temporary Emergency Relief Administration, qui dispose d'un budget de 60 millions et vient en aide à un million de chômeurs.
Ses fonctions politiques, sa volonté de combattre la crise ont accru son influence. En 1932, le parti démocrate – qui a surmonté ses divisions – a le vent en poupe : or le président Herbert C. Hoover a déçu et ne parvient pas à redonner confiance.
1.6. Candidat charismatique à la présidence des États-Unis
La convention démocrate, réunie à Chicago en juillet 1932, désigne F. D. Roosevelt comme le candidat du parti à la présidence. Contrairement aux usages, F. D. Roosevelt se rend en avion devant les délégués pour accepter leur investiture. Sa campagne, il la mène tambour battant. Lui, l'infirme, il ne cesse de se déplacer d'un État à l'autre et, par son sourire, sa cordialité, son goût de la vie, remonte le moral de ses concitoyens.
Pour lutter contre la crise, il annonce le New Deal, une « Nouvelle Donne » qui ne comporte aucun programme précis. Ce qu'affirme Roosevelt, c'est que le temps de l'individualisme est passé : « L'heure est venue de faire appel à un gouvernement éclairé. » Les obscurités n'en demeurent pas moins : le gouvernement fédéral devra-t-il dépenser ou économiser ? Contrôlera-t-il la vie économique, et jusqu'à quel point ? Faut-il maintenir une monnaie solide ou donner libre cours aux tendances inflationnistes ? Qui, des États ou de l'Union, viendra au secours des chômeurs ? L'équivoque n'épargne pas davantage le programme de politique extérieure : F. D. Roosevelt a pris parti, sous la pression de son aile droite, contre l'entrée des États-Unis dans la SDN.
Mais il sait se faire entendre des Américains ; il a le génie des formules ; il exprime de grandes idées avec des phrases simples ; il « sent » ce que la majorité attend de lui. Aussi, le 8 novembre 1932, son succès électoral est-il net : il obtient près de 23 millions de voix et 472 mandats électoraux, contre 15 millions de voix et 59 mandats pour Hoover ; le candidat socialiste arrive en troisième position avec 900 000 suffrages.
2. Le président F. D. Roosevelt (1933-1941)
2.1. Le véritable fondateur de la présidence moderne
Au centre de gravité de toute la vie politique économique et sociale
Le président devient le centre de gravité de toute le vie politique économique et sociale. Il conduit l'opinion publique, sans jamais perdre contact avec elle ; il la stimule, mais se garde d'aller trop vite. Il informe simplement et honnêtement : les « causeries au coin du feu » donnent pour la première fois dans l'histoire un rôle primordial à la radio.
Avec la presse, Roosevelt éprouve plus de difficultés : bien qu'en 1936, les deux tiers des journaux lui soient hostiles, il tient de fréquentes conférences de presse, au cours desquelles il charme, flatte, annonce ou menace. D'ailleurs, F. D. Roosevelt a le sens du « drame » : ce qui compte pour lui, c'est d'occuper par ses paroles et ses déplacements la première page ; il ne s'en prive pas.
Entre son élection et son entrée en fonction, il a mis sur pied son équipe, qu'il conservera pendant la quasi-totalité de l'administration Roosevelt, jusqu'en 1945 : le sénateur du Tenessee, Cordell Hull, au secrétariat d'État (Affaires étrangères), Henry Morgenthau au Trésor, Henry Wallace à l'Agriculture, Harold L. Ickes à l'Intérieur.
Contrairement à ses prédécesseurs, il fait appel à des intellectuels et s'entoure de son brain-trust, une structure parallèle rassemblant des hommes de confiance, des spécialistes dont il attend les recommandations. Désormais, c'est vers Washington que se tournent les regards des intellectuels américains.
Un exécutif élargi, prenant l'initiative des lois et n'hésitant pas à recourir au veto
De 1933 à 1945, le pouvoir exécutif ne cesse d'étendre ses compétences. Agences et bureaux sont chargés de mettre en œuvre les mesures législatives qui ont été adoptées par le Congrès ; ils touchent à tous les domaines et travaillent en relation étroite avec la Maison-Blanche. Toutefois, le Congrès subit un effacement limité : si F. D. Roosevelt est assez populaire pour faire élire dans son sillage des sénateurs et des représentants, il ne parvient pas, notamment en 1938, à empêcher la réélection de ceux qui lui déplaisent. En revanche, c'est de plus en plus de la présidence que partent les projets de lois ; F. D. Roosevelt vient en personne les soutenir devant le Congrès, prodigue ses encouragements aux législateurs frileux et n'hésite pas à recourir fréquemment au veto lorsque les « bills » du Congrès lui déplaisent.
Le président Roosevelt sait adapter la Constitution de 1787 aux besoins de la société des années 1930. « Notre Constitution, disait-il en mars 1933, est si simple et si pratique qu'il est toujours possible de faire face à des nécessités exceptionnelles par de simples changements d'accent et d'organisation sans rien perdre des formes essentielles. » Dans cette perspective, le gouvernement fédéral propose des objectifs nationaux, mais les États lui sont associés dans le choix des solutions et l'application des mesures décidées.
Le pragmatisme en matière économique
Pour relever l'économie du pays, pour assurer la mobilisation des énergies nationales pendant le conflit mondial, deux principes guident l'action de Roosevelt. Le premier est qu'il faut moderniser le capitalisme américain, et non le détruire : Roosevelt n'a nullement souhaité le bouleversement de la société. En second lieu, F. D. Roosevelt est essentiellement un pragmatique : les doctrines économiques, il n'y croit guère ; il les expérimente : si l'une ne donne pas les résultats escomptés, il recourt à l'autre – ou bien il utilise les deux en même temps.
Son administration a été, l'espace de quelques années, le champ de bataille entre les libéraux et les partisans de la planification, entre les défenseurs de l'équilibre budgétaire et les tenants des dépenses fédérales, qui ne peuvent que mettre le budget en position de déficit.
Les premières mesures d'urgence
Les États-Unis de mars 1933 sont au plus bas : 13 millions de chômeurs, les banques fermées, l'agriculture en pleine crise ; le produit national brut est passé de 104,4 milliards en 1929 à 60 milliards. La tâche du nouveau président est colossale. Il commence par redonner confiance : « La seule chose que nous ayons à craindre, déclare-t-il dans son discours inaugural, c'est la crainte elle-même, cette terreur sans nom et sans fondements, sans justification, qui paralyse les efforts nécessaires pour transformer une retraite en progression. »
Roosevelt lutte contre la crise en améliorant le pouvoir d'achat des classes défavorisées : agriculteurs et ouvriers. Pour cela il impose le contrôle fédéral aux banques et aux industries, et s'appuie sur l'opinion publique à laquelle il s'adresse dans ses « causeries au coin du feu ». Il réalise la réforme bancaire (fermeture des banques pour quatre jours, Emergency Banking Bill) et supprime la prohibition (mars 1933), abandonne l'étalon-or (avril 1933), dévalue le dollar (Gold Reserve Act, 1934) et favorise l'expansion du crédit. Il établit l'AAA (Agricultural Adjustment Act, 12 mai 1933) pour diminuer les excédents agricoles et alléger les dettes des fermiers.
