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CLIMAT: les climats du monde

 

 

 

 

 

 

 

climat : les climats du monde

Consulter aussi dans le dictionnaire : climat
Cet article fait partie du dossier consacré au climat.


Les zones froides de la Terre se situent autour des pôles. Le Soleil y est bas tout le long de l’année et le froid permanent. Toundra et étendues de neige et de glace en sont les paysages caractéristiques.
Les zones tempérées de la Terre se situent dans chaque hémisphère entre le tropique et le cercle polaire. Les températures baissent quand on s’approche du second. Le Soleil est haut dans le ciel l’été et bas, l’hiver. On distingue, à proximité du tropique, le climat méditerranéen avec des hivers doux et des étés secs et chauds. En bordure des mers et océans, un climat océanique, relativement doux en hiver et moins chaud que le méditerranéen l’été, est très pluvieux et caractérisée par des paysages de prairies et de forêts de feuillus. On trouve un climat continental à l’intérieur des terres aux étés chauds mais aux hivers rudes. La prairie, la steppe et la taïga sont des paysages naturels de ce climat.

Les zones chaudes sont principalement situées autour de l’équateur entre les tropiques ou à leur proximité. Dans cette zone, le Soleil est toujours haut dans le ciel et il fait chaud pendant toute l’année. Le climat équatorial se caractérise par des pluies abondantes tout le long de l’année. La forêt dense constitue le paysage naturel de cette région. Le climat tropical se caractérise par l’irrégularité des pluies. La forêt claire et la savane en sont le paysage type. Plus on s’éloigne de l’équateur plus on accède à un climat sec, puis aride caractérisé par l’extrême rareté des pluies. La steppe et les étendues de sables en sont les paysages types.
Le climat montagnard caractérise les zones situées en altitude avec un enneigement toute une longue partie de l’année.

La climatologie a pour objectif de décrire, d'analyser et d'expliquer les climats dans leur répartition spatiale. Le climat est donc ainsi défini comme l'état moyen de l'atmosphère (température, pluviométrie, humidité) en un lieu donné, considéré dans sa succession habituelle.

1. La mosaïque climatique : zones et zonation
Les facteurs cosmiques et planétaires déterminent un découpage en grandes zones (zonation) : zones thermiques (hautes latitudes froides, basses latitudes chaudes, etc.), zones dynamiques (anticyclones subtropicaux, etc.), zones d'affrontement (front polaire, convergence intertropicale) et, enfin, les zones d'humidité (tendances pluviométriques à l'emplacement des affrontements, d'où pluies aux latitudes moyennes et aux basses latitudes).

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Des facteurs géographiques introduisent des altérations dans ce schéma zonal suscité par les facteurs cosmiques et planétaires. Il s'ensuit des anomalies thermiques et pluviométriques. La finesse de la compréhension augmente à mesure que l'espace décrit se réduit.

1.1. Les climats zonaux
A cette échelle, on distingue le climat des régions tempérées et froides, où le bilan radiatif annuel est déficitaire, et le climat des régions intertropicales, où il est excédentaire.

1.2. Les climats régionaux
Les climats régionaux concernent une échelle spatiale de quelques centaines de milliers à quelques millions de kilomètres carrés. Leur extension est liée aux grands mouvements de l'atmosphère, tels les anticyclones. A cette échelle, l'influence des grands massifs montagneux est prise en compte. Pour la compréhension des traits climatiques majeurs du globe, cette échelle est cohérente.

1.3. Les climats locaux
Les climats locaux dépendent du climat régional mais aussi de la topographie ou du bilan radiatif local. Une forêt, une agglomération ou un littoral peuvent connaître un climat spécifique. A cette échelle, les reliefs ont un rôle important, car ils canalisent les masses d'air et favorisent la formation des brises.

1.4. Les microclimats
L'extension des microclimats varie de quelques mètres à quelques centimètres. Ils sont étroitement dépendants de l'énergie solaire et des mouvements de l'air de faible amplitude. Ainsi, dans une forêt, le sous-bois sera plus frais que le sommet des arbres.

2. Le climat polaire : un froid permanent

Les climats polaires respectent assez bien l'organisation zonale, surtout dans l'hémisphère Sud. Les conditions climatiques sont donc comparables autour des deux pôles. Aux hivers arctiques longs et froids s'opposent les étés courts et frais. Cette région reçoit, en effet, peu de rayonnement solaire en raison de son inclinaison par rapport à la zone intertropicale (où le soleil est au zénith). En hiver, le soleil n'apparaît jamais (au pôle Nord, cette saison dure théoriquement six mois). Les températures sont le plus souvent inférieures à − 10 °C, et n'approchent 0 °C au pôle Nord qu'en juillet et août. La moyenne du mois le plus chaud est inférieure à 10 °C. Aucune journée n'est à l'abri des gelées. Dans l'Antarctique, cette isotherme suit grossièrement le 50° parallèle.

2.1. Le froid hivernal
Le froid qui sévit pendant le long et rigoureux hiver (moyennes mensuelles souvent inférieures à − 10 °C ou même − 20 °C) conditionne toute la vie. Il explique :
– la présence d'un sol gelé jusqu'à une grande profondeur, même sous les fonds marins ;
– la durée du manteau nival ;
– l'importance d'une banquise (palustre, lacustre, fluviale et côtière) interdisant l'écoulement superficiel pendant près de 200 jours par an ;
– la persistance d'inlandsis (au Groenland, en Antarctique) et de calottes insulaires (Spitzberg, île de Baffin, etc.) dont les émissaires donnent naissance à des icebergs de petites dimensions.

2.2. Des précipitations faibles
Le monde polaire est touché par la sécheresse et ne connaît en général pas plus de 200 mm de précipitations par an (le plus souvent sous forme de neige), qui se produisent surtout en été. Le cœur de l'Arctique est le siège d'un anticyclone qui confère une certaine aridité à cette région. Véritable désert froid, elle ne reçoit – sauf exceptions localisées – que 250 mm de précipitations annuelles en moyenne, le plus souvent sous forme de neige. La présence de l'inlandsis du Groenland et l'important volume de glaces océaniques contribuent à maintenir des températures froides tout au long de l'année, bien que les franges côtières se réchauffent quelque peu durant le court été.
Cependant, des perturbations atlantiques remontent les côtes toute l'année en apportant vents, brouillards et neiges : les régions polaires océaniques (côte occidentale du Groenland, nord de l'Alaska, de la Finlande et de la Russie d'Europe) connaissent un climat moins rude et des précipitations plus abondantes : de 300 à 500 mm par an.

2.3. Des vents parfois brutaux
Les calmes sont imposés par les conditions anticycloniques, qui alternent il est vrai avec des moments de grande turbulence liés au passage de dépressions. D'où le blizzard de l'Antarctique et du Grand Nord canadien, la purga sibérienne, etc. Les régions montagneuses et englacées, c'est-à-dire le continent austral et le Groenland, subissent des vents de gravité. Ceux-ci, brutaux mais pelliculaires (vents catabatiques), résultent de l'air lourd, parce que froid, glissant sur les pentes.

2.4. Des températures minimales très basses
Vostok, au coeur de l'Antarctique oriental, a les plus basses températures moyennes de la Terre (– 56 °C) et détient le record mondial de la température la plus basse avec – 89,2 °C, enregistrée le 21 juillet 1983. Des températures minimales atteignant − 70 °C ont été enregistrées au Groenland et à Verkhoïansk, en Sibérie. Bien que les vents arctiques soient moins fréquents et moins puissants qu'au pôle Sud, les zones côtières peuvent être balayées par des tempêtes.


2.5. La nuit polaire
La nuit polaire dure environ cinq mois, puis vient une période de un mois où le jour et la nuit sont en alternance. Au début, les jours sont très courts, puis ils s'allongent progressivement pour durer 24 heures : c'est alors que commence le jour polaire, qui dure environ cinq mois. Ce schéma est totalement inversé en Antarctique, l'autre terre polaire.

2.6. L'Antarctique

Autour des 12 millions de kilomètres carrés englacés de l'Antarctique et des 3 millions de kilomètres carrés de banquise permanente se présente un domaine maritime où les températures estivales passent au-dessus de 0 °C. Les températures hivernales restent sévères (d'où la banquise saisonnière). Au-delà, la masse océanique, qui comporte quelques groupes d'îles dont les Kerguelen, connaît un climat thermique moins rude. Les hivers dépassent en moyenne 0 °C, mais les étés demeurent frais (10 °C au plus). La zonalité thermique de l'Antarctique est donc remarquable. Elle est confirmée par la zonalité dynamique. Le continent, où règne, surtout sur le plateau oriental, une certaine stabilité anticyclonique, est entouré d'un domaine maritime dépressionnaire générateur de vents, de tempête et de mer agitée. Cependant, à la faveur des perturbations qui peuvent pénétrer dans l'Antarctique, des vents violents interviennent aussi sur terre (blizzard). Au demeurant, ces dépressions apportent fort peu de précipitations. Le continent austral est très sec.

2.7. L'Arctique
L'Arctique n'est pas organisé de façon aussi simple. On y trouve un domaine perpétuellement englacé et froid, l'espace maritime proche du pôle Nord et le coeur du Groenland, et un espace en partie maritime et en partie continental saisonnièrement pris par les glaces et le gel de surface. Il convient d'ajouter à cela l'océan libre situé au nord de la Norvège, où une transgression d'eaux chaudes et l'action de dépressions atmosphériques venues de l'Atlantique éliminent la glace de mer. Dans l'hémisphère Nord, les hautes latitudes s'organisent donc, du point de vue géographique, à l'inverse de la façon dont elles se présentent dans l'Antarctique. On se trouve en effet pour l'essentiel en présence d'un océan puissamment englacé, entouré par des terres. Bien que n'ayant pas d'été, celles-ci subissent une certaine alternance de gel et de dégel (toundra).

2.8. Le climat subpolaire
Les îles et les archipels de l'Arctique bénéficient de températures plus clémentes, mais la neige y est abondante : ce climat, géographiquement polaire mais climatologiquement plus clément, est le climat subpolaire.

