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ROOSEVELT

 

 

 

 

 

 

Franklin Delano Roosevelt

Franklin Delano Roosevelt
Homme d'État américain (Hyde Park, État de New York, 1882-Warm Springs 1945).
1. L'ascension vers la présidence
1.1. Origines et formation
De son père, James Roosevelt (1828-1900), gentilhomme campagnard administrateur de plusieurs sociétés, le jeune Franklin reçoit le nom ; de sa mère, Sarah Ann Delano (1854-1941), issue d'une famille riche possédant des mines et une flotte de navires, il hérite la fortune. Appartenant à l'élite, il bénficie du meilleur enseignement de l'époque : à Groton, puis à Harvard, enfin à Columbia, où il acquiert son diplôme d'avocat. Ce n'est pas un élève brillant, mais il sait se faire apprécier de ses camarades. Ses activités sont moins intellectuelles que sociales ; ses goûts le portent vers les bateaux et les chevaux, beaucoup plus que vers la jurisprudence.


1.2. La conquête du siège de sénateur de l'État de New York
En 1905, il épouse une lointaine cousine, Anna Eleanor (1884-1962), qui est la nièce du président républicain Theodore Roosevelt. Pendant quelque temps, le jeune Franklin travaille dans un cabinet d'affaires de New York. Puis, en 1910, le parti démocrate lui demande de se présenter aux élections sénatoriales de l'État de New York : son nom, sa fortune, son dynamisme devraient faire merveille dans une région qui traditionnellement vote républicain. Au terme d'une campagne menée en automobile, il est élu.
1.3. Secrétaire adjoint à la Marine (1913-1921)
Son inclination le pousse du côté des progressistes, et, lorsque Thomas Woodrow Wilson se présente à l'élection présidentielle de 1912, F. D. Roosevelt ne lui marchande ni son aide ni son appui. Il en est récompensé : le nouveau président fait de lui son secrétaire adjoint à la Marine (1913) ; c'est un poste où le brillant jeune homme peut unir son goût de la politique à sa passion pour les bateaux. Il exerce ses fonctions jusqu'en 1921 ; c'est dire qu'il a l'occasion de vivre, à un niveau élevé, des événements de grande importance : les multiples interventions militaires de son pays aux Antilles, la préparation et la participation à la Grande Guerre, les vains efforts de Wilson pour faire ratifier le traité de paix (→ traité de Versailles) et le pacte de la Société des Nations (SDN).
F. D. Roosevelt est un fidèle partisan de son président, le défenseur inébranlable d'une puissante marine non dépourvu d'idées originales (il recommande avec vigueur en 1917 de lutter contre les sous-marins allemands par une attaque de leurs bases), mais sa jeunesse, ses airs de dandy ne lui confèrent qu'une audience limitée. Quoi qu'il en soit, la convention du parti en 1920 le désigne comme candidat à la vice-présidence ; les démocrates n'ont aucune chance de gagner les élections, mais F. D. Roosevelt se fait mieux connaître dans le pays.
1.4. Le choix délibéré de la politique
L'arrivée des républicains au pouvoir le ramène à la vie privée. Au cours de l'été de 1921, il est frappé par la poliomyélite et lutte contre la maladie pendant plusieurs semaines. Il recouvre partiellement l'usage de ses jambes. Sa vie politique est gravement compromise ; il pourrait même y renoncer ; sa fortune, l'exemple de son père, les encouragements de sa mère l'incitent à mener la vie tranquille du gentilhomme campagnard.
Mais, sous l'influence d'Eleanor, il réagit différemment : son caractère devient plus ferme ; il prend le goût de l'effort ; ses lectures se font plus nombreuses ; la vie politique est un excellent dérivatif à son infirmité. À demi paralysé, il manifeste une indomptable énergie, un allant qui surprend son entourage et bientôt le pays, une gaieté et une santé morale à toute épreuve. Paradoxalement, il incarne l'optimisme.
1.5. Gouverneur progressiste de l'État de New York (1929-1932)
Dès 1924, F. D. Roosevelt reparaît dans les assemblées du parti. En 1928, il brigue le poste de gouverneur de l'État de New York auquel il est (il sera réélu en 1930). C'est à ce poste que F. D. Roosevelt fait l'expérience des effets de la crise : comme le plus grand nombre de ses concitoyens, il a été surpris par l'ampleur du marasme. Mais, avec l'aide de Frances Perkins (1882-1965) et de Harry Lloyd Hopkins (1890-1946) – qui joueront un rôle primordial de 1933 à 1945 –, il met au point les premières mesures de secours, notamment la Temporary Emergency Relief Administration, qui dispose d'un budget de 60 millions et vient en aide à un million de chômeurs.
Ses fonctions politiques, sa volonté de combattre la crise ont accru son influence. En 1932, le parti démocrate – qui a surmonté ses divisions – a le vent en poupe : or le président Herbert C. Hoover a déçu et ne parvient pas à redonner confiance.


1.6. Candidat charismatique à la présidence des États-Unis

La convention démocrate, réunie à Chicago en juillet 1932, désigne F. D. Roosevelt comme le candidat du parti à la présidence. Contrairement aux usages, F. D. Roosevelt se rend en avion devant les délégués pour accepter leur investiture. Sa campagne, il la mène tambour battant. Lui, l'infirme, il ne cesse de se déplacer d'un État à l'autre et, par son sourire, sa cordialité, son goût de la vie, remonte le moral de ses concitoyens.
Pour lutter contre la crise, il annonce le New Deal, une « Nouvelle Donne » qui ne comporte aucun programme précis. Ce qu'affirme Roosevelt, c'est que le temps de l'individualisme est passé : « L'heure est venue de faire appel à un gouvernement éclairé. » Les obscurités n'en demeurent pas moins : le gouvernement fédéral devra-t-il dépenser ou économiser ? Contrôlera-t-il la vie économique, et jusqu'à quel point ? Faut-il maintenir une monnaie solide ou donner libre cours aux tendances inflationnistes ? Qui, des États ou de l'Union, viendra au secours des chômeurs ? L'équivoque n'épargne pas davantage le programme de politique extérieure : F. D. Roosevelt a pris parti, sous la pression de son aile droite, contre l'entrée des États-Unis dans la SDN.
Mais il sait se faire entendre des Américains ; il a le génie des formules ; il exprime de grandes idées avec des phrases simples ; il « sent » ce que la majorité attend de lui. Aussi, le 8 novembre 1932, son succès électoral est-il net : il obtient près de 23 millions de voix et 472 mandats électoraux, contre 15 millions de voix et 59 mandats pour Hoover ; le candidat socialiste arrive en troisième position avec 900 000 suffrages.


2. Le président F. D. Roosevelt (1933-1941)
2.1. Le véritable fondateur de la présidence moderne
Au centre de gravité de toute la vie politique économique et sociale
Le président devient le centre de gravité de toute le vie politique économique et sociale. Il conduit l'opinion publique, sans jamais perdre contact avec elle ; il la stimule, mais se garde d'aller trop vite. Il informe simplement et honnêtement : les « causeries au coin du feu » donnent pour la première fois dans l'histoire un rôle primordial à la radio.
Avec la presse, Roosevelt éprouve plus de difficultés : bien qu'en 1936, les deux tiers des journaux lui soient hostiles, il tient de fréquentes conférences de presse, au cours desquelles il charme, flatte, annonce ou menace. D'ailleurs, F. D. Roosevelt a le sens du « drame » : ce qui compte pour lui, c'est d'occuper par ses paroles et ses déplacements la première page ; il ne s'en prive pas.
Entre son élection et son entrée en fonction, il a mis sur pied son équipe, qu'il conservera pendant la quasi-totalité de l'administration Roosevelt, jusqu'en 1945 : le sénateur du Tenessee, Cordell Hull, au secrétariat d'État (Affaires étrangères), Henry Morgenthau au Trésor, Henry Wallace à l'Agriculture, Harold L. Ickes à l'Intérieur.
Contrairement à ses prédécesseurs, il fait appel à des intellectuels et s'entoure de son brain-trust, une structure parallèle rassemblant des hommes de confiance, des spécialistes dont il attend les recommandations. Désormais, c'est vers Washington que se tournent les regards des intellectuels américains.
Un exécutif élargi, prenant l'initiative des lois et n'hésitant pas à recourir au veto
De 1933 à 1945, le pouvoir exécutif ne cesse d'étendre ses compétences. Agences et bureaux sont chargés de mettre en œuvre les mesures législatives qui ont été adoptées par le Congrès ; ils touchent à tous les domaines et travaillent en relation étroite avec la Maison-Blanche. Toutefois, le Congrès subit un effacement limité : si F. D. Roosevelt est assez populaire pour faire élire dans son sillage des sénateurs et des représentants, il ne parvient pas, notamment en 1938, à empêcher la réélection de ceux qui lui déplaisent. En revanche, c'est de plus en plus de la présidence que partent les projets de lois ; F. D. Roosevelt vient en personne les soutenir devant le Congrès, prodigue ses encouragements aux législateurs frileux et n'hésite pas à recourir fréquemment au veto lorsque les « bills » du Congrès lui déplaisent.
Le président Roosevelt sait adapter la Constitution de 1787 aux besoins de la société des années 1930. « Notre Constitution, disait-il en mars 1933, est si simple et si pratique qu'il est toujours possible de faire face à des nécessités exceptionnelles par de simples changements d'accent et d'organisation sans rien perdre des formes essentielles. » Dans cette perspective, le gouvernement fédéral propose des objectifs nationaux, mais les États lui sont associés dans le choix des solutions et l'application des mesures décidées.
Le pragmatisme en matière économique
Pour relever l'économie du pays, pour assurer la mobilisation des énergies nationales pendant le conflit mondial, deux principes guident l'action de Roosevelt. Le premier est qu'il faut moderniser le capitalisme américain, et non le détruire : Roosevelt n'a nullement souhaité le bouleversement de la société. En second lieu, F. D. Roosevelt est essentiellement un pragmatique : les doctrines économiques, il n'y croit guère ; il les expérimente : si l'une ne donne pas les résultats escomptés, il recourt à l'autre – ou bien il utilise les deux en même temps.
Son administration a été, l'espace de quelques années, le champ de bataille entre les libéraux et les partisans de la planification, entre les défenseurs de l'équilibre budgétaire et les tenants des dépenses fédérales, qui ne peuvent que mettre le budget en position de déficit.


Les premières mesures d'urgence


Les États-Unis de mars 1933 sont au plus bas : 13 millions de chômeurs, les banques fermées, l'agriculture en pleine crise ; le produit national brut est passé de 104,4 milliards en 1929 à 60 milliards. La tâche du nouveau président est colossale. Il commence par redonner confiance : « La seule chose que nous ayons à craindre, déclare-t-il dans son discours inaugural, c'est la crainte elle-même, cette terreur sans nom et sans fondements, sans justification, qui paralyse les efforts nécessaires pour transformer une retraite en progression. »
Roosevelt lutte contre la crise en améliorant le pouvoir d'achat des classes défavorisées : agriculteurs et ouvriers. Pour cela il impose le contrôle fédéral aux banques et aux industries, et s'appuie sur l'opinion publique à laquelle il s'adresse dans ses « causeries au coin du feu ». Il réalise la réforme bancaire (fermeture des banques pour quatre jours, Emergency Banking Bill) et supprime la prohibition (mars 1933), abandonne l'étalon-or (avril 1933), dévalue le dollar (Gold Reserve Act, 1934) et favorise l'expansion du crédit. Il établit l'AAA (Agricultural Adjustment Act, 12 mai 1933) pour diminuer les excédents agricoles et alléger les dettes des fermiers.
Enfin, il cherche à faire reculer le chômage grâce à une politique de grands travaux (lutte contre l'érosion, reboisement, grands barrages, mise en valeur de la vallée du Tennessee), aux codes de la NRA (National Recovery Administration, juin 1933), chargée de réglementer les conditions du travail ; grâce aussi aux dispositions du National Labor Relations Act de 1935 (protection des syndicats), du Social Security Act (1935) et du Fair Labor Standards Act de 1938 (fixation de salaires minimaux et de durées maximales de travail). Hostile à l'esprit interventionniste du New Deal, la Cour suprême en rejette les deux textes essentiels : la NRA (1935) et l'AAA (1936).
Roosevelt, ayant été réélu triomphalement (novembre 1936), use de son prestige pour tenter, mais en vain, d'obtenir du Sénat la réorganisation de la Cour suprême ; pourtant, celle-ci, inquiète, valide de nombreuses décisions libérales en matière sociale, tandis que le président fait voter le Wagner Housing Act encourageant la construction (septembre 1937). L'ensemble de ces mesures renforce le pouvoir fédéral, renouvelle les cadres de la vie politique et entraîne la mutation du parti démocrate en un parti progressiste.