Enfin, il cherche à faire reculer le chômage grâce à une politique de grands travaux (lutte contre l'érosion, reboisement, grands barrages, mise en valeur de la vallée du Tennessee), aux codes de la NRA (National Recovery Administration, juin 1933), chargée de réglementer les conditions du travail ; grâce aussi aux dispositions du National Labor Relations Act de 1935 (protection des syndicats), du Social Security Act (1935) et du Fair Labor Standards Act de 1938 (fixation de salaires minimaux et de durées maximales de travail). Hostile à l'esprit interventionniste du New Deal, la Cour suprême en rejette les deux textes essentiels : la NRA (1935) et l'AAA (1936).
Roosevelt, ayant été réélu triomphalement (novembre 1936), use de son prestige pour tenter, mais en vain, d'obtenir du Sénat la réorganisation de la Cour suprême ; pourtant, celle-ci, inquiète, valide de nombreuses décisions libérales en matière sociale, tandis que le président fait voter le Wagner Housing Act encourageant la construction (septembre 1937). L'ensemble de ces mesures renforce le pouvoir fédéral, renouvelle les cadres de la vie politique et entraîne la mutation du parti démocrate en un parti progressiste.
Un président contesté
F. D. Roosevelt n'a pas manqué d'ennemis. L'opposition vient autant des milieux économiques que politiques. Que ce soit les républicains, qui défendent alors les intérêts des conservateurs et , se plaignent de la brutalité dans l'application des réformes, des fascistes de tous horizons (les Silver Shirts, à l'imitation des Chemises noires de Mussolini), la Cour suprême jusqu'en 1937 ou la minorité de l'extrême gauche, tous ont souligné l'incohérence de sa politique, tous ont rappelé qu'en 1939 les États-Unis comptaient encore 9 500 000 chômeurs, que le produit national brut n'avait pas, en prix courants et malgré la dévaluation de 1934, retrouvé le niveau de 1929.
C'est la production de guerre qui tirera les États-Unis du gouffre où la crise les avait plongés. Mais F. D. Roosevelt a fourni à son pays les moyens politiques et économiques, la confiance nécessaire pour affronter le conflit mondial et en tirer les plus grands profits. L'opinion le suit puisqu'il est triomphalement réélu en 1936.
2.2. La politique extérieure
S'assurer un bon voisinage
Par une politique extérieure de bon voisinage, Roosevelt groupe finalement les républiques de l'Amérique latine autour des États-Unis. Il fait même évacuer le Nicaragua (1933), Haïti (1934), assure l'émancipation politique de Cuba (1934) et de Panamá (1936), promet l'indépendance aux Philippines pour 1944. Ayant reconnu l'Union soviétique dès 1933, il garde une certaine réserve à son égard, mais s'inquiète surtout des régimes de Hitler et de Mussolini.
Rompre l'isolationisme
Longtemps, en effet, l'opinion américaine s'est désintéressée des événements d'Europe – un peu moins de la situation en Extrême-Orient. Bien plus, elle a approuvé les précautions qui ont été prises de 1935 à 1937 pour éviter que le pays ne soit entraîné dans une nouvelle guerre. L'isolationnisme est alors triomphant. Roosevelt lui-même ne peut que se plier à la volonté de ses concitoyens.
Mais, dès 1937, il manifeste son inquiétude : son discours d'octobre recommande de mettre en quarantaine les agresseurs ; la marine reçoit du renfort, l'armée ne compte en 1939 que 200 000 hommes. Le président suggère une conférence mondiale sur la limitation des armements ; sa voix n'est pas entendue ; il ne dispose pas des forces suffisantes pour empêcher l'Allemagne de déclencher la guerre.
Persuadé que les États-Unis ne pourront rester à l'écart d'une guerre européenne, Roosevelt fait voter la loi de neutralité le 5 septembre 1939 (révisée le 21 septembre), abrogeant les clauses de l'embargo et autorisant la vente d'armement aux belligérants qui peuvent le payer comptant et l'emporter (Cash and Carry).
Après la défaite de la France (juin 1940), il obtient des crédits pour le réarmement, l'établissement de la conscription (septembre 1940) et cède cinquante destroyers à la Grande-Bretagne. Ayant, contre toutes les traditions, demandé et obtenu un troisième mandat présidentiel (novembre 1940), il accentue sa politique d'aide aux démocraties. En mars 1941, le Congrès adopte la loi du prêt-bail (Lend-Lease Act) – une idée de Roosevelt – qui permet aux États-Unis de fournir gratuitement de l'aide aux Britanniques, puis aux Soviétiques, aux Chinois, aux Français libres. Un programme de mobilisation économique est mis sur pied. En août 1941, Roosevelt rencontre Churchill, et les deux hommes énumèrent les buts de guerre de leur pays dans la charte de l'Atlantique qui pose comme base à la reconstruction du monde le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et la liberté des hommes et des biens de transiter d'un pays à un autre.
Le chef de guerre
Lorsque les Japonais attaquent la base de Pearl Harbor le 7 décembre 1941, les Américains sont prêts, grâce à leur président, à s'engager activement dans la guerre. La déclaration de guerre à l'Allemagne (11 décembre), accroît les responsabilités de Roosevelt : il doit diriger l'effort de guerre des États-Unis, équiper leurs alliés, décider la fabrication de la bombe atomique et préparer l'après-guerre.
Appliquant sa méthode des contacts personnels pour résoudre les problèmes militaires et diplomatiques de la coalition, il rencontre plusieurs fois Churchill, à Washington (décembre 1941), à Casablanca (→ conférence de Casablanca, janvier 1943), à Washington (mai 1943), à Québec (→ conférences de Québec, août 1943), et avec lui rencontre Tchang Kaï-chek (Le Caire, novembre 1943), Staline (→ conférence de Téhéran, nov.-déc. 1943 ; conférence de Yalta, février 1945).
Désireux d'éviter toute rupture avec l'URSS, Roosevelt consent à un déplacement de la Pologne vers l'ouest et s'oppose avec Staline au projet anglais de débarquer dans les Balkans, en cédant d'avance le contrôle de cette région à l'URSS (conférence de Téhéran, 1943), à laquelle il abandonne en outre Port-Arthur, les chemins de fer transmandchourien et sudmandchourien, le sud de Sakhaline et les îles Kouriles, en échange d'une promesse d'intervention militaire contre le Japon après la capitulation de l'Allemagne (Yalta, 1945).
Ayant posé le principe d'élections libres et de frontières conformes à la volonté des populations, le président des États-Unis renonce à placer les colonies sous une tutelle internationale. Préoccupé de mettre au point la meilleure formule de sécurité collective, il accepte, en 1943, l'idée d'une Organisation des Nations unies (ONU), dont il fait élaborer le plan (→ plan de Dumbarton Oaks, 1944) et qu'il convoque pour une première session à San Francisco (1945). Il se fait réélire pour un quatrième mandat en novembre 1944, mais il meurt (12 avril 1945) à la veille de la victoire.
Roosevelt laisse à son pays un atout considérable : la plus grande puissance économique de la planète, et une mission redoutable : assurer la défense de la démocratie dans un monde où s'annonce déjà la guerre froide.
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IMPRIMERIE |
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imprimerie
Ensemble des techniques et métiers qui concourent à la fabrication d'ouvrages imprimés. (Synonyme : industries graphiques.)
Historique
En Orient
Les premières reproductions d'écriture furent sans doute obtenues sur la cire ou l'argile avec les sceaux cylindriques et les cachets qu'on retrouve dans les plus anciennes cités de la Mésopotamie ou de l'Élam ; certains datent de vingt-huit siècles avant notre ère. Des briques ont aussi été estampées en creux au moyen de formes de bois ou de métal. Ensuite, l'imprimerie fut connue en Chine, où elle mettait en œuvre des formes de bois gravé. Sur une planche polie, le bois était enlevé autour de l'écriture, qui demeurait seule en relief. On l'encrait et on appliquait sur elle une feuille de papier de riz. L'invention de caractères mobiles est relatée dans un livre du xie s. et attribuée à Bi Sheng (1041-1048). Ces caractères furent en terre cuite, puis en plomb, enfin en cuivre.