3. Le climat continental : un hiver froid et long
Les climats continentaux s'étendent dans l'hémisphère Nord entre 45 ° et 65 ° de latitude, à l'intérieur et dans l'est des continents. L'hiver y est froid (– 6 °C en janvier à Moscou) et il dure longtemps. L'intensité du froid augmente et la quantité de neige diminue à mesure que l'on pénètre à l'intérieur des continents. Le ciel est souvent clair et le froid vif est renforcé par le couvert neigeux qui se met en place dès l'automne. Le printemps est court, mars est souvent froid. Les températures augmentent rapidement en avril et en mai. L'été est chaud et relativement pluvieux avec des courtes nuits tièdes (20 °C à Chicago). L'air est humide à cause de l'évaporation sur les immenses superficies de lacs et de marais créés par le fonte des neiges. L'automne, ainsi que le printemps, sont très brefs. Le coeur de l'Amérique du Nord et de l'Eurasie échappe à l'influence océanique : c'est le climat hypercontinental (comme à Iakoutsk). Le climat de l'est des continents est aussi très rude à cause de la proximité des courants marins froids : courant du Labrador en Amérique du Nord, Oyashio en Asie.
Les climats des hautes latitudes non polaires n'existent vraiment que dans l'hémisphère Nord. Ils sont eux aussi dominés par le canevas zonal (avec les immenses forêts de conifères s'étendant sur d'énormes espaces continentaux), taïga russe par exemple. Ils s'altèrent certes sur les marges océaniques, et de façon vigoureuse. Mais il n'y a là que des franges (Alaska, Norvège).

3.1. Le centre des continents : le climat continental
En hiver, il règne sur la Pologne et la Russie un temps froid, à caractère anticyclonique, le ciel restant souvent clair sur la campagne enneigée. A Varsovie, la moyenne des trois mois les plus sévères descend sous 0 °C, janvier accuse – 3,9 °C. La neige couvre le sol pendant près de trois mois, mais le ciel est souvent dégagé. Le contraste est très vif avec les températures de l'été, plutôt chaud (18,3 °C en juillet), venant après un printemps qui a éclaté brusquement. La chaleur estivale s'accompagne de l'effacement des hautes pressions. Elle est alors supérieure à celle des stations océaniques de l'Ouest européen. Il résulte de cela un assez fort écart thermique saisonnier (22,2 °C à Varsovie), ce qui est un trait de continentalité. Le rythme pluviométrique va dans le même sens, avec la sécheresse relative de l'hiver (essoufflement des dépressions atlantiques, présence de hautes pressions d'origine thermique) et les précipitations d'été, souvent orageuses : les jours de pluie sont peu nombreux, mais c'est pourtant en été que les précipitations sont le plus importantes.
Le climat continental typique de l'Europe orientale apparaît cependant dans la région de Moscou : – 9,4 °C en janvier, 5 mois en moyenne sous 0 °C, 175 jours de gel. L'été rappelle celui de Varsovie : 18,3 °C. Quant aux précipitations (neigeuses en hiver et à prédominance d'été), elles sont modestes (538 mm), ce qui confirme, avec le fort écart thermique saisonnier (27,7 °C), l'effet de continentalité. Plus à l'est, en Sibérie, les hivers deviennent très rigoureux (– 19 °C à Barnaoul en janvier) et s'étendent aux dépens du printemps et de l'automne, mais les températures de l'été sont élevées (19,5 °C en juillet).

3.2. Les intérieurs continentaux : le climat boréal

Le climat boréal est bien réalisé en Sibérie là où les influences maritimes n'arrivent pratiquement pas. Le type le plus expressif se rencontre, dans ce sens, en Sibérie orientale (Iakoutie). Les températures hivernales sont d'une grande sévérité. A Verkhoïansk, pôle du froid de l'hémisphère Nord et à la latitude du cercle polaire, janvier a une moyenne de – 50,6 °C. Ce froid est corrélatif de hautes pressions thermiques (anticyclone de Sibérie, analogue, toutes choses égales, à l'anticyclone canadien du Manitoba).
Mais, au contraire des latitudes polaires, l'été existe et il permet l'épanouissement bref et éclatant de la vie, mise l'hiver en hibernation. A Verkhoïansk, juillet atteint en moyenne 13,3 °C. Tobolsk, à l'est de l'Oural et en dispositions moins extrêmes, enregistre 18,9 °C en juillet (– 19,4 °C en janvier), mois plus chaud qu'à Londres. Il y faut ajouter le bénéfice que procurent aux plantes les longues heures d'illumination grâce à l'allongement des jours. L'hypercontinentalité explique la sécheresse : moins de 500 mm de précipitations par an, et, sur de grands espaces, moins de 250 mm, pour partie sous forme de neige. Les pluies cycloniques et de relief étant très restreintes dans ces régions éloignées des océans, une part importante des abats résulte de l'instabilité estivale, en accord avec la substitution de basses pressions aux hautes pressions de l'hiver. L'été est la période des précipitations majeures (juillet : 40,6 mm). Iakoutsk enregistre 188 mm par an. D'octobre à mai, il ne tombe pas plus de 12 mm d'eau par mois.

3.3. Les façades occidentales continentales froides
En Alaska, au Canada et en Scandinavie, les climats boréaux de façade restent très localisés du fait de la présence de forts reliefs en position sublittorale. Les conditions climatiques résultent ici de la latitude (élevée), de l'intervention océanique, en particulier de celle des courants chauds, ainsi que de l'effet orographique sur des versants montagneux puissants, largement exposés aux dépressions d'ouest et aux vents marins. En hiver, les basses pressions des Aléoutiennes et d'Islande assurent sur ces façades l'arrivée de masses d'air humide, réchauffées à la base par les eaux douces du courant de l'Alaska et de la dérive nord-atlantique. D'où l'instabilité atmosphérique, génératrice de fortes précipitations, en même temps qu'une certaine douceur imposée aux eaux et à l'atmosphère loin en direction du pôle. A Trondheim, par 63° de latitude N., la moyenne de janvier est de – 3,3 °C, ce qui n'est pas excessif compte tenu d'une implantation déjà très septentrionale. Le mois de janvier est par ailleurs humide (près de 80 mm de précipitations liquides et solides). Les étés sont frais (14,4 °C en juillet) et sont également arrosés. On ne relève à Trondheim aucun mois inférieur à 50 mm. L'hiver l'emporte cependant en général dans ce type climatique, principalement en Amérique du Nord-Ouest, où les faibles précipitations d'été s'opposent à de belles pluies en saison froide (Vancouver, 30,5 mm en juillet, 223,5 mm en décembre, 1 458 mm pour l'année). Fortes précipitations, assez bien réparties à travers les saisons, douceur des hivers, faiblesse des écarts thermiques saisonniers sont les différences avec les grands écarts de températures des régions intérieures et leurs faibles précipitations.

3.4. Les façades orientales continentales froides

Les façades orientales sont bien représentées par les terres situées autour du Saint-Laurent (Québec) et, bien qu'en position déjà méridionale, par la station de Vladivostok. Dans l'est du Canada (Québec), on rencontre d'assez fortes précipitations (1 008 mm), en partie neigeuses, équitablement réparties dans l'année, avec léger maximum d'été : le mois le plus sec est avril (58,4 mm). Les hivers sont rudes : – 12,2 °C à Québec en janvier, dus à l'intervention de l’air arctique et à la présence du courant du Labrador. Les étés demeurent relativement frais (18,9 °C). Les écarts saisonniers sont très forts : 31,1 °C. Ce sont là des caractères curieux, qui mêlent le climat continental et le climat océanique. A Vladivostok, les hivers sont très sévères (– 14,4 °C en janvier). C'est que la Iakoutie insuffle là ses masses d'air glacé et stable (sécheresse de saison froide). Les étés, déjà chauds (20,6 °C), résultent d’une certaine méridionalité et de l’application des flux maritimes. Quant aux précipitations, plutôt modestes (600 mm), elles tombent en période chaude. Si certains traits divergent quelque peu de l'Amérique du Nord à l'Extrême-Orient, il n'empêche que se maintient dans les deux cas l’ampleur exceptionnelle des écarts thermiques saisonniers (à côté des 31 °C de Québec, 35 °C à Vladivostok). Cela parce que l'océan se manifeste en été et surtout parce que l’hiver reste conforme à la rudesse reconnue dans les régions intérieures, malgré la proximité océanique.
Mis à part les franges alaskienne et norvégienne, l'organisation zonale est réalisée de façon satisfaisante aux latitudes tempérées froides.

3.5. Le centre des continents : l'aridité et la semi-aridité continentales

Au sud (Ukraine) et loin vers l'est se déploient les steppes, à partir des régions qui entourent la mer Caspienne. Les steppes s'étendent de la mer Noire à l'Altaï et s'organisent autour du domaine aride de la mer d'Aral. L'Ukraine est assez humide : 500 mm à Kharkov (561 mm à Kiev) avec maximum pluviométrique de saison chaude (69 mm en juin), et les hivers sont rigoureux (– 20 °C en janvier à Kiev). En bordure du désert d'Aral, les steppes sont plus sèches. Si les étés sont sensibles, les hivers sont très froids. A Oulan-Bator (au nord du Gobi), aux 16,1 °C de juillet s'opposent les – 25,6 °C de janvier, avec 3 mois sous – 20 °C. C'est que la région est soumise aux poussées froides issues des hautes pressions continentales.
Le désert d'Aral n'est pour sa part que l'élément le plus occidental d'un ensemble aride qui, en Asie centrale, comporte également le Takla-Makan (Turkestan oriental) et le Gobi. Sécheresse (moins de 200 mm au Gobi, avec 8 à 9 mois arides et des pluies marquées d'été : 76,2 mm en juillet à Oulan-Bator), rudesse des conditions thermiques, surtout par référence à des hivers très durs et à des écarts saisonniers considérables, tels sont les traits principaux de la traînée désertique de l'Asie centrale. Celle-ci est liée à la fois à l'effet de continentalité et à la position d'abri (le Takla-Makan et le Gobi sont séparés de l'océan Indien par le Tibet et l'Himalaya).