Un président contesté
F. D. Roosevelt n'a pas manqué d'ennemis. L'opposition vient autant des milieux économiques que politiques. Que ce soit les républicains, qui défendent alors les intérêts des conservateurs et , se plaignent de la brutalité dans l'application des réformes, des fascistes de tous horizons (les Silver Shirts, à l'imitation des Chemises noires de Mussolini), la Cour suprême jusqu'en 1937 ou la minorité de l'extrême gauche, tous ont souligné l'incohérence de sa politique, tous ont rappelé qu'en 1939 les États-Unis comptaient encore 9 500 000 chômeurs, que le produit national brut n'avait pas, en prix courants et malgré la dévaluation de 1934, retrouvé le niveau de 1929.
C'est la production de guerre qui tirera les États-Unis du gouffre où la crise les avait plongés. Mais F. D. Roosevelt a fourni à son pays les moyens politiques et économiques, la confiance nécessaire pour affronter le conflit mondial et en tirer les plus grands profits. L'opinion le suit puisqu'il est triomphalement réélu en 1936.


2.2. La politique extérieure
S'assurer un bon voisinage
Par une politique extérieure de bon voisinage, Roosevelt groupe finalement les républiques de l'Amérique latine autour des États-Unis. Il fait même évacuer le Nicaragua (1933), Haïti (1934), assure l'émancipation politique de Cuba (1934) et de Panamá (1936), promet l'indépendance aux Philippines pour 1944. Ayant reconnu l'Union soviétique dès 1933, il garde une certaine réserve à son égard, mais s'inquiète surtout des régimes de Hitler et de Mussolini.


Rompre l'isolationisme
Longtemps, en effet, l'opinion américaine s'est désintéressée des événements d'Europe – un peu moins de la situation en Extrême-Orient. Bien plus, elle a approuvé les précautions qui ont été prises de 1935 à 1937 pour éviter que le pays ne soit entraîné dans une nouvelle guerre. L'isolationnisme est alors triomphant. Roosevelt lui-même ne peut que se plier à la volonté de ses concitoyens.
Mais, dès 1937, il manifeste son inquiétude : son discours d'octobre recommande de mettre en quarantaine les agresseurs ; la marine reçoit du renfort, l'armée ne compte en 1939 que 200 000 hommes. Le président suggère une conférence mondiale sur la limitation des armements ; sa voix n'est pas entendue ; il ne dispose pas des forces suffisantes pour empêcher l'Allemagne de déclencher la guerre.
Persuadé que les États-Unis ne pourront rester à l'écart d'une guerre européenne, Roosevelt fait voter la loi de neutralité le 5 septembre 1939 (révisée le 21 septembre), abrogeant les clauses de l'embargo et autorisant la vente d'armement aux belligérants qui peuvent le payer comptant et l'emporter (Cash and Carry).
Après la défaite de la France (juin 1940), il obtient des crédits pour le réarmement, l'établissement de la conscription (septembre 1940) et cède cinquante destroyers à la Grande-Bretagne. Ayant, contre toutes les traditions, demandé et obtenu un troisième mandat présidentiel (novembre 1940), il accentue sa politique d'aide aux démocraties. En mars 1941, le Congrès adopte la loi du prêt-bail (Lend-Lease Act) – une idée de Roosevelt – qui permet aux États-Unis de fournir gratuitement de l'aide aux Britanniques, puis aux Soviétiques, aux Chinois, aux Français libres. Un programme de mobilisation économique est mis sur pied. En août 1941, Roosevelt rencontre Churchill, et les deux hommes énumèrent les buts de guerre de leur pays dans la charte de l'Atlantique qui pose comme base à la reconstruction du monde le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et la liberté des hommes et des biens de transiter d'un pays à un autre.


Le chef de guerre

Lorsque les Japonais attaquent la base de Pearl Harbor le 7 décembre 1941, les Américains sont prêts, grâce à leur président, à s'engager activement dans la guerre. La déclaration de guerre à l'Allemagne (11 décembre), accroît les responsabilités de Roosevelt : il doit diriger l'effort de guerre des États-Unis, équiper leurs alliés, décider la fabrication de la bombe atomique et préparer l'après-guerre.
Appliquant sa méthode des contacts personnels pour résoudre les problèmes militaires et diplomatiques de la coalition, il rencontre plusieurs fois Churchill, à Washington (décembre 1941), à Casablanca (→ conférence de Casablanca, janvier 1943), à Washington (mai 1943), à Québec (→ conférences de Québec, août 1943), et avec lui rencontre Tchang Kaï-chek (Le Caire, novembre 1943), Staline (→ conférence de Téhéran, nov.-déc. 1943 ; conférence de Yalta, février 1945).
Désireux d'éviter toute rupture avec l'URSS, Roosevelt consent à un déplacement de la Pologne vers l'ouest et s'oppose avec Staline au projet anglais de débarquer dans les Balkans, en cédant d'avance le contrôle de cette région à l'URSS (conférence de Téhéran, 1943), à laquelle il abandonne en outre Port-Arthur, les chemins de fer transmandchourien et sudmandchourien, le sud de Sakhaline et les îles Kouriles, en échange d'une promesse d'intervention militaire contre le Japon après la capitulation de l'Allemagne (Yalta, 1945).
Ayant posé le principe d'élections libres et de frontières conformes à la volonté des populations, le président des États-Unis renonce à placer les colonies sous une tutelle internationale. Préoccupé de mettre au point la meilleure formule de sécurité collective, il accepte, en 1943, l'idée d'une Organisation des Nations unies (ONU), dont il fait élaborer le plan (→ plan de Dumbarton Oaks, 1944) et qu'il convoque pour une première session à San Francisco (1945). Il se fait réélire pour un quatrième mandat en novembre 1944, mais il meurt (12 avril 1945) à la veille de la victoire.
Roosevelt laisse à son pays un atout considérable : la plus grande puissance économique de la planète, et une mission redoutable : assurer la défense de la démocratie dans un monde où s'annonce déjà la guerre froide.

 

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IMPRIMERIE

 

 

 

 

 

 

imprimerie


Ensemble des techniques et métiers qui concourent à la fabrication d'ouvrages imprimés. (Synonyme : industries graphiques.)
Historique
En Orient
Les premières reproductions d'écriture furent sans doute obtenues sur la cire ou l'argile avec les sceaux cylindriques et les cachets qu'on retrouve dans les plus anciennes cités de la Mésopotamie ou de l'Élam ; certains datent de vingt-huit siècles avant notre ère. Des briques ont aussi été estampées en creux au moyen de formes de bois ou de métal. Ensuite, l'imprimerie fut connue en Chine, où elle mettait en œuvre des formes de bois gravé. Sur une planche polie, le bois était enlevé autour de l'écriture, qui demeurait seule en relief. On l'encrait et on appliquait sur elle une feuille de papier de riz. L'invention de caractères mobiles est relatée dans un livre du xie s. et attribuée à Bi Sheng (1041-1048). Ces caractères furent en terre cuite, puis en plomb, enfin en cuivre.
En Europe

Les impressions xylographiques, dont le procédé se rattache plus à la gravure, constituent le premier chapitre de l'histoire de l'imprimerie par leur but et l'époque de leur diffusion. À l'aide de gouges, le graveur laisse en saillie, à la surface d'un bloc, le signe à reproduire. C'est la différence de niveau qui empêche l'encre d'atteindre les creux. La planche à graver en poirier, en cormier ou noyer est débitée dans le sens du fil du bois, parallèlement à l'axe du tronc ou de la branche. Cette gravure en bois de fil a surtout été en faveur au milieu du xvie s. Elle était utilisée pour l'impression de cartes à jouer, d'images pieuses avec ou sans phylactères, de textes brefs plus ou moins illustrés (donats), de livres typographiés enfin, dans lesquels des dessins pouvaient être reproduits. La gravure artistique au burin, sur bois, au xve s., amena à concevoir l'idée de graver séparément chacune des vingt-cinq lettres de l'alphabet latin. En effet, à partir d'un certain nombre de caractères fondus, une infinité de combinaisons fut possible ainsi que le tirage d'épreuves à volonté. C'est à Johannes Gensfleisch, dit Gutenberg, et à son collaborateur principal Peter Schöffer, que revient, semble-t-il, l'honneur de l'invention de l'imprimerie. En fait, cette invention était double puisqu'elle associait celle de la presse à imprimer, mise au point d'après le modèle des pressoirs à vis utilisés par les vignerons rhénans, et celle des caractères métalliques mobiles, dus à Schöffer. Pour autant, ce ne fut pas la lettre mobile qui fut l'invention décisive mais la lettre métallique moulée (« jetée en moule »), due à Gutenberg. Presque immédiatement s'instaura la méthode de fabrication des caractères devenue classique :
– gravure en poinçon, à l'extrémité d'une tige métallique (acier doux), du signe voulu en relief et à l'envers ;
– frappe à l'aide de ce poinçon d'une matrice dans un métal plus tendre (cuivre rouge) ;
– moulage, dans un moule à arçon, ou moule à main, d'un alliage ternaire (plomb, étain, antimoine) qui s'imposa jusqu'à nous.
Le 14 octobre 1457, Fust, l'associé de Gutenberg, et Schöffer achevèrent d'imprimer le premier livre portant la date imprimée : le Psautier de Mayence. Avec Gutenberg, ils publièrent des ouvrages populaires de religion, de grammaire latine, des calendriers. Leur œuvre la plus célèbre est une Bible in-folio, dite à « 42 lignes », ou « Bible mazarine » (elle appartint au cardinal et se trouve à la bibliothèque Mazarine).
La diffusion


L'art nouveau se répandit avec rapidité, par la vallée du Rhin, dans toute l'Europe. Deux ouvriers de Gutenberg s'établirent en 1464 en Italie, à Subiaco, puis à Rome. Un envoyé de Charles VII à Mayence porta les « secrets de l'art » à Venise, où Alde Manuce fonda, en 1490, sa dynastie d'imprimeurs, qui devait durer un siècle. Il publia un Virgile en caractères penchés, dits « aldini », ou « italiques » (1500). À Paris, par exemple, les débuts de l'imprimerie sont dûs à trois ouvriers typographes allemands, Martin Crantz (ou Krantz) de Strasbourg, Michaël Freiburger de Colmar, et Ulrich Gehring de Constance, qui furent accueillis en 1470 dans le collège de la Sorbonne (où le premier livre sorti de leur presse, la même année, fut les Lettres de Gasparini de Pergame) ; en 1473, ces trois typographes s'installèrent rue Saint-Jacques à l'enseigne du Soleil d'Or. À partir de 1477, seul apparaît le nom d'Ulrich Gehring, qui revint rue de la Sorbonne où il ouvrit un atelier à l'enseigne du Buis. En France encore, citons la famille Estienne (1500 à 1661) ; à Lyon, É. Dolet ; aux xviiie et xixe s., les Didot. L'Angleterre a une imprimerie à Oxford en 1479, puis une à Londres. Les Pays-Bas ont les Plantin à Anvers (1548-1876), puis les Elzévir à Leyde (1580-1636).
La typographie, opéra une véritable révolution dans la diffusion de la pensée. Sans subir de modification fondamentale, le procédé typographique allait permettre d'imprimer la quasi-totalité des ouvrages parus du xve s. aux débuts de la révolution industrielle. C'est au xixe s. que l'on doit les grandes novations en matière d'imprimerie : l'Allemand König met au point la presse à cylindre en 1811, l'Anglais Stanhope construit, en 1820, une presse à bras entièrement métallique ; vers 1850, entre en service la première rotative. De telles machines vont permettre dès lors la publication quotidienne de journaux. Nicéphore Niépce avait trouvé, vers 1830, le principe de la photographie ; la similigravure permet, dès 1882, d'imprimer des images photographiques.
La composition mécanique
La mécanisation de la composition, effective aux États-Unis peu avant 1890, devint opérationnelle en Europe aux environs de 1900. Tout le travail manuel d'assemblage et de justification des lignes se faisait mécaniquement à l'aide de machines composeuses-fondeuses. Dans le système Linotype (inventé en 1886 par l'Américain Ottmar Mergenthaler), surtout utilisé par la presse, la frappe des touches d'un clavier assemblait et justifiait mécaniquement des matrices – et non des caractères – dans lesquelles était envoyé un jet de « métal typographique » (le plomb). Les lignes-blocs qui en résultaient étaient fondues chacune d'un seul tenant. Avec le procédé Monotype (dû à un autre Américain, Tolbert Lanston), préféré par l'édition, la frappe d'un clavier délivrait une bande de papier perforé, dont le décodage par une machine fondeuse permettait de fabriquer des lettres séparées assemblées ligne par ligne. Les composeuses-fondeuses produisaient, selon les corps, entre 5 000 et 9 000 signes à l'heure, contre 1 000 à 1 400 en composition manuelle.
Les procédés d'impression
La diversification des techniques
Après l'imprimerie typographique, première en date et dont les formes sont constituées par des éléments imprimants en relief, d'autres procédés sont nés, répondant à des besoins nouveaux ou issus de possibilités nouvelles : la taille-douce, l'eau-forte et leurs dérivés, où les éléments imprimants sont en creux ; la lithographie, où éléments imprimants et non imprimants sont sur le même plan. La photographie a donné naissance à la photogravure et a permis de compléter les procédés manuels de dessin, de gravure, de composition, par des procédés photomécaniques, lesquels ont rendu possible l'impression d'illustrations en noir et en couleurs. Nouveaux venus depuis le début du xxe s., l'offset et l'héliogravure ont pris une rapide extension. Aujourd'hui, cependant, l'électronique bouleverse les méthodes traditionnelles des industries graphiques, et la vitesse d'exécution devient sans commune mesure avec les possibilités humaines. Le ruban perforé, la bande magnétique et le film remplacent le plomb. Le caractère immatériel enregistré sur ordinateur succède au caractère métallique. Une seule photocomposeuse de troisième génération absorbe la production d'une centaine de clavistes. Un ordinateur peut d'ores et déjà assurer la présentation définitive d'un texte, voire réaliser diverses maquettes de mise en pages selon un programme préétabli. Seul le produit fini, c'est-à-dire l'imprimé, ne risque pas de disparaître.
L'évolution du secteur
À ses débuts, l'imprimerie intègre toutes les fonctions, de l'édition à la librairie. Puis apparaissent des imprimeries effectuant à façon les travaux que leur confient les éditeurs. La production se divise ensuite en travaux dits « de labeur », ou impression de livres, et en travaux « de ville », représentés par le reste du marché. Au xixe s. vient s'ajouter la presse. Les entreprises se chargent encore de toutes les opérations, de la composition au façonnage.
De nos jours, la diversification s'est accrue, certaines entreprises n'assurant parfois qu'une seule de ces fonctions, si bien que l'ensemble des activités techniques qui ont pour but la production d'un imprimé est plutôt désigné sous l'expression d'« industries graphiques », le terme « imprimerie » étant réservé à une entreprise qui s'occupe surtout (parfois exclusivement) de l'impression.
De la taille douce aux techniques contemporaines
La taille douce
Maso Finiguerra (1426-1464) appliqua pour la première fois la gravure en creux à l'imprimerie, en remplissant d'encre les tailles d'une plaque d'argent gravée et en imprimant, grâce à cette forme, une image représentant le Couronnement de la Vierge. Depuis, on a donné le nom de « taille-douce » à l'ensemble des procédés de gravure manuelle en creux.
La gravure en creux, ou taille-douce, devint à la Renaissance le mode d'illustration préféré du livre; elle succède au relief du bois de fil, qui ne permettait pas une finesse d'exécution suffisante. Ce type d'impression est l'inverse de celui de la gravure sur bois en relief. Il faut ajouter que la métallurgie du cuivre, support habituel de la taille-douce, la favorisa grandement en substituant les planches laminées, d'épaisseur enfin uniforme, aux précédentes, simplement coulées et battues.
Christophe Plantin, à Anvers, fut l'un des premiers à promouvoir la taille-douce, à partir de 1559 (avec l'ouvrage la Magnifique et Somptueuse Pompe funèbre, faite aux obsèques de Charles Cinquième, célébrées en la ville de Bruxelles) en faisant appel à des graveurs de grande renommée.
Deux méthodes sont employées pour graver le cuivre, qui est le métal utilisé presque exclusivement en taille-douce : l'outil peut être un burin dont l'arête tranchante entame fortement le métal, ou une pointe sèche, stylet d'acier ou de diamant, qui ne laisse dans le cuivre qu'un léger sillon, ou le procédé à l'eau-forte.
Quand la gravure est réalisée par voie chimique, la plaque de cuivre est recouverte préalablement d'un vernis. Puis le graveur, avec une pointe, met le métal à nu sans l'entamer. La plaque est ensuite plongée dans un bain d'acide (eau-forte) qui va creuser dans le cuivre les zones que la pointe a dénudées. D'autres techniques sont utilisées : l'aquatinte, le lavis, le procédé au sucre…
Ce procédé avait pour inconvénient majeur la nécessité d'une impression sur deux presses : l'une, typographique, pour le texte ; l'autre, chalcographique, pour les illustrations. Les presses de taille-douce ressemblent à un laminoir, dans lequel passe la plaque recouverte par la feuille à imprimer. Une servitude de la taille-douce est qu'elle nécessite avant impression l'essuyage de l'encre compacte dont on recouvre toute la surface de la plaque – faute de pouvoir faire autrement – car elle ne doit subsister que dans les tailles de la gravure. C'est là, en effet, que le papier d'impression ira la recueillir.
La taille-douce est restée, jusqu'au xixe s., le procédé d'illustration le plus apprécié. Aujourd'hui elle est réservée aux ouvrages de bibliophilie (livres de grand luxe tirés en nombre limité).
Les techniques contemporaines

Presse offset
Cinq procédés d'impression (lithographie, offset, héliogravure, flexigraphie et sérigraphie) se partagent aujourd'hui le marché des industries graphiques. La typographie utilise des caractères typographiques pour le texte et des clichés pour les illustrations. La mise au point, vers 1900, de l'impression en offset a progressivement déstabilisé le secteur d'activité de la typographie, qui ne représente plus qu'une très faible part du marché. Elle est encore utilisée pour l'impression de livres de bibliophilie et pour les travaux de ville.
Le procédé lithographique fut inventé par l'Autrichien Aloys Senefelder, en 1796. C'est un procédé physico-chimique fondé sur l'antagonisme qui existe entre l'eau et les corps gras. La forme imprimante est une pierre calcaire parfaitement plane (la pierre litho est du calcaire très fin). Sur sa surface poreuse, extrêmement homogène, on dessine ou on reporte à l'envers l'image à reproduire, à l'aide d'une encre spéciale dont les acides gras se combinent chimiquement au calcaire. On fixe ensuite ce report avec une solution d'acide nitrique et de gomme arabique. La presse lithographique fonctionne comme une presse typographique à système plan contre cylindre. Lors de l'impression, la forme passe d'abord au contact de rouleaux mouilleurs : l'humidité est « repoussée » par les parties dessinées, et « acceptée » par la surface des parties non imprimantes. La forme passe ensuite au contact des rouleaux encreurs, dont l'encre, qui n'adhère pas aux parties mouillées, se dépose sur l'image. Celle-ci se reporte alors à l'endroit sur une feuille de papier entraînée par le cylindre de pression. Les pierres lithographiques, lourdes et encombrantes, furent remplacées par du zinc, car ce métal présente pour l'imprimerie des propriétés analogues à celles du calcaire. Vers 1880, on construisit des presses lithographiques rotatives, dans lesquelles la plaque de zinc cintrée était accrochée sur un cylindre porte-forme.
En 1904, l'Américain Ira Rubel, laissant passer un tour sans feuille sur sa presse litho, constate que l'habillage de caoutchouc du cylindre de contre-pression donne une impression très convenable au verso de la feuille suivante : c'est grâce à cette fausse manœuvre qu'est né le procédé offset. L'impression en offset ne diffère que très peu de l'imprimerie litho : la feuille est imprimée par l'intermédiaire d'un cylindre recouvert de caoutchouc (cylindre porte-blanchet). L'image, à l'endroit sur la forme, se reporte à l'envers sur le blanchet, pour se décalquer finalement à l'endroit sur la feuille. La photogravure offset obéit aux mêmes principes que la photogravure typographique, mais les points de trame offset ne sont plus soumis à l'écrasement. L'offset est le mode d’impression le plus répandu en publicité, mais aussi dans l'impression des livres, des revues et même des journaux.

Impression en héliogravure
L'héliogravure utilise un procédé dont les formes imprimantes sont des cylindres recouverts d'une pellicule de cuivre, déposée par voie électrolytique, dans laquelle sont gravés en creux les éléments imprimants. Le parc des presses d'héliogravure n'est pratiquement constitué que de rotatives. Le traitement des cylindres nécessite des installations lourdes et complexes qui font appel aux technologies de la gravure assistée par ordinateur. Le coût élevé de la gravure ne peut être amorti que par des tirages très élevés : catalogues de V.P.C., hebdomadaires, etc.
Dans la flexographie, les formes imprimantes sont en relief et sont constituées de clichés souples, en caoutchouc ou en plastique ; ce procédé est surtout exploité en continu sur des rotatives. Les solvants de l'encre fluide sont très volatils et le séchage s'effectue par évaporation, ce qui permet d'imprimer sur des supports non absorbants, tels les plastiques souples utilisés dans les secteurs de l'emballage.
La sérigraphie, enfin, est un procédé exploitant le principe du pochoir. La forme imprimante est constituée d'un cadre, fermé par un écran en soie, à l'origine (d'où son nom), et maintenant en Nylon. Les entreprises spécialisées vont de l'imprimerie artisanale aux unités les plus industrialisées. L'impression des autoadhésifs sur les plastiques, celle des habillages de matériel technologique sont des secteurs privilégiés de la sérigraphie, qui permet aussi d'imprimer sur des volumes (tubes, ampoules, etc.).


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AVIATION - HISTOIRE

 

 

 

 

 

 

aviation
(latin avis, oiseau)

Consulter aussi dans le dictionnaire : aviation
Navigation aérienne au moyen d'appareils plus lourds que l'air.
L'avion universel

Introduction

Louis Blériot, 1909

Il s'est écoulé moins d'un siècle entre le vol du premier avion – celui de Clément Ader – et la mise en service des plus gros porteur à passagers, comme le Boeing 747-400. Quelques grandes dates jalonnent l'évolution technique, sportive et commerciale de l'aviation : la première traversée de la Manche par Louis Blériot le 25 juillet 1909, année marquée par la constitution de la première compagnie aérienne française ; le premier vol d'un avion à réaction en avril 1944 ; ou encore le premier décollage d'un supersonique de transport civil, le Concorde, le 2 mars 1969. Toutefois, l'aviation n'a abordé sa véritable vocation, celle de moyen de transport universel, que le 9 février de cette même année, lors du premier vol d'un Boeing 747.
Cet appareil, d'une masse de près de 400 tonnes au décollage lorsqu'il est chargé à plein, transporte jusqu'à 600 passagers dans sa version 747-400. Avec ses vastes dimensions (59 m d'envergure, 57 m de longueur intérieure), il ouvre dès 1970 l'ère du transport aérien de masse. Commandé par toutes les grandes compagnies aériennes, ce quadriréacteur est représentatif de l'évolution récente du trafic aérien. Il se présente en effet en trois versions adaptées aux besoins des exploitants : un appareil entièrement destiné au transport des passagers ; un appareil mixte dont la moitié arrière est dévolue au transport des marchandises ; ou encore un cargo transportant exclusivement du fret. Le trafic des marchandises prend de plus en plus d'importance. À Air France, par exemple, il croît de 20 % par an, quatre fois plus que le transport de passagers, qui augmente de 5 à 6 % par an.
Les avions plus petits connaissent eux aussi depuis quelques années un développement commercial important. Si les appareils « exotiques », qu'ils soient à pédale ou mus par l'énergie solaire, relèvent encore de la recherche technique ou de l'exploit sportif, les U.L.M. (ultra légers motorisés) ont conquis leur titre de noblesse en devenant des engins militaires de reconnaissance à basse altitude, ou des appareils d'épandage de produits phytosanitaires au service de l'agriculture…
Pour en savoir plus, voir les articles aéroport, circulation aérienne.
Des long-courriers aux bombardiers

Premier kilomètre en avion en circuit fermé, en 1908Premier kilomètre en avion en circuit fermé, en 1908
Au début de l'aviation, le seul objectif était de voler. Très vite a commencé la diversification des machines volantes selon leur fonction. Ainsi, le premier avion amphibie volait dès 1910, puis en 1911 le premier bimoteur. La même année, une mission de reconnaissance italienne en Libye fut le premier vol militaire. Les impératifs militaires ont dès lors été pendant longtemps à l'origine de la spécialisation croissante des machines volantes.

Avions de transport

L'évolution vient principalement de cette activité aérienne essentielle qu'est le transport civil de passagers : pas moins de 500 compagnies exploitent dans le monde une flotte totale d'environ 85 000 appareils. Ils se répartissent en plusieurs catégories : les long-courriers, équipés de trois ou quatre propulseurs, le plus souvent à réaction, leur donnant le droit de s'éloigner de plus de 90 minutes de vol de l'aéroport le plus proche, donc de traverser les mers ; les moyen- et les court-courriers, équipés de deux propulseurs, réacteurs ou turbopropulseurs. Autres appareils de transport civil, ceux de l'aviation dite de troisième niveau. Du Gulfstream de Grumman de 22 places (masse : 17,5 t), capable d'effectuer des trajets de 8 200 km sans escale à la vitesse de 1 000 km/h, jusqu'au tout petit Tobago Socata de 4 places (il ne pèse que 670 kg) volant à 243 km/h sur des trajets de 1 000 km au maximum, cette classe recouvre une bonne quarantaine de types d'aéronefs bien différents.

Avions de chasse

Avions de chasseBombardier Boeing B-29Avion militaire C130 HerculesAvion militaire C160 TransallAvion furtif F-117Avion de combat Tornado
Les militaires, eux aussi, exploitent des avions de transport. Les plus imposants sont le Lockheed C 5 Galaxy américain, d'une envergure de 68 m et de 350 t de charge brute, ainsi que l'Antonov 225 qu'utilisait l'armée soviétique, seul appareil au monde à être doté de six propulseurs, véritable géant atteignant 600 t de charge au décollage. À la fin du siècle, une nouvelle génération d'avions de transport militaire s'annonce avec les nouvelles versions de l'Hercules C 130 de Lockheed et avec les projets russe d'Antonov 70 ou européen d'ATF (avion de transport futur). Mais les avions militaires, ce sont, bien sûr, les bombardiers. Le plus étonnant est le B2 américain, qui a ouvert en 1989 l'ère de l'avion dit furtif. Cet appareil, d'une géométrie particulière, est constitué de matériaux qui ne renvoient pratiquement pas d'écho radar. De cette technologie a aussi bénéficié l'avion d'attaque F 117 devenu célèbre dans la guerre du Golfe. Quant aux chasseurs les plus modernes, ils atteignent une limite qui ne sera pas franchissable : la résistance humaine des pilotes aux accélérations lors de manœuvres d'échappe. Cependant, l'avion de chasse évolue et devient de moins en moins un appareil de combat direct. Son dispositif électronique embarqué repère un ennemi à plus de 50 km de distance ; et il est capable de l'intercepter au moyen de missiles air-air dits intelligents parce qu'une fois programmés ils ne lâchent plus la cible désignée.
Les avions exotiques

U.L.M.
L'épopée aérienne semble revenir aux aventures de ses débuts. Des appareils bizarres sont utilisés par les ingénieurs pour explorer, souvent par sportifs interposés, de nouvelles voies technologiques, qui donneront peut-être naissance aux avions de demain.
Ainsi des U.L.M., les ultra légers motorisés. Apparus comme dérivés motorisés du deltaplane, ils sont devenus de véritables petits avions en recevant une architecture « trois axes » (deux ailes et une queue) qui leur permet de voler en toute sécurité avec un moteur de 50 à 60 ch. Une flottille de plusieurs milliers de ces appareils est utilisée pour deux types de missions, l'épandage de produits phytosanitaires et la reconnaissance aérienne à basse altitude.
Plus légers encore, les avions solaires sont devenus une réalité en novembre 1980 lorsque le Solar Challenger, un appareil de 14 m d'envergure et d'une masse de 90 kg, a décollé pour la première fois, mû par un moteur électrique alimenté par 16 130 cellules photovoltaïques. Cet avion, qui a traversé la Manche à 50 km/h, ouvre des perspectives pour de nombreuses applications dans les pays chauds, lorsque les cellules solaires atteindront un meilleur rendement.
Plus écologique encore, l'avion à pédale, dont l'ancêtre avait été imaginé par Léonard de Vinci en 1496, est devenu réalité en août 1977, lorsque Bryan Allen, un champion cycliste américain, a volé pour la première fois grâce à sa seule force musculaire. Il devait traverser la Manche en juin 1979, en pédalant pendant 2 heures et 49 minutes.
L'un des plus petits avions « classiques » est sans doute le Birdman, un minuscule appareil qui pèse 55 kg et peut voler à 80 km/h, propulsé par un moteur à piston de 12 ch.
Mais, en aéronautique, l'exotisme n'est pas réservé aux appareils miniatures. Les avions du type A.D.A.V. – à décollage et atterrissage verticaux – ont reçu une première application opérationnelle avec la mise en service de l'étonnant Sea Harrier de l'aéronavale britannique. Sur cet avion, construit par Hawker-Siddeley, les jets des moteurs basculent pour permettre un décollage et un atterrissage à la verticale. Les Soviétiques ont aussi construit un appareil, le YAK 36, volant de la même manière.
De l'hélice au statoréacteur

Introduction

Hélices d'avion
La bonne vieille hélice, dont le mode de propulsion rappelle concrètement qu'un avion évolue dans un fluide, n'a pas dit son dernier mot : on la croyait condamnée par l'ère du turboréacteur, lui-même déjà menacé par le statoréacteur. Mais, si ce propulseur étonnant semble effectivement opérer la fusion entre l'aéronautique et l'astronautique, annonçant la mise au point de véritables avions spatiaux, rien n'est joué dans le domaine des avions classiques, où l'ordinateur remet bien des perspectives en question.
La propulsion, d'une part, pourrait revenir à l'hélice, dont le design, affiné au moyen de la conception assistée par ordinateur, donne une nouvelle compétitivité à ses performances, comparées à celles du réacteur. Les avions de transport pourraient en être les bénéficiaires. D'autre part, les turboréacteurs voient, eux aussi, leurs performances progresser, notamment par l'utilisation de matériaux composites, qui restent encore fonctionnels à des températures de l'ordre de 1 500 °C. Il en résulte une nette amélioration de rendement, dont bénéficie déjà le nouvel avion de combat français Rafale.
Mais l'ordinateur va jusqu'à transgresser certaines lois fondamentales de l'aéronautique. Les aéronefs peuvent désormais voler de manière « instable », leur comportement face aux turbulences étant sans cesse corrigé par microprocesseurs. Cette nouvelle conception est encore plus révolutionnaire que ne l'a été en son temps l'apparition de la propulsion à réaction. Les ingénieurs auront à changer la conception des appareils et leurs performances prévisibles.
Les parties d'un avion

Train d'atterrissage

Train d'atterrissageFeux de position d'un avion
Schématiquement, un avion se compose de trois éléments fondamentaux : les moteurs, la voilure et le fuselage. Ce dernier est le corps central de l'appareil. Il comprend lui-même plusieurs parties. D'abord la cellule, enceinte pressurisée à une pression équivalente à celle qui règne à 2 500 m d'altitude – aisément supportable par tous – même lorsque l'avion évolue à 10 000 ou 11 000 m, comme les jets commerciaux actuels. Fermée par des parois internes semi-étanches, cette cellule regroupe le cockpit où se trouvent les moyens de pilotage et l'habitacle pour les passagers, ainsi qu'un logement spécial pour ce qui ne supporterait pas la dépressurisation, les animaux par exemple. Le reste du fuselage contient la soute à bagages, des compartiments de service où sont logés le train d'atterrissage et des équipements annexes, tels que les pompes hydrauliques et les tringleries mécaniques qui doublent obligatoirement les servomoteurs sur tous types d'avions commerciaux (à l'exception de l'Airbus A320).

Ailes d'avion


La voilure assure le rôle fondamental de l'avion : voler. Elle se compose principalement des ailes, autrefois réalisées comme le fuselage en alliage d'aluminium ou de titane, mais de plus en plus construites en matériaux composites, résistant à l'échauffement provoqué par le frottement de l'air. Outre leur fonction annexe de soutien des moteurs, dans la plupart des avions civils, et de logement pour les réservoirs de kérosène (sur certains avions, tels que le Concorde, des dispositifs automatiques assurent en outre la répartition des réserves en combustible pour maintenir l'équilibre de l'appareil tout au long du vol), les ailes assurent la portance de l'avion en établissant une force verticale qui équilibre son poids en s'appuyant sur l'air. L'autre facteur concourant à la bonne tenue en vol est la traînée de l'appareil, force qui s'oppose à l'avancement de l'avion.
La dérive arrière est une autre partie de la voilure. Elle stabilise la trajectoire de l'appareil. Quant aux gouvernes, leur rôle est d'assurer la rotation de l'avion autour de chacun de ses trois axes.
Les turboréacteurs

Fonctionnement d'un turboréacteur

Fonctionnement d'un turboréacteurTurboréacteur à double fluxFonctionnement de moteurs à réaction
Les moteurs à piston faisaient avancer les avions par la rotation d'hélices rejetant de l'air vers l'arrière, exactement comme un navire avance dans l'eau. Principal inconvénient : la vitesse de rotation de l'hélice est limitée, de graves perturbations et une onde de choc destructrice apparaissent lorsque le bout des pales approche de la vitesse du son.
Une première solution a consisté à caréner les hélices et à les faire tourner par l'intermédiaire d'une turbine dans les turbopropulseurs, pour favoriser l'accélération de l'air éjecté vers l'arrière, et améliorer le rendement à haute vitesse. Toutefois, c'est avec l'apparition du turboréacteur, au début des années 1940, que le mur du son a été dépassé grâce à de nouvelles technologies. Fondamentalement, un turboréacteur est constitué d'une enceinte carénée qui aspire et comprime l'air de l'extérieur. Celui-ci est ensuite chauffé dans une chambre de combustion. Puis il passe dans une turbine à laquelle il cède une partie de son énergie, qui sera utilisée pour la compression. Enfin, il est éjecté vers l'arrière où il se détend à grande vitesse dans une tuyère, exerçant sur les parois de celle-ci une poussée qui assure la propulsion de l'avion par réaction.
Le statoréacteur, mis au point dans les années 1950, est basé sur le même principe : l'air, porté à très haute température, est détendu dans une tuyère. D'un concept simplifié à l'extrême, ce propulseur ne comporte plus aucune pièce tournante, l'admission de l'air se faisant simplement par la vitesse même de déplacement de l'appareil. Le rendement d'un tel propulseur n'est intéressant qu'à haute vitesse, ce qui limite son utilisation à quelques prototypes, qui ont tout de même franchi le mur du son. Mais il devrait connaître de grands développements au début du xxie s.
Faire voler des avions « instables »

Portance

PortanceSustentation
Depuis l'apparition des premières machines volantes, le centre de gravité de celles-ci était toujours situé en avant du foyer, point théorique des ailes où s'applique la portance de l'appareil. Celui-ci était ainsi naturellement « stable », l'équilibre entre le poids, la poussée des moteurs et les forces dues à la résistance de l'air en cas de turbulences ayant tendance à le ramener dans sa ligne de vol. L'ordinateur contrôlant désormais en permanence l'angle d'incidence de l'avion, le centre de gravité de celui-ci peut être situé derrière le foyer. Cela le rend physiquement « instable », c'est-à-dire incapable (sans l'action permanente de l'ordinateur) de garder sa ligne de vol face aux turbulences. Mais cette incapacité est contrebalancée par un extraordinaire gain en manœuvrabilité au cours des phases critiques de vol (décollages, atterrissages) – qui pourront être effectuées sur des distances beaucoup plus courtes –, ainsi que lors de manœuvres à très basse vitesse. Libérés du souci de la stabilité en vol, les ingénieurs peuvent innover dans la conception des aéronefs. Ceux-ci pourront être dotés de formes beaucoup plus efficaces. Les moteurs seront placés là où leur poussée s'exercera avec le plus de justesse, des ailerons « canard » peuvent améliorer la faculté de cabrage de l'appareil. En plus, les pièces qui doivent être le plus fréquemment remplacées seront installées aux endroits particulièrement accessibles.
Les commandes électroniques

Poste de pilotage
La commande électronique est déjà un outil indispensable au maintien en l'air des avions aux formes instables. À l'avenir, elle jouera le rôle de copilote agissant à la place de l'homme, au cours de phases de vol de plus en plus nombreuses. Même sur des long-courriers « classiques », comme le Boeing 747, il est déjà impossible de traverser l'Atlantique par mauvais temps sans une chaîne électronique qui garde automatiquement le cap et l'assiette de l'avion, le pilote humain ne pouvant assurer plusieurs heures d'affilée le contrôle de commandes susceptibles de lui échapper en permanence.
Dans l'aviation civile, l'automatisation atteint son développement le plus avancé dans la génération des avions à commandes électriques et à butées électroniques, par exemple dans l'Airbus A320 : le pilote agit sur les gouvernes de l'appareil non plus mécaniquement par l'intermédiaire du fameux « manche à balai », mais de la même façon qu'une manette de jeu télécommandé sur ordinateur. Les mouvements effectués par le pilote sur le minimanche latéral sont traduits en signaux électriques qui agissent sur les servomoteurs des gouvernes. En outre, des ordinateurs intercalés entre ce minimanche et les servomoteurs servent à ne pas prendre en compte les commandes qui feraient sortir l'avion de son enveloppe de vol. Il est, par exemple, impossible de mettre l'avion en position de cabrage, ce qui pourrait provoquer une rupture de structure.
Ces garde-fous électroniques sont encore plus étonnants sur les avions de combat de la nouvelle génération, comme le Rafale français ou l'Eurofighter germano-britannique. Sur un chasseur comme le Mirage 2000, l'ordinateur de bord remplace depuis vingt ans déjà les multiples cadrans d'autrefois par des écrans où ne s'affichent que les paramètres nécessaires à la phase de vol du moment.
Les hélicoptères

Introduction

Hélicoptère Alouette III
Le principe de l'hélicoptère est défini par son nom, du grec helix, spirale, et pteron, aile : un mode de sustentation et de déplacement par une hélice à axe vertical située au-dessus de l'appareil. Celle-ci permet de rester à volonté en point fixe en l'air, et surtout de décoller et de se poser entièrement à la verticale d'un lieu. Par rapport aux avions, obligés de s'élancer sur des pistes avant de pouvoir décoller, ces machines volantes ont un avantage essentiel, celui de pouvoir aller partout, comme un oiseau ou presque : il rend leur usage universel.
Si le mécanisme des « giravions » avait déjà été imaginé par Léonard de Vinci, le principe des pales tournant sous l'action de jets de vapeur s'échappant de leur extrémité a été proposé dans les années 1840 par le pionnier britannique George Cayley. Le premier hélicoptère, vide de tout occupant, construit par Enrico Forlanini, s'est élevé dans les airs à Milan en 1877. Mais c'est le 13 novembre 1907 qu'a décollé le premier hélicoptère piloté par son inventeur, Paul Cornu, concrétisation des longs travaux de recherche qu'il avait menés en compagnie de Louis Bréguet.

Igor Sikorsky
Toutefois, il faudra attendre la fin des années 1940 pour que les aéronefs à voilure tournante (hélice) ne soient plus considérés comme une curiosité technique, mais comme un fantastique moyen d'atteindre les zones les plus difficiles d'accès. Tandis qu'aux États-Unis se multipliaient les hélicoptères construits par Sikorsky, la France lançait l'Alouette II (1956), premier hélicoptère commercialisé à utiliser une turbine, mise au point par Turbomeca. Une véritable révolution qui permettait de majorer la puissance de l'hélicoptère de près de 50 % par rapport aux moteurs à piston d'auparavant, et surtout de supprimer la quasi-totalité des vibrations dangereuses engendrées par le couple voilure tournante-cellule.
Devenu outil universel, l'hélicoptère a connu un développement fulgurant. La guerre du Viêt Nam l'a consacré, à partir de 1967, comme moyen de transport et d'intervention militaire : près de la moitié des appareils des principaux modèles en service dans le monde sont destinés à des usages militaires.
Les principaux types

Hélicoptère Super-Puma 332
Plus d'une trentaine de types d'hélicoptères différents sont fabriqués dans le monde. Les très gros appareils, comme le Sea Stalion de Sikorsky (11 t), sont capables de transporter 37 personnes à plus de 300 km/h.
À l'inverse, l'un des appareils les plus légers en service est le Kawasaki-Hughes, qui pèse 560 kg à vide et peut transporter jusqu'à 7 personnes.
Le Commando du constructeur britannique Westland pèse 9,5 t et parcourt jusqu'à 1 100 km sans ravitaillement. C'est un record.
D'autres constructeurs excellent dans la diversité des appareils produits, comme les Américains Bell et Sikorsky et le groupe européen Eurocopter, filiale, constituée en 1992, des firmes française Aérospatiale et allemande DASA. Celui-ci n'offre pas moins de onze modèles, du petit EC 120 jusqu'au Super-Puma de 10 t, en passant par les Écureuil, Dauphin, EC 135 et EC 155.
Les lois du pilotage

Les giravions, qu'il s'agisse des autogires ou des hélicoptères, sont sustentés par leur hélice, appelée en termes techniques « voilure tournante ». Ils sont véritablement accrochés à une ou plusieurs hélices dont la mise en rotation exerce sur l'air une force suffisante pour contrebalancer leur poids et les arracher du sol. Seule différence entre les deux types d'appareils : alors que l'autogire est propulsé comme les avions par une autre hélice à axe horizontal, l'hélicoptère, lui, se propulse en jouant sur la variation du pas de l'hélice qui le soutient, ou en jouant sur l'angle du rotor qui fait tourner celle-ci.
L'hélice agit dans l'air comme une vis dans le bois, par l'inclinaison plus ou moins prononcée de ses pales, qui « attaquent » en conséquence plus ou moins fortement le fluide dans lequel elles tournent. Concrètement, l'angle d'attaque de l'hélice est réglé de façon à exercer une attraction sur l'air qui est refoulé en grande quantité vers l'arrière. Cette action pousse le giravion vers l'avant. Si le pas de l'hélice est totalement inversé, le giravion est poussé vers l'arrière. Ce dispositif permet à un hélicoptère dont le moteur est en panne de ne pas tomber, grâce à la mise en autogiration de l'hélice.
La voilure tournante assure non seulement les mouvements ascensionnels, mais aussi l'avance de l'appareil qui peut être obtenue de plusieurs manières : par un compromis entre la vitesse de rotation de l'hélice et l'ouverture de son pas, par une certaine inclinaison de l'axe de rotation de l'hélice, ou encore par la variation du pas de l'hélice du rotor de queue. Situé à l'arrière de l'appareil, celui-ci assure le maintien de l'axe de déplacement en s'opposant au contre-couple créé par l'hélice principale, qui tend à faire tourner l'hélicoptère sur lui-même. Un judicieux système de renvoi met en œuvre ce principe à partir d'un manche à balai, similaire à celui d'un avion. Et les pédales de palonnier, identiques également à celles que l'on trouve à bord d'un avion, permettent, quant à elles, de jouer sur le « slip », l'assiette de l'hélicoptère et son attitude par rapport à son axe de déplacement.
Les matériaux composites

L'hélicoptère a bénéficié des retombées techniques de la conquête spatiale, notamment l'emploi dans sa construction des matériaux composites, ultralégers et ultrarésistants, mis au point pour la fabrication des fusées.
L'organe fondamental qu'est l'hélice a vu ses performances croître avec l'utilisation de matériaux moulés (à base de fibres de carbone enrobées dans une matrice elle aussi en carbone) ou bobinés, tels que le Kevlar. Outre un allègement de l'ordre de 20 %, le recours à ces composites procure des avantages déterminants en fiabilité : les pales sont mieux équilibrées, face aux couples parasites qui se produisent lors de leur rotation ; ces matériaux résistent mieux au contraintes et au vieillissement par oxydation ou autre agression chimique ; tout risque de rupture brutale en vol, auquel exposaient les métaux non-ferreux utilisés auparavant, a été pratiquement éliminé. Enfin, avec l'aide de l'informatique, les matériaux composites permettent la conception de pales à l'aérodynamisme optimisé, puisqu'ils se prêtent à la réalisation de formes extrêmement complexes.
De même, le moyeu du rotor, pièce composée auparavant de plus d'une vingtaine d'éléments, est devenu monobloc grâce aux « composites lamellés », véritables sandwichs de feuilles de plastiques élastomères et de métal intimement collées. La maintenance en a été simplifiée à l'extrême. Ce principe supprime, en outre, une grande part des vibrations parasites engendrées par les pales et facilite le pilotage de l'appareil. La mise au point de cellules d'hélicoptères en composites permet aussi d'alléger les appareils tout en les rendant, en vol, beaucoup moins sensibles à la foudre.
Le moteur d'un hélicoptère

Les hélicoptères modernes sont propulsés par des turbopropulseurs. Il s'agit de turbines, brûlant du kérosène, qui, une fois allumées, tournent à deux vitesses : le ralenti et le plein régime. Celui-ci correspond à 90 % de la vitesse maximale de rotation.
Un générateur de gaz entraîne une ou plusieurs turbines qui transmettent le mouvement de rotation au rotor principal de l'hélice et au rotor de queue par une succession d'engrenages et de réducteurs. Le compresseur qui alimente la turbine commande éventuellement l'orientation des pales par l'intermédiaire de circuits hydrauliques.
L'hélicoptère militaire

Hélicoptère Super-Puma

Hélicoptère Super-PumaHélicoptère Chinook
L'hélicoptère militaire, déjà utilisé en Corée et en Algérie, s'est considérablement développé à partir de 1967, lorsque les États-Unis lui ont confié, pendant la guerre du Viêt Nam, des missions d'évacuation de leurs troupes et d'observation des lignes ennemies. Une grande part des hélicoptères militaires ont une fonction de transport d'hommes ou de matériel. À cet égard, le plus imposant est le MI26 russe, l'hélicoptère de transport le plus lourd du monde (28 tonnes), pouvant recevoir 20 tonnes de matériel dans une soute au volume voisin de celle d'un avion du type Hercules C 130.
Depuis les années 1980, on assiste à la mise au point de véritables hélicoptères de combat. Armes antichars par excellence, ces appareils, embusqués derrière un rideau d'arbres par exemple, peuvent fondre sur une colonne de blindés et la détruire en quelques instants. Des versions plus légères deviennent des vecteurs de la chasse anti-hélicoptère, ou de la lutte anti-sous-marin. L'hélicoptère bénéficie, en outre, des progrès réalisés en optronique pour devenir l'arme idéale du combat de nuit. Le Tigre franco-allemand, dont la production a commencé en 1998, entre dans cette gamme d'hélicoptères de combat qu'illustraient déjà l'Apache américain ou le Kamov-50 russe.
L'hélicoptère civil

En montagne, l'Alouette II est devenu le symbole de l'utilisation civile de l'hélicoptère. Construit par l'Aérospatiale à plus de 1 300 exemplaires de 1956 à 1970 et vendu à 46 pays, cet appareil léger a été le premier à bénéficier d'une turbine, mise au point en France par la firme Turbomeca. Il a donné naissance au « Lama », hélicoptère universel utilisé partout pour les secours et l'intervention en milieu difficile d'accès. Pesant à vide 1 021 kg seulement, il peut transporter des charges de l'ordre de 1,5 tonne soutenues par un crochet, ce qui en fait un instrument précieux pour le génie civil ou même les déménageurs ; capable de rester en position stationnaire avec une précision de l'ordre de 10 cm, il permet aussi bien à E.D.F. d'amener des éléments de pylônes en zone non desservie par une route, que de faire entrer par la terrasse d'un immeuble un piano trop gros pour la porte. En montant à 12 442 m, le Lama a établi en 1972 le record mondial d'altitude atteinte par un hélicoptère, record qu'il continue à détenir. À l'opposé, son aptitude à voler à très basse altitude en fait un outil précieux pour l'agriculture, en permettant d'assurer l'épandage sur les champs. Commercialisé depuis 1997, l'Écureuil B 3 fait aujourd'hui figure de successeur du Lama.
Cependant, le principal rôle civil de l'hélicoptère est le service médical d'urgence. Souple d'utilisation et rapide, il est un véritable ambulancier de l'air. C'est aussi le véhicule idéal de liaison rapide entre points d'accès difficiles. Ainsi, la mise en place et l'exploitation des gisements offshore ont suscité un peu partout dans le monde la constitution de véritables flottilles d'hélicoptères destinés à assurer la relève des équipages et le transport de vivres sur les plates-formes pétrolières en haute mer. L'hélicoptère est entré en ville, passant au-dessus des embouteillages, véritable navette aérienne reliant, par exemple, les aéroports de Heathrow et Gatwick, à Londres ; il met vingt minutes là où il faudrait deux heures en voiture.
La maintenance

La complexité technologique des hélicoptères se paie par une maintenance lourde qui impose, suivant les types d'appareils, de une à cinq heures d'entretien par heure de vol, et amène leur coût d'exploitation à un niveau d'autant plus élevé qu'à puissance égale un hélicoptère consomme plus de carburant qu'un avion transportant la même charge (un Puma de l'Aérospatiale, conçu dans les années 1960, par exemple, consommait plus de 600 litres à l'heure). La raison principale d'une maintenance si lourde réside dans le niveau et le nombre très élevé de vibrations que subit un hélicoptère, soumis en permanence à des couples induits par sa voilure tournante et son rotor de queue. C'est pourquoi les ingénieurs ont mis au point des éléments qui sont constitués d'un seul bloc, à l'image de l'axe du rotor réalisé en lamifiés, ou encore du système de variation du pas des hélices, assuré de plus en plus par une seule biellette par pale. De même, l'Aérospatiale a mis au point un rotor arrière caréné de type « fenestron », qui, tout en réduisant le bruit et en améliorant la sécurité, assure sur le plan aérodynamique la poussée anticouple en vol.

 

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LE COMMUNISME

 

communisme
Friedrich Engels

Introduction

L'existence d'un régime communiste primitif (communauté primitive), antérieur à la constitution des classes et des États, a été affirmée, à la fin du xixe s. par divers anthropologues et historiens dont L. H. Morgan dans son ouvrage la Société archaïque (1877). Selon eux, les hommes ont très tôt été amenés à vivre et à travailler en commun en raison de l'insuffisance productive de leur outillage. À l'appui de cette thèse sont citées les pratiques communautaires de certains peuples (Indiens d'Amérique du Nord) considérées comme des survivances de cet état social primitif. Cette théorie n'a pas fait l'unanimité des spécialistes, mais a été reprise par Karl Marx et Friedrich Engels, en particulier dans l'ouvrage de ce dernier : l'Origine de la famille, de la propriété privée et de l'État (1884).
Les expériences et les théories communistes

L'Orient

En Chine, les théories se réfèrent en général au taoïsme et au bouddhisme. Mencius (ou Mengzi), au ive s. avant notre ère, propose la mise en culture en commun des terres tandis qu'à la même époque les taoïstes Zhuangzi et Yangzhou évoquent l'âge d'or où les hommes vivaient en commun, formant une famille et ignorant le prince. Au début du ve s. de notre ère, Tao Yuanming décrit un pays imaginaire où l'organisation sociale est communautaire. Six cents ans plus tard, Wang Anshi prône un régime de grande harmonie (Taiping). Parallèlement, de nombreuses révoltes paysannes, qui mettent leurs idées communistes en pratique, jalonnent l'histoire du pays. Ainsi, lors de la révolte des Turbans jaunes, au iie s. de notre ère, sont instaurés des sortes de phalanstères ; des révoltes des xie s., xiie s. et xiiie s. aboutissent au nivellement des fortunes dans certaines régions. On peut citer aussi les jacqueries du xive s. et du xviie s. Au xixe s., la révolte des Taiping a pour conséquence l'instauration, au centre du pays, de 1851 à 1864, d'une sorte de communisme égalitaire. On retrouve des traditions et des pratiques du même type dans d'autres pays d'Orient comme la Birmanie, le Viêt Nam ou l'Iran (mouvement de Mazdak, ve-vie s.).
L'Antiquité gréco-romaine

Au viiie s. avant J.-C., les récits d'Hésiode faisaient référence à un âge d'or révolu durant lequel les hommes, du fait de l'abondance des biens produits par la nature, ne connaissaient ni le travail ni la guerre. Hippodamos de Milet puis Platon, au ive s. avant J.-C., dans sa République, proposent la réalisation d'une société égalitaire ou communiste mais fondée sur l'esclavage. Puis le rêve d'une cité juste se concrétise avec les tentatives de Nabis à Sparte (iie s. avant J.-C.) et d'Aristonicos de Pergame (iie s. avant J.-C.). L'un comme l'autre libèrent les esclaves, et Aristonicos crée une cité nouvelle, Héliopolis (la cité du Soleil), qui est une référence à une île du Soleil décrite par Diodore de Sicile.
La tradition chrétienne

Au premier siècle de notre ère, le christianisme primitif présente un caractère égalitaire communiste incontestable. D'après les Actes des Apôtres (II, 44 à 46), les premiers chrétiens vivaient ensemble, leurs biens étaient mis en commun et le produit des ventes de la communauté était réparti entre eux selon les besoins de chacun. Si ce mode de vie ne semble pas avoir été partout la règle, il a alimenté, ainsi que le mythe de « l'âge d'or », de nombreuses hérésies où se mêlent des préoccupations sociales et religieuses. On peut citer les mouvements des taborites de Bohême influencés par Jan Hus (xve s.), celui des paysans de Thomas Müntzer en Allemagne (en 1525), et des anabaptistes de Münster (xvie s.). En 1516 paraît l'Utopie de Thomas More, qui décrit une société idéale dans laquelle règne la communauté des biens. Tommaso Campanella imagine une Cité du Soleil (1602), dans laquelle le communisme qui y règne est tout imprégné de déisme. Si la tentative des diggers (« bêcheurs ») anglais conduite par G. Winstanley et W. Everard, en 1649, d'instaurer un communisme agraire n'a pas de rapport direct avec la religion, il n'en est pas de même de la république communiste chrétienne des Guaranis au Paraguay. Cette expérience de communisme intégral, instaurée par les jésuites pour protéger les Indiens contre les colonisateurs espagnols, s'est poursuivie de 1612 à 1768. Dans cette république, la propriété privée n'existait pas, non plus que la monnaie ou les clôtures. La répartition des biens se faisait suivant la formule : « À chacun selon ses besoins. »
L'islam

L'islam primitif apparaît également comme imprégné d'égalitarisme. Mahomet, après Jésus, critique la richesse. Abu Dharr al-Rhifari, un de ses proches, est à l'origine du développement d'une mystique musulmane prônant la communauté des biens (le soufisme) qui a joué un rôle important au sein de l'islam jusqu'au xve s. À la fin du ixe s. se produit, dans la vallée de l'Euphrate, le soulèvement des esclaves zandj (ou zendj), convertis au kharidjisme et qui se révoltent contre les Abbassides. Les insurgés semblent avoir fondé un État égalitaire dans la région de Bassora. À peu près à la même époque (fin ixe-début xe s.) l'Arabie, le Yémen, la Syrie et Bahreïn connaissent le mouvement des qarmates, qui aboutit également à la constitution d'un petit État communautaire.
Dans l'Europe des Lumières et sous la Révolution française

Avec le xviiie s., le communisme devient de plus en plus rationaliste et indifférent à la religion. Dès la fin du xviie s., la critique de la propriété et l'égalitarisme s'expriment dans l'utopie. Dans cette perspective, le curé Meslier, athée, communiste et révolutionnaire, développe la thèse d'un communisme agraire ainsi qu'une virulente critique de la société de son époque ; les aspects antireligieux de son œuvre exercent une grande influence au xviiie s. D'autres auteurs instruisent également le procès de la propriété privée et proposent des systèmes sociaux dans lesquels régnerait la communauté des biens : le marquis d'Argenson, Morelly, qui, dans son Code de la nature (1755), formule une théorie des besoins, Mably, le bénédictin dom Deschamps (1716-1774), Collignon (auteur de l'Avant-coureur du changement du monde entier […], paru anonymement en 1786) qui a inspiré Babeuf.
Durant la période de la Révolution française, l'utopie est confrontée aux faits. Malgré l'existence d'un puissant courant égalitaire, qui s'exprime notamment chez les sans-culottes et les enragés, et même chez Robespierre et Saint-Just, les révolutionnaires ne remettent pas en cause la propriété. En revanche, Babeuf s'inscrit dans la tradition communiste, en recherchant le bonheur commun par « la communauté des biens et des traditions ». Mais le babouvisme va bien au-delà de l'exposé théorique, par la conjuration des Égaux (1796). Pour Marx, Babeuf a été le fondateur du « premier parti communiste agissant ». Le babouvisme représente un changement radical de la pratique révolutionnaire par la préparation clandestine d'une insurrection et par la nécessité reconnue, après la prise du pouvoir, d'une dictature provisoire de la minorité révolutionnaire. Cette conception, transmise aux révolutionnaires du xixe s. par Philippe Buonarroti en 1828, a influencé Blanqui, Marx et Lénine.
Au début de l'ère de l'industrialisation en Europe