En Europe
Les impressions xylographiques, dont le procédé se rattache plus à la gravure, constituent le premier chapitre de l'histoire de l'imprimerie par leur but et l'époque de leur diffusion. À l'aide de gouges, le graveur laisse en saillie, à la surface d'un bloc, le signe à reproduire. C'est la différence de niveau qui empêche l'encre d'atteindre les creux. La planche à graver en poirier, en cormier ou noyer est débitée dans le sens du fil du bois, parallèlement à l'axe du tronc ou de la branche. Cette gravure en bois de fil a surtout été en faveur au milieu du xvie s. Elle était utilisée pour l'impression de cartes à jouer, d'images pieuses avec ou sans phylactères, de textes brefs plus ou moins illustrés (donats), de livres typographiés enfin, dans lesquels des dessins pouvaient être reproduits. La gravure artistique au burin, sur bois, au xve s., amena à concevoir l'idée de graver séparément chacune des vingt-cinq lettres de l'alphabet latin. En effet, à partir d'un certain nombre de caractères fondus, une infinité de combinaisons fut possible ainsi que le tirage d'épreuves à volonté. C'est à Johannes Gensfleisch, dit Gutenberg, et à son collaborateur principal Peter Schöffer, que revient, semble-t-il, l'honneur de l'invention de l'imprimerie. En fait, cette invention était double puisqu'elle associait celle de la presse à imprimer, mise au point d'après le modèle des pressoirs à vis utilisés par les vignerons rhénans, et celle des caractères métalliques mobiles, dus à Schöffer. Pour autant, ce ne fut pas la lettre mobile qui fut l'invention décisive mais la lettre métallique moulée (« jetée en moule »), due à Gutenberg. Presque immédiatement s'instaura la méthode de fabrication des caractères devenue classique :
– gravure en poinçon, à l'extrémité d'une tige métallique (acier doux), du signe voulu en relief et à l'envers ;
– frappe à l'aide de ce poinçon d'une matrice dans un métal plus tendre (cuivre rouge) ;
– moulage, dans un moule à arçon, ou moule à main, d'un alliage ternaire (plomb, étain, antimoine) qui s'imposa jusqu'à nous.
Le 14 octobre 1457, Fust, l'associé de Gutenberg, et Schöffer achevèrent d'imprimer le premier livre portant la date imprimée : le Psautier de Mayence. Avec Gutenberg, ils publièrent des ouvrages populaires de religion, de grammaire latine, des calendriers. Leur œuvre la plus célèbre est une Bible in-folio, dite à « 42 lignes », ou « Bible mazarine » (elle appartint au cardinal et se trouve à la bibliothèque Mazarine).
La diffusion
L'art nouveau se répandit avec rapidité, par la vallée du Rhin, dans toute l'Europe. Deux ouvriers de Gutenberg s'établirent en 1464 en Italie, à Subiaco, puis à Rome. Un envoyé de Charles VII à Mayence porta les « secrets de l'art » à Venise, où Alde Manuce fonda, en 1490, sa dynastie d'imprimeurs, qui devait durer un siècle. Il publia un Virgile en caractères penchés, dits « aldini », ou « italiques » (1500). À Paris, par exemple, les débuts de l'imprimerie sont dûs à trois ouvriers typographes allemands, Martin Crantz (ou Krantz) de Strasbourg, Michaël Freiburger de Colmar, et Ulrich Gehring de Constance, qui furent accueillis en 1470 dans le collège de la Sorbonne (où le premier livre sorti de leur presse, la même année, fut les Lettres de Gasparini de Pergame) ; en 1473, ces trois typographes s'installèrent rue Saint-Jacques à l'enseigne du Soleil d'Or. À partir de 1477, seul apparaît le nom d'Ulrich Gehring, qui revint rue de la Sorbonne où il ouvrit un atelier à l'enseigne du Buis. En France encore, citons la famille Estienne (1500 à 1661) ; à Lyon, É. Dolet ; aux xviiie et xixe s., les Didot. L'Angleterre a une imprimerie à Oxford en 1479, puis une à Londres. Les Pays-Bas ont les Plantin à Anvers (1548-1876), puis les Elzévir à Leyde (1580-1636).
La typographie, opéra une véritable révolution dans la diffusion de la pensée. Sans subir de modification fondamentale, le procédé typographique allait permettre d'imprimer la quasi-totalité des ouvrages parus du xve s. aux débuts de la révolution industrielle. C'est au xixe s. que l'on doit les grandes novations en matière d'imprimerie : l'Allemand König met au point la presse à cylindre en 1811, l'Anglais Stanhope construit, en 1820, une presse à bras entièrement métallique ; vers 1850, entre en service la première rotative. De telles machines vont permettre dès lors la publication quotidienne de journaux. Nicéphore Niépce avait trouvé, vers 1830, le principe de la photographie ; la similigravure permet, dès 1882, d'imprimer des images photographiques.
La composition mécanique
La mécanisation de la composition, effective aux États-Unis peu avant 1890, devint opérationnelle en Europe aux environs de 1900. Tout le travail manuel d'assemblage et de justification des lignes se faisait mécaniquement à l'aide de machines composeuses-fondeuses. Dans le système Linotype (inventé en 1886 par l'Américain Ottmar Mergenthaler), surtout utilisé par la presse, la frappe des touches d'un clavier assemblait et justifiait mécaniquement des matrices – et non des caractères – dans lesquelles était envoyé un jet de « métal typographique » (le plomb). Les lignes-blocs qui en résultaient étaient fondues chacune d'un seul tenant. Avec le procédé Monotype (dû à un autre Américain, Tolbert Lanston), préféré par l'édition, la frappe d'un clavier délivrait une bande de papier perforé, dont le décodage par une machine fondeuse permettait de fabriquer des lettres séparées assemblées ligne par ligne. Les composeuses-fondeuses produisaient, selon les corps, entre 5 000 et 9 000 signes à l'heure, contre 1 000 à 1 400 en composition manuelle.
Les procédés d'impression
La diversification des techniques
Après l'imprimerie typographique, première en date et dont les formes sont constituées par des éléments imprimants en relief, d'autres procédés sont nés, répondant à des besoins nouveaux ou issus de possibilités nouvelles : la taille-douce, l'eau-forte et leurs dérivés, où les éléments imprimants sont en creux ; la lithographie, où éléments imprimants et non imprimants sont sur le même plan. La photographie a donné naissance à la photogravure et a permis de compléter les procédés manuels de dessin, de gravure, de composition, par des procédés photomécaniques, lesquels ont rendu possible l'impression d'illustrations en noir et en couleurs. Nouveaux venus depuis le début du xxe s., l'offset et l'héliogravure ont pris une rapide extension. Aujourd'hui, cependant, l'électronique bouleverse les méthodes traditionnelles des industries graphiques, et la vitesse d'exécution devient sans commune mesure avec les possibilités humaines. Le ruban perforé, la bande magnétique et le film remplacent le plomb. Le caractère immatériel enregistré sur ordinateur succède au caractère métallique. Une seule photocomposeuse de troisième génération absorbe la production d'une centaine de clavistes. Un ordinateur peut d'ores et déjà assurer la présentation définitive d'un texte, voire réaliser diverses maquettes de mise en pages selon un programme préétabli. Seul le produit fini, c'est-à-dire l'imprimé, ne risque pas de disparaître.