3.6. L'est des continents : un climat composite
Plus à l'est, le climat mandchou s'aligne sur la façade russe jusqu'à Vladivostok. On peut l'incorporer au climat tempéré froid. La Chine du Nord de la latitude de Shenyang à celle des Qinling, l'essentiel de la Corée, Hokkaido et le nord de Honshu appartiennent par contre aux régions tempérées moyennes. A Tianjin, l'hiver est rude (– 4,4 °C en janvier), l'été très chaud (27,2 °C en juillet) et prolongé. Bien que l'on soit en façade océanique, les forts écarts thermiques saisonniers expriment un climat continental. En fait, si en été l'air chaud de l'océan affecte la région, celle-ci subit le souffle de l'Asie en hiver. Avec moins d'excès, ces caractères thermométriques demeurent en Corée ainsi qu'au Japon central et septentrional. Quant au régime pluviométrique, il oppose sur le continent un hiver sec à un été très pluvieux (188 mm en juillet à Tianjin, 2,5 mm en février). On retrouve là encore l'alternance saisonnière avec influence continentale et intervention maritime. La Corée et surtout le Japon ont plus d'humidité en saison froide (passage de l'air polaire sur la mer du Japon), ce qui se traduit, sur les îles nipponnes, par d'abondantes chutes de neige en façade occidentale, là où le maximum pluviométrique annuel peut être atteint. Les rythmes thermométriques et pluviométriques sont particulièrement remarquables sur cette partie de l'Asie. L'aspect continental (forts écarts thermiques, pluies d'été) est intéressant, constaté en façade maritime. On le retrouve d'ailleurs, avec quelques nuances du point de vue pluviométrique, en position comparable aux États-Unis (région de New York). A la vérité, il n'y a là qu'une retouche du climat rencontré aux latitudes plus extrêmes (Vladivostok), ce climat continental résultant, en fait, à la fois du continent, qui donne le froid et la récession pluviométrique de l'hiver, et de l'océan, qui fournit la chaleur et l'humidité de l'été. Ce qui, par référence aux climats océaniques des façades occidentales et des climats arides hypercontinentaux de l'intérieur, aboutit bien à un ensemble composite.
Dans l'hémisphère Sud, seules la Tasmanie, l'île du Sud en Nouvelle-Zélande et la région de Melbourne appartiennent aux climats des latitudes tempérées moyennes (climats rappelant ceux de la Grande-Bretagne et de la Colombie britannique).

4. Le climat océanique : humide et tempéré
Le climat océanique est caractérisé par une amplitude thermique annuelle de l'ordre de 5 à 15 °C. Le tableau ci-dessous montre la diversité des situations regroupées sous l'expression de climat tempéré, au-delà du contraste thermique saisonnier, caractéristique générale.

Le climat tempéré
4.1. L'ouest des continents : le climat océanique et ses dégradations


Le climat océanique se caractérise par de faibles contrastes thermiques et une forte pluviosité. Les façades occidentales des continents reçoivent de plein fouet l'air chargé d'humidité, alimentant les dépressions caractéristiques de cette zone. L'Europe atlantique du sud-ouest de la Norvège au nord-ouest de l'Espagne, en passant par les îles Britanniques, la Belgique et la France, rappelle par certains côtés l'ambiance climatique du sud de la Colombie britannique et aussi de la frange littorale du Washington et de l'Oregon. Les îles Britanniques, avec la douceur des températures, l'abondance des précipitations et l'importance des vents, illustrent plus particulièrement le climat océanique tempéré. A Valentia (Irlande) et aux îles Scilly, l'hiver est doux : 7,2 °C et 7,8 °C, l'été, frais : 15 °C et 16,1 °C. Les écarts thermiques saisonniers sont donc faibles : moins de 10 °C. Voilà un caractère hyperocéanique que l'exposition face à l'est altère dans une certaine mesure, mais sans bouleversement (Londres : janvier, 3,9 °C, juillet, 17,8 °C, écart, 13,9 °C). Les totaux pluviométriques sont substantiels (1 420 mm à Valentia) et bien répartis dans l'année. Même aux îles Scilly, où il ne tombe que 825 mm d'eau, il n'y a pas de mois sec.

Les vents font également partie de l'ambiance. L'Écosse est une terre propice aux vents de tempête. Ces caractères résultent de l'influence océanique, de l'intervention des eaux chaudes remontant au large occidental des îles et de la fréquence des perturbations d'ouest. Alors que ce type climatique est bloqué en Amérique du Nord par le système montagneux de l'Ouest américain, il se propage ici vers l'est mais s'altère progressivement sur l'Europe germanique. De sorte que les dépressions barométriques d'origine atlantique ont peine à atteindre l'Europe orientale.

4.2. Le climat de la France

La plus grande partie de la France bénéficie d'un climat tempéré à dominante océanique. L'étude des conditions météorologiques les plus fréquemment observées sur les régions métropolitaines permet de définir cinq grands types de climats régionaux. La plus grande partie de la France subit des influences océaniques, plus ou moins dégradées par les effets de la latitude, d'éloignement de la mer ou de l'altitude. On distingue :
– le climat océanique (Flandre, Picardie, Artois, Normandie, Bretagne, Saintonge, Charentes, Poitou, Vendée, Aquitaine) ;
– le climat océanique dégradé (Champagne, Nivernais, Berry, Val de Loire, Bassin parisien, Périgord, Quercy, Midi toulousain) ;
– le climat du pourtour méditerranéen ;
– le climat à tendances continentales (Alsace, Lorraine, Ardennes, basse Bourgogne, val de Saône) ;
– le climat de montagne (Vosges, Jura, Massif central, Alpes, Pyrénées).

5. Les climats méditerranéen et chinois : été chaud, hiver court
Les latitudes tempérées chaudes peuvent être aussi désignées sous le nom de latitudes subtropicales méditerranéennes, bien que les climats méditerranéens n'occupent pas toute la bande zonale impliquée ici. Malgré la présence de coups de froid, les climats de ces latitudes ne comportent plus, en saison hivernale, de températures moyennes sévères. La douceur des hivers devient même la règle, mais les écarts restent sensibles entre les hivers et les étés, ces derniers devenant chauds d'une façon assez courante (Barcelone, 23,9 °C, Athènes, 27,2 °C, Izmir, 26,7 °C).

5.1. A l'ouest des continents : le climat méditerranéen

Le climat méditerranéen se caractérise par la douceur des étés chauds et secs, des hivers généralement doux et pluvieux et par un fort ensoleillement. Les pluies de changement de saison et de saison froide et une sécheresse d'été ne se rencontrent nulle part ailleurs dans le monde. En hiver, les pluies résultent de l'annexion de ce domaine par les mécanismes de front polaire. En été, ils résultent de l'inhibition consécutive à l'action des anticyclones subtropicaux. On ne compte qu'un petit nombre de jours de pluie (85 à Gibraltar), mais les précipitations sont souvent des averses très violentes.
Dans le domaine tempéré, ce climat se retrouve hors de l'espace méditerranéen : en Californie, au Chili central, dans la région du Cap en Afrique du Sud, dans les régions de Perth et d'Adélaïde en Australie.
En Europe, en Afrique du Nord et au Proche-Orient, le climat méditerranéen pénètre profondément à l'intérieur des terres à la faveur de l'étirement en longitude de la Méditerranée, à l'inverse de ce qui se produit en Amérique du Nord, où s'impose un blocage dû à la présence du système montagneux de l'Ouest américain. Les caractères pluviométriques généraux se retrouvent ici : totaux annuels médiocres (686 mm à Lisbonne, 589 mm à Marseille, 401 mm à Athènes, 765 mm à Alger, 661 mm à Jérusalem), sécheresse d'été. Le schéma thermométrique est également bien réalisé. Mais il connaît une transformation de détail, d'ouest en est, transformation consécutive à un effet de continentalité progressif. Le climat portugais, méditerranéen par son rythme pluviométrique, révèle une grande douceur hivernale (10,6 °C en janvier à Lisbonne), mais un report de la culmination sur août (22,2 °C) et un écrasement des écarts moyens (11,6 °C), ce qui signe l'influence océanique. A Athènes, l'ambiance est plus continentale : hiver moins clément (8,9 °C en janvier), été plus chaud (27,2 °C), écart thermique saisonnier plus ample (18,3 °C).
En saison froide, la circulation d'ouest domine ; les perturbations tempérées apportent des précipitations (de 300 à 1 000 mm) parfois brutales et orageuses.
L'isotherme de 9,5 °C en janvier, qui va de Lisbonne à Athènes, sépare deux domaines : au N., les maximums pluviométriques sont au printemps et en automne. Des vagues de froid se produisent en hiver, accompagnés de vents violents, la tramontane du Roussillon, le mistral en Provence, la bora de l'Adriatique. Il peut neiger à Jérusalem. Au S., les hivers sont doux, avec des pluies en décembre et janvier. La sécheresse de l'été dure de quatre à cinq mois, avec des coups de sirocco.
Dans les péninsules ibériques et balkaniques, ainsi qu'en Afrique du Nord, la continentalité et le relief accentuent les contrastes de températures (les moyennes sont comprises entre 4,9 °C et 24,5 °C à Madrid). L'exposition crée des nuances très sensibles le long des péninsules, dont les façades occidentales sont plus arrosées que les façades orientales : on enregistre 5 270 mm de précipitations sur la côte du Monténégro (maximum européen) et moins de 500 mm sur les côtes orientales.
En Amérique du Nord, le climat méditerranéen est celui de la Californie. Il se retrouve jusque sur la Sierra Nevada, qui garde une certaine douceur hivernale et une forte récession pluviométrique estivale. Les pluies sont généralement faibles : 561 mm à San Francisco, 381 mm à Los Angeles. L'hiver est arrosé de 110 à 120 mm en décembre et janvier à San Francisco et l'été est très sec. Le schéma de façade demeure dans la dépression intérieure. A Sacramento, dans l'ouest des États-Unis, il tombe environ 100 mm d'eau en décembre, autant en janvier. Juillet et août n'ont pratiquement aucune pluie. La sécheresse générale résulte de la présence des eaux froides du courant de Californie et aussi de l'intervention habituelle de l'anticyclone du Pacifique Nord oriental. A cette intervention, particulièrement instante en été, se substitue il est vrai l'effet des dépressions d'origine océanique en hiver. Quant aux températures, elles correspondent au climat reconnu plus haut : hivers doux, 10 °C en janvier à San Francisco, 12,8 °C à Los Angeles, 7,2 °C à Sacramento (où la dépression favorise une certaine accumulation d'air frais). Les hivers ne sont cependant pas à l'abri des coups de froid. Les étés, chauds à l'intérieur (23,3 °C à Sacramento en juillet), sont plus frais en façade littorale. Les eaux du courant de Californie interviennent en effet avec une particulière vigueur dans le contexte estival (16,7 °C en septembre à San Francisco, où la culmination connaît par ailleurs le retard caractéristique des influences maritimes).
Le climat méditerranéen se retrouve, toujours en façade occidentale, dans l'hémisphère Sud. On le rencontre au centre du Chili, de part et d'autre de Valparaiso-Santiago, en Afrique dans la région du Cap, en Australie vers Perth et Adélaïde.

5.2. Les intérieurs arides ou semi-arides

Par-delà la Sierra Nevada de Californie, on passe brusquement à l'aridité des plateaux du Nevada, à celle de l'Arizona et aux steppes des hautes terres du Colorado. La subaridité, voire l'aridité, se maintient plus à l'est dans le Nouveau-Mexique, au Kansas et au Texas, sur le piedmont oriental des Rocheuses. Cette aridité, qui doit quelque chose à la latitude déjà méridionale, mais surtout aux effets conjugués de l'abri et de la continentalité, est particulièrement bien réalisée en Asie sous ces latitudes : steppes de l'Asie Mineure dans la région de Konya (180 mm de pluie par an), désert de Syrie, désert de Dacht-e Lut en Iran, etc. Il s'agit de régions où l'hiver peut être rude, par référence aux coups de froid. En Anatolie, les précipitations de saison froide sont neigeuses. Dans l'hémisphère Sud, on retrouve des dispositions assez comparables à l'est des Andes (région de Mendoza et Córdoba).

5.3. L'est des continents aux latitudes méditerranéennes : le climat chinois
Le climat chinois se caractérise par un été chaud et pluvieux et par un court hiver, froid et sec.
Dans l'hémisphère Nord, le climat chinois est relativement décalé vers le sud par aux climats méditerranéens de façades occidentales. On le trouve au sud-est des États-Unis, en Chine (au sud des Qinling), à l’extrémité méridionale de la Corée et dans la moitié méridionale du Japon. Dans l'hémisphère Sud, il se présente au Brésil, en Argentine et en Uruguay autour du Rio de La Plata, en Afrique au pied du Drakensberg, dans la région de Brisbane et de Sydney en Australie. Il recouvre par ailleurs l’essentiel de l'île néo-zélandaise du Nord. C'est un climat constamment humide et à totaux appréciables, voire élevés : Atlanta, 1 234 mm, Shanghai, 1 135 mm, Hiroshima 1 526 mm. En Chine et aux États-Unis, il est affecté en hiver par les dépressions de front polaire. Ces dépressions interviennent dans le temps sur le domaine méditerranéen. Quant aux pluies d'été, elles résultent de la remontée d'air tropical maritime perturbé, y compris par des cyclones. Alors qu'aux États-Unis il s'agit de masses d'air issues de l’anticyclone subtropical de l'Atlantique Nord, dans le Sud-Est asiatique, c’est une mousson, avec masses d'air d’origine au moins partiellement australe. Dans l'ensemble, l'été est cependant plus arrosé que l'hiver.
Par les températures, on retrouve les contrastes thermométriques spécifiques des latitudes tempérées (en même temps que déjà reconnus sur les façades orientales à des latitudes plus extrêmes). A Shanghai, janvier à 3,9 °C, juillet et août, 27,8 °C. L’écart, de l'ordre de 24 °C, rappelle le climat continental. On est pourtant au bord de l'océan. Chongqing, dans l'intérieur et à latitude comparable, a curieusement un hiver plus doux mais un été plus chaud (7,2 °C). L'écart saisonnier reste important. Au sud, la chaleur des hivers augmente, les étés demeurent excessifs. Ces conditions thermiques sont conformes à leur latitude par la douceur moyenne (plus ou moins bien exprimée) des hivers et par la chaleur des étés. Cependant, les hivers sont traversés de coups de froid sévères qui affectent jusqu'à la Floride, la Chine du Sud et l'Argentine. A la hauteur de Buenos Aires, le pampero peut faire descendre brutalement le thermomètre. C'est qu'interviennent alors des masses d'air élaborées plus près des pôles (aux États-Unis et en Chine, à partir d'un continent refroidi).
Voilà qui rattache bien ce climat aux latitudes tempérées, puisqu'on ne relève plus les advections polaires au niveau, et au-delà, des déserts ou seulement de façon très atténuée. Il n'empêche que la chaleur et, ainsi, partiellement, les forts écarts thermiques saisonniers résultent de remontées d'origine tropicale.
Les climats régionaux aux latitudes tempérées chaudes ont donc, surtout par référence à l'hémisphère Nord, une disposition harmonieuse : climat méditerranéen à l'ouest des continents (aridité d'été), sec au centre, humide et à forts contrastes thermiques saisonniers à l'est. L'ensemble garde certains traits communs : chaleur des étés, douceur des hivers, coups de froid qui peuvent, il est vrai, dans certains cas, faire baisser la moyenne (à Shanghai, l'hiver est frais).

6. Les climats subtropicaux désertiques : de grands écarts journaliers de température

Bien qu'ils soient situés sous les tropiques, ces climats sont subtropicaux, par référence aux anticyclones subtropicaux qui les engendrent. Ils diffèrent des climats subtropicaux méditerranéens par leur aridité permanente. A In-Salah (27° de latitude N., dans le Sahara algérien), le mois le plus humide enregistre 5,1 mm d'eau, le total annuel étant de 15,2 mm. Outre ce caractère, ils possèdent celui d'être chauds. La chaleur est liée à l'intensité de la radiation solaire (In-Salah : année, 25 °C, juillet 36,7 °C), qui dépend elle-même de la limpidité de l'air et aussi d'un net appui des régions considérées en direction des basses latitudes. Les contrastes thermiques saisonniers (23,4 °C à In-Salah) et aussi diurnes peuvent cependant être saisissants. Après une journée torride, le gel est possible dans la nuit du fait de l’importance du rayonnement nocturne dans un air sec et sans nuages (Sahara).
Ce type climatique est médiocrement représenté en Amérique, où les terres sont étroites aux basses latitudes et où il subit de fortes altérations azonales (reliefs méridiens et courants froids). Il est mieux établi en Afrique australe (Kalahari et désert de Namib, qui s'étire en façade maritime, en accord avec le courant froid de Benguela). Mais, surtout, il s'exprime avec une ampleur exceptionnelle en Australie, en Afrique boréale et en Asie occidentale (Sahara, péninsule Arabique, auxquels on peut adjoindre le désert de Thar). Le Sahara, le désert le plus impressionnant du globe, s'étend de l'Atlantique (influence du courant des Canaries) à la mer Rouge. Sur une grande partie de sa surface, les pluies ne dépassent pas 50 mm dans l'année. Au centre et dans l'est, les totaux moyens sont inférieurs à 5 mm (désert absolu). En accord avec les saisons des latitudes encadrantes, les pluies d'hiver et d'automne dominent du côté de la mer Méditerranée. Ce sont les pluies d'été qui l'emportent en bordure de la zone tropicale humide. Par ailleurs, si au cœur des hautes pressions le temps est généralement calme, il devient plus turbulent aux frontières (le sirocco, qui sévit sur l'Afrique du Nord et est attiré par les dépressions frontales méditerranéennes, vient du désert). Le désert australien, le plus vaste après celui du Sahara, est plus profondément affecté par les processus marginaux.

7. Les climats des latitudes intertropicales et les climats humides des latitudes subtropicales désertiques
La notion de saison, qui s'était estompée avec les climats arides, réapparaît. Mais au critère thermique se substitue ici l'alternance pluviométrique (les températures étant assez uniformes d'un mois sur l'autre).
7.1. Les climats tropicaux : humidité ou sécheresse

Les climats tropicaux se trouvent généralement entre les tropiques, au plus près d'eux, c'est-à-dire entre les 10e et 20e parallèles. Ce sont ces climats qui transgressent sur les façades orientales des continents jusqu'aux latitudes des déserts. Les climats tropicaux, climats chauds et arrosés (précipitations généralement comprises entre 1 et 1,50 m à 2 m), se manifestent par l'opposition entre une saison sèche (hiver de l'hémisphère) et une saison humide plus ou moins homogène en été, avec possibilité de fortes pluies secondaires comme aux Grandes Antilles. Ils résultent soit du jeu des alizés (Antilles), soit de celui des moussons (Afrique occidentale, Inde, monde malais).
Les climats tropicaux sont caractérisés par l'absence de période de refroidissement marqué. La température moyenne du mois le plus froid est toujours supérieure à 15 °C. Les écarts diurnes et annuels de température sont toutefois plus importants que sous le climat équatorial.
Alizés et moussons d'été ont longuement parcouru les océans aux basses latitudes avant d'atteindre les continents. Ils sont chauds, humides, instables et perturbés par ondes de l'est et cyclones tropicaux. Les pluies sont provoquées par le passage de la zone de convergence intertropicale vers le nord en été boréal et vers le sud en été austral. Le volume total des pluies ainsi que la durée de la saison sèche varie avec la latitude : globalement, plus on s'éloigne de l'équateur, plus la saison sèche augment et plus les pluies diminuent. La saison des pluies à lieu en été, mais l'Afrique orientale (Kenya-Tanzanie) et la côte du Liberia connaissent deux saisons des pluies, l'une au printemps, l'autre en automne. Ailleurs, les pluies durent de 2 à 7 mois dans les régions proches du domaine équatorial, où les hauteurs d'eau sont d'environ 1,5 m. Elles durent de 2 à 6 mois près des déserts, où les pluies sont plus faibles. Cela permet de distinguer :
– le climat tropical humide avec un hiver sec et frais et un été très arrosé ; cela correspond au climat de mousson ;
– le climat tropical sec qui subit une longue saison sans pluie de 7 à 10 mois ; durant la courte saison des pluies estivales, les températures se situent autour de 30 °C.
A cela il convient d'ajouter les perturbations orographiques qui donnent les fortes pluies du massif guinéo-libérien, des Ghâts occidentaux et aussi des côtes au vent d'été sur les îles tropicales. Toutes ces dispositions recouvrent en fait une grande diversité liée au relief : 423 mm d'eau à Saint-Louis et 8 mois très secs, près de 4 300 mm à Conakry avec 5 mois fort peu arrosés, mais 1 300 mm en juillet, entre les deux, Bombay : 1 808 mm, 7 mois franchement secs, 4 mois très humides (dont 617 mm en juillet).
La savane est la formation végétale caractéristique du climat tropical : elle est plus ou moins arborée en fonction de l'intensité et de la durée de la saison des pluies.
Sous les climats tropicaux, les variations pluviométriques d'une année sur l'autre sont à l'origine de profonds bouleversements socio-économiques. Les sécheresses prolongées, par leurs rigueurs et leurs extensions, entraînent l'exode et parfois la disparition des populations.

7.2. Le climat équatorial : chaleur et humidité régulière

Le climat équatorial, chaud et humide toute l'année, s'étend sur la plus grande partie de l'Amazonie, sur le bassin du Congo et les régions proches des côtes du golfe de Guinée, sur les parties non montagneuses des îles de l'Indonésie, en Nouvelle-Guinée et dans les îles du Pacifique central.
L'uniformité des températures est frappante : toute l'année aux environs de 25 à 28 °C. C'est cette chaleur constante, sinon très élevée, qui, jointe à l'humidité, rend ce climat parfois si difficile à supporter.
Les pluies sont très abondantes, supérieures partout à 1 500 mm par an (2 204 mm à Para, au Brésil, 1 801 mm à Djakarta, en Indonésie) et le plus souvent à 3 000 mm par an (3 655 mm à Akassa, au Nigeria). L'humidité relative de l'atmosphère est considérable. Il ne pleut pas toute la journée, mais l'eau tombe sous forme d'un gros orage en fin d'après-midi, car le réchauffement du sol provoque l'ascendance de l'air, qui engendre des pluies convectives. L'évaporation de l'eau est inférieure à l'apport pluvial et l'air est très humide toute l'année. Les pluies se répartissent sur toute l'année (250 jours de pluies) avec deux maximums. Cayenne, par environ 5° de latitude N. (3 210 mm), a une pointe en janvier et une en mai, Akassa, les a en juin et octobre, Singapour (2 413 mm), situé sur l'équateur, n'a aucun mois sous 100 mm. Une telle abondance résulte de la présence habituelle de masses d'air chaud, humide et instable (air de doldrum sur l'Amazonie, la République démocratique du Congo), et aussi du passage du front intertropical de convergence, dont le front de mousson n'est qu'un cas particulier. Il faut ajouter qu'ici les écarts thermiques saisonniers, très faibles, sont de beaucoup dépassés par les écarts diurnes (à Akassa, l'écart saisonnier est de 2,2 °C : mois le plus chaud, 26,6 °C, le plus frais, 24,4 °C, la variation diurne peut dépasser 10 °C).

Aux latitudes intertropicales, mis à part des accidents zonaux limités (sécheresse de la façade caraïbe du Venezuela, du Nordeste brésilien, des Somalies, du plateau du Deccan), on se trouve en présence d'une organisation zonale satisfaisante. Or, cette zonalité est obtenue de façons fortes différentes. En Amérique, elle est fondamentalement le fait des alizés. En Afrique occidentale, elle résulte d'un phénomène de mousson (alizé austral en affrontement avec l'harmattan saharien). Quant à l'Asie du Sud-Est (continentale et insulaire), à laquelle il convient d'ajouter le nord de l'Australie, elle reste elle aussi avant tout zonale. La pluviosité est maximale, avec un rythme spécifique des très basses latitudes, sur Sumatra – Bornéo – les Célèbes : cette situation s'inscrit dans le cadre des moussons asiatiques, le mécanisme azonal le plus puissant du monde.

7.3. La mousson


La mousson est un système de vents saisonniers alternés soufflant à des latitudes tropicales (essentiellement en Asie méridionale), de la mer vers le continent en été (mousson d'été), du continent vers la mer en hiver (mousson d'hiver).
La mousson d'été, qui résulte du franchissement de l'équateur par les alizés, est généralement associée à des pluies abondantes. Les pluies de mousson apportent plus de 80 % des précipitations sur des régions habitées par la moitié de la population mondiale.

8. Les climats de montagne
La température de l'air, en montagne, diminue d'environ 0,6 °C tous les 100 mètres. Mais la forme du relief modifie localement la répartition des températures. Par temps calme, l'air froid, plus dense que l'air chaud, s'accumule dans le fond des vallées encaissées. La température de l'air à quelques centaines de mètres au-dessus de la vallée est alors supérieure à celle du fond.
L'ascendance de l'air entraîne la formation de nuages. Les montagnes des régions arides, plus fraîches et plus arrosées que les déserts proches, sont favorables à l'occupation humaine (Yémen, Andes colombiennes, Tadjikistan...). Les chaînes montagneuses constituent de véritables barrières à la circulation atmosphérique et opposent un versant arrosé exposé aux masses d'air humides (versant au vent) à un versant sec, abrité de ces masses (versant sous le vent). Au-delà d'une certaine hauteur, l'optimum pluviométrique, l'air a condensé l'essentiel de sa vapeur d'eau et les précipitations diminuent progressivement.

9. La classification des climats

On regroupe souvent dans une même zone climatique les régions qui présentent des caractéristiques thermiques et pluviométriques voisines. La classification climatique de Köppen ou celles qui en sont dérivées sont le plus couramment utilisées.
La classification climatique
Les zones climatiques sont codées selon trois lettres : la première permet de distinguer climats secs et humides, la seconde traduit l'aridité des climats secs ou la distribution temporelle des précipitations des climats humides ; enfin, la troisième lettre sert à caractériser les variations saisonnières.


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LES FOSSILES

 

 

 

 

 

 

 

fossile
(latin fossilis, tiré de la terre)

Consulter aussi dans le dictionnaire : fossile
Cet article fait partie du dossier consacré à l'évolution et du dossier consacré à l'histoire de la Terre.

Débris ou empreinte de plante ou d'animal, ensevelis dans les couches rocheuses antérieures à la période géologique actuelle, et qui s'y sont conservés.
GÉOLOGIE
La nature et la conservation des fossiles dépendent de la nature des terrains où ils se sont trouvés engagés. Certaines espèces renseignent sur le milieu de sédimentation (mer, lac, climat, etc.), c'est-à-dire la paléogéographie d'une région. D'autres, à courte longévité, permettent également de dater des terrains en les replaçant dans l'échelle stratigraphique (fossiles caractéristiques).
PALÉONTOLOGIE

Le terme fossile désigne tous les témoignages, directs ou indirects, de la vie passée : un os, une dent, une plante, la coquille microscopique d'un animalcule planctonique, mais également un excrément pétrifié, une empreinte de pas, une trace charbonneuse, un morceau de bois, une graine ou une spore, etc. Tout ce qui est lié à la vie et a été conservé jusqu'à nos jours est considéré comme fossile par les paléontologues.


Cette étonnante diversité pourrait laisser croire que les fossiles sont très répandus dans la nature. Si certains sites à travers le monde renferment des traces de marche ou de pistes, des coquilles ou des poissons fossilisés par milliers, de nombreux animaux ou végétaux aujourd'hui disparus ne sont connus que par un seul spécimen fossile, parfois même par un seul fragment. En fait, les fossiles sont des exceptions de la nature, et les grands squelettes (particulièrement ceux, spectaculaires, de certains dinosaures) exposés dans les musées restent des choses rares.

1. L’histoire de la connaissance des fossiles

Les hommes se sont intéressés très tôt aux fossiles. Les hommes préhistoriques les ramassaient, comme en témoignent les collections ou les ornements découverts dans des grottes ou des sépultures. Les cornes d'Ammon (fossiles d'ammonites, dont la coquille ressemble à des cornes de bélier) ne sont pour les Anciens que des bijoux talismans.

Différentes interprétations
Les significations attribuées aux fossiles dans l'Antiquité sont parfois étonnantes. Ainsi l'ambre, cette résine durcie pouvant contenir des insectes englués, représentait-il pour les Grecs anciens des larmes de nymphes, du « suc du soleil », ou encore de l'urine de lynx ! Pour le naturaliste romain Pline l'Ancien (ier s. après J.-C.), les dents de requin, que l'on trouve dans certains niveaux fossilifères, sont des « langues pétrifiées » tombées du ciel lors des éclipses de Lune.
Le Moyen Âge apporta son lot de croyances et de légendes sur les fossiles : certains ossements, qui se révélèrent ultérieurement être ceux de grands vertébrés – éléphants ou autres mastodontes –, étaient identifiés comme les restes de géants ou de dragons terrassés par des chevaliers ou des saints.
Aux xviie et xviiie s., des collections d'histoire naturelle sont constituées, qui réunissent des objets hétéroclites exposés dans ce que l'on appelle des « cabinets de curiosités ». Si les fossiles y ont une place de choix, ils restent objets de mystère, comme en témoignent les différentes origines qui leur sont attribuées : essais du Créateur, objets diaboliques, « jeux de la nature », produits de la foudre, fruits de la génération spontanée, etc.

Les fossiles, objets d'étude

Des hommes ont cependant compris, dès l'Antiquité, ce que sont réellement les fossiles. Les Grecs Pythagore (570-480 avant J.-C.) et Hérodote (484-420 avant J.-C.) considéraient déjà les coquillages pétrifiés comme les restes d'êtres ayant vécu autrefois dans des mers beaucoup plus étendues.


À la Renaissance, Léonard de Vinci, se fondant sur ses observations, critiqua les anciennes croyances et conclut que les fossiles sont les restes d'êtres vivants. Malgré la réticence de quelques esprits très conservateurs, la notion de fossiles en tant que « vestiges d'êtres du passé » se répandit.
L'âge des fossiles, l'âge de la Terre

Des esprits curieux posèrent également la question de savoir à quelle époque appartenaient ces vestiges. Selon une conception fort répandue dans l’Occident chrétien, ces restes étaient considérés comme ceux d'animaux ayant péri lors du Déluge raconté dans la Bible, quelques milliers d'années auparavant. Cette interprétation permettait d'expliquer pourquoi des coquillages ou des poissons sont retrouvés dans des montagnes.
Il fallut attendre le xviiie s. pour qu'un savant français, Buffon, se détache du récit biblique et avance que les fossiles sont des témoins d’une histoire ancienne de la Terre, et estime l’âge de cette dernière à 75 000 ans, ce qui paraissait déjà particulièrement vieux. Au début du xixe s., Charles Lyell, un géologue anglais, formule l'hypothèse selon laquelle la surface de la Terre est soumise à des transformations et à des cycles successifs, et en conclut que l'âge de notre planète doit être évalué en millions d'années. On sait aujourd'hui qu'il s'apprécie, en fait, en milliards d'années.

L'origine des fossiles

       

L'idée que les fossiles sont des vestiges d'êtres vivants qui ont vécu sur notre planète dans des temps très reculés étant acquise, un troisième débat devait s'ouvrir.
En observant très minutieusement les fossiles, en les comparant entre eux et avec les êtres vivants actuels, Jean-Baptiste Lamarck parvint à l’idée, révolutionnaire au début du xixe s., que les espèces se transforment au cours du temps. En d'autres termes, elles évoluent. Cinquante ans plus tard, Charles Darwin développa l'idée d'évolution en se fondant sur l'observation des faunes actuelles.


Aujourd'hui, les paléontologues retracent l'histoire de la vie et l'évolution des lignées d'animaux et de végétaux à partir des fossiles, fragments de l'histoire du vivant, qu'ils étudient.
→ paléontologie.
2. Le phénomène de fossilisation

Les fossiles sont le résultat d'un phénomène naturel et exceptionnel : la fossilisation. On devrait plutôt dire les fossilisations, tant les processus menant à la conservation de restes d'êtres vivants sont variés. Cependant, la plupart des fossiles découverts ont été préservés de la destruction grâce au processus de minéralisation.
Lorsqu'un animal comme un végétal meurent, ils sont normalement détruits par les éléments naturels ou par d'autres êtres vivants. Ce recyclage est d'ailleurs nécessaire à la perpétuation de la vie (les êtres vivants sont des maillons des cycles écologiques).
Il arrive pourtant que, après leur mort, certains êtres échappent à ce destin et soient conservés plus ou moins longtemps. Imaginons qu'un oiseau meurt d'épuisement lors d'une migration. Il tombe sur le sol, où il sera tôt ou tard dévoré. Mais il peut également s'abattre dans une mare, un étang ou un lac. Dans ce cas, il flottera à la surface un certain temps, avant de s'enfoncer. S'il n'est pas mangé par des poissons, il reposera sur le fond et y pourrira lentement. Les micro-organismes contenus dans l'eau le feront ainsi disparaître. Mais si, par chance pour le paléontologue, ce fond est très vaseux, le corps de l'oiseau s'enlisera dans la boue et sera protégé de la destruction.

La minéralisation
Si toutes ces conditions sont réunies commence une série de processus physico-chimiques complexes qui aboutiront, peut-être, à la fossilisation de cet oiseau. Des échanges chimiques s'opèrent entre les os et les sédiments qui les entourent. Au terme de ces échanges, la matière organique (d'origine vivante) composant l'os est lentement remplacée par de la matière minérale, tandis que la forme et, souvent, la structure fine de l'os sont conservées. C'est pourquoi on dit que les fossiles se pétrifient ou, plus exactement, se minéralisent.
Le remplacement de la matière d'origine vivante par de la matière minérale n'est pas toujours complet. Certains ossements fossiles, même très anciens, contiennent encore des protéines, que l'on peut extraire et étudier. Des chercheurs ont trouvé des protéines contenues dans des ossements de dinosaures vieux de 150 millions d'années et déterminé leur nature.

Ces modifications physico-chimiques ne concernent pas uniquement le fossile. Les sédiments qui l'entourent se transforment également au cours des temps : s'accumulant au fond de l'étang, ils finissent par se tasser et par durcir ; ils deviennent des roches sédimentaires, c'est-à-dire des roches formées par accumulation. Les calcaires, les argiles, les grès sont des roches de ce type, dans lesquelles l'on trouve des fossiles.
La surface de notre planète étant en constant remaniement (soulèvements, fractures, plissements résultant des mouvements de l'écorce terrestre modifient le modelé du paysage), l'étang s'asséchera tôt ou tard, laissant à l'air libre les sédiments qui s'y sont accumulés, avec les fossiles qu'ils contiennent. Un jour, le squelette pétrifié de l'oiseau de notre exemple sera mis au jour par une érosion (provoquée par le vent, l'eau, le gel) : petit à petit, la roche sera usée, des particules seront arrachées et transportées vers d'autres mares ou rivières, ou encore vers la mer, et, si personne ne le découvre, ce squelette sera lui aussi réduit en poussière par les intempéries.
Ainsi peut se résumer la fossilisation d'un oiseau et son « existence » fossile. De nombreux facteurs doivent donc être réunis pour que des restes d'un être vivant soient ainsi conservés à travers des millions d'années, et bien peu d'êtres vivants trouvent, à leur mort, les conditions favorables à leur fossilisation.

Les empreintes fossiles

La plupart des fossiles sont contenus dans des roches plus ou moins dures, plus ou moins fines, dont les conditions d'accumulation déterminent la qualité de la conservation.
Ces roches sont parfois si finement constituées que les traces de poils, de plumes, de peau ainsi que les « parties molles » (viscères) ou bien le corps même (animaux mous) sont préservés.
Il arrive également que l'on ne trouve plus que le moule naturel de certains fossiles, finement inscrit dans sa gangue rocheuse. Dans ce cas, la coquille ou les ossements, bien que fossilisés, ont été dissous par les eaux d'infiltration.
Ce moule peut, par la suite, se remplir d'un autre minéral. Ainsi, on découvre des empreintes de coquilles totalement remplies de superbes minéraux cristallisés, parfois même de métal (argent), déposés par les eaux d'infiltration, mais aussi des traces de griffes, de pattes de dinosaures ou de mammifères, des pistes de trilobites, des excréments fossiles (coprolithes).

3. Les fossiles et l'histoire de la vie
Les fossiles sont les témoins tangibles de la longue histoire de la vie et de son évolution continue.
→ évolution.
→ paléontologie.

4. Fossiles de demain et fossiles vivants

Le cycle de la vie ne connaît pas d'arrêt : quand des êtres meurent, d'autres naissent. La plupart sont détruits à leur mort, mais quelques-uns entrent à leur tour dans un cycle de fossilisation. Ce sont les fossiles de demain.
Dans 10 000 ans, ou dans 1 million d'années, les hommes, s'ils sont toujours sur la Terre, retrouveront des fossiles d'animaux ou de plantes actuelles, dont les espèces auront disparu.
À l’inverse, la Terre abrite aussi des animaux et des végétaux qui sont aujourd'hui tels qu'ils étaient voici des millions d'années : ce sont les « fossiles vivants ». Par exemple, la limule, lointaine cousine des araignées, vit toujours sur les côtes américaines et asiatiques du Pacifique, 200 millions d'années après son apparition ; le cycas et le ginkgo sont des arbres qui poussaient déjà au temps des dinosaures. Quant au fameux cœlacanthe, lorsqu’il a été retrouvé bien vivant en 1938, on le croyait éteint depuis 65 millions d'années ! (Une seconde espèce, tout autant archaïque, a été tirée en 1998 de la mer des Célèbes.)

5. L'étude des fossiles
Reconstituer les êtres vivants du passé et retracer l'histoire de la vie sur notre planète sont les aspects les plus spectaculaires du travail d'un paléontologue. Située au carrefour de plusieurs sciences (géologie, biologie, écologie), la paléontologie participe également à l'étude de nombreuses questions : l'évolution, la dérive des continents, la reconstitution des climats, la datation des niveaux géologiques, etc. Pour cela, les paléontologues utilisent les fossiles.

La recherche des fossiles
Un promeneur attentif, des ouvriers creusant une tranchée d'autoroute ou les fondations d'un bâtiment peuvent mettre au jour des fossiles. Nombre de découvertes, parfois extraordinaires, sont ainsi faites par des amateurs, ou au hasard d'un coup de pelle mécanique. Les paléontologues, eux, explorent, prospectent, fouillent systématiquement : dans les régions encore mal connues dans le domaine de la géologie, ils recherchent les fossiles qui permettront d'identifier les différents niveaux géologiques ; dans les régions où des cartes géologiques, ces précieux outils, ont été établies, la recherche des niveaux favorables est facilitée.

Les fouilles

L'importance des découvertes est certes variable. Mais, du point de vue scientifique, les fossiles les plus spectaculaires ne sont pas toujours les plus précieux : une petite dent, un fragment de coquille ou d'os peuvent avoir une grande signification, et le moindre indice est exploité.
Un fossile est parfois beaucoup trop gros pour être extrait sans dommage. Nombre d'entre eux peuvent être concentrés sur un même site, constituant ce que l'on appelle un gisement fossilifère. Des fouilles sont alors organisées, qui mettent en œuvre des moyens plus importants, de la pioche au marteau piqueur. Toutefois, les fouilles se terminent toujours au pinceau et aux outils fins.
Plâtrés pour être mieux protégés, lorsqu'ils sont fragiles, imbibés de produits consolidants, emballés, étiquetés, les fossiles sont ensuite acheminés vers le laboratoire où il sera procédé à leur délicate préparation et à leur étude.
Certaines roches sédimentaires, tels les sables, les argiles, les lignites, qui contiennent de très petits fossiles tout aussi intéressants que les gros, peuvent également être tamisées. Des échantillons de certaines roches sont prélevés pour en extraire, au laboratoire, des fossiles non visibles sur le terrain, tels des grains de pollen, des spores ou des restes microscopiques d'êtres unicellulaires d'origine planctonique.

La détermination des fossiles
Les renseignements tirés d'un fossile ou d'un gisement fossilifère sont très nombreux et ont des implications sur plusieurs disciplines scientifiques. L'étude anatomique et la description du fossile sont les phases préliminaires à cette analyse, car de son identification précise dépend la suite de l'exploitation scientifique.
C'est à ce stade que l'on peut découvrir une plante ou un animal jusque-là totalement inconnus, ou bien déjà identifiés en une autre partie du monde. C'est aussi en suivant les modifications anatomiques des fossiles au cours du temps que l'on peut retracer l'évolution des différentes lignées, jusqu'aux êtres vivants actuels.

Les fossiles marqueurs ou fossiles stratigraphiques

Nombre de fossiles servent à dater les couches géologiques. Certaines espèces, surnommées « fossiles marqueurs », « fossiles stratigraphiques » ou « fossiles repères », ne se rencontrent en effet que dans des niveaux bien déterminés. La présence dans deux strates, même séparées par des centaines de kilomètres, des fossiles d’une même espèce de ce type indique que lesdites strates datent de la même époque. Une telle constatation permet ainsi de corréler les niveaux géologiques sur la planète. Mais cette utilisation n'est possible que si ces fossiles sont abondants, suffisamment caractéristiques, et si chaque espèce n'a existé que pendant de courts intervalles de temps géologiques. Ce sont souvent des coquilles, des spores, des grains de pollen ou encore des microfossiles. Les trilobites font aussi partie des fossiles stratigraphiques les plus répandus.
Les microfossiles et le pétrole

Les microfossiles sont des restes d'organismes de très petite taille : algues unicellulaires, spores, grains de pollen, protozoaires (animaux unicellulaires), ostracodes (minuscules crustacés), etc. Tous ces fossiles, recueillis en tamisant les roches meubles (sable, argile, marnes) ou observés au microscope sur de très fines tranches de roches compactées, sont d'une grande utilité pour la recherche pétrolière. Lors des forages, ils permettent en effet de dater les couches rocheuses traversées et de suivre ainsi la progression du trépan.

6. L'apport de l'étude des fossiles
L'étude des fossiles permet la reconstitution des paysages et des milieux de vie du passé. Lors des prospections et des fouilles, les paléontologues relèvent tous les indices nécessaires à l'étude ultérieure des fossiles. Parmi eux, les roches contenant des fossiles ont une grande importance.

La paléogéographie
La détermination de l'origine des roches – marine, lagunaire ou continentale –, de leur mode de formation, de la manière dont les matériaux qui les constituent se sont déposés apporte de précieux renseignements sur les conditions qui régnaient au moment de la mort de l'animal ou de la plante. On peut ainsi déterminer s'il s'agissait de hauts-fonds marins, de plages, de zones de récifs, de lagunes très calmes ou, au contraire, de bords de mer tumultueux.
Si le dépôt s'est fait sur un continent, les fossiles eux-mêmes portent parfois des traces d'usure liées à un transport dans une rivière au cours plus ou moins impétueux. Leur position relative les uns par rapport aux autres peut donner une idée de la direction et de la force du courant de la rivière. Les fossiles peuvent aussi être particulièrement bien préservés s'ils ont été enfouis dans la vase très fine d'un étang.

La paléoécologie
Les restes de végétaux permettent de reconstituer les environnements. Des études encore plus poussées – observations au microscope électronique, analyses chimiques ou isotopiques – fournissent des données sur les températures, la composition chimique de l'eau et sa salinité durant la vie du fossile.

La reconstitution du mode de vie des fossiles vient en complément de celle du milieu. Pour déterminer le régime alimentaire d'un animal du passé, par exemple, l'étude anatomique des dents et des mâchoires apporte des renseignements précieux : certains fossiles contiennent encore les restes d'un dernier repas, et des méthodes d'analyse chimique contribuent à en déterminer la composition.
Le mode de locomotion de certains animaux peut être déterminé à partir de l'anatomie du squelette. Si un animal a laissé des traces de pas dans la boue, aujourd'hui durcie, ces empreintes permettent d'évaluer sa vitesse et même son poids. L'étude au microscope de la structure fine d'un os, de coquilles ou de bois fossile permet de connaître le mode et la vitesse de croissance d'un animal ou d'un arbre, et même d'apprécier l'influence du milieu et des variations climatiques sur cette croissance. Leur âge au moment de leur mort peut également être déterminé.

La paléobiogéographie
Les êtres vivants ne sont pas répartis au hasard sur la planète. Montagnes, mers, océans, climats, etc. sont autant de facteurs qui influent sur leur expansion géographique. Certaines espèces sont très répandues, alors que d'autres forment de petites populations localisées. Il en a toujours été ainsi, et l'étude de la répartition géographique des fossiles apporte à ce sujet d'importantes précisions.
L'un des domaines de recherche de la paléontologie, la paléobiogéographie, permet d'établir des relations entre les continents du passé, et vient étayer la théorie de la dérive des continents : le fait de trouver la même espèce fossile, appartenant à une époque donnée, sur des continents aujourd'hui séparés indique qu'ils étaient réunis. Inversement, l'existence de faunes fossiles différentes dans une même région et dans des couches de même âge montre qu'elle était autrefois constituée de deux zones géographiques distinctes.

 

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L'HOMME

 

 

 

 

 

 

 

homme
(latin homo, -inis)

Cet article fait partie du dossier consacré à l'évolution.
Primate caractérisé par la station verticale, par le langage articulé, un cerveau volumineux, des mains préhensiles, etc.

ANTHROPOBIOLOGIE
Introduction

En dépit de la position tout à fait particulière au sein du monde vivant que lui confèrent la richesse de sa culture et l'incomparable diversité de ses comportements, l'espèce humaine est néanmoins une espèce animale. Dans la classification biologique, l'homme est un mammifère de l'ordre des primates et de la famille des hominidés, famille qui comprend également ses ancêtres fossiles. En outre, les recherches actuelles sur l'évolution de la lignée humaine conduisent à classer dans la même famille l’orang-outan, le gorille et le chimpanzé, abolissant ainsi certaines frontières biologiques entre l'homme et les grands singes.
Puisque, du point de vue de la biologie, l'être humain est un animal, il doit être défini en fonction des autres espèces animales et selon les caractéristiques qui lui sont propres. Du point de vue des sciences de l'évolution, il possède en outre une histoire, dont les origines remontent à plusieurs millions d'années : la recherche de ces origines, ainsi que l'étude de cette histoire font l'objet d'une discipline particulière, la paléontologie humaine, qui s'appuie sur d'autres disciplines, telles que les sciences de la préhistoire, la génétique et la primatologie.

La place de l'homme dans le monde animal
Doué d'intelligence et communiquant par le langage, l'homme se caractérise également par son cerveau volumineux (dont la masse, rapportée à la masse totale du corps, est la plus importante parmi les animaux vertébrés), par ses mains, qui permettent la manipulation fine d'objets, et par sa station debout, avec une marche sur deux jambes (bipédie). L'ensemble de ces particularités anatomiques et comportementales le distinguent de ses plus proches parents actuels, les chimpanzés.

Classification

Au sein de la classe des mammifères, l'espèce humaine appartient à l'ordre des primates, que l'on divise en deux ensembles, celui des strepsirrhiniens, formé par les lémuriens (jadis appelés prosimiens), les galagos et les loris, et celui des haplorrhiniens, les tarsiers et les « singes » (anciennement simiens). La classification des primates a beaucoup varié depuis l'identification du groupe par le Suédois Carl von Linné (1707-1778). On en a définitivement exclu certains animaux (comme les chauves-souris), mais de nombreux savants du xixe s., tel le Britannique Richard Owen (1804-1892), en ont également retiré l'homme, qu'ils ne souhaitaient pas classer parmi les singes.
Dans le modèle de classification qui tend à s'imposer actuellement, l'homme est bien classé parmi les haplorrhiniens, au sein d'un groupe qui englobe aussi les grands singes (singes anthropomorphes, ou anthropoïdes, tels les chimpanzés). Jusqu'à la fin des années 1990, le modèle dominant séparait ce groupe en trois familles, celle des hylobatidés (gibbons et siamangs), celle des pongidés (orang-outan, gorille et chimpanzé) et celle des hominidés (homme).

Les hominoïdes et l'homme

Les données paléontologiques recueillies au cours des années 1990, ainsi que des études de biologie moléculaire, rapprochent les premiers ancêtres de l'homme (genre Australopithecus ou Ardipithecus) de ceux des grands singes. On a ainsi créé un nouvel ensemble pour regrouper les hommes, les grands singes et leurs ancêtres fossiles, sous le nom d'hominoïdes (terme jadis réservé aux seuls hommes).
Le groupe des hominoïdes rassemble deux petites familles : la famille des hylobatidés (gibbons) et celle des hominidés, divisée elle-même en deux sous-familles, celle des ponginés (orangs-outans) et celle des homininés (gorille, chimpanzé et homme).
On sait que les hominoïdes étaient autrefois plus diversifiés (au cours d'une période s'étendant entre −15 et −2 millions d'années). C'est particulièrement vrai pour les hominines, tribu de la sous-famille des homininés, réduite aujourd'hui à notre seule espèce (Homo sapiens), mais dont il existe plusieurs représentants fossiles.

L'ascendance de l'homme

Après Aristote (384-322 avant J.-C.), qui décrit et classe de nombreuses espèces animales, et jusqu'au xixe s., les savants considèrent l'homme comme le but ultime d'une création divine et le placent, seul, au sommet de l'échelle des êtres. Quelques-uns, toutefois, tels Galien (130-200), puis Linné, soulignent sa grande ressemblance avec les singes. Pour Charles Darwin (1809-1882), fondateur de la théorie de l'évolution, comme pour Jean-Baptiste Lamarck (1744-1829), auteur des premières idées évolutionnistes, il ne fait plus de doute que l'homme descend du singe.
En outre, Darwin s'oppose à toute idée de hiérarchie au sein du monde vivant : il n'y voit que le résultat de variations aléatoires conduisant à la diversification des espèces sous l'effet des contraintes extérieures (ce qu'il appelle la « sélection naturelle »). Pourtant, une fois ses idées évolutionnistes admises, l'homme est encore perçu comme une espèce unique, supérieure, issu en droite ligne d'un « chaînon manquant », intermédiaire entre la lignée simienne et la lignée humaine.
Aujourd'hui, si la quête du chaînon manquant peut paraître vaine (aucun être fossile ne s'est vu attribuer ce statut), l'évolution des ancêtres et des proches parents de l'homme n'est plus perçue comme une voie rectiligne, le long de laquelle les caractères primitifs (mode de vie arboricole, petite taille, petit cerveau…) laissent progressivement la place à des caractères humains. Au contraire, les voies évolutives apparaissent multiples, les caractères typiquement humains deviennent incertains et les espèces se multiplient au rythme des découvertes.

Paléontologie et préhistoire
Les outils de pierre taillée, œuvres des ancêtres de la lignée humaine, sont connus depuis l'Antiquité. Pourtant, il faut attendre le xixe s. pour voir la naissance d'une véritable science ayant pour objet l'histoire de l'homme et de son « industrie » (outils et autres vestiges de son activité) avant le développement des premières civilisations. Cette science, qui regroupe aujourd'hui plusieurs disciplines, est la préhistoire.
Le Français Jacques Boucher de Crèvecœur de Perthes (1788-1868) soutient que les pierres taillées retrouvées à côté d'ossements fossiles sont l'œuvre d'hommes préhistoriques. Édouard Lartet (1801-1871), puis Gabriel de Mortillet (1821-1898) définissent la succession des périodes de la préhistoire. La publication de Lartet, Sur l'ancienneté géologique de l'espèce humaine (1860), est considérée comme l'ouvrage fondateur de la paléontologie humaine. L'abbé Henri Breuil (1877-1961) étudie les vestiges archéologiques et les peintures rupestres, interprétant leur évolution.

Les découvertes de fossiles
Au xixe s., le premier parent fossile de l'homme moderne dont on étudie des ossements est l'homme de Neandertal, découvert en 1856. En 1891, sur l'île de Java (Indonésie), un Néerlandais, Eugène Dubois, découvre un fossile baptisé « pithécanthrope », qui se voit attribuer le nom latin de Pithecanthropus erectus, mais que l'on nommera ensuite Homo erectus, en le classant dans le même genre que l'homme moderne, le genre Homo. Les paléontologues qui consacrent leurs travaux aux fossiles humains et pré-humains deviennent des paléoanthropologues.
Le premier australopithèque est découvert en 1924, en Afrique du Sud, par Raymond Dart (1893-1988). Après de longues controverses, les australopithèques sont reconnus, dans les années 1950, comme les plus anciens représentants de la lignée humaine, ce que confirme la découverte, par Mary Leakey (1913-1996) et Louis Leakey (1903-1972) d'un squelette d'australopithèque associé à des outils de pierre taillée, dans les gorges d'Olduvai, en Tanzanie. De nombreux autres hominidés fossiles seront mis au jour sur le continent africain.

L'anthropologie moléculaire

Chacun des chromosomes de nos cellules est constitué d'une longue molécule d'ADN (associée à des protéines). Cet ADN est le support des gènes, qui représentent à la fois le plan d'édification de chaque organisme et les fondements de ses caractères et de ses aptitudes. C'est sur les molécules d'ADN que portent les mutations génétiques qui, lorsqu'elles concernent les cellules reproductrices, peuvent être transmises d'une génération à l'autre. Certaines mutations consistent en des modifications ponctuelles n'ayant pas de conséquence néfaste sur l'individu qui les porte. Elles peuvent s'additionner régulièrement au cours du temps. Ainsi, l'anthropologie moléculaire peut-elle estimer le degré de parenté entre les individus, les populations et les espèces, en fonction des variations observées au sein de portions données de l'ADN, ou des protéines formées à partir de celles-ci.
À la lumière des données recueillies par l'anthropologie moléculaire, les grands singes africains (chimpanzé, gorille) apparaissent plus proches de l'homme que des autres singes. En outre, les mutations ponctuelles s'accumulent à un rythme que les généticiens estiment stable sur de longues périodes. Cette véritable « horloge moléculaire » permet de dater (avec toutefois un large degré d'approximation) le moment où la lignée des grands singes s'est séparée de celle de l'homme. Ainsi, la lignée humaine pourrait-elle avoir divergé de celle des grands singes il y a 8, voire 10 millions d'années, une période pour laquelle on dispose de peu d'indices fossiles.
L'analyse particulière de l'ADN des mitochondries, ces éléments des cellules qui sont transmis par la mère et non par le père (car elles sont absentes de la partie du spermatozoïde qui pénètre l'ovule lors de la fécondation), indique que, si certains ancêtres ont pu migrer hors d'Afrique, notre propre espèce, Homo sapiens, serait apparue en Afrique. C'est le modèle génétique de l'« Ève mitochondriale ».

Autres approches de l'évolution de l'homme
La compréhension des mécanismes d'apparition de la lignée humaine se fonde en grande partie sur l'étude des conditions écologiques qui pouvaient régner en Afrique il y a 5 à 10 millions d'années. En effet, conformément à la théorie de l'évolution, les conditions écologiques (climat, ressources alimentaires, compétition avec d'autres espèces…) jouent un rôle fondamental dans l'expression de nouveaux caractères adaptatifs et dans l'apparition d'espèces nouvelles.

L'East Side Story, un scénario abandonné
En 1983, le Français Yves Coppens propose un modèle explicatif de l'origine de la lignée humaine à l'est du continent africain. Il y a environ 8 millions d'années, l'effondrement de la vallée du Rift (qui s'étend de la mer Rouge au Mozambique et parcourt l'est africain) et le soulèvement de la bordure occidentale de cette vallée entraînèrent des changements climatiques. L'est du continent africain s'assécha et se couvrit de savanes, alors que l'ouest demeurait humide et forestier.
Selon cette théorie, les ancêtres communs des hommes et des grands singes auraient évolué séparément de part et d'autre du Rift : à l'ouest, ils seraient demeurés arboricoles, alors qu'à l'est l'environnement faiblement arboré aurait favorisé l'acquisition de caractères pré-humains, notamment la marche bipède. Ce scénario, baptisé par son auteur East Side Story, a été réfuté par Yves Coppens lui-même (2003) à la suite de la découverte de deux représentants de la lignée humaine à l’ouest du Rift, au Tchad : Abel (un australopithèque, baptisé Australopithecus bahrelghazali), en 1995, et Toumaï (Sahelanthropus tchadensis, un membre de la lignée humaine âgé de 7 millions d’années, en 2001.

L'étude des grands singes
Puisque les chimpanzés et les gorilles sont les plus proches parents actuels de l'homme, l'étude précise de leurs aptitudes et de leurs comportements peut aider les paléoanthropologues à comprendre certaines étapes de l'évolution de l'homme.
La Britannique Jane Goodall (née en 1934) a été la première à entreprendre des études sur le terrain (en Tanzanie) du comportement des chimpanzés : ses observations révèlent une organisation sociale et des aptitudes à l'apprentissage (utilisation d'outils) insoupçonnées. D'autres primatologues, comme l'Américaine Dian Fossey (1932-1985) qui étudie les gorilles de montagne au Ruanda, contribuent à réduire l'ampleur du fossé social et culturel traditionnellement placé entre l'homme et les grands singes africains.
En outre, on reconnaît, depuis 1929, deux espèces chez les chimpanzés : le chimpanzé commun (Pan troglodytes) et le chimpanzé « nain », ou bonobo (Pan paniscus). Le bonobo n'a été observé pour la première fois dans son habitat naturel (forêt du sud du fleuve Congo) qu'au cours des années 1970 : outre son comportement social, très « humain », il présente la caractéristique d'être aussi à l'aise dans les arbres qu'au sol, où il marche redressé, ce qui le rend à la fois plus arboricole et plus bipède que les autres grands singes. Ainsi, la locomotion dans les arbres n'interdit-elle pas la bipédie, elle semblerait même dans ce cas la favoriser, la suspension par les bras permettant le redressement du corps.

Le cladisme
Mis au point par l'Allemand William Hennig (1913-1976), le cladisme est une méthode de classification des espèces qui se fonde sur les caractères évolués hérités d'un ancêtre commun. Ainsi, les plumes représentent le caractère évolué, hérité d'un ancêtre reptile (un dinosaure), qui suffit à identifier le groupe des oiseaux. Cette forme de classification, qui recherche les parentés exclusives entre les espèces pour les regrouper, confirme notamment la proximité entre l'homme et les chimpanzés.

L'origine des langues
En comparant les quelques milliers de langues parlées actuellement dans le monde, les linguistes peuvent les regrouper en familles. Or, depuis le milieu des années 1990, l'Américain Merritt Ruhlen soutient, sur la base d'une recherche des mots partagés par toutes les familles de langues actuelles, que celles-ci dérivent d'une seule langue ancestrale, d'origine africaine.

Origine et évolution de la lignée humaine
La lignée humaine est issue de primates vivant en Afrique. On considérait jusqu'au début des années 2000 qu'elle débutait avec les australopithèques, il y a 4 à 6 millions d'années. Cependant, des fossiles découverts en 2000 et 2001 (l'« Ancêtre du Millénaire » [Orrorin tugenensis], daté de 6 millions d'années, et « Toumaï » [Sahelanthropus tchadensis], daté de 7 millions d'années) pourraient représenter des ancêtres plus anciens et plus proches de la lignée des grands singes.

Des origines mystérieuses
Daté d'environ 20 millions d'années, Proconsul, singe au mode de vie largement terrestre, mais à la locomotion quadrupède, était considéré comme l'ancêtre probable des grands singes et des australopithèques. Depuis 1997, on connaît un autre candidat à ce statut : Moropothecus (17 millions d'années), aux mœurs arboricoles, mais dont la capacité à se tenir suspendu aux branches, qui provoquait le redressement du corps, favorisait peut-être la station debout et la bipédie.
Découvert en Afrique de l'Est, le kenyapithèque est peut-être apparenté à l'otavipithèque (Afrique du Sud et Namibie). Ses fossiles, datant de 15 à 12 millions d'années, sont fragmentaires.

Les australopithèques

Deux genres, d'une ancienneté supérieure à 4 millions d'années, représentent les premiers hominidés. Il s'agit du genre Australopithecus (les australopithèques), représenté par au moins quatre espèces, et du genre Ardipithecus (deux espèces mises au jour en Éthiopie : Ardipithecus Ramidus, en 1992, et Ardipithecus kadabba, en 2001). Si les Ardipihecus présentent des caractères les rapprochant à la fois des australopithèques et des grands singes africains (gorille et chimpanzé), la tribu des hominines (lignée humaine) semble bien issue des australