Arrêt provisoire des cours pour raison médicale.

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LITTORAL

 

 

 

 

 

 

 

littoral

Zone sinueuse où s'établit le contact entre la mer ou un lac et la terre. (Le terme a un sens plus large que rivage et côte, qui désignent respectivement les domaines du littoral soumis directement ou indirectement à l'action de la mer.)
1. Formation des littoraux

Étages du littoralÉtages du littoral
Le tracé actuel des littoraux date d'environ six à sept millénaires, à la suite de la remontée du niveau marin provoquée par la fonte des glaciers quaternaires.
Dans leur grande majorité, les côtes sont dites de submersion, puisqu'elles résultent du recouvrement par la mer de terres autrefois émergées. Localement, des mouvements relativement rapides, et vers le haut, de l'écorce terrestre ont pu compenser la submersion et faire émerger les fonds marins ; ce sont des côtes d'émersion. Mais c'est surtout la nature du continent qui conditionne celle du littoral, car la lenteur de son évolution le rend pratiquement invariant face à la grande instabilité de l'océan et de l'atmosphère. Ainsi, on observera des côtes hautes ou basses, selon la topographie acquise à la fin des glaciations : une plaine submergée donnera une côte basse, un relief aux pentes fortes une côte rocheuse élevée.
2. Typologie des littoraux

Selon la nature géologique du continent et l'action que l'océan exerce sur lui, les littoraux peuvent être classés en deux grandes familles : les côtes rocheuses (qui sont le plus fréquemment des côtes dites d'ablation) et les côtes meubles (qui sont le plus souvent des côtes dites d'accumulation).
2.1. Les côtes rocheuses

Les falaises
Haute-Normandie, les falaises d'ÉtretatHaute-Normandie, les falaises d'Étretat
Ce sont les formes les plus communes sur les côtes rocheuses. Une falaise est, au sens strict, une portion de littoral abrupt, dominant les eaux d'au moins quelques mètres. Elle est précédée d'un replat, de largeur variable, recouvert par une faible profondeur d'eau, la plate-forme d'abrasion, qui résulte de l'érosion de la falaise par les eaux, et du recul de celle-ci. Au contact du pied de la falaise et de la plate-forme se présente souvent une cavité dont la profondeur et la hauteur peuvent atteindre quelques mètres. Cette cavité est creusée par le sable et les galets roulés par le ressac. Son agrandissement provoque souvent l'éboulement des roches situées au-dessus, et donc le recul de la falaise.
Sur les côtes de submersion, lorsque la mer baigne d'anciens flancs de collines ou de montagnes partiellement recouverts par les eaux, les falaises ne sont pas précédées d'une plate-forme; on parle alors de fausses falaises. Ces dernières peuvent devenir de « vraies » falaises après l'attaque de leur base par la mer et le dégagement d'une plate-forme. Quand une falaise n'est plus attaquée par la mer, et si elle est peu à peu séparée du rivage par des sédiments ou à la suite d'une baisse locale du niveau de la mer, elle cesse d'être une forme littorale vivante pour devenir un simple versant continental, ou falaise morte (certaines peuvent être situées à plusieurs kilomètres du rivage). Selon la nature de la roche qui constitue les falaises, leur vitesse d'évolution et leur aspect seront très variables : sous les climats tempérés, une falaise constituée de roche cristalline (granite, par exemple) est pratiquement stable, alors qu'une falaise calcaire peut reculer très vite ; cette évolution peut être inversée sous les climats tropicaux.
La hauteur des falaises varie, de quelques mètres à plusieurs centaines de mètres : le cap Ortegal, en Galice (Espagne), présente des à-pics de 400 m, et des dénivellations de près de 1 000 m ont été relevées dans le nord du littoral chilien.
Le principal agent d'érosion est l'action des eaux marines, qui exploitent des faiblesses de la roche telles que les diaclases ou les fractures ; à ce phénomène s'ajoute l'usure mécanique de la roche par les galets et les grains de sable en suspension dans l'eau. Les falaises calcaires subissent également une érosion chimique. L'érosion physico-chimique, l'attaque par le gel, l'action des animaux et des végétaux participent à la dégradation des falaises. La plupart des falaises connaissent une évolution cyclique : des débris provenant de la partie émergée s'amassent au pied de la falaise, la protégeant un temps, puis sont déblayés lors des tempêtes. L'attaque du pied de la falaise peut alors reprendre, jusqu'à provoquer un nouvel éboulement. Ainsi, peu à peu, la falaise recule, dégageant une plate-forme d'abrasion de plus en plus large. Ce recul se mesure généralement en mètres par siècle, et peut aller jusqu'à plus de 100 m
Les récifs coralliens
Îles MaldivesÎles Maldives
Le cas le plus remarquable de littoral rocheux conditionné par le climat est celui des rivages coralliens, circonscrits aux régions tropicales et subtropicales, le corail ne pouvant construire de grands édifices que dans des eaux dont la température est comprise entre 25 et 30 °C. Les formes littorales coralliennes sont très variées, mais on peut retenir deux grands types :
– les récifs annulaires – dont les atolls sont les formes les plus répandues – consistent en une barrière corallienne externe, en forte pente vers le large et dont le sommet, émergé, est baigné par les embruns, qui se referme sur un platier construit par le corail et sur un lagon profond de quelques dizaines de mètres ; le platier et le lagon sont fréquemment séparés par des plages de sable ;
– les récifs-barrières tels la Grande Barrière au nord-est de l'Australie (longue de 1 500 km) ou les récifs cernant l'archipel des Fidji ou la Nouvelle-Calédonie.
Les autres types de côtes rocheuses
Fjord GeirangerFjord Geiranger
Si les falaises sont présentes sur les trois quarts des côtes rocheuses, bien des littoraux de même nature passent insensiblement du continent au fond marin sans rupture de pente très nette. Souvent, une plate-forme rocheuse en pente douce, nommée platier, précède le rivage. Certains domaines climatiques sont à l'origine de formes spécifiques de côtes rocheuses. Ainsi, les régions des hautes latitudes, récemment libérées des glaciers ou des calottes glaciaires qui les recouvraient au quaternaire, sont entaillées de fjords et bordés de strandflats (larges plates-formes horizontales). Sous les latitudes tempérées, la remontée des eaux a également submergé les vallées fluviales, formant des rias. Dans les littoraux formés de calcaire résistant, des calanques entaillent les falaises escarpées.
2.2. Les côtes meubles

Les littoraux meubles sont constitués par l'accumulation de matériel non consolidé (galets, sables, vases). On distingue trois types essentiels de côtes meubles : les plages, les lagunes, les estuaires (ou les deltas) ; ils sont souvent associés, un grand estuaire comprenant, par exemple, toujours des plages.
Les plages
Plage de sablePlage de sable
Les plages sont des accumulations en bord de mer de sable ou de galets (on parle alors de grèves), produites par l'effet des houles et des courants. Une plage comprend une partie basse constamment immergée, appelée « avant-plage », sur laquelle la houle se brise en ressac. Plus haut, dans la partie de l'estran découverte à marée basse, se situe le bas de plage, parsemé de rides, les ripple-marks. La partie émergée de la plage, au-dessus du trait de côte, s'appelle « cordon littoral ». Si la plage ne s'adosse pas à un soutien rocheux ou à une dune, elle est bordée sur sa face interne par une pente douce, le revers, descendant vers un marais ou une lagune. Lorsque le cordon littoral, rattaché au continent par une seule de ses extrémités, s'avance dans la mer parallèlement au rivage, on parle de « flèche littorale ». Certaines flèches perpendiculaires au rivage rattachent souvent une île au continent : ces tombolos sont séparés, quand ils sont doubles, voire triples, par un ou plusieurs petits marais salés.
De nombreuses plages, surtout quand elles ne sont pas situées en avant d'une falaise, sont surmontées de dunes, dont la hauteur peut atteindre plus de 100 m (la dune du Pilat, près d'Arcachon, atteint 103 m). Les dunes de grande taille peuvent comprendre plusieurs massifs parallèles. Immédiatement en arrière de la limite des plus hautes mers, une crête de quelques décimètres de hauteur constitue l'avant-dune, séparée de la première ligne de dune, ou dune bordière, par une petite dépression allongée. Derrière celle-ci s'édifient des dunes plus complexes, plus hautes, en forme de croissant.
Les lagunes

Lorsqu'un cordon littoral (ou plusieurs cordons s'appuyant sur des îles) parvient à fermer l'ouverture sur la mer d'une baie ou d'un estuaire, il se forme une lagune, vaste étendue d'eau calme, peu profonde, généralement faite de plans d'eau allongés parallèlement au rivage. Le cordon littoral s'appelle alors un lido, du nom de celui qui limite la lagune de Venise. Les passages ouverts au sein du lido permettent l'accès à la mer. Les lagunes s'étendent parfois sur des dizaines de kilomètres (Languedoc, Frise), voire des centaines (comme dans le golfe du Mexique, le golfe de Guinée ou encore en Sibérie). Elles peuvent être plus ou moins ouvertes sur le large.
Les marais maritimes
Lagunes, estuaires et deltas comprennent généralement, sur d'importantes parties de leur étendue, des zones basses, plates et marécageuses appelées marais maritimes. Ceux-ci se forment grâce au dépôt des sédiments fins et à l'action des courants de marée dans les domaines de faible profondeur protégés de la houle. Ils sont le plus souvent localisés sur les bords des estuaires, en arrière des flèches littorales – couvrant alors de vastes étendues comme dans la mer des Waddens en Frise néerlandaise, ou sur la côte de Géorgie aux États-Unis –, dans les fonds de baies échancrées (anse de l'Aiguillon en Vendée) ou dans des baies ouvertes mais dont la largeur permet un amortissement des houles (baie du Mont-Saint-Michel, golfe de Gabès).
Trois zones distinctes, correspondant à des durées d'immersion différentes sur l'année, y apparaissent :
– La partie inférieure, appelée slikke, est inondée à chaque marée haute, mais découverte à marée basse. Constituée de vases et de sables fins, en pente très faible (moins de 0,3 %), elle est sillonnée de chenaux souvent instables ;
– La haute slikke n'est recouverte que par les marées les plus importantes, et présente une pente plus forte (1 à 2 %) ; lieu de la sédimentation maximale, comportant peu de chenaux, elle est partiellement recouverte par une végétation pionnière amphibie. La haute slikke est parfois absente lorsque les conditions locales permettent à de petites vagues de l'attaquer, par exemple le long d'un chenal ; elle est alors remplacée par une microfalaise (quelques dizaines de centimètres) ;
– Enfin, couvrant entre le tiers et la moitié du marais, le schorre n'est recouvert que par les marées les plus fortes (dont le nombre varie de deux ou trois à quelques dizaines par an). Pratiquement horizontal, il est couvert d'une dense végétation qui constitue un piège très efficace pour les sédiments apportés par les marées, lesquelles contribuent à son exhaussement progressif. Le schorre est sillonné de chenaux étroits, d'une profondeur parfois supérieure à 1 m, certains formés par la marée montante ou descendante, d'autres nés du ruissellement des eaux de pluie. Entre les chenaux, des zones planes, dépourvues de végétation, sont parsemées de mares et de dépressions peu profondes dans lesquelles cristallise le sel laissé par l'eau de mer. La partie interne du schorre, le pré-salé, n'est recouverte par l'eau qu'une ou deux fois l'an, ou lors de tempêtes.
3. Un mouvement perpétuel