L'évolution du secteur
À ses débuts, l'imprimerie intègre toutes les fonctions, de l'édition à la librairie. Puis apparaissent des imprimeries effectuant à façon les travaux que leur confient les éditeurs. La production se divise ensuite en travaux dits « de labeur », ou impression de livres, et en travaux « de ville », représentés par le reste du marché. Au xixe s. vient s'ajouter la presse. Les entreprises se chargent encore de toutes les opérations, de la composition au façonnage.
De nos jours, la diversification s'est accrue, certaines entreprises n'assurant parfois qu'une seule de ces fonctions, si bien que l'ensemble des activités techniques qui ont pour but la production d'un imprimé est plutôt désigné sous l'expression d'« industries graphiques », le terme « imprimerie » étant réservé à une entreprise qui s'occupe surtout (parfois exclusivement) de l'impression.
De la taille douce aux techniques contemporaines
La taille douce
Maso Finiguerra (1426-1464) appliqua pour la première fois la gravure en creux à l'imprimerie, en remplissant d'encre les tailles d'une plaque d'argent gravée et en imprimant, grâce à cette forme, une image représentant le Couronnement de la Vierge. Depuis, on a donné le nom de « taille-douce » à l'ensemble des procédés de gravure manuelle en creux.
La gravure en creux, ou taille-douce, devint à la Renaissance le mode d'illustration préféré du livre; elle succède au relief du bois de fil, qui ne permettait pas une finesse d'exécution suffisante. Ce type d'impression est l'inverse de celui de la gravure sur bois en relief. Il faut ajouter que la métallurgie du cuivre, support habituel de la taille-douce, la favorisa grandement en substituant les planches laminées, d'épaisseur enfin uniforme, aux précédentes, simplement coulées et battues.
Christophe Plantin, à Anvers, fut l'un des premiers à promouvoir la taille-douce, à partir de 1559 (avec l'ouvrage la Magnifique et Somptueuse Pompe funèbre, faite aux obsèques de Charles Cinquième, célébrées en la ville de Bruxelles) en faisant appel à des graveurs de grande renommée.
Deux méthodes sont employées pour graver le cuivre, qui est le métal utilisé presque exclusivement en taille-douce : l'outil peut être un burin dont l'arête tranchante entame fortement le métal, ou une pointe sèche, stylet d'acier ou de diamant, qui ne laisse dans le cuivre qu'un léger sillon, ou le procédé à l'eau-forte.
Quand la gravure est réalisée par voie chimique, la plaque de cuivre est recouverte préalablement d'un vernis. Puis le graveur, avec une pointe, met le métal à nu sans l'entamer. La plaque est ensuite plongée dans un bain d'acide (eau-forte) qui va creuser dans le cuivre les zones que la pointe a dénudées. D'autres techniques sont utilisées : l'aquatinte, le lavis, le procédé au sucre…
Ce procédé avait pour inconvénient majeur la nécessité d'une impression sur deux presses : l'une, typographique, pour le texte ; l'autre, chalcographique, pour les illustrations. Les presses de taille-douce ressemblent à un laminoir, dans lequel passe la plaque recouverte par la feuille à imprimer. Une servitude de la taille-douce est qu'elle nécessite avant impression l'essuyage de l'encre compacte dont on recouvre toute la surface de la plaque – faute de pouvoir faire autrement – car elle ne doit subsister que dans les tailles de la gravure. C'est là, en effet, que le papier d'impression ira la recueillir.
La taille-douce est restée, jusqu'au xixe s., le procédé d'illustration le plus apprécié. Aujourd'hui elle est réservée aux ouvrages de bibliophilie (livres de grand luxe tirés en nombre limité).
Les techniques contemporaines
Presse offset
Cinq procédés d'impression (lithographie, offset, héliogravure, flexigraphie et sérigraphie) se partagent aujourd'hui le marché des industries graphiques. La typographie utilise des caractères typographiques pour le texte et des clichés pour les illustrations. La mise au point, vers 1900, de l'impression en offset a progressivement déstabilisé le secteur d'activité de la typographie, qui ne représente plus qu'une très faible part du marché. Elle est encore utilisée pour l'impression de livres de bibliophilie et pour les travaux de ville.
Le procédé lithographique fut inventé par l'Autrichien Aloys Senefelder, en 1796. C'est un procédé physico-chimique fondé sur l'antagonisme qui existe entre l'eau et les corps gras. La forme imprimante est une pierre calcaire parfaitement plane (la pierre litho est du calcaire très fin). Sur sa surface poreuse, extrêmement homogène, on dessine ou on reporte à l'envers l'image à reproduire, à l'aide d'une encre spéciale dont les acides gras se combinent chimiquement au calcaire. On fixe ensuite ce report avec une solution d'acide nitrique et de gomme arabique. La presse lithographique fonctionne comme une presse typographique à système plan contre cylindre. Lors de l'impression, la forme passe d'abord au contact de rouleaux mouilleurs : l'humidité est « repoussée » par les parties dessinées, et « acceptée » par la surface des parties non imprimantes. La forme passe ensuite au contact des rouleaux encreurs, dont l'encre, qui n'adhère pas aux parties mouillées, se dépose sur l'image. Celle-ci se reporte alors à l'endroit sur une feuille de papier entraînée par le cylindre de pression. Les pierres lithographiques, lourdes et encombrantes, furent remplacées par du zinc, car ce métal présente pour l'imprimerie des propriétés analogues à celles du calcaire. Vers 1880, on construisit des presses lithographiques rotatives, dans lesquelles la plaque de zinc cintrée était accrochée sur un cylindre porte-forme.
En 1904, l'Américain Ira Rubel, laissant passer un tour sans feuille sur sa presse litho, constate que l'habillage de caoutchouc du cylindre de contre-pression donne une impression très convenable au verso de la feuille suivante : c'est grâce à cette fausse manœuvre qu'est né le procédé offset. L'impression en offset ne diffère que très peu de l'imprimerie litho : la feuille est imprimée par l'intermédiaire d'un cylindre recouvert de caoutchouc (cylindre porte-blanchet). L'image, à l'endroit sur la forme, se reporte à l'envers sur le blanchet, pour se décalquer finalement à l'endroit sur la feuille. La photogravure offset obéit aux mêmes principes que la photogravure typographique, mais les points de trame offset ne sont plus soumis à l'écrasement. L'offset est le mode d’impression le plus répandu en publicité, mais aussi dans l'impression des livres, des revues et même des journaux.
Impression en héliogravure
L'héliogravure utilise un procédé dont les formes imprimantes sont des cylindres recouverts d'une pellicule de cuivre, déposée par voie électrolytique, dans laquelle sont gravés en creux les éléments imprimants. Le parc des presses d'héliogravure n'est pratiquement constitué que de rotatives. Le traitement des cylindres nécessite des installations lourdes et complexes qui font appel aux technologies de la gravure assistée par ordinateur. Le coût élevé de la gravure ne peut être amorti que par des tirages très élevés : catalogues de V.P.C., hebdomadaires, etc.
Dans la flexographie, les formes imprimantes sont en relief et sont constituées de clichés souples, en caoutchouc ou en plastique ; ce procédé est surtout exploité en continu sur des rotatives. Les solvants de l'encre fluide sont très volatils et le séchage s'effectue par évaporation, ce qui permet d'imprimer sur des supports non absorbants, tels les plastiques souples utilisés dans les secteurs de l'emballage.