Le développement du capitalisme et la constitution d'une classe ouvrière qui l'accompagne amènent les théoriciens sociaux à s'intéresser de plus en plus aux ouvriers, les plus touchés par le paupérisme. De 1824 à 1827, aux États-Unis, l'industriel britannique Robert Owen développe des expériences communautaires qui, malgré leur échec, ont un certain retentissement. Il en est de même du Français Étienne Cabet, communiste pacifiste, qui exerce une forte influence sur les milieux ouvriers parisiens à la veille de 1848. Le communisme est alors représenté par des hommes comme l'Allemand Wilhelm Weitling, ou les Français Albert Laponneraye (1808-1849), Richard Lahautière (1813-1882), Jean-Jacques Pillot (1808-1877) et Théodore Dézamy, auteur du Code de la communauté (1842), qui sont néobabouvistes, et surtout par Louis Auguste Blanqui. Pour ce dernier, il existe une guerre entre les classes d'où doit sortir un régime de communauté des biens. Homme d'action plus que théoricien, Blanqui s'appliquera tout au long de sa vie à préparer la prise d'armes victorieuse des communistes révolutionnaires. Dans les années 1840, les réformateurs sociaux et les militants portant le nom de « communistes » se distinguent notamment des socialistes en ce qu'ils considèrent qu'un changement uniquement politique est vain s'il n'est pas accompagné d'un changement social marqué, dans un avenir plus ou moins rapproché, par un régime de communauté des biens. Ces communistes sont à ce moment républicains et démocrates (alors que beaucoup de socialistes sont indifférents à la forme du gouvernement) et révolutionnaires (à l'exception de Cabet). Engels écrira qu'en 1847 le socialisme était un mouvement bourgeois et le communisme un mouvement ouvrier. C'est de ces années que date la rencontre du communisme et du mouvement ouvrier.
Le communisme marxiste

Le ralliement des Allemands K. Marx et F. Engels au communisme dans les années 1840 et notamment leur adhésion à la Ligue des justes, bientôt dénommée Ligue des communistes, inaugure une nouvelle période de l'histoire du communisme. Marx et Engels, qui assignent par ailleurs un rôle essentiel à la classe ouvrière et à la lutte des classes dans l'abolition de la propriété privée, développent un communisme de la praxis, ou socialisme scientifique, par opposition aux théories précédentes baptisées par eux « utopiques », parce qu'elles échafaudent des plans et des projets sociaux sans tenir compte de la réalité historique. Pour eux, le communisme n'est « ni un État qui doit être créé, ni un idéal sur lequel la réalité devra se régler. Nous appelons communisme le mouvement réel qui abolit l'État actuel » (l'Idéologie allemande, 1846).

Friedrich EngelsFriedrich Engels
Dans le Manifeste du parti communiste (1848), Marx et Engels définissent le but immédiat des communistes comme étant le même que celui de tous les partis ouvriers : « constitution du prolétariat en classe, renversement de la domination bourgeoise, conquête du pouvoir politique par le prolétariat » ; et ils ajoutent que « les communistes sont la fraction la plus résolue des partis ouvriers ». Ils prévoient, après la disparition du régime capitaliste, une étape socialiste au cours de laquelle les moyens de production seraient socialisés et la devise « à chacun selon son travail », appliquée ; puis une étape communiste, caractérisée par la disparition de l'opposition entre travail manuel et travail intellectuel, et par l'application de la formule « à chacun selon ses besoins » rendue possible par l'abondance des biens ; elle-même serait conséquence de l'accroissement extraordinaire des forces productives. Alors l'État serait supprimé et « le gouvernement des personnes ferait place à l'administration des choses et à la direction de la production ».(→ marxisme.)
Le communisme de Marx à Lénine

Malgré la fortune des idées de Marx et d'Engels, le mot « communisme » connaît une éclipse durant la seconde moitié du xixe s. et jusqu'en 1918. Il est alors seulement utilisé par les anarchistes comme Kropotkine et Élisée Reclus ou par les blanquistes du Comité révolutionnaire central. Pour Reclus, le communisme anarchiste se caractérise par « le collectivisme avec toutes ses conséquences logiques, non seulement au point de vue de l'appropriation collective des moyens de production, mais aussi de la jouissance et de la consommation collectives des produits ». Dans les années 1850-1860, les communistes marxistes jugent préférable, en raison de leur faiblesse numérique, de s'unir avec les démocrates bourgeois de France (démocrates-socialistes) et surtout d'Allemagne. Dans ce dernier pays, les marxistes Wilhelm Liebknecht et August Bebel, longtemps partisans de cette union, fondent en 1869 le parti social-démocrate allemand des travailleurs, qui s'unit en 1875 au parti ouvrier des partisans de Ferdinand Lassalle dans un parti social-démocrate allemand. Marx et Engels acceptent le terme, impropre selon eux, de « social-démocrate » pour des partis ayant pour but le communisme, parce qu'il est consacré par l'usage. De même, en 1879, la Fédération du parti des travailleurs socialistes de France, fondée par les marxistes Paul Lafargue et Jules Guesde, se proclame « collectiviste » et non communiste « pour ne pas effrayer », dit plus tard Lafargue.
L'utilisation des mots « social-démocrate » et « socialiste » se répand donc dans le monde et notamment en Russie, où est fondé, en 1898, le parti ouvrier social-démocrate de Russie (POSDR).

Portrait et citation de LéninePortrait et citation de Lénine
Mais, en 1914, à la suite de l'acceptation de l'état de guerre par de nombreux sociaux-démocrates ou socialistes d'Europe, Lénine propose de changer le nom de POSDR pour revenir à la vieille dénomination marxiste de « communiste », ce qui doit permettre, selon lui, de distinguer les « vrais marxistes » des « sociaux-chauvins » ou « sociaux-traîtres ». En mars 1918, le POSDR change son nom en celui de parti communiste de Russie (bolchevik). Un an plus tard est fondée l'Internationale communiste, ou IIIe Internationale, dont la 17e condition d'admission fait obligation aux partis socialistes ou sociaux-démocrates adhérents de changer leur nom en celui de parti communiste. Désormais, l'histoire du communisme est, pour l'essentiel, celle de l'Internationale communiste et des partis communistes. En URSS et dans les autres États où les partis communistes sont au pouvoir (Chine, Bulgarie, Pologne, République démocratique allemande, Roumanie, Tchécoslovaquie, etc.), l'économie, fondée sur la collectivisation des principaux moyens de production et d'échanges (à l'exception dans certains cas de l'agriculture) et sur la planification, est dite de type socialiste, le communisme tel qu'il a été défini par Marx et Engels demeurant toujours l'objectif proclamé de ces partis.
Le mouvement communiste international de la révolution d'octobre à la seconde guerre mondiale

Dimitri Moor, Vive la IIIe Internationale !Dimitri Moor, Vive la IIIe Internationale !
Les organisations politiques se réclamant du communisme se définissent essentiellement par leur adhésion au marxisme et au léninisme. Cela signifie qu'elles font leurs les méthodes d'analyse, appliquées notamment à l'évolution des sociétés, de Marx, Engels et Lénine ainsi que les principales conclusions de ces théoriciens (nécessité du renversement de la société capitaliste, « rôle dirigeant de la classe ouvrière » dans ce processus, mise en place dans un premier temps d'une société socialiste caractérisée par la collectivisation des moyens de production et d'échanges et par la planification, puis d'une société communiste). Cela signifie également que leur organisation interne s'inspire du modèle léniniste tel qu'il a notamment été développé dans l'ouvrage Que faire ? de Lénine (1901-1902) et qui se caractérise par : le rejet de la spontanéité en matière politique (« sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire ») ; l'existence de révolutionnaires professionnels (permanents) qui doit aussi assurer la promotion de cadres ouvriers ; et le centralisme démocratique. D'autres caractères de ces partis sont conjoncturels : la dénomination de « parti communiste » qui n'est pas la règle même avant la Seconde Guerre mondiale ; l'appartenance à une même organisation internationale (si, de 1919 à 1943, l'Internationale communiste [IC] joue le rôle d'état-major des partis communistes, si, de 1947 à 1956, le Bureau d'information communiste ou Kominform occupe une fonction analogue, il n'en est plus de même par la suite) ; et la reconnaissance du rôle dirigeant du parti communiste de l'URSS (l'indépendance et l'égalité des partis sont proclamées en novembre 1960 par la déclaration des 81 partis communistes et ouvriers, la prééminence de fait du parti communiste de l'Union soviétique [PCUS] s'estompant graduellement pour la plupart des partis après cette date).
Enfin, tous les partis communistes au pouvoir ou dans l'opposition ont en commun le modèle soviétique tel qu'il s'est élaboré durant la première décennie après 1917, à savoir, au niveau politique : rôle dirigeant du parti, qui se confond de fait avec l'État, contrôle étroit des médias, encadrement de la société par des « organisations de masse » ; au niveau économique : planification, collectivisation (c'est-à-dire, en fait, étatisation) des moyens de production, industrialisation ; au niveau social : Welfare State avec plein emploi, large protection sociale, notamment en matière d'éducation et de santé ; enfin, dans tous les domaines, promotion de cadres d'origine ouvrière et populaire.
Le succès des bolcheviks léninistes en Russie, la paix qu'ils signent avec l'Allemagne et les réformes sociales qu'ils mettent en œuvre leur attirent une grande sympathie dans les milieux socialistes et pacifistes internationaux déjà radicalisés par les souffrances de la Première Guerre mondiale. Rapidement se créent, à l'image du parti communiste russe, plusieurs dizaines de partis communistes dans le monde.
Ces partis naissent soit de l'adhésion de partis socialistes nationaux à l'Internationale communiste (Bulgarie, Chili, France, Grèce, Pologne, Roumanie, Tchécoslovaquie, Uruguay, Yougoslavie…), soit du ralliement de leur minorité de gauche (Argentine, Australie, Belgique, Espagne, États-Unis, Finlande, Hongrie, Indonésie, Italie, Mexique, Suède…), ou enfin de la fusion de petits groupes marxistes (Afrique du Sud, Albanie, Chine, Danemark, Grande-Bretagne, Indochine, Suisse…). Durant la période d'existence de l'IC (1919-1943), l'histoire des partis communistes est tributaire des décisions de l'Internationale (« front unique » de toutes les organisations ouvrières, « bolchevisation », ligne « classe contre classe », « front populaire » …) et, également, des particularités nationales de chacun d'entre eux. Plusieurs tentatives insurrectionnelles (en Allemagne, en Bulgarie, en Chine) faites à des dates et dans des conditions diverses échoueront. Seuls les communistes de Mongolie parviennent en 1921 à prendre le pouvoir.
Quand cela est estimé réalisable, la plupart des partis développent leur action vers l'accession au pouvoir par la voie légale.

Joseph StalineJoseph Staline
À partir de 1934-1935, les partis communistes initient la stratégie des fronts populaires sur des objectifs de défense de la démocratie, et non plus de révolution, contre les mouvements fascistes. Une des tâches primordiales des partis communistes est d'assurer la défense de l'URSS, première expérience de type socialiste dont la survie conditionne le succès de toutes les tentatives ultérieures. Ils s'efforcent de lier leur lutte pour les revendications populaires immédiates aux aspirations nationales (anticolonialisme, anti-impérialisme). Des années 1927-1929 à sa mort, en 1953, la personnalité de Staline domine le mouvement communiste international. Malgré la terreur de masse qu'il fait régner en URSS, c'est à son crédit que sont portées les spectaculaires réalisations économiques et sociales du régime comme le seront, quelques années plus tard, les victoires de l'Armée rouge sur l'Allemagne nazie.
Le mouvement communiste de 1945 à 1956

Marx, Engels, Lénine et StalineMarx, Engels, Lénine et Staline
Durant la Seconde Guerre mondiale, dans les pays occupés par l'armée hitlérienne (Europe) ou par l'armée japonaise (Chine, Corée, Indochine), les partis communistes constituent des « fronts nationaux » et luttent contre l'occupant. Cette activité de résistance, jointe au rôle de l'U.R.S.S. dans la victoire alliée en 1945, explique l'élargissement de l'audience de ces partis à la fin du conflit. Plusieurs d'entre eux se trouvent ainsi, du fait de la disparition des organisations politiques des classes dirigeantes, en position d'accéder au pouvoir, ce qui se réalise entre 1944 et 1949. La présence de l'Armée rouge (en Allemagne orientale, en Bulgarie, en Pologne, en Roumanie et en Corée du Nord) hâte ou permet cette accession. D'autres partis agissent par leurs propres moyens (en Albanie, en Yougoslavie, au Viêt Nam, en Tchécoslovaquie en 1948, en Chine en 1949). En Europe occidentale, le rapport des forces (et notamment la présence de l'armée américaine) limite l'avancée des partis communistes à une participation minoritaire au gouvernement (Autriche, Belgique, Danemark, France, Italie, Norvège). Deux tentatives révolutionnaires en Grèce et en Iran se heurtent à l'opposition (militaire en Grèce) des Anglo-Saxons et échouent. Dans les colonies, les communistes dirigent ou soutiennent de nombreux mouvements de libération nationale, en Indochine française, par exemple.
Durant la période de « guerre froide » où est appliquée par les puissances occidentales la doctrine de refoulement du communisme, les deux blocs durcissent leur attitude : à une répression accrue à l'égard des partis communistes, à la création de bases militaires autour de l'URSS, à la constitution de l'OTAN et au maccartisme aux États-Unis correspondent la période stalinienne du mouvement communiste, l'exclusion de la Yougoslavie socialiste du Kominform, la vague de procès dans les démocraties populaires, notamment contre les dirigeants présumés titistes, et la création du pacte de Varsovie.
La crise du mouvement communiste international

Nikita KhrouchtchevNikita Khrouchtchev
Le XXe Congrès du PCUS, en février 1956, trois ans après la mort de Staline, inaugure une phase nouvelle dans l'histoire du mouvement communiste : celle de la fin du monolithisme et du rôle dirigeant de l'URSS Lors de ce congrès, le premier secrétaire du PCUS, Nikita Khrouchtchev, fait approuver la nécessité de la coexistence pacifique, la diversité des voies de passage au socialisme (idée déjà émise par Maurice Thorez en 1946) et fait la critique du culte de la personnalité de Staline (condamnation des erreurs et des crimes de Staline). Le nouveau cours de la politique communiste internationale se traduit par la dissolution du Kominform (avril 1956), le rapprochement entre l'URSS et la Yougoslavie et, après des démonstrations de masse, par l'arrivée d'une nouvelle équipe de dirigeants à la tête du parti et de l'État polonais (octobre 1956). Mais, en Hongrie, le mouvement est réprimé militairement par l'URSS (octobre-novembre 1956). Les conférences internationales des partis communistes et ouvriers tenues à Moscou en novembre 1957, puis en novembre 1960 (réunion des 81) réaffirment, après le XXe Congrès du PCUS, la double possibilité de « bannir la guerre mondiale de la vie sociale » et de « conquérir le pouvoir sans guerre civile ».
Mais ces thèses ébranlent bien des certitudes : bien qu'il y ait souscrit officiellement à Moscou, le parti chinois ne les partage pas, tandis que le parti albanais refuse dès novembre 1960 de les approuver. En 1961, le parti chinois rompt avec l'URSS, les désaccords d'État à État étant venus s'ajouter aux divergences idéologiques. En juin 1963, il publie un texte en 25 points dans lequel le PCUS.est déclaré « révisionniste » ; de plus la guerre y est admise comme une nécessité ainsi que la révolution prolétarienne. L'URSS est accusée de « chauvinisme de grande puissance ». Les partis d'Albanie, d'Indonésie et plus tard du Cambodge (Khmers rouges) admettent les thèses maoïstes. Un peu partout dans le monde se constituent des partis communistes « maoïstes », peu influents, en dehors de celui de l'Union indienne, issu d'une scission du parti communiste indien. En 1967, la Roumanie prend nettement ses distances à l'égard de l'URSS, tandis qu'en Amérique latine les partis communistes s'interrogent sur l'exemplarité de la révolution cubaine (1959). La conférence des partis communistes et ouvriers de juin 1969 à Moscou, qui regroupe 75 partis à l'exclusion de ceux d'Albanie, de Chine, de Corée du Nord, du Viêt Nam et de Yougoslavie (celui de Cuba étant présent en tant qu'observateur), affirme l'égalité des droits de tous les partis et entérine la disparition du « centre dirigeant du mouvement communiste international ».
Enfin, à la fin des années 1960 et au début des années 1970, apparaît ce qui sera appelé l'eurocommunisme (courant d'idées visant à adapter les théories communistes à la situation politique des pays de l'Europe de l'Ouest).
La fin des années 1970 et le début des années 1980 sont marqués par la persistance de problèmes au sein du mouvement communiste : permanence des oppositions entre partis, affrontements militaires sporadiques entre la Chine et l'URSS.à partir de 1969, puis entre le régime des Khmers rouges du Cambodge et le Viêt Nam, qui déboucheront sur une intervention vietnamienne au Cambodge au début de 1979 et une attaque de la Chine contre le Viêt Nam la même année.
Durant cette période se manifeste également une nouvelle avancée des partis ou des mouvements déclarant s'inspirer du « socialisme scientifique » ou « marxisme-léninisme » qui accèdent au pouvoir dans diverses régions du tiers-monde : au Congo et en Somalie en 1969, au Bénin en 1974, en Indochine (Viêt Nam du Sud, Cambodge, Laos) en 1975, dans les anciennes colonies portugaises (Angola, Cap-Vert, Guinée-Bissau, Mozambique) en 1976, au Yémen du Sud et en Éthiopie en 1977, et en Afghanistan en 1978. La lutte anti-impérialiste a rencontré les aspirations d'une fraction des élites du tiers-monde, pour lesquelles le communisme représente un modèle d'organisation et un exemple d'efficacité. Ces élites intellectuelles sont moins attirées par la doctrine que par les méthodes de prise du pouvoir élaborées par les communistes (techniques de la lutte clandestine, de la guerre révolutionnaire, de la propagande, de l'organisation politico-militaire).
L'influence du parti communiste chinois sur les autres et sur les « mouvements de libération nationale » est en recul du fait de prises de position controversées et des variations importantes de la politique intérieure chinoise : le parti albanais et le parti communiste marxiste de l'Inde prennent leurs distances vis-à-vis de la Chine.
À partir du début des années 1980, la crise du mouvement communiste international se traduit par un affaiblissement de ses positions dans le monde et par la disparition du communisme au pouvoir en Europe et en Asie. Cette crise est d'abord celle des régimes eux-mêmes et elle est bien antérieure aux années 1980. Elle se manifeste par l'essoufflement de l'appareil productif, le retard technologique (en dehors du domaine nucléaire et militaire), l'épuisement de l'idéologie, la grande faiblesse des espaces de liberté politique et intellectuelle, les lacunes de la protection sociale, des méthodes de gestion autoritaires et bureaucratiques. À l'origine de cette crise : le refus de toute forme réelle de compétition et la systématique promotion de cadres choisis plus en fonction de leur appartenance sociale et de leur conformité idéologique que de leur technicité. À l'heure de la mondialisation médiatique, le phénomène de la dissidence intellectuelle et politique en URSS. (Soljenitsyne) et dans les pays socialistes européens (Charte 77 en Tchécoslovaquie, Solidarność en Pologne) prend une résonance nouvelle. À partir de l'exemple des dissidents et prenant appui sur les résolutions de la conférence d'Helsinki (1975) sur la libre circulation des hommes et des biens se développe, depuis l'Occident, une intense campagne en faveur des droits de l'homme dans les pays communistes. Dans le même temps, le défi militaire lancé par les États-Unis de Ronald Reagan (guerre des étoiles) aggrave la situation économique de l'URSS. La crise du communisme international comme crise du modèle soviétique est aussi celle de tous les partis communistes. Les raisons qui avaient assuré leur succès et suscité l'adhésion de larges masses tendent en effet à s'estomper avec la disparition des régimes fascistes, puis du colonialisme et avec l'avènement d'un Welfare State dans bien des pays à économie libérale. Même si le temps n'est plus aux terribles répressions ayant fait un grand nombre de victimes (URSS avant 1941, Chine des années 1958-1962 puis de la Révolution culturelle, Cambodge des Khmers rouges de 1975 à 1978), leur rappel insistant dans un contexte nouveau affaiblit encore le communisme international.
L'effondrement du bloc communiste

Mikhaïl Gorbatchev, 1988
Mikhaïl Gorbatchev, 1988
Mikhaïl Gorbatchev, 1988Le printemps de Prague, le 21 août 1968
C'est parce qu'il a conscience que l'URSS est en train de perdre la double bataille des droits de l'homme et de la guerre des étoiles et parce qu'il souhaite, vingt ans après Dubček, un socialisme plus humain que Mikhaïl Gorbatchev engage l'URSS, à partir de 1987, dans la voie de la perestroïka (restructuration), de la glasnost (transparence) et de la non-ingérence dans les affaires des pays communistes voisins. Dans la brèche ainsi ouverte s'engouffrent les oppositions déjà majoritaires (RDA, Pologne, Tchécoslovaquie) ou les gorbatchéviens eux-mêmes (Bulgarie, Roumanie).
Chute du régime communiste en RoumanieChute du régime communiste en Roumanie
En quelques mois, le système communiste s'effondre en Europe : en Allemagne de l'Est, Bulgarie, Hongrie, Pologne, Roumanie, Tchécoslovaquie en 1989 ; en URSS, où les Républiques prennent leur indépendance en 1991, provoquant l'implosion de l'union le 25 décembre de la même année ; en Yougoslavie également en 1991 ; en Albanie en 1992.
Entre 1989 et 1992, la totalité des pays d'Europe ayant auparavant adopté le communisme ont abandonné celui-ci comme mode d'organisation économique et politique, même si tel ou tel parti, désormais appelé socialiste ou social-démocrate, peut revenir au pouvoir dans le cadre de l'alternance démocratique (Hongrie, Pologne…). En Afrique, dans les États de type communiste, un multipartisme véritable est adopté (Bénin, Cap-Vert, Congo, São Tomé et Príncipe en 1990 ; Angola, Éthiopie, Guinée-Bissau, Seychelles en 1991 ; Madagascar et Mozambique en 1993) tandis que la sortie du communisme est consécutive à une défaite militaire en Afghanistan en 1992 et au Yémen du Sud en 1994. Depuis 1991 demeurent communistes sous une forme classique la Chine, la Corée du Nord, Cuba, le Laos, le Viêt Nam. Tous maintiennent le pouvoir politique communiste traditionnel en s'ouvrant plus ou moins à l'économie de marché (à l’exception de la Corée du Nord). En Angola, au Mozambique, aux Seychelles, au Cambodge, en Mongolie, il y a, après élections, continuité des équipes et des hommes au pouvoir avec abandon de toute référence au socialisme ou au marxisme. Ailleurs dans le monde, les partis communistes ont aujourd'hui du mal à conserver ou à retrouver une identité entre le modèle soviétique avec lequel ils ont pris leurs distances dans des proportions variables et la social-démocratie dont ils sont issus. Le retour à celle-ci s'est opéré pour la plupart de ceux d'Europe de l'Est ou encore pour le parti communiste italien, devenu, en 1991, le parti démocratique de la gauche puis en 1998, les Démocrates de gauche.

 

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