Les littoraux peuvent présenter des évolutions importantes, voire de véritables bouleversements, perceptibles à l'échelle humaine. En effet, leur physionomie résulte d'un équilibre délicat entre des paramètres pouvant évoluer très rapidement : alimentation en eau des fleuves, volume des sédiments charriés par les eaux, état de la végétation, action de l'homme. Mais il suffit qu'une des composantes soit modifiée pour que, l'état d'équilibre étant rompu, le littoral évolue rapidement.
3.1. Les embouchures des fleuves

De nombreux paramètres vont influer sur la façon dont les alluvions transportées par les fleuves vont se déposer sur le rivage (la plus grande partie des terrains meubles – sables, vases – présents sur les littoraux est apportée par les cours d'eau, et non par la mer). La rencontre d'un cours d'eau avec les eaux marines aboutit à la formation de deux types très différents d'embouchures : les estuaires et les deltas.
Les estuaires
Embouchures en forme d'entonnoir évasé vers l'aval, les estuaires sont largement pénétrés par les marées, et se rencontrent surtout sur les côtes basses. Ils sont le lieu d'un va-et-vient constant entre eaux continentales et eaux marines, selon les cycles des marées.
Leur formation résulte de l'ennoiement des basses vallées des fleuves à la fin de l'ère glaciaire, lors de la remontée du niveau marin : les estuaires sont apparus dans les basses vallées fluviales où le dépôt de matériel alluvial ne suffisait pas à compenser la remontée rapide des eaux, de l'ordre de 100 m en 10 000 ans. Ils se sont maintenus quand trois conditions essentielles ont été réunies : des marées suffisantes pour emporter une grande partie des alluvions, une forme en entonnoir qui permet une plus grande vitesse des courants dans le fond de l'estuaire, et des cours d'eau apportant des alluvions fines.
Le fonctionnement d'un estuaire, très complexe, résulte avant tout de l'équilibre entre les courants de marée (qui remontent parfois très loin en amont et forment une vague, le mascaret, haute de plusieurs dizaines de centimètres) et le flux des eaux continentales. La physionomie interne d'un estuaire n'est pas uniforme : on y rencontre principalement des marais salés dans les zones peu perturbées, donc sur les marges de l'embouchure ou en son fond ; au milieu, le brassage perpétuel des eaux et des courants entretient la formation de bancs de sable dont la localisation et la taille changent au cours de l'année.
Les deltas
Delta du MississippiDelta du Mississippi
Au contraire des estuaires, les deltas se forment lorsque le dépôt d'alluvions par les fleuves permet l'avancée de la terre ferme sur la mer. Formes littorales à évolution rapide (le delta de l'Irrawaddy, en Birmanie, gagne 10 km2 par an), ils reculent lorsque des barrages construits sur des grands fleuves retiennent en amont les sédiments : le delta du Rhône perd ainsi plusieurs mètres par an, et il a fallu modifier les équipements de protection construits en amont contre les inondations pour entraver le recul rapide du delta du Mississippi (aux États-Unis) ; le delta du Nil, quant à lui, connaît une hausse rapide de la salinité depuis la construction du barrage d'Assouan.
La superficie des deltas varie de quelques km2 à des étendues gigantesques : celui du Mississippi couvre 30 000 km2, et le delta formé par le Gange et le Brahmapoutre (en Inde) s'étend sur 90 000 km2 (soit près du sixième de la superficie de la France).
La formation d'un delta nécessite la convergence, pendant un temps assez long, de nombreux paramètres : la charge alluviale du fleuve doit être importante (les deltas sont plus fréquents aux latitudes basses et hautes, où l'érosion du continent est active) ; des deltas, comme celui du Danube, en mer Noire, peuvent aussi se former quand les marées ou les houles sont faibles. Lorsque ces conditions sont réunies, les sédiments du fleuve se déposent en avant de l'embouchure, puis sont recouverts. Des chenaux sous-marins se développent, séparés par des levées qui peu à peu émergent ; cette construction sous-marine provoque la formation d'une barre sableuse à son avant, laquelle freine alors l'entraînement des matériaux. Les chenaux se comblent et sont remplacés par d'autres, bientôt recouverts, et le delta émerge ainsi progressivement.
Un delta est composé d'une partie émergée, la plaine deltaïque, et d'une partie immergée, proprement littorale, lieu de l'avancée, la marge deltaïque. La plaine deltaïque est un univers complexe mêlant les bras principaux des fleuves, lesquels peuvent former des deltas séparés qui ensuite fusionnent (le delta du Mississippi résulte de la coalescence de six deltas anciens et de deux deltas actuels), des levées de terre construites par les chenaux, des étendues marécageuses plates, parfois partiellement asséchées.
De longues plages bordent les deltas, parfois surmontées de dunes, ainsi que de nombreuses flèches littorales, parfois parallèles au front du delta ou aux bras du fleuve. Sous la mer, en avant de la marge deltaïque, le front deltaïque s'achève par un talus en pente variable, de 1 à 10°, qui conduit au plateau continental.
3.2. Les facteurs d'évolution

D'autres facteurs, imperceptibles à l'échelle humaine mais mesurables aux traces laissées, entrent dans l'évolution du littoral. Quatre paramètres essentiels conditionnent l'état d'équilibre ou de déséquilibre, le tracé et la physionomie des littoraux : l'isostasie, le climat, la mer et les formes de vie.
L'isostasie
Les plus lents des mouvements, imperceptibles par l'homme, sont les phénomènes de compensation isostatique, mouvements verticaux de l'écorce terrestre. Les plus fréquents résultent de la fonte des glaciers quaternaires (phénomène de glacio-isostasie) : sous le poids de milliers de mètres de glace, l'écorce terrestre s'était enfoncée dans le manteau plastique sous-jacent. Après la disparition des glaces, un lent mouvement de relèvement a commencé, mais il est décalé par rapport à la remontée des eaux due à la fonte des glaciers. Les régions concernées ont d'abord été submergées sous 50 à 100 m d'eau, pour peu à peu émerger. Libéré des glaces voilà environ 10 000 ans, puis recouvert par une série de mers de moins en moins étendues et profondes qui ont laissé des traces littorales fossiles situées aujourd'hui à l'intérieur des terres, le golfe de Finlande présente l'exemple le plus spectaculaire de ce phénomène ; la vitesse du relèvement isostatique a été estimée à quelques millimètres par an en Finlande, et à 1 cm par an dans le golfe de Botnie.
Il existe d’autres mouvements isostatiques. Les plus grands deltas (celui du Niger, en Afrique, notamment) représentent une telle masse de sédiments que le substrat s'enfonce : cette subsidence peut atteindre plusieurs centimètres par siècle. Des mouvements locaux de l'écorce terrestre (à l'origine de failles) et des tremblements de terre peuvent aussi intervenir. Dans les régions de grande activité tectonique (Alaska, Japon), on observe ainsi des traces littorales (plages fossiles, galets marins) relativement récentes (quelques milliers, voire quelques centaines d'années) portées parfois à des dizaines de mètres au-dessus du niveau de la mer.
Le climat
Le climat joue également un rôle décisif, et a des conséquences au niveau régional sur des durées de l'ordre du millier d'années, plus rarement sur des centaines d'années. Au niveau local, le climat est également un paramètre très important, et des événements météorologiques de courte ou moyenne durée jouent un grand rôle, notamment dans la modification du paysage.
La mer
Les oscillations du niveau marin en fonction du volume des calottes glaciaires sont la manifestation la plus évidente de l'influence du climat ; ces oscillations s'appellent des transgressions lorsqu'elles sont positives par rapport au niveau actuel, et des régressions quand elles sont négatives.
Au cours de l'ère quaternaire, le niveau marin a ainsi varié lors de chaque cycle glaciaire. Depuis, des modifications moins importantes du climat ont pu provoquer des mouvements de quelques mètres d'amplitude. Ces mouvements ont laissé des traces sur les rivages actuels, qu'il s'agisse de dépôts (plages, grèves, masses de galets à flanc de falaise) ou de formes d'érosion (encoches de falaise, plates-formes d'abrasion aujourd'hui suspendues). Aujourd’hui, il semble que le niveau de la mer, après une très lente baisse (de 1 à 2 m en 5 000 ans), marque une tendance à remonter relativement vite, de l'ordre de 1,2 à 1,5 mm/an, soit plus de 10 cm par siècle. Cette évolution est due probablement à un réchauffement du climat. Si ce phénomène persiste, il pourrait, selon certains climatologues, s'accélérer et aboutir à un relèvement de 0,50 à 1 m vers l'année 2050.
L’onde de tempête, générateur d'inondations et de houles très destructrices, se traduit par une hausse brutale et brève (il dure quelques heures) du niveau de la mer, hausse nettement supérieure aux plus hautes marées (parfois 2 à 3 m), à la suite de la convergence d'une forte marée, de basses pressions et de vents de tempête tournés vers le littoral. Le Bangladesh, pays au climat propice aux cyclones et situé au fond d'un golfe aux fortes marées, est périodiquement victime d'ondes de tempête qui l'inondent en quasi-totalité. Aux latitudes tempérées, le phénomène est plus rare, mais tout aussi dévastateur : l'acqua alta qui a submergé Venise sous plus de 1 m d'eau en novembre 1966 et la grande inondation qui a détruit une partie des digues protégeant les Pays-Bas en 1953 étaient des ondes de tempête.
La houle joue un double rôle, de manière directe. Elle érode, en attaquant le littoral et en emportant les produits de cette érosion vers le bas estran. De sa vigueur, déterminée par l'exposition de la côte au large, le climat régional et la saison (les tempêtes sont le plus violentes au printemps et en automne sous nos latitudes), dépend l'ampleur de l'attaque. La houle peut, à l'inverse, contribuer à remonter les sédiments vers le haut de l'estran. Les tempêtes, lorsqu'elles sont très violentes, comme celle de 1987 en Bretagne, sont elles aussi de puissants agents de façonnement littoral. Le ressac, lors du déferlement de vagues de 5 à 10 m de creux, peut déplacer des blocs énormes : en Écosse, un fragment de digue de 120 t a ainsi été entraîné à des dizaines de mètres en arrière du rivage. Sur les falaises, le choc des vagues de tempête provoque la désagrégation de blocs fissurés, et leur éboulement. La houle contribue indirectement à l'édification des formes littorales, car, agent principal du transport des débris, elle provoque la formation de courants parallèles au rivage, les courants de dérive. En effet, les ondes de houle sont rarement parallèles aux rivages qu'elles atteignent, ne serait-ce que parce que l'orientation de ceux-ci est changeante. Lorsque la houle butte sur le bas estran et déferle, l'eau déviée latéralement engendre un courant le long du rivage. Cette dérive littorale, dont la localisation oscille en fonction des marées, prend en charge les matériaux emportés par le ressac et les transporte parfois sur des dizaines de kilomètres, les déposant à la faveur d'un obstacle (un cap, par exemple), ou au contraire d'un rentrant de la côte (une baie) qui affaiblit la vigueur du ressac. Les flèches littorales sont ainsi construites par des dérives suffisamment régulières dans leur tracé et leur débit.
Les formes de vie
Le dernier paramètre qui contribue à l'équilibre des formes littorales est l'ensemble des formes de vie, végétales et animales. S'il est déterminant dans certains cas – les marais maritimes, les mangroves et les dunes littorales doivent en partie leur existence aux végétaux qui les couvrent, qui piègent et retiennent les sédiments fins les constituant, et le plus bel exemple est celui des côtes coralliennes, entièrement construites par des animaux –, il est souvent peu apparent.
3.3. La régularisation des côtes