La sérigraphie, enfin, est un procédé exploitant le principe du pochoir. La forme imprimante est constituée d'un cadre, fermé par un écran en soie, à l'origine (d'où son nom), et maintenant en Nylon. Les entreprises spécialisées vont de l'imprimerie artisanale aux unités les plus industrialisées. L'impression des autoadhésifs sur les plastiques, celle des habillages de matériel technologique sont des secteurs privilégiés de la sérigraphie, qui permet aussi d'imprimer sur des volumes (tubes, ampoules, etc.).
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AVIATION - HISTOIRE |
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aviation
(latin avis, oiseau)
Consulter aussi dans le dictionnaire : aviation
Navigation aérienne au moyen d'appareils plus lourds que l'air.
L'avion universel
Introduction
Louis Blériot, 1909
Il s'est écoulé moins d'un siècle entre le vol du premier avion – celui de Clément Ader – et la mise en service des plus gros porteur à passagers, comme le Boeing 747-400. Quelques grandes dates jalonnent l'évolution technique, sportive et commerciale de l'aviation : la première traversée de la Manche par Louis Blériot le 25 juillet 1909, année marquée par la constitution de la première compagnie aérienne française ; le premier vol d'un avion à réaction en avril 1944 ; ou encore le premier décollage d'un supersonique de transport civil, le Concorde, le 2 mars 1969. Toutefois, l'aviation n'a abordé sa véritable vocation, celle de moyen de transport universel, que le 9 février de cette même année, lors du premier vol d'un Boeing 747.
Cet appareil, d'une masse de près de 400 tonnes au décollage lorsqu'il est chargé à plein, transporte jusqu'à 600 passagers dans sa version 747-400. Avec ses vastes dimensions (59 m d'envergure, 57 m de longueur intérieure), il ouvre dès 1970 l'ère du transport aérien de masse. Commandé par toutes les grandes compagnies aériennes, ce quadriréacteur est représentatif de l'évolution récente du trafic aérien. Il se présente en effet en trois versions adaptées aux besoins des exploitants : un appareil entièrement destiné au transport des passagers ; un appareil mixte dont la moitié arrière est dévolue au transport des marchandises ; ou encore un cargo transportant exclusivement du fret. Le trafic des marchandises prend de plus en plus d'importance. À Air France, par exemple, il croît de 20 % par an, quatre fois plus que le transport de passagers, qui augmente de 5 à 6 % par an.
Les avions plus petits connaissent eux aussi depuis quelques années un développement commercial important. Si les appareils « exotiques », qu'ils soient à pédale ou mus par l'énergie solaire, relèvent encore de la recherche technique ou de l'exploit sportif, les U.L.M. (ultra légers motorisés) ont conquis leur titre de noblesse en devenant des engins militaires de reconnaissance à basse altitude, ou des appareils d'épandage de produits phytosanitaires au service de l'agriculture…
Pour en savoir plus, voir les articles aéroport, circulation aérienne.
Des long-courriers aux bombardiers
Premier kilomètre en avion en circuit fermé, en 1908Premier kilomètre en avion en circuit fermé, en 1908
Au début de l'aviation, le seul objectif était de voler. Très vite a commencé la diversification des machines volantes selon leur fonction. Ainsi, le premier avion amphibie volait dès 1910, puis en 1911 le premier bimoteur. La même année, une mission de reconnaissance italienne en Libye fut le premier vol militaire. Les impératifs militaires ont dès lors été pendant longtemps à l'origine de la spécialisation croissante des machines volantes.
Avions de transport
L'évolution vient principalement de cette activité aérienne essentielle qu'est le transport civil de passagers : pas moins de 500 compagnies exploitent dans le monde une flotte totale d'environ 85 000 appareils. Ils se répartissent en plusieurs catégories : les long-courriers, équipés de trois ou quatre propulseurs, le plus souvent à réaction, leur donnant le droit de s'éloigner de plus de 90 minutes de vol de l'aéroport le plus proche, donc de traverser les mers ; les moyen- et les court-courriers, équipés de deux propulseurs, réacteurs ou turbopropulseurs. Autres appareils de transport civil, ceux de l'aviation dite de troisième niveau. Du Gulfstream de Grumman de 22 places (masse : 17,5 t), capable d'effectuer des trajets de 8 200 km sans escale à la vitesse de 1 000 km/h, jusqu'au tout petit Tobago Socata de 4 places (il ne pèse que 670 kg) volant à 243 km/h sur des trajets de 1 000 km au maximum, cette classe recouvre une bonne quarantaine de types d'aéronefs bien différents.
Avions de chasse
Avions de chasseBombardier Boeing B-29Avion militaire C130 HerculesAvion militaire C160 TransallAvion furtif F-117Avion de combat Tornado
Les militaires, eux aussi, exploitent des avions de transport. Les plus imposants sont le Lockheed C 5 Galaxy américain, d'une envergure de 68 m et de 350 t de charge brute, ainsi que l'Antonov 225 qu'utilisait l'armée soviétique, seul appareil au monde à être doté de six propulseurs, véritable géant atteignant 600 t de charge au décollage. À la fin du siècle, une nouvelle génération d'avions de transport militaire s'annonce avec les nouvelles versions de l'Hercules C 130 de Lockheed et avec les projets russe d'Antonov 70 ou européen d'ATF (avion de transport futur). Mais les avions militaires, ce sont, bien sûr, les bombardiers. Le plus étonnant est le B2 américain, qui a ouvert en 1989 l'ère de l'avion dit furtif. Cet appareil, d'une géométrie particulière, est constitué de matériaux qui ne renvoient pratiquement pas d'écho radar. De cette technologie a aussi bénéficié l'avion d'attaque F 117 devenu célèbre dans la guerre du Golfe. Quant aux chasseurs les plus modernes, ils atteignent une limite qui ne sera pas franchissable : la résistance humaine des pilotes aux accélérations lors de manœuvres d'échappe. Cependant, l'avion de chasse évolue et devient de moins en moins un appareil de combat direct. Son dispositif électronique embarqué repère un ennemi à plus de 50 km de distance ; et il est capable de l'intercepter au moyen de missiles air-air dits intelligents parce qu'une fois programmés ils ne lâchent plus la cible désignée.
Les avions exotiques
U.L.M.
L'épopée aérienne semble revenir aux aventures de ses débuts. Des appareils bizarres sont utilisés par les ingénieurs pour explorer, souvent par sportifs interposés, de nouvelles voies technologiques, qui donneront peut-être naissance aux avions de demain.
Ainsi des U.L.M., les ultra légers motorisés. Apparus comme dérivés motorisés du deltaplane, ils sont devenus de véritables petits avions en recevant une architecture « trois axes » (deux ailes et une queue) qui leur permet de voler en toute sécurité avec un moteur de 50 à 60 ch. Une flottille de plusieurs milliers de ces appareils est utilisée pour deux types de missions, l'épandage de produits phytosanitaires et la reconnaissance aérienne à basse altitude.
Plus légers encore, les avions solaires sont devenus une réalité en novembre 1980 lorsque le Solar Challenger, un appareil de 14 m d'envergure et d'une masse de 90 kg, a décollé pour la première fois, mû par un moteur électrique alimenté par 16 130 cellules photovoltaïques. Cet avion, qui a traversé la Manche à 50 km/h, ouvre des perspectives pour de nombreuses applications dans les pays chauds, lorsque les cellules solaires atteindront un meilleur rendement.
Plus écologique encore, l'avion à pédale, dont l'ancêtre avait été imaginé par Léonard de Vinci en 1496, est devenu réalité en août 1977, lorsque Bryan Allen, un champion cycliste américain, a volé pour la première fois grâce à sa seule force musculaire. Il devait traverser la Manche en juin 1979, en pédalant pendant 2 heures et 49 minutes.
L'un des plus petits avions « classiques » est sans doute le Birdman, un minuscule appareil qui pèse 55 kg et peut voler à 80 km/h, propulsé par un moteur à piston de 12 ch.
Mais, en aéronautique, l'exotisme n'est pas réservé aux appareils miniatures. Les avions du type A.D.A.V. – à décollage et atterrissage verticaux – ont reçu une première application opérationnelle avec la mise en service de l'étonnant Sea Harrier de l'aéronavale britannique. Sur cet avion, construit par Hawker-Siddeley, les jets des moteurs basculent pour permettre un décollage et un atterrissage à la verticale. Les Soviétiques ont aussi construit un appareil, le YAK 36, volant de la même manière.
De l'hélice au statoréacteur
Introduction
Hélices d'avion
La bonne vieille hélice, dont le mode de propulsion rappelle concrètement qu'un avion évolue dans un fluide, n'a pas dit son dernier mot : on la croyait condamnée par l'ère du turboréacteur, lui-même déjà menacé par le statoréacteur. Mais, si ce propulseur étonnant semble effectivement opérer la fusion entre l'aéronautique et l'astronautique, annonçant la mise au point de véritables avions spatiaux, rien n'est joué dans le domaine des avions classiques, où l'ordinateur remet bien des perspectives en question.
La propulsion, d'une part, pourrait revenir à l'hélice, dont le design, affiné au moyen de la conception assistée par ordinateur, donne une nouvelle compétitivité à ses performances, comparées à celles du réacteur. Les avions de transport pourraient en être les bénéficiaires. D'autre part, les turboréacteurs voient, eux aussi, leurs performances progresser, notamment par l'utilisation de matériaux composites, qui restent encore fonctionnels à des températures de l'ordre de 1 500 °C. Il en résulte une nette amélioration de rendement, dont bénéficie déjà le nouvel avion de combat français Rafale.
Mais l'ordinateur va jusqu'à transgresser certaines lois fondamentales de l'aéronautique. Les aéronefs peuvent désormais voler de manière « instable », leur comportement face aux turbulences étant sans cesse corrigé par microprocesseurs. Cette nouvelle conception est encore plus révolutionnaire que ne l'a été en son temps l'apparition de la propulsion à réaction. Les ingénieurs auront à changer la conception des appareils et leurs performances prévisibles.
Les parties d'un avion
Train d'atterrissage
Train d'atterrissageFeux de position d'un avion
Schématiquement, un avion se compose de trois éléments fondamentaux : les moteurs, la voilure et le fuselage. Ce dernier est le corps central de l'appareil. Il comprend lui-même plusieurs parties. D'abord la cellule, enceinte pressurisée à une pression équivalente à celle qui règne à 2 500 m d'altitude – aisément supportable par tous – même lorsque l'avion évolue à 10 000 ou 11 000 m, comme les jets commerciaux actuels. Fermée par des parois internes semi-étanches, cette cellule regroupe le cockpit où se trouvent les moyens de pilotage et l'habitacle pour les passagers, ainsi qu'un logement spécial pour ce qui ne supporterait pas la dépressurisation, les animaux par exemple. Le reste du fuselage contient la soute à bagages, des compartiments de service où sont logés le train d'atterrissage et des équipements annexes, tels que les pompes hydrauliques et les tringleries mécaniques qui doublent obligatoirement les servomoteurs sur tous types d'avions commerciaux (à l'exception de l'Airbus A320).
Ailes d'avion
La voilure assure le rôle fondamental de l'avion : voler. Elle se compose principalement des ailes, autrefois réalisées comme le fuselage en alliage d'aluminium ou de titane, mais de plus en plus construites en matériaux composites, résistant à l'échauffement provoqué par le frottement de l'air. Outre leur fonction annexe de soutien des moteurs, dans la plupart des avions civils, et de logement pour les réservoirs de kérosène (sur certains avions, tels que le Concorde, des dispositifs automatiques assurent en outre la répartition des réserves en combustible pour maintenir l'équilibre de l'appareil tout au long du vol), les ailes assurent la portance de l'avion en établissant une force verticale qui équilibre son poids en s'appuyant sur l'air. L'autre facteur concourant à la bonne tenue en vol est la traînée de l'appareil, force qui s'oppose à l'avancement de l'avion.
La dérive arrière est une autre partie de la voilure. Elle stabilise la trajectoire de l'appareil. Quant aux gouvernes, leur rôle est d'assurer la rotation de l'avion autour de chacun de ses trois axes.
Les turboréacteurs
Fonctionnement d'un turboréacteur
Fonctionnement d'un turboréacteurTurboréacteur à double fluxFonctionnement de moteurs à réaction
Les moteurs à piston faisaient avancer les avions par la rotation d'hélices rejetant de l'air vers l'arrière, exactement comme un navire avance dans l'eau. Principal inconvénient : la vitesse de rotation de l'hélice est limitée, de graves perturbations et une onde de choc destructrice apparaissent lorsque le bout des pales approche de la vitesse du son.
Une première solution a consisté à caréner les hélices et à les faire tourner par l'intermédiaire d'une turbine dans les turbopropulseurs, pour favoriser l'accélération de l'air éjecté vers l'arrière, et améliorer le rendement à haute vitesse. Toutefois, c'est avec l'apparition du turboréacteur, au début des années 1940, que le mur du son a été dépassé grâce à de nouvelles technologies. Fondamentalement, un turboréacteur est constitué d'une enceinte carénée qui aspire et comprime l'air de l'extérieur. Celui-ci est ensuite chauffé dans une chambre de combustion. Puis il passe dans une turbine à laquelle il cède une partie de son énergie, qui sera utilisée pour la compression. Enfin, il est éjecté vers l'arrière où il se détend à grande vitesse dans une tuyère, exerçant sur les parois de celle-ci une poussée qui assure la propulsion de l'avion par réaction.
Le statoréacteur, mis au point dans les années 1950, est basé sur le même principe : l'air, porté à très haute température, est détendu dans une tuyère. D'un concept simplifié à l'extrême, ce propulseur ne comporte plus aucune pièce tournante, l'admission de l'air se faisant simplement par la vitesse même de déplacement de l'appareil. Le rendement d'un tel propulseur n'est intéressant qu'à haute vitesse, ce qui limite son utilisation à quelques prototypes, qui ont tout de même franchi le mur du son. Mais il devrait connaître de grands développements au début du xxie s.