Tout littoral est donc en évolution plus ou moins rapide à l'échelle du millénaire, ou sur des durées plus réduites. Deux grands types de changements peuvent être distingués : les uns irréversibles et concernant de vastes portions de rivages ; les autres plus localisés, intervenant à l'échelle de l'année, et le plus souvent cycliques.
Processus de longue durée
L'action de la mer sur le rivage tend inexorablement, sur de longues durées et de grandes étendues, à estomper les irrégularités du tracé côtier nées de la submersion d'une topographie continentale : ce phénomène est appelé égalisation ou régularisation du trait de côte. Un littoral rectiligne, sans caps ni baies, dont la rectitude ne résulte pas de la submersion d'une topographie elle-même uniforme, est ainsi qualifié de côte régularisée. La raison majeure de cette évolution réside dans l'influence du tracé du littoral sur les houles. Les parties saillantes du rivage (caps, promontoires, îles proches de la côte) provoquent une concentration des houles, appelée diffraction, qui augmente l'efficacité érosive de ces dernières. À l'inverse, les rentrants de la côte, les parties évasées, voient les trains de houle se déformer en éventail plus ou moins ouvert (réfraction des houles) et leur énergie s'exercer sur de plus grandes distances. Ils s'affaiblissent relativement, et la tendance sera donc plus au dépôt de matériel qu'à l'érosion. Ainsi, peu à peu, le trait de côte devient moins sinueux.
Processus de durée réduite
Sur des durées et des étendues beaucoup plus réduites, les littoraux connaissent également des évolutions. Il s'agit le plus souvent de processus cycliques qui obéissent à la succession des saisons. Ainsi une plage bordée de dunes voit-elle son profil transversal, du bas estran jusqu'à la dune bordière, changer notablement de l'hiver à l'été. En hiver, la houle est souvent violente, du fait de tempêtes provoquées par des dépressions atmosphériques plus fréquentes. L'érosion de la plage est donc importante, et le ressac emporte le sable vers le bas de plage. On assiste alors à un transfert de sable du haut de la plage, qui perd parfois 1 ou 2 m d'épaisseur, vers le bas. En été, le phénomène est inverse : les houles, plus faibles, déposent plus qu'elles n'érodent, engraissant le haut de plage avec le matériel arraché au bas estran lors de la montée de la marée ; à marée basse, la chaleur assèche rapidement le sable du bas de plage, que le vent remonte sur le haut de plage, lequel reprend l'épaisseur perdue en hiver.
4. La vie sur les littoraux

Les écosystèmes littoraux sont parmi les plus riches et les plus complexes de la planète.
Le caractère essentiel de la vie littorale est d'être étagée, chaque niveau d'altitude présentant des espèces très différenciées. Cet étagement, ou zonation, est conditionné par un paramètre essentiel, la durée d'immersion sous les eaux marines, qui détermine aussi bien le degré de salinité que la capacité à la respiration aérienne ou aquatique des végétaux et des animaux. La zonation et la typologie des espèces dépendent donc des marées : les mers sans marées présentent des écosystèmes littoraux généralement moins riches, puisque la variation des conditions physiques y est moindre.
4.1. Sur les côtes rocheuses

Les côtes rocheuses offrent des associations relativement simples, où s'opposent nettement les espèces amphibies et les espèces purement aquatiques.
Sous la limite des plus basses eaux, dans la partie basse de la plate-forme d'abrasion, les algues brunes dominent, notamment les laminaires en forme de rubans de plusieurs mètres de long. Les animaux sont adaptés au ressac, vivant soit fixés à la roche (coquillages, échinodermes, coraux), soit dans des anfractuosités (murènes, homards). Un peu plus haut, d'autres algues brunes, solidement fixées à la roche grâce à des sortes de crampons, supportent d'être découvertes quelques heures par jour ; ainsi les fucus, algues présentes sur les falaises, dont les ramifications flottent dans le ressac grâce à de petites vésicules remplies d'air. La faune, notamment les bivalves (les moules, par exemple) est aussi fixée.
Dans la partie supérieure de la zone intertidale, atteinte par les eaux quelques heures par jour, voire quelques heures par semaine, vivent des algues rouges et les algues vertes. Des crustacés (crevettes, crabes) et des gastéropodes (bigorneaux) vivent dans des flaques du platier pendant les basses eaux. Enfin, au-dessus des plus hautes eaux, la végétation aérienne, lichens ou chou sauvage, a besoin d'un peu de sel apporté par les embruns. La faune est représentée avant tout par les oiseaux (cormorans, goélands, pingouins, macareux, fous) qui nichent sur le front des falaises, se nourrissant d'animaux aquatiques et d'insectes des falaises. Les mammifères sont peu nombreux, hormis quelques rongeurs et surtout des pinnipèdes (otaries, phoques, morses).
4.2. Sur les côtes sableuses

Sur les côtes sableuses, la végétation est très peu présente sur l'estran, les algues vertes (zostères) exceptées. Les espèces animales sont plus variées, notamment les bivalves (coques, palourdes), les échinodermes (étoiles de mer), les poissons plats ou les vers arénicoles.
Sur le haut de plage, en revanche, la vie est surtout végétale, selon des associations très délicates qui conditionnent la construction et le maintien des dunes. Au sommet de l'estran, exposées au jet de rive, des plantes annuelles halophiles (qui aiment le sel), comme le cakile, provoquent la formation de petits tas de sable. Plus haut, hors d'atteinte des vagues, des espèces aimant le sable, comme l'oyat et l'agropyrum, fixent la dune bordière à la belle saison, car elles ont besoin d'être partiellement enterrées pour pousser. Vers l'intérieur du cordon dunaire, au fur et à mesure que le vent faiblit (car il a une action desséchante), la végétation est plus riche et dense. Apparaît alors une pelouse rase, sèche et ouverte immédiatement en arrière de la dune bordière, puis une pelouse haute mésophyte (nécessitant une certaine humidité), suivie de buissons souvent épineux et, enfin, d'arbustes. Les espèces animales, peu variées et bien adaptées à la vie dans le sable, sont représentées par des fouisseurs tels que gastéropodes, insectes, rongeurs, et par quelques oiseaux.
4.3. Sur les côtes marécageuses

Les côtes maréc0ageuses (estuaires et lagunes) sont les milieux littoraux les plus riches en espèces végétales ; c'est là que la diversification climatique est la plus nette, avec les marais tempérés, à la végétation basse, et les marais tropicaux porteurs d'une formation végétale haute, la mangrove. Celle-ci est une végétation forestière constituée d'arbres de grande taille, les palétuviers, qui supportent la salinité de l'eau. Ces arbres disposent de racines aériennes qui leur évitent l'asphyxie. Deux espèces de palétuviers dominent : les palétuviers rouges (genre Rhizophora), aux racines en arceaux qui soutiennent le tronc comme des arc-boutants, et les palétuviers blancs (genre Avicennia), dont les racines développent des protubérances hors de la vase, les pneumatophores. Parfois, un climat plus sec provoque la formation d'un marais entre la mangrove et la forêt.
Dans les marais tempérés, la vase qui se dépose aux niveaux inférieur et moyen de la zone de balancement des marées (la slikke) ne porte que peu de végétation (zostères), mais est très riche en micro-organismes (diatomées) et en invertébrés primitifs (arénicoles). Sur la haute slikke pousse un tapis de plantes halophiles, les salicornes et les spartines, dont la densité croît avec l'altitude. En fonction du nombre d'immersions par jour, le schorre montre un étagement plus fin. En allant vers l'intérieur du schorre, on rencontre de denses peuplements de salicornes et de spartines, auxquelles se mêlent d'autres plantes: des asters, puis de vastes tapis d'obiones, aux feuilles épaisses. Dans la partie la plus élevée du schorre, moins salée et moins humide, l'obione est entremêlée de végétaux tels que le plantain, le triglochin, le jonc ou l'agropyrum.
La faune est très riche : dans la slikke et la haute slikke abondent les coquillages (coques, huîtres), les crabes, les crevettes ; ils constituent la source de nourriture de très denses colonies d'oiseaux, notamment d'innombrables variétés d'échassiers arpentant la vase, ou de palmipèdes dont les nids sont situés dans la végétation épaisse du schorre.
5. L'homme et les littoraux

Depuis la plus haute Antiquité, les hommes ont appris à naviguer et à découvrir de nouvelles terres. Ils ont fondé des ports et de grandes cités maritimes. De Tyr à Carthage, d'Athènes à Venise et à Gênes, de Byzance à Naples, la Méditerranée est devenue le centre d'un commerce actif favorable à l'épanouissement de grandes civilisations. L'homme dépend également de la mer pour son alimentation. Les algues, notamment, sont utilisées comme composants des aliments. La pêche et l'exploitation des ressources du rivage, activités millénaires, constituent toujours une source de richesse pour les économies littorales.
5.1. La conquête des littoraux

Les domaines littoraux cependant, longtemps perçus comme hostiles, sont restés longtemps déserts. Cette situation s’est modifiée au Moyen Âge, lorsque les Hollandais ont inventé et perfectionné les techniques d'endiguement, de drainage et de dessalage des marais littoraux. Peu à peu, les Pays-Bas, mais aussi le littoral atlantique français, se sont couverts de polders (terrains gagnés sur la mer). L'essor du commerce maritime qui a suivi les grandes découvertes a fait des ports atlantiques d'Europe les poumons économiques de l'Occident. Au cours de la période moderne, du xve au xviiie s., les émigrants européens ont fondé des comptoirs coloniaux, dont beaucoup sont devenus les capitales et les plus grandes villes des États issus des décolonisations.
Aujourd’hui, la civilisation humaine est devenue une civilisation littorale : en effet, deux tiers à trois quarts de l'humanité vivent dans des régions côtières. Les deux plus grands ensembles urbains du monde (les mégalopoles américaines et japonaises), groupant chacun plus de 40 millions d'habitants, sont côtiers. Shanghai, Hongkong, Buenos Aires, Los Angeles, Lagos, Abidjan, Istanbul, toutes villes de plus de 3 millions d'habitants nées d'un port, sont situées à proximité du rivage.
5.2. Une implantation de choix pour l'industrie