Faire voler des avions « instables »
Portance
PortanceSustentation
Depuis l'apparition des premières machines volantes, le centre de gravité de celles-ci était toujours situé en avant du foyer, point théorique des ailes où s'applique la portance de l'appareil. Celui-ci était ainsi naturellement « stable », l'équilibre entre le poids, la poussée des moteurs et les forces dues à la résistance de l'air en cas de turbulences ayant tendance à le ramener dans sa ligne de vol. L'ordinateur contrôlant désormais en permanence l'angle d'incidence de l'avion, le centre de gravité de celui-ci peut être situé derrière le foyer. Cela le rend physiquement « instable », c'est-à-dire incapable (sans l'action permanente de l'ordinateur) de garder sa ligne de vol face aux turbulences. Mais cette incapacité est contrebalancée par un extraordinaire gain en manœuvrabilité au cours des phases critiques de vol (décollages, atterrissages) – qui pourront être effectuées sur des distances beaucoup plus courtes –, ainsi que lors de manœuvres à très basse vitesse. Libérés du souci de la stabilité en vol, les ingénieurs peuvent innover dans la conception des aéronefs. Ceux-ci pourront être dotés de formes beaucoup plus efficaces. Les moteurs seront placés là où leur poussée s'exercera avec le plus de justesse, des ailerons « canard » peuvent améliorer la faculté de cabrage de l'appareil. En plus, les pièces qui doivent être le plus fréquemment remplacées seront installées aux endroits particulièrement accessibles.
Les commandes électroniques
Poste de pilotage
La commande électronique est déjà un outil indispensable au maintien en l'air des avions aux formes instables. À l'avenir, elle jouera le rôle de copilote agissant à la place de l'homme, au cours de phases de vol de plus en plus nombreuses. Même sur des long-courriers « classiques », comme le Boeing 747, il est déjà impossible de traverser l'Atlantique par mauvais temps sans une chaîne électronique qui garde automatiquement le cap et l'assiette de l'avion, le pilote humain ne pouvant assurer plusieurs heures d'affilée le contrôle de commandes susceptibles de lui échapper en permanence.
Dans l'aviation civile, l'automatisation atteint son développement le plus avancé dans la génération des avions à commandes électriques et à butées électroniques, par exemple dans l'Airbus A320 : le pilote agit sur les gouvernes de l'appareil non plus mécaniquement par l'intermédiaire du fameux « manche à balai », mais de la même façon qu'une manette de jeu télécommandé sur ordinateur. Les mouvements effectués par le pilote sur le minimanche latéral sont traduits en signaux électriques qui agissent sur les servomoteurs des gouvernes. En outre, des ordinateurs intercalés entre ce minimanche et les servomoteurs servent à ne pas prendre en compte les commandes qui feraient sortir l'avion de son enveloppe de vol. Il est, par exemple, impossible de mettre l'avion en position de cabrage, ce qui pourrait provoquer une rupture de structure.
Ces garde-fous électroniques sont encore plus étonnants sur les avions de combat de la nouvelle génération, comme le Rafale français ou l'Eurofighter germano-britannique. Sur un chasseur comme le Mirage 2000, l'ordinateur de bord remplace depuis vingt ans déjà les multiples cadrans d'autrefois par des écrans où ne s'affichent que les paramètres nécessaires à la phase de vol du moment.
Les hélicoptères
Introduction
Hélicoptère Alouette III
Le principe de l'hélicoptère est défini par son nom, du grec helix, spirale, et pteron, aile : un mode de sustentation et de déplacement par une hélice à axe vertical située au-dessus de l'appareil. Celle-ci permet de rester à volonté en point fixe en l'air, et surtout de décoller et de se poser entièrement à la verticale d'un lieu. Par rapport aux avions, obligés de s'élancer sur des pistes avant de pouvoir décoller, ces machines volantes ont un avantage essentiel, celui de pouvoir aller partout, comme un oiseau ou presque : il rend leur usage universel.
Si le mécanisme des « giravions » avait déjà été imaginé par Léonard de Vinci, le principe des pales tournant sous l'action de jets de vapeur s'échappant de leur extrémité a été proposé dans les années 1840 par le pionnier britannique George Cayley. Le premier hélicoptère, vide de tout occupant, construit par Enrico Forlanini, s'est élevé dans les airs à Milan en 1877. Mais c'est le 13 novembre 1907 qu'a décollé le premier hélicoptère piloté par son inventeur, Paul Cornu, concrétisation des longs travaux de recherche qu'il avait menés en compagnie de Louis Bréguet.
Igor Sikorsky
Toutefois, il faudra attendre la fin des années 1940 pour que les aéronefs à voilure tournante (hélice) ne soient plus considérés comme une curiosité technique, mais comme un fantastique moyen d'atteindre les zones les plus difficiles d'accès. Tandis qu'aux États-Unis se multipliaient les hélicoptères construits par Sikorsky, la France lançait l'Alouette II (1956), premier hélicoptère commercialisé à utiliser une turbine, mise au point par Turbomeca. Une véritable révolution qui permettait de majorer la puissance de l'hélicoptère de près de 50 % par rapport aux moteurs à piston d'auparavant, et surtout de supprimer la quasi-totalité des vibrations dangereuses engendrées par le couple voilure tournante-cellule.
Devenu outil universel, l'hélicoptère a connu un développement fulgurant. La guerre du Viêt Nam l'a consacré, à partir de 1967, comme moyen de transport et d'intervention militaire : près de la moitié des appareils des principaux modèles en service dans le monde sont destinés à des usages militaires.
Les principaux types
Hélicoptère Super-Puma 332
Plus d'une trentaine de types d'hélicoptères différents sont fabriqués dans le monde. Les très gros appareils, comme le Sea Stalion de Sikorsky (11 t), sont capables de transporter 37 personnes à plus de 300 km/h.
À l'inverse, l'un des appareils les plus légers en service est le Kawasaki-Hughes, qui pèse 560 kg à vide et peut transporter jusqu'à 7 personnes.
Le Commando du constructeur britannique Westland pèse 9,5 t et parcourt jusqu'à 1 100 km sans ravitaillement. C'est un record.
D'autres constructeurs excellent dans la diversité des appareils produits, comme les Américains Bell et Sikorsky et le groupe européen Eurocopter, filiale, constituée en 1992, des firmes française Aérospatiale et allemande DASA. Celui-ci n'offre pas moins de onze modèles, du petit EC 120 jusqu'au Super-Puma de 10 t, en passant par les Écureuil, Dauphin, EC 135 et EC 155.
Les lois du pilotage
Les giravions, qu'il s'agisse des autogires ou des hélicoptères, sont sustentés par leur hélice, appelée en termes techniques « voilure tournante ». Ils sont véritablement accrochés à une ou plusieurs hélices dont la mise en rotation exerce sur l'air une force suffisante pour contrebalancer leur poids et les arracher du sol. Seule différence entre les deux types d'appareils : alors que l'autogire est propulsé comme les avions par une autre hélice à axe horizontal, l'hélicoptère, lui, se propulse en jouant sur la variation du pas de l'hélice qui le soutient, ou en jouant sur l'angle du rotor qui fait tourner celle-ci.
L'hélice agit dans l'air comme une vis dans le bois, par l'inclinaison plus ou moins prononcée de ses pales, qui « attaquent » en conséquence plus ou moins fortement le fluide dans lequel elles tournent. Concrètement, l'angle d'attaque de l'hélice est réglé de façon à exercer une attraction sur l'air qui est refoulé en grande quantité vers l'arrière. Cette action pousse le giravion vers l'avant. Si le pas de l'hélice est totalement inversé, le giravion est poussé vers l'arrière. Ce dispositif permet à un hélicoptère dont le moteur est en panne de ne pas tomber, grâce à la mise en autogiration de l'hélice.