Depuis 1950, les espaces côtiers sont devenus le lieu privilégié de l'essor industriel. La très forte croissance des transports de matières premières, le faible coût des transports par mer et l'existence de vastes terrains bon marché en bord de mer (des marais transformés en polders) ont créé les conditions d'un déplacement d'une grande partie de l'industrie lourde des sites continentaux vers les rivages. Ce processus, parfois appelé « descente de l'industrie sur l'eau », est illustré notamment par la création de vastes ensembles regroupant sur des milliers d'hectares activités portuaires et industrielles, et baptisés « zones industrialo-portuaires » (ZIP). En France, la quasi-totalité de la sidérurgie est ainsi concentrée sur quelques sites portuaires (Dunkerque, Fos-sur-Mer, Caen), de même que la pétrochimie (Fos et le pourtour de l'étang de Berre, Le Havre et la baie de Seine). Au Japon, toutes les usines créées à la fin du xxe s. l'ont été sur des polders gagnés sur la mer par remblai (baie de Tokyo). Dans les pays du tiers-monde, la plupart des industries sont au bord de la mer.
5.3. Le tourisme littoral

Le tourisme balnéaire est en expansion constante et importante depuis les années 1960 environ. Environ 45 % des touristes dans le monde séjournent sur le littoral méditerranéen ; la Côte d'Azur (en France), la Costa Brava et la Costa del Sol (en Espagne) concentrent à elles trois, avec chacune 10 à 15 millions de personnes par an, le quart du tourisme mondial. Les autres grands sites touristiques, à l'exception de quelques capitales historiques (Paris, Rome, Londres), sont presque tous littoraux : Venise, la Floride, la Californie. En France, la Côte d'Azur, le Languedoc, les Landes et la Bretagne attirent l'essentiel des touristes.
Le tourisme balnéaire est apparu en Europe à l'extrême fin du xviiie s. Au début très marginal et réservé à une petite élite, le séjour à la mer est devenu prestigieux dans le dernier tiers du xixe s. De grandes stations, comme Biarritz et Deauville, ou encore Brighton (au Royaume-Uni), sont apparues ; de riches Britanniques puis des Français et des Américains ont découvert l'agrément de l'hiver sur la Côte d'Azur. Enfin, la création et la généralisation des congés payés a entraîné le développement foudroyant de stations balnéaires proches des grandes villes. La fréquentation est devenue si forte que, au cours des années 1960 et 1970, de véritables villes se sont formées telles des « murailles de béton » sur les côtes les plus prisées (la Costa del Sol, par exemple). Pour éviter la saturation des régions attirant le plus de monde, certains pays ont décidé de créer de toutes pièces de grands ensembles touristiques dans des zones peu exploitées jusqu'alors : ainsi, en France, sur la côte du Languedoc-Roussillon, a été construite une demi-douzaine de grandes stations.
5.4. La pollution par les hydrocarbures

Mais l'explosion commerciale, industrielle, touristique, et donc démographique, que connaissent les rivages du globe depuis moins d'un siècle a ses revers en termes environnementaux : la destruction partielle ou totale de la vie littorale par la pollution industrielle, par le rejet des eaux usées rarement retraitées, par la construction de polders.
On estime entre 350 000 et 400 000 t/an la quantité de pétrole rejetée sur les côtes lors des naufrages de pétroliers et des accidents de plates-formes de forage offshore. Le déversement de pétrole lors de la guerre du Golfe (février 1991) constitue la plus grande marée noire de l'histoire (entre 700 000 et 900 000 tonnes d'hydrocarbures se déversent dans la mer). Les conséquences des marées noires sur des milieux aussi fragiles sont nombreuses. Dans les deux à trois mois qui suivent, les oiseaux de mer meurent étouffés ou empoisonnés par le pétrole. Les coquillages et les poissons plats ou de roche meurent ou deviennent impropres à la consommation. En revanche, il n'est pas exclu que différents crustacés (crevettes), algues et micro-organismes prolifèrent grâce aux nappes polluantes. Toutefois, la pollution disparaît parfois rapidement : les eaux du nord du Finistère étaient ainsi pratiquement exemptes de pollution plusieurs années après la marée noire de l'Amoco Cadiz (mars 1978), pourtant la plus grave de toutes par échouement de pétrolier (227 000 t de pétrole répandues sur 360 km de côtes).

 

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BOLIVIE

 


 

 

 

Bolivie
en espagnol Bolivia
Nom officiel : État plurinational de Bolivie


État d'Amérique du Sud, la Bolivie est limitée au nord et à l'est par le Brésil, au sud-est par le Paraguay, au sud par l'Argentine et à l'ouest par le Chili et le Pérou.
Superficie : 1 100 000 km2
Nombre d'habitants : 10 671 000 (estimation pour 2013)
Nom des habitants : Boliviens
Capitales : Sucre et La Paz (siège du gouvernement)
Langues : espagnol et 36 langues indigènes, dont aymara et quechua
Monnaie : boliviano
Chef de l'État : Evo Morales Ayma
Chef du gouvernement : Evo Morales Ayma
Nature de l'État : république à régime présidentiel
Constitution :
Entrée en vigueur : février 2009
Pour en savoir plus : institutions de la Bolivie
GÉOGRAPHIE
État continental, la Bolivie juxtapose deux régions s'opposant par le milieu naturel et l'occupation humaine : les Andes, d'une part, et l'Oriente (70 % du pays, d'autre part).
L'Est (Oriente), à la population très clairsemée, appartient à l'Amazonie forestière. L'Ouest, andin, région de hauts plateaux (3 000 et 4 000 m), concentre la majeure partie de la population (amérindienne ou métissée) et les principales villes (dont La Paz). L’agriculture associe élevage et cultures (pommes de terre, orge, mais aussi coca, source d’une importante économie parallèle). L’industrie minière (étain, argent, tungstène), aujourd'hui en crise (sauf pour le lithium, prometteur), est relayée par l’exploitation des gisements de gaz naturel (surtout) et de pétrole. Mais le revenu moyen par habitant reste très bas.
1. Les milieux naturels

Dans les Andes, deux cordillères encadrent une série de hauts plateaux, l'Altiplano. À l'est (cordillères Royale et d'Apolobamba), des volcans enneigés dépassent 6 000 m d'altitude : Ancohuma, Illimani, Illampu. De profondes vallées et des bassins faillés (Cochabamba) entaillent le versant amazonien très abrupt. L'étagement de la végétation y fait apparaître, au-dessus de la forêt sempervirente et des cultures tropicales (coca, café, canne à sucre, agrumes), un étage tempéré (Yunga), entre 1 500 et 2 700 m, puis une forêt dense, dégradée par l'excès d'humidité, avec fougères arborescentes et bambous. Dans la cordillère occidentale, de grands volcans (Sajama) dominent de hauts plateaux volcaniques désertiques.

L'Altiplano est formé d'une série de hauts bassins séparés par des chaînons plissés. Celui du lac Titicaca (3 800 m) a des dépôts tertiaires et quaternaires, lacustres et fluviatiles. Le Desaguadero l'unit au lac Poopó, puis se déverse dans le salar de Uyuni. Le climat tropical est altéré par la sécheresse (de mai à novembre) et l'altitude (forts écarts thermiques quotidiens, gelées nocturnes). Le Nord reçoit 600 mm de précipitations (9,8 °C de moyenne annuelle à La Paz) et le Sud seulement 200 mm. La steppe à ichu au-dessus de 3 700 m (étage froid de la puna) fait place, à l'ouest et au sud, à des croûtes salines et à une végétation désertique, avec des touffes de llareta et de tola.
L'Oriente est un ensemble de régions basses (inférieures à 500 m) et humides. Au nord, les plaines du Madre de Dios, du Beni, du Mamoré associent la forêt sempervirente à des savanes arborées, tandis que le Sud (plaine du Chaco), situé dans la diagonale aride de l'Amérique du Sud, a un climat plus frais et plus sec, avec une forêt claire à épineux.


2. Une population indienne
La Bolivie est le plus indien des pays de la cordillère des Andes. Les Quechuas représentent 25 % de la population totale, les Aymaras 17 %, les métis 30 %, les Blancs 12 %. La densité moyenne, de 7 habitants par km2, est parmi les plus faibles de l'Amérique latine. La majorité des Boliviens vivent encore dans les hautes terres et les vallées de l'Altiplano, même si les fronts pionniers ont transféré une bonne partie de la population vers le piémont oriental.
L'accroissement de la population se maintient à un rythme soutenu depuis plusieurs décennies : 2,2 % par an entre 1965 et 1970 ; 2,3 % entre 2000 et 2005. Si le taux de mortalité infantile a baissé de 163 à 56 ‰, il reste l'un des plus élevés du continent et, en 1990, 40 % des enfants âgés de moins de 5 ans présentaient des signes de dénutrition chronique. La population est très jeune, 40 % des Boliviens ayant, à ce jour, moins de 15 ans. L'espérance de vie (63 ans pour les femmes, 60 ans pour les hommes) est parmi les plus courtes de l'Amérique latine. Le taux de population urbaine dépasse les 60 %, mais la Bolivie conserve un caractère encore fortement rural.
3. Une économie en faillite

La Bolivie, condamnée à l'enclavement continental dès le xixe s., possède l'un des produit intérieur brut les plus bas du continent. Depuis l'époque coloniale, la structuration de son espace s'est opérée par des cycles successifs d'exploitation économique. L'argent autour de Potosí et de Sucre (1545-1650) et l'étain autour de La Paz (1880-1986) ont fait de l'Altiplano le centre économique du pays. Celui-ci s'étend, à partir de 1950, au piémont oriental, autour de Santa Cruz, qui, grâce aux hydrocarbures et à la colonisation rurale, devient l'une des régions les plus dynamiques. La « Bolivie utile » se résume, en fait, à ce tiers du territoire, même si le cycle de l'hévéa (1880-1910), autour de Trinidad, a permis à cette ville de devenir une petite capitale régionale.
L'agriculture est composée, excepté dans la région sud-est, de petites exploitations agricoles travaillant selon des méthodes anciennes. Ces microfundia fournissent 80 % des produits destinés au marché intérieur. Autour de Santa Cruz s'est récemment développée une agriculture commerciale mécanisée. Disposant d'investissements brésiliens et argentins, elle produit principalement du soja. Toutefois, la plupart de ces terres chaudes sont occupées par la culture du coca.
L'industrie occupe une place mineure dans l'économie du pays. Sous-développée, elle produit essentiellement pour le marché interne. Le secteur minier était le secteur le plus dynamique. La chute des cours mondiaux de l'étain, de l'argent et d'autres produits du sous-sol a été catastrophique et l'industrie minière ne fournit plus que le tiers des recettes d'exportation. La Bolivie reste néanmoins le quatrième producteur mondial d'étain. En revanche, l'exportation de gaz naturel croît.
L'économie informelle absorberait 60 % de la population active urbaine et que deux tiers de la population vivraient, directement ou indirectement, de la culture du coca et du trafic de drogue. La production de la cocaïne est ainsi devenue la première activité économique du pays.
La balance commerciale est déficitaire. Les oléoducs vers le Brésil ont permis au gaz naturel de devenir l'un des premiers produits d'exportation. Les principaux partenaires commerciaux de la Bolivie sont les pays voisins, suivis de l'Europe et des États Unis.
Depuis 1997, la Bolivie est associée à la zone de libre-échange que constitue le Mercosur (Mercado Comun del Sur, « marché commun du Sud »).
HISTOIRE
1. Formation et blocages de l'État bolivien
1.1. Des origines à l'indépendance
Une longue histoire

Avant que le conquistador espagnol Francisco Pizarro n'impose l'autorité de Charles Quint en 1538, le territoire de l'actuelle Bolivie possédait déjà une longue histoire.
Sur le haut plateau des Andes centrales, la civilisation de Tiahuanaco (600 avant J.-C.-1200 après J.-C.) est remplacée par le royaume des Collas (xiiie-xve siècles), conquis ensuite par l'Empire inca (1438).
La « montagne d'argent » : l'une des plus riches possessions de l'Empire colonial espagnol
Soumis à la domination espagnole, le Haut-Pérou, comme on nommait cette région à l'époque, connaît un développement important à partir de 1544 grâce à la découverte d'immenses gisements d'argent. L'exploitation intensive des mines fait rapidement du pays la plus riche colonie minière de l'Empire espagnol et du monde. La ville minière de Potosí (fondée en 1545) en particulier, parmi les autres villes coloniales (Paria, 1535 ; Tupiza, 1536 ; Chuquisaca [aujourd'hui Sucre] 1539 ; La Paz, 1548), connaît un essor extraordinaire. Entre 1575 et 1620, date de son apogée, elle est la plus grande ville du continent, d'où rayonnent de nombreux chemins muletiers. Une vaste zone, s'étendant du Pérou au nord de l'Argentine, travaille pour la « montagne d'argent ».
La lutte pour l'indépendance
Le sort du Haut-Pérou, organisé en audiencia de Charcas depuis 1551 et rattaché à la vice-royauté du Pérou, est similaire à celui des mines de Potosí. Au déclin économique, qui s'installe à partir des années 1630 et qui se prolonge jusqu'à la fin de la période coloniale, s'ajoute la misère de la main-d'œuvre indienne. Soumis aux tâches agricoles serviles, aux travaux forcés dans les mines (la mita) ou dans les ateliers textiles (les obrajes), aux achats imposés d'un certain nombre de produits (le reparto), les Indiens se révoltent, sous la conduite du métis José Gabriel Condorcanqui Noguera. Celui-ci, se proclamant héritier légitime du dernier Inca, se fait appeler Túpac Amaru II, et lance en 1780 une insurrection qui se répand dans l'ensemble du monde andin colonial. Túpac Amaru II, fait prisonnier l'année suivante, est exécuté, mais la révolte continuera, longtemps, à hanter l'imaginaire des couches dominantes.
Au début du xixe siècle, lors des guerres d'indépendance qui embrasent l'Amérique latine, l'audiencia de Charcas, rattachée à la vice-royauté du Río de la Plata depuis 1776, reste loyaliste. Elle repousse plusieurs offensives argentines avant que les armées de Simón Bolívar, commandées par le général Antonio José de Sucre, ne lui imposent l'indépendance, en août 1825.


1.2. La République de Bolivie (1825-fin du xixe siècle)
Simón Bolívar
Proclamée par une poignée de créoles, la république ne change en rien le sort de la majorité de la population mais profitera aux propriétaires d'haciendas. Elle porte le nom de son premier président, Simón Bolívar, qui est aussi le président de la Grande-Colombie, fédération qui regroupe les actuels Venezuela, Colombie, Panamá et Pérou. Le général Sucre, le vice-président, détient en fait la réalité du pouvoir sur le pays.
La confédération Pérou-Bolivie (1836-1839)
Après l'échec de la fédération en 1828, le général Andrés Santa Cruz (1829-1839) crée la fragile confédération Pérou-Bolivie, détruite militairement en 1939 par le Chili.
Instabilité politique
Le pays connaît alors, jusqu'à 1880, une période de coups d'État à répétition. Ils sont dirigés par ceux que l'on appellera les « caudillos barbares » (Manuel Belzú, de 1848 à 1855 ; Mariano Melgarejo, de 1864 à 1871 ; Hilarión Daza, 1876-1880), pour qui le pouvoir est le moyen d'un enrichissement personnel. C'est aussi l'époque d'un certain renouveau économique, caractérisé par des productions spéculatives successives (quinine de 1830 à 1850, guano et nitrate de 1868 à 1878, argent de 1870 à 1890) qui, comme à l'époque coloniale, profitent surtout à l'étranger. La fructueuse exploitation des mines d'étain dans les années 1890 dans la région d'Oruro donne naissance à une nouvelle oligarchie qui s'oppose à celle, traditionnelle, de Sucre, capitale déclinante. Une guerre civile s'ensuit (1898-1899) et les vainqueurs imposent La Paz comme nouveau siège du gouvernement.


1.3. Les guerres et leurs conséquences
De la fin du xixe siècle au milieu du xxe siècle, trois conflits armés entraînent une réduction considérable du territoire de la Bolivie, qui est amputé de 1,2 million de km2, soit la moitié de sa surperficie.
En premier lieu, la guerre du Pacifique aux côtés du Pérou (1879-1883) prive le pays, au profit du Chili, d'un littoral riche en nitrate et le condamne à un enclavement continental. Puis, les expéditions contre les séparatistes soutenus par le Brésil (1903-1904) lui ôtent, en faveur de celui-ci, la région amazonienne d'Acre, riche en gommes et en bois précieux. Enfin, après la guerre contre le Paraguay (→ guerre du Chaco, 1932-1935), la Bolivie perd la plus grande partie de la région du Chaco, réputée pétrolifère.
Cette guerre du Chaco change profondément le destin politique du pays. La Bolivie était, depuis le début du siècle, gouvernée par une élite urbaine restreinte, groupée, à partir des années 1920, au sein du parti républicain (conservateur), qui dominait la paysannerie indienne asservie des campagnes et une population urbaine d'artisans métis. Le pays avait bénéficié d'une certaine prospérité économique, due à l'exploitation pétrolière, à laquelle la crise de 1929 met fin brusquement.
Après la défaite du Chaco, qui prend l'aspect d'une catastrophe nationale, de jeunes officiers, héros de cette guerre (José David Toro, Germán Busch et, plus tard, Gualberto Villarroel) occupent à intervalles le pouvoir. Ils mènent l'offensive contre la vieille oligarchie, liée aux investissements nord-américains : nationalisation des concessions de la Standard Oil en 1937, création des syndicats de mineurs, congrès indigène de 1945. De nouveaux partis naissent : le parti de la Gauche révolutionnaire (marxiste), le parti ouvrier révolutionnaire (trotskiste), la Phalange socialiste bolivienne (inspirée de la Phalange espagnole) et, surtout, le Mouvement nationaliste révolutionnaire (MNR).


2. La Bolivie contemporaine
2.1. Révolution et dictatures (1952-1982)
Les réformes du MNR
La stabilisation des prix de l'étain aux États-Unis en 1951, après la flambée due à la guerre de Corée, entraîne une grave crise économique. En 1952, une révolution amène au pouvoir le MNR, qui compte sur l'appui des classes moyennes, des paysans et des mineurs. Les gouvernements révolutionnaires de Victor Paz Estenssoro (1952-1956 et 1960-1964) et de Hernán Siles Zuazo (1956-1960) réalisent d'importantes réformes : nationalisation de trois grandes compagnies minières, réforme agraire, droit de vote aux Amérindiens, création d'une centrale ouvrière (COB) et de milices paysannes et ouvrières.
Dictatures militaires
Le coup d'État militaire de novembre 1964 met fin à l'expérience populiste et réformiste d'un MNR miné par l'éclatement des diverses forces qui le composent. Il ouvre une phase d'instabilité chronique, durant laquelle les gouvernements militaires se succèdent. La dictature du général René Ortúno Barrientos (1964-1969) doit affronter non seulement les forces de gauche, mais aussi l'aile nationaliste de l'armée. C'est l'époque où la guérilla d'Ernesto « Che » Guevara, essentiellement rurale, s'exporte dans les Andes. En octobre 1967, l'armée bolivienne, soutenue par les États-Unis, abat le Che.
Après les intermèdes des militaires Ovando Candía (1969-1970) et Juan José Torres (1970-1971), un nouveau soulèvement militaire, soutenu par l'Argentine et le Brésil, porte au pouvoir le général Hugo Banzer Suárez. En 1974, par une série de décrets, le régime se durcit : les activités politiques et syndicales sont suspendues, les grèves interdites. Si l'économie jouit d'une certaine stabilité, le niveau de vie est l'un des plus bas de l'Amérique latine ; les paysans sont sous-alimentés, la mortalité infantile ne cesse de croître et la moitié de la population est analphabète. Une situation que la crise économique de la fin des années 1970 ne fait qu'aggraver.


2.2. Liberté politique et libéralisation de l'économie (1982-2006)
Le retour des civils au pouvoir
L'organisation d'élections en 1978 ne permet pas pour autant le retour à la démocratie. Une série de putschs militaires se succèdent, parmi lesquels le coup d'État du général Luis García Meza Tejada en 1980, qui est suivi d'une violente répression contre les organisations populaires. L'instabilité du régime, associée à la crise de la dette extérieure et aux implications des militaires dans le trafic de cocaïne, provoque le retour des civils au pouvoir.
En 1982, Hernán Siles Zuazo, chef de la coalition de gauche Union démocratique et populaire (UDP), est élu à la présidence. Confronté à une économie à la dérive et minée par la corruption et le narcotrafic, il tente de créer un gouvernement d'union populaire incluant des communistes. Mais les trois années de gouvernement UDP se soldent par un échec : l'action gouvernementale est paralysée par les dissensions internes, les pressions de l'opposition de droite, majoritaire au Congrès, et du Fonds monétaire international (FMI), ainsi que par une agitation sociale croissante. La COB (centrale ouvrière) retire progressivement son soutien et, en mars 1985, les mineurs occupent La Paz. Hernán Siles Zuazo, éclaboussé par des implications dans le trafic de drogue, et de plus en plus isolé politiquement, appelle à des élections générales anticipées.
La Nouvelle Politique économique
Celles-ci donnent, en juillet 1985, la victoire au candidat de l'Action démocratique nationaliste (ADN, fondée en 1979), l'ex-dictateur Hugo Banzer Suárez, qui arrive en tête du premier tour avec 28,5 % des voix précédant de peu le vieux leader du MNR, Victor Paz Estenssoro (26,49 %). Cependant, à l'issue du second tour devant le Congrès, c'est ce dernier qui est élu.
Pour sortir le pays d'une situation économique catastrophique – liée à la baisse des cours de l'étain –, le gouvernement Estenssoro conclut une alliance avec l'ADN, et lance une Nouvelle Politique économique, ultralibérale : libéralisation totale des échanges, privatisation ou démantèlement des entreprises publiques (mines, télécommunications, transports, eau, électricité, pétrole et gaz) blocage des salaires et liberté des prix. La restructuration de la Corporation minière bolivienne (Comibol) et le transfert des mines d'étain au privé (25 000 mineurs mis à pied) entraînent un important accroissement du chômage, qui touche 20 % de la population. En 1987, une réforme monétaire institue une nouvelle monnaie, le boliviano.
En août 1989, le Congrès porte au pouvoir Jaime Paz Zamora, candidat social-démocrate du Mouvement de la gauche révolutionnaire (MIR, Movimiento de la Izquierda Revolucionaria, apparu à la fin des années 1970), arrivé en troisième position lors du scrutin de mai, mais qui bénéficie de l'appui de l'ADN de l'ancien président H. B. Suárez. J. P. Zamora poursuit l'orientation néolibérale de la politique économique de son prédécesseur. Celle-ci permet à la Bolivie d'assainir son économie, mais au prix d'un coût social considérable puisque trois millions de Boliviens souffrent de sous-alimentation et 600 000 autres vivent de la culture traditionnelle du coca et du trafic de cocaïne.
En 1993, Gonzalo Sánchez de Lozada (MNR) remporte l'élection présidentielle de juin, devançant une nouvelle fois H. B. Suárez, pourtant soutenu par le MIR. Le Congrès le confirme le 6 août à la tête de l'État. Une première dans l'histoire du pays, la vice-présidence revient à une personnalité d'origine indigène, Victor Hugo Cardenas (Indien aymara). G. Sánchez de Lozada procède à une réforme constitutionnelle (mandat présidentiel de 5 ans, concentration du pouvoir exécutif) et annonce un vaste programme de décentralisation administrative et de privatisations qui se heurte à l'opposition des syndicats, des fonctionnaires, des enseignants et des paysans, dont le niveau de vie ne cesse de se dégrader (grève générale en mars 1996).
L'émergence d'une nouvelle gauche indigène
Lors de l'élection présidentielle de 1997, l'ancien dictateur au pouvoir de 1971 à 1978, H. B. Suárez, est élu. Sous la pression des États-Unis, il applique un programme d'éradication de la culture du coca, responsable de la ruine de centaines de milliers de cocaleros. Une grave crise politique, économique et sociale secoue le pays au cours de l'année 2000 : à la suite de l'augmentation du prix de l'eau à Cochabamba, la mobilisation des paysans pour la défense de la culture traditionnelle du coca, de la terre et de l'eau s'étend à tout le pays. L'état de siège est décrété pendant un mois, le gouvernement démissionne. Gravement malade, le président H. B. Suárez démissionne à son tour en août 2001 et remet le pouvoir au vice-président, Jorge Quiroga Ramírez.
Lors des élections générales du 30 juin 2002, le candidat libéral et ex-président G. Sánchez de Lozada remporte le premier tour de l'élection présidentielle avec 22,5 % des suffrages, devant l'Amérindien aymara Evo Morales Ayma (20,9 % des voix), leader syndical de six fédérations de cocaleros, et dirigeant du Mouvement pour le socialisme (MAS, extrême gauche) – une confédération informelle d'organisations sociales –, fondé en 1999. À l'issue du scrutin législatif, le MAS devient la deuxième formation du Congrès avec 35 députés (sur 130) et 8 sénateurs (sur 27). Le Mouvement indigène Pachakuti (MIP) de Felipe Quispe Huanca, qui représente l'aile radicale de la communauté indienne, obtient 6 sièges.
Cette percée de l'extrême gauche marque un tournant dans la vie politique du pays. Elle illustre l'émergence – face à la vieille gauche du MIR, transformé en parti néolibéral largement corrompu et ayant apporté son soutien à l'ancien dictateur H. B. Suárez –, d'une nouvelle gauche indigène, paysanne et ouvrière, luttant par le biais de multiples associations – la Confédération syndicale unitaire des travailleurs paysans de Bolivie (CSUTCB), le Mouvement sans terre de Bolivie (MST-B), la Fédération des comités de voisinage (Fejuves) – pour que soient reconnues les revendications de la majorité amérindienne n'ayant jamais été impliquée dans la vie politique du pays et vivant au-dessous du seuil de pauvreté.
Confirmé à la tête de l'État, le 6 août, G. Sánchez de Lozada est aussitôt confronté à un mouvement social, lancé en septembre 2003 à l'appel de la COB, pour protester contre l'exportation de gaz naturel vers les États-Unis via le Chili. Violemment réprimé, le mouvement, dont l'épicentre est El Alto (cité-dortoir surplombant La Paz) gagne l'ensemble du pays, prend une ampleur politique, syndicats et opposition exigeant désormais la démission du président. Après un mois d'affrontements meurtriers entre l'armée et les manifestants (80 morts, 500 blessés), G. Sánchez de Lozada démissionne et se réfugie aux États-Unis (17 octobre).
Le vice-président Carlos Mesa est désigné par le Congrès pour lui succéder. Appuyé par le MAS de E. Morales, il organise le 18 juillet 2004 un référendum sur la réorganisation du secteur des hydrocarbures, au cours duquel la population se prononce massivement pour sa récupération. Le projet divise le pays : en septembre, le président dépose un projet de loi sur les hydrocarbures permettant d'augmenter les royalties imposées aux sociétés étrangères. En novembre, les députés adoptent un texte qui prévoit la nationalisation des gisements et dispose la révision des 76 contrats signés depuis la privatisation de 1997 : le texte est condamné par les départements de Santa Cruz, siège des compagnies pétrolières étrangères, et de Tarija, où se trouvent 80 % des hydrocarbures en exploitation, qui réclament leur autonomie.
Invoquant l'agitation sociale grandissante, C. Mesa remet sa démission au Parlement, qui la refuse (mars) avant de proposer la tenue d'élections générales anticipées pour le 28 août. Entre-temps, les députés adoptent un projet de loi, qui établit à 18 % les royalties et à 32 % les impôts, sans compensations ni déductions. Ce projet – plus contraignant que celui du président mais moins radical que celui du leader du MAS, E. Morales, qui exige 50 % de royalties – est voté par le Congrès le 5 mai. En dépit du veto opposé par le président, la loi est promulguée le 17 mai par le Congrès. La COB et la Fejuve d'El Alto, partisans d'une nationalisation pure et simple du pétrole et du gaz, se mobilisent.
Outre le débat sur les ressources du sous-sol, la Bolivie est divisée sur le degré d'autonomie de ses régions. L'initiative prise par les « comités civiques » des départements de Santa Cruz (Est), Tarija (Sud), Beni (Nord-Est) et Pando (Nord) de convoquer un référendum sur l'autonomie régionale le 12 août est perçue avec suspicion par d'autres départements.
Le paysage politique est, lui aussi, sujet à une fragmentation, manifeste lors des élections municipales (décembre 2004), à l'occasion desquelles les Boliviens ont délaissé les partis traditionnels – MNR, MIR –, sortis laminés au profit des candidats indépendants. En juin 2005, après trois semaines d'agitation sociale doublée d'une crise politique, C. Mesa annonce sa démission. Ayant validé cette dernière, le Congrès investit provisoirement à la tête de l'État le président de la Cour suprême, Eduardo Rodríguez Beltzé. Les élections générales de décembre 2005 voient la victoire du candidat du MAS, E. Morales, avec 53,7 % des voix, devant le candidat de la droite, l'ancien président J. Quiroga Ramírez (28,5 %). Disposant d'une majorité de députés à l'Assemblée nationale (72 sur 130), le MAS est, en revanche minoritaire au Sénat avec 12 sièges, derrière la droite (Podemos, 13 sièges). Le sociologue Álvaro García Linera (MAS) prend la fonction de vice-président.
2.3. La présidence d'Evo Morales (2006-)

Tandis que la Bolivie rejoint le Venezuela et Cuba au sein de l'Alternative bolivarienne pour les Amériques (avril 2006), Evo Morales fait adopter son programme de nationalisation du secteur des hydrocarbures (mai) et de réforme agraire (novembre). Bien que ménageant les intérêts des compagnies pétrolières et s'attaquant en priorité aux grandes propriétés improductives « ne remplissant pas de fonction économique et sociale », ces mesures suscitent l'hostilité des oligarchies et la mobilisation des opposants. Le projet de nouvelle Constitution, qui officialise ces dispositions et ouvre surtout la voie à une transformation du système politique au profit des communautés amérindiennes, adopté en décembre 2007 sans la participation de l'opposition qui la juge trop étatiste et indigéniste, achève d'exacerber les tensions.


L'épreuve de force avec l'opposition
Un violent conflit s'ouvre dès lors entre le pouvoir central et cinq départements : en mai 2008, le département de Santa Cruz (le plus riche du pays) se prononce massivement par référendum en faveur de son autonomie et les autorités du Beni, de Pando et de Tarija (les trois autres départements de la « demi-lune »), suivent l'exemple en juin. Le 10 août, afin de clarifier la situation politique, les mandats du président, du vice-président et de 8 « préfets de département » (gouverneurs élus) sont remis en jeu lors d'un référendum révocatoire : E. Morales et A. García Linera sont confirmés dans leurs fonctions par plus de 67 % des électeurs (au niveau national), mais les gouverneurs des départements autonomistes obtiennent également de très bons scores et refusent de céder.
Le dialogue entre les deux camps s'avère impossible et une grève générale (ayant pour revendication officielle la restitution aux départements des recettes issues de l'impôt sur les hydrocarbures que le gouvernement entend affecter à l'aide aux personnes âgées) paralyse la moitié du pays ; des affrontements entre opposants et partisans du président font plusieurs morts dans le département de Pando, dont le gouverneur est arrêté et où l'état de siège est proclamé en septembre.
Grâce à la médiation de l'Union des nations sud-américaines (UNASUR, une instance économique et politique régionale, créée en mai 2008 et visant, à court terme, à éviter de saisir l'Organisation des États américains [OEA], dont font partie les États-Unis) qui manifeste son soutien à E. Morales (lequel a fait expulsé l'ambassadeur américain, accusé de soutenir l'opposition), le gouvernement et les préfets autonomistes du Beni, de Tarija, Santa Cruz et Chuquisaca entament finalement des négociations le 18 septembre. Après une légère révision du projet constitutionnel – le président acceptant notamment de ne se représenter que pour un seul mandat – la nouvelle Constitution est finalement approuvée le 25 janvier 2009 avec 61,43 % de « oui » au niveau national ; elle est, en revanche, largement rejetée dans les provinces rebelles de Tarija, du Beni, de Pando et de Santa Cruz (entre 56 % et 67 % de « non » selon le département).
Dans l'attente d'élections générales prévues en décembre, la tension demeure très vive dans le pays, alors que E. Morales promulgue le texte le 7 février, s'engageant à l'appliquer par décret si le Congrès s'y refuse.
La réélection de Morales et la mise en place du nouvel État plurinational
Le 6 décembre 2009, Evo Morales est très largement réélu dès le premier tour de l'élection présidentielle avec plus de 62 % des suffrages devant Manfred Reyes Villa, candidat de la coalition de droite Plan Progreso para Bolivia-Convergencia Nacional (PPB-CN), qui n'obtient que 27 % des voix. Avec plus de 64 % suffrages, le MAS s'assure la majorité des deux tiers dans les deux chambres de la nouvelle « Assemblée législative plurinationale », progressant même fortement dans les quatre départements rebelles de la partie orientale du pays.
Par ailleurs, plusieurs référendums sont organisés : les départements de La Paz, Chuquisaca, Cochabamba, Oruro et Potosí votent massivement en faveur de leur autonomie, la province du Gran Chaco, dans le département de Tarija, se prononce pour sa régionalisation et onze municipalités sur les douze consultées décident leur transformation en « territoires indigènes originaires paysans ». Le 22 janvier 2010, après avoir été intronisé la veille « chef spirituel » du pays au cours d'une cérémonie traditionnelle et prononcé pour la première fois un discours en quechua et en aymara, Evo Morales est officiellement investi par l'Assemblée. La création du nouvel « État plurinational » est ainsi proclamée, tandis qu'un gouvernement paritaire est constitué.
Sont alors adoptées les grandes mesures fondatrices du nouvel État dont la loi sur les autonomies en mai, après des élections municipales, départementales et régionales (avril) qui confortent la majorité présidentielle avec 6 gouverneurs sur 9 et plus de 220 mairies sur 337.
Un président sur la défensive
Cependant, l’opposition reste puissante dans ses bastions orientaux, et le MAS essuie également quelques revers électoraux dans certains de ses fiefs de l’Altiplano. Il est en particulier contesté au centre gauche par le « Mouvement sans peur » (MSM, créé comme organisation citoyenne en 1999), avec lequel il a rompu et qui remporte la mairie de La Paz. Parallèlement, la loi anti-corruption entre en vigueur (mars 2010), tandis qu’est poursuivie la politique de nationalisation dans le secteur de l’électricité (mai).
Autre source de préoccupation pour le pouvoir, ses relations avec la Centrale ouvrière bolivienne (COB), l’un de ses principaux alliés. Celles-ci montrent certains signes de refroidissement à l’occasion de la fête du 1er mai, habituellement l’occasion pour Evo Morales de célébrer l’union entre l’État et les travailleurs du pays qui, cette année, se mobilisent dans l’industrie, la police et la santé pour réclamer des hausses de salaires. Les mécontentements culminent en août dans le département de Potosí avec une grève générale des mineurs : ce mouvement, parti d’une revendication d’ordre territorial, s’étend pour réclamer des mesures de développement en faveur de cette région, où plus de 60 % de la population vit dans l’extrême pauvreté, et parvient à faire céder le gouvernement.
Par ailleurs, incité à montrer davantage de fermeté contre le trafic de stupéfiants, le président doit en même temps tenir compte des pressions des cocaleros dont il reste l’un des dirigeants syndicaux. Comme l’illustrent aussi la vigilance et l’impatience des organisations indigènes fédérées dans la CIDOB à l’origine d’une marche pour la terre déclenchée en juillet, il doit ainsi répondre aux revendications de ceux qui l’ont porté au pouvoir, au-delà des mesures avant tout symboliques comme la loi très sévère contre le racisme promulguée en octobre. Ce qui explique peut-être la décision plus spectaculaire prise en décembre, en concertation étroite avec la COB, de nationaliser les fonds de pension et d’abaisser l’âge de la retraite de 65 à 58 ans pour les hommes, et de 60 à 55 pour les femmes avec trois enfants : une exception bolivienne justifiée par une espérance de vie plus basse, de 68 ans en moyenne contre 73 en Amérique latine.
Les relations entre le président et sa base n’en restent pas moins tendues : après avoir dû abandonner un projet d’augmentation massive du prix de l’essence (fortement subventionné) destiné à réduire le coût supporté par l’État et à lutter contre la contrebande avec les pays voisins (janvier 2011), il doit, en octobre, affronter l’hostilité des communautés indiennes à un projet routier monté avec le Brésil et menaçant une réserve naturelle. Par ailleurs, les premières élections judiciaires au suffrage universel organisées dans le pays se soldent par près de 60 % de votes nuls ou blancs, conformément aux vœux de l’opposition.
Le troisième mandat d’E. Morales
Ces contestations sont insuffisantes pour fragiliser un président capable de concilier une politique « à la Chavez » aux accents « populistes » et un pragmatisme qui le rapprocherait davantage du Brésilien Lula. En octobre 2014, E. Morales est réélu pour un second mandat consécutif (en vertu de la Constitution de 2009), dès le premier tour de scrutin avec 61 % des suffrages. Ce score le place loin devant son principal adversaire, l’entrepreneur Samuel Doria Medina (Unité démocratique, coalition de droite), qui n’obtient que 24,4 % des voix. Résultat remarquable, à l’exception du Beni (où il progresse) le président sortant l’emporte également dans les départements de la « demi-lune », notamment dans le plus riche, celui de Santa Cruz, où il devance l’opposition avec 49 % des voix. En choisissant le compromis et en encourageant le dynamisme économique du pays, E. Morales est ainsi parvenu à partiellement convertir les secteurs qui lui étaient les plus hostiles lors de son accession au pouvoir en 2006.
L’expansion de la demande intérieure et d’importants investissements publics dans les infrastructures sont en grande partie à l’origine de la forte croissance économique – de 5 % à 6 % en 2011-2014 –, l’une des plus soutenues en Amérique latine. Ce développement largement guidé par l’État, et dont témoigne notamment l’entrée en service du premier satellite de télécommunications bolivien Túpac Katari en avril 2014, a concerné l’ensemble des secteurs d’activité, au premier rang desquels les hydrocarbures, les communications, les services financiers, l’industrie manufacturière et les transports. Il s’est accompagné à la fois d’un renforcement de la classe moyenne et de l’amélioration de la situation des plus pauvres grâce à une importante redistribution des revenus. Les très fortes inégalités tendent à se réduire, et le taux de pauvreté a notablement diminué. Mises à part les tensions inflationnistes (maîtrisées dans la fourchette fixée par les autorités), la prudence et les performances de cette politique économique sont ainsi saluées par le FMI. Cette réussite présente toutefois des limites, en particulier sa dépendance encore excessive à l’égard des marchés internationaux des matières premières.
La contestation de ce « modèle extractiviste », qui tend à s’imposer au détriment des enjeux écologiques, reste vive. Mais, grâce aux diverses aides sociales – amélioration de l’accès à l’éducation et à la santé – à la redistribution-titularisation des terres et, plus généralement, à la protection de leur identité et au renforcement de leur intégration, les communautés indigènes ont bénéficié des réformes mises en œuvre. L’émergence d’une nouvelle élite d’origine amérindienne en est d'ailleurs l’illustration, et le téléphérique reliant La Paz, urbaine et développée, et El Alto, sa banlieue, indienne et plus pauvre, symbolise la réduction du fossé entre groupes sociaux.
Si la corruption, la criminalité ou les violences faites aux femmes ternissent l’image de la « révolution démocratique bolivienne », l’opposition de droite qui en dénonce les dérives ne parvient pas à offrir une alternative. Celle de centre gauche, représentée par le MSM, ne réussit pas non plus à percer, pas plus que le parti démocrate-chrétien et le petit parti Vert. Avantagé également par le mode de scrutin, le MAS consolide sa majorité des deux tiers à l’Assemblée législative plurinationale.

 

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CRÉTACÉ

 

 

 

 

 

 

 

crétacé

cénozoïque
crétacé
ère géologique
évolution
fossile
géologie
jurassique
mésozoïque
paléontologie
paléozoïque
précambrien
quaternaire


Système du mésozoïque, le crétacé en constitue la dernière période, après le trias, puis le jurassique, de – 145 à – 65,5 millions d'années (durée : 90 millions d'années). Sa limite supérieure est marquée par d'importantes disparitions d'organismes (ammonites, bélemnites, rudistes, etc.).
Le crétacé est caractérisé essentiellement par l'ouverture de l'océan Atlantique (naissance de l'Atlantique sud et élargissement de l'Atlantique nord) et la naissance de la Manche. Certaines régions sont stables et restent émergées pendant tout le crétacé, se recouvrant de sédiments détritiques continentaux de couleur rouge (continental intercalaire du Sahara, des Amériques). Dans les zones marines, le crétacé débute par une avancée de la mer, qui connaît une intensification au crétacé supérieur, et se termine par un recul de la mer pouvant aller jusqu'à l'émersion des terres, et au développement de roches sédimentaires continentales de couleur rouge.


1. La paléogéographie du crétacé

Au crétacé, période tectoniquement calme, le monde était divisé en deux ensembles : l'un (hémisphère Nord) massif, en cours du rupture, séparé du second (hémisphère Sud, essentiellement le Gondwana) par un Proto-Atlantique et par la Mésogée. Les événements marquants sont la naissance de l'Atlantique sud, l'élargissement de l'Atlantique nord et l'ouverture de la Manche. L'ouverture progressive de l'océan Atlantique du sud vers le nord sépare l'Amérique du Sud et l'Afrique. À la fin du crétacé, ce nouvel océan atteint déjà 3 000 km de largeur, ce qui correspond à un écartement moyen de 4 cm/an.
La dérive de l'Afrique provoque la fermeture de la Mésogée par subduction. Ce phénomène s'accompagne d'un volcanisme calco-alcalin dans les Balkans. De place en place, des mouvements d'obduction donnent les ceintures ophiolitiques (massifs de « roches vertes » des Alpes, Corse, Dinarides, Turquie, Iran, Oman), portions de la croûte océanique qui sont portées en altitude.
À la pointe nord du Gondwana, l'Apulie (Italie-Grèce) poinçonne l'Europe, et cette lente collision provoque le début de la formation de la chaîne des Alpes. L'Espagne subissant une rotation de 30 ° par rapport au Massif armoricain provoque l'ouverture du golfe de Gascogne à l'ouest, et une compression à l'est, qui sera la cause de l'érection de la chaîne pyrénéo-provençale.
L'Inde, qui s'était séparée de l'Afrique et dérivait vers le nord, donnant naissance à l'océan Indien, finit par fermer la Mésogée himalayenne. Ce mouvement s'accompagne de l'émission d'une succession d'épaisses coulées de basalte dans le Deccan (Inde), ainsi que d'une régression marine à la fin du crétacé.
Sur les plates-formes épicontinentales, la mer qui avait opéré un retrait temporaire à la fin du jurassique, revient au crétacé. Cette mer dépose des carbonates, mais elle se retire à nouveau à la fin du crétacé. À l'emplacement du futur orogène alpin, des faciès flysch et des marno-calcaires bathyaux se déposent dans les sillons, en même temps que se produit en certaines régions plus profondes un léger métamorphisme.
Sur le plan orogénique, on distingue la phase autrichienne à la fin du crétacé inférieur, la phase antésénonienne, et la phase laramienne à la fin du crétacé supérieur. Si la phase antésénonienne semble géographiquement restreinte (Dévoluy), les autres sont très importantes dans la ceinture péripacifique, où elles s'accompagnent de granitisations et d'épaisses coulées de lave : des trachyandésites (Chili).