La voilure tournante assure non seulement les mouvements ascensionnels, mais aussi l'avance de l'appareil qui peut être obtenue de plusieurs manières : par un compromis entre la vitesse de rotation de l'hélice et l'ouverture de son pas, par une certaine inclinaison de l'axe de rotation de l'hélice, ou encore par la variation du pas de l'hélice du rotor de queue. Situé à l'arrière de l'appareil, celui-ci assure le maintien de l'axe de déplacement en s'opposant au contre-couple créé par l'hélice principale, qui tend à faire tourner l'hélicoptère sur lui-même. Un judicieux système de renvoi met en œuvre ce principe à partir d'un manche à balai, similaire à celui d'un avion. Et les pédales de palonnier, identiques également à celles que l'on trouve à bord d'un avion, permettent, quant à elles, de jouer sur le « slip », l'assiette de l'hélicoptère et son attitude par rapport à son axe de déplacement.
Les matériaux composites
L'hélicoptère a bénéficié des retombées techniques de la conquête spatiale, notamment l'emploi dans sa construction des matériaux composites, ultralégers et ultrarésistants, mis au point pour la fabrication des fusées.
L'organe fondamental qu'est l'hélice a vu ses performances croître avec l'utilisation de matériaux moulés (à base de fibres de carbone enrobées dans une matrice elle aussi en carbone) ou bobinés, tels que le Kevlar. Outre un allègement de l'ordre de 20 %, le recours à ces composites procure des avantages déterminants en fiabilité : les pales sont mieux équilibrées, face aux couples parasites qui se produisent lors de leur rotation ; ces matériaux résistent mieux au contraintes et au vieillissement par oxydation ou autre agression chimique ; tout risque de rupture brutale en vol, auquel exposaient les métaux non-ferreux utilisés auparavant, a été pratiquement éliminé. Enfin, avec l'aide de l'informatique, les matériaux composites permettent la conception de pales à l'aérodynamisme optimisé, puisqu'ils se prêtent à la réalisation de formes extrêmement complexes.
De même, le moyeu du rotor, pièce composée auparavant de plus d'une vingtaine d'éléments, est devenu monobloc grâce aux « composites lamellés », véritables sandwichs de feuilles de plastiques élastomères et de métal intimement collées. La maintenance en a été simplifiée à l'extrême. Ce principe supprime, en outre, une grande part des vibrations parasites engendrées par les pales et facilite le pilotage de l'appareil. La mise au point de cellules d'hélicoptères en composites permet aussi d'alléger les appareils tout en les rendant, en vol, beaucoup moins sensibles à la foudre.
Le moteur d'un hélicoptère
Les hélicoptères modernes sont propulsés par des turbopropulseurs. Il s'agit de turbines, brûlant du kérosène, qui, une fois allumées, tournent à deux vitesses : le ralenti et le plein régime. Celui-ci correspond à 90 % de la vitesse maximale de rotation.
Un générateur de gaz entraîne une ou plusieurs turbines qui transmettent le mouvement de rotation au rotor principal de l'hélice et au rotor de queue par une succession d'engrenages et de réducteurs. Le compresseur qui alimente la turbine commande éventuellement l'orientation des pales par l'intermédiaire de circuits hydrauliques.
L'hélicoptère militaire
Hélicoptère Super-Puma
Hélicoptère Super-PumaHélicoptère Chinook
L'hélicoptère militaire, déjà utilisé en Corée et en Algérie, s'est considérablement développé à partir de 1967, lorsque les États-Unis lui ont confié, pendant la guerre du Viêt Nam, des missions d'évacuation de leurs troupes et d'observation des lignes ennemies. Une grande part des hélicoptères militaires ont une fonction de transport d'hommes ou de matériel. À cet égard, le plus imposant est le MI26 russe, l'hélicoptère de transport le plus lourd du monde (28 tonnes), pouvant recevoir 20 tonnes de matériel dans une soute au volume voisin de celle d'un avion du type Hercules C 130.
Depuis les années 1980, on assiste à la mise au point de véritables hélicoptères de combat. Armes antichars par excellence, ces appareils, embusqués derrière un rideau d'arbres par exemple, peuvent fondre sur une colonne de blindés et la détruire en quelques instants. Des versions plus légères deviennent des vecteurs de la chasse anti-hélicoptère, ou de la lutte anti-sous-marin. L'hélicoptère bénéficie, en outre, des progrès réalisés en optronique pour devenir l'arme idéale du combat de nuit. Le Tigre franco-allemand, dont la production a commencé en 1998, entre dans cette gamme d'hélicoptères de combat qu'illustraient déjà l'Apache américain ou le Kamov-50 russe.
L'hélicoptère civil
En montagne, l'Alouette II est devenu le symbole de l'utilisation civile de l'hélicoptère. Construit par l'Aérospatiale à plus de 1 300 exemplaires de 1956 à 1970 et vendu à 46 pays, cet appareil léger a été le premier à bénéficier d'une turbine, mise au point en France par la firme Turbomeca. Il a donné naissance au « Lama », hélicoptère universel utilisé partout pour les secours et l'intervention en milieu difficile d'accès. Pesant à vide 1 021 kg seulement, il peut transporter des charges de l'ordre de 1,5 tonne soutenues par un crochet, ce qui en fait un instrument précieux pour le génie civil ou même les déménageurs ; capable de rester en position stationnaire avec une précision de l'ordre de 10 cm, il permet aussi bien à E.D.F. d'amener des éléments de pylônes en zone non desservie par une route, que de faire entrer par la terrasse d'un immeuble un piano trop gros pour la porte. En montant à 12 442 m, le Lama a établi en 1972 le record mondial d'altitude atteinte par un hélicoptère, record qu'il continue à détenir. À l'opposé, son aptitude à voler à très basse altitude en fait un outil précieux pour l'agriculture, en permettant d'assurer l'épandage sur les champs. Commercialisé depuis 1997, l'Écureuil B 3 fait aujourd'hui figure de successeur du Lama.
Cependant, le principal rôle civil de l'hélicoptère est le service médical d'urgence. Souple d'utilisation et rapide, il est un véritable ambulancier de l'air. C'est aussi le véhicule idéal de liaison rapide entre points d'accès difficiles. Ainsi, la mise en place et l'exploitation des gisements offshore ont suscité un peu partout dans le monde la constitution de véritables flottilles d'hélicoptères destinés à assurer la relève des équipages et le transport de vivres sur les plates-formes pétrolières en haute mer. L'hélicoptère est entré en ville, passant au-dessus des embouteillages, véritable navette aérienne reliant, par exemple, les aéroports de Heathrow et Gatwick, à Londres ; il met vingt minutes là où il faudrait deux heures en voiture.
La maintenance
La complexité technologique des hélicoptères se paie par une maintenance lourde qui impose, suivant les types d'appareils, de une à cinq heures d'entretien par heure de vol, et amène leur coût d'exploitation à un niveau d'autant plus élevé qu'à puissance égale un hélicoptère consomme plus de carburant qu'un avion transportant la même charge (un Puma de l'Aérospatiale, conçu dans les années 1960, par exemple, consommait plus de 600 litres à l'heure). La raison principale d'une maintenance si lourde réside dans le niveau et le nombre très élevé de vibrations que subit un hélicoptère, soumis en permanence à des couples induits par sa voilure tournante et son rotor de queue. C'est pourquoi les ingénieurs ont mis au point des éléments qui sont constitués d'un seul bloc, à l'image de l'axe du rotor réalisé en lamifiés, ou encore du système de variation du pas des hélices, assuré de plus en plus par une seule biellette par pale. De même, l'Aérospatiale a mis au point un rotor arrière caréné de type « fenestron », qui, tout en réduisant le bruit et en améliorant la sécurité, assure sur le plan aérodynamique la poussée anticouple en vol.
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