2. Séries et étages du crétacé
On distingue deux séries : les crétacé inférieur et supérieur. Il leur correspond différents étages, à savoir respectivement :
– le berriasien, le valanginien, l'hauterivien, le barrémien, l'aptien et l'albien pour le crétacé inférieur ;
– le cénomanien, le turonien, le coniacien, le santonien, le campanien, le maastrichtien pour le crétacé supérieur ;
– le terme d'urgonien est réservé à un faciès du barrémien, au crétacé inférieur, composé de calcaires massifs à rudistes et orbitolinidés.
Les divisions stratigraphiques du crétacé
Subdivisions du crétacé
– 146 à – 65 millions d'années
Étages
Date de début
Principaux événements
crétacé supérieur
maastrichtien
– 71 millions d'années
extinction massive d'espèces
campanien
– 84 millions d'années
premiers serpents
santonien
– 86 millions d'années
 
coniacien
– 89 millions d'années
 
turonien
– 94 millions d'années
 
cénomanien
– 100 millions d'années
premières plantes à fleurs
crétacé inférieur
albien
– 112 millions d'années
 
aptien
– 125 millions d'années
 
barrémien
– 130 millions d'années
 
hauterivien
– 134 millions d'années
 
valanginien
– 140 millions d'années
 
berriasien
– 146 millions d'années
 
3. La flore et la faune du crétacé
La flore comprend déjà une majorité de formes actuelles, mais distribuées autrement, du fait des changements climatiques et des dérives continentales. Dans le domaine continental, elle est caractérisée par l'apparition des plantes à fleurs, les angiospermes (dicotylédones), notamment les palmiers et les magnolias. En même temps que les plantes à fleurs apparaissent les insectes butineurs (papillons, abeilles, fourmis) : tous les grands ordres d'insectes sont alors représentés.

Dans le domaine marin épicontinental, le benthos est très diversifié : les spongiaires, les brachiopodes, les lamellibranches, les gastéropodes et les échinodermes prolifèrent dans les mers chaudes. Au niveau du necton, les mollusques céphalopodes (les ammonites dont certaines espèces sont alors déroulées, et les bélemnites (achevant leur évolution) connaissent un développement très important ainsi que les reptiles, comme au jurassique (dinosaures notamment). Dans les mers chaudes, les foraminifères (orbitolines ou formes voisines, coccolites) et les algues planctoniques pullulent. Les rudistes caractérisent les dépôts de récifs. Le calcaire de la membrane des algues unicellulaires (formant des petites plaques ou coccolithes) se sédimente pour former la craie.
Les marsupiaux sont nombreux.


3.1. Les dinosaures

Durant cette période, plusieurs lignées de dinosaures carnivores se différencient. L'une accentue encore les tendances au gigantisme amorcées au jurassique par l'allosaure (10 m de long) et culmine à la fin du crétacé avec le tyrannosaure et Tarbosaurus, formidables prédateurs de 14 m de long, ainsi qu'avec une espèce plus grande encore, découverte en 1995, Gigantosaurus. Les carnivores de taille moyenne, comme le vélociraptor (2 m de long) et Deinonychus (3 m), devaient chasser en meute et blesser leurs proies au moyen des griffes acérées de leurs pattes arrières. Une troisième lignée de carnivores fournit des dinosaures à morphologie d'autruche, tels que Ornithomimus (4 m). Les derniers dinosaures côtoient les ptérosaures, adaptés à la vie aérienne, dont le ptéranodon, dépourvu de dents. Les oiseaux à dents se développent vers – 80 millions d'années.

Parmi les herbivores, les dinosaures quadrupèdes cuirassés du groupe des ornithischiens sont abondants : cératopsiens (tel tricératops), stégosaures et ankylosaures, quadrupèdes, ainsi que les pachycéphalosaures, bipèdes. D'autres dinosaures bipèdes, les iguanodontes, tel iguanodon (9 m de long), ont une large répartition géographique. Ils avaient une puissante denture précédée d'un bec. Leurs doigts étaient terminés par de véritables sabots et, sur les pattes avant, en plus des quatre doigts, une grosse griffe faisait office de « pouce ».

Durant la seconde partie du crétacé, les iguanodontes sont supplantés par leurs descendants, les hadrosaures, au large museau plat prolongé par un bec corné (dinosaures « à bec de canard »).


3.2. L'établissement des subdivisions stratigraphiques
Les principaux groupes utilisés pour l'établissement des subdivisions stratigraphiques sont, pour la macrofaune : les ammonites, les bélemnites, les oursins et les rudistes. Parmi la microfaune, on utilise notamment : les calpionelles, ainsi que les orbitolines, les préalvéolines et surtout les globotruncanidés.


4. La fin des dinosaures

Le crétacé s'achève il y a 65 millions d'années avec la disparition brutale de plus de la moitié des espèces vivantes, dont l'ensemble du groupe des dinosaures et les ammonites, les bélemnites, les rudistes et les globotruncanidés. La fin du crétacé est aussi marquée par un refroidissement général, lié à la naissance de reliefs dans les cordillères de l'Ouest des États-Unis et dans certaines chaînes alpines, à la fermeture de la Mésogée et au changement des circulations océaniques associé à l'ouverture de l'Atlantique. La flore terrestre et le plancton des mers semblent en avoir été très affectés, ce qui a certainement appauvri les premiers maillons de la chaîne alimentaire. Les épanchements très volumineux de laves qui se sont produits en Inde ont été invoqués comme autre cause possible du refroidissement de l'atmosphère. On a observé en outre dans les sédiments déposés à la limite crétacé-tertiaire une teneur anormalement élevée en iridium, que quelques scientifiques ont attribuée à la chute de météorites dans le Yucatán au Mexique. Le phénomène éruptif se serait accompagné de pluies acides et cendreuses qui auraient détruit la flore dont les herbivores s'alimentaient.
Cependant, beaucoup de groupes survivent au cénozoïque sans être affectés : les nautiles, les insectes, les poissons, les crocodiles, les tortues, etc., comme autant de formes « conservatrices ».

 

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SUBDUCTION

 


 

 

 

 

subduction
(latin subductio, action de tirer sur le rivage)


Enfoncement d'une plaque lithosphérique de nature océanique sous une plaque adjacente (de nature océanique ou continentale).

Le diamètre terrestre étant constant, l'épanchement de magma au niveau des dorsales océaniques doit être compensé par une perte de volume lithosphérique en d'autres endroits : cela se produit dans les zones de subduction et de collision (→ géologie). On constate en effet qu'il n'existe pas de fonds océaniques plus âgés que 200 millions d'années, alors que les continents atteignent plusieurs milliards d'années, 3,85 milliards pour les roches les plus anciennes datées.


Les moteurs de la subduction
Les zones de subduction sont les lieux où une plaque lithosphérique plonge sous une autre, pour s'engloutir dans le manteau.

Plus une plaque s'éloigne de son lieu de création (une dorsale océanique), plus elle se refroidit et s’alourdit. De plus, elle supporte le poids des sédiments qui s'accumulent. Devenue plus dense et plus épaisse, elle tend à s'enfoncer dans l'asthénosphère sur laquelle elle reposait jusqu'ici : c’est le principal moteur de la subduction. En s’enfonçant, la lithosphère océanique se déshydrate et augmente encore en densité.
Par ailleurs, le fonctionnement permanent des dorsales continue à produire un nouveau plancher océanique, ce qui rapproche les plaques chevauchées et chevauchantes : c’est le second moteur de la subduction.


Les indices de la subduction

Les lieux où plongent les plaques sont les endroits les plus profonds des océans : ce sont les fosses océaniques (plus de 10 km de profondeur pour certaines). La lithosphère s'enfonce dans l'asthénosphère en plongeant selon un plan incliné de 15 à 75° nommé plan de Wadati-Benioff. Les frottements entre ces plaques sont la cause de nombreux séismes.

Le magmatisme des zones de subduction est caractéristique : des poches de magma plus chaudes et donc plus légères remontent vers la surface et forment des volcans de type explosif ou des plutons si l’ascension de la poche s’arrête en chemin (→ roches magmatiques). L’alignement des volcans parallèlement à la fosse s’appelle un arc volcanique ou arc insulaire.

La tectonique de convergence est marquée par des reliefs positifs sur la plaque chevauchante (montagnes de subduction), des plissements des strates sédimentaires et la formation de failles inverses. Au niveau du contact entre les deux plaques, les sédiments océaniques n’arrivent pas à suivre la subduction. Il se forme des écailles sédimentaires constituées de plis et de failles inverses avec des chevauchements : c’est le prisme d’accrétion. Celui-ci est le plus souvent sous-marin (→ géologie).
La transformation des roches et le magmatisme associé
La croûte océanique qui s’enfonce se déshydrate. Les roches très hydratées à chlorite (ou schiste vert) se transforment en schistes bleues, roches métamorphiques à glaucophane. Le terme ultime de la transformation est de l’éclogite (grenat et jadéite), roche anhydre (→ croûte terrestre, roche).
Toute l’eau perdue pendant cet enfoncement va hydrater la péridotite de la plaque chevauchante. L’eau va permettre la fusion partielle du manteau à l’origine des remontées de magma dans la zone chevauchante. Le volcanisme qui en résulte est de type calcoalcalin.


La subduction entre deux lithosphères océaniques
La lithosphère continentale ayant une densité toujours inférieure à la plaque océanique, c'est systématiquement la partie océanique qui s'enfonce quand elles se rencontrent. La convergence de deux plaques océaniques présente, quant à elle, des particularités : c’est la plus vieille donc la plus épaisse et la plus dense des deux plaques qui s’enfonce.
Derrière la plaque océanique chevauchante, suite aux courants de convection, un étirement se produit malgré le système de convergence. On observe des failles normales, un enfoncement du plancher océanique et une mer profonde appelée bassin d’arrière-arc (→ tectonique).

 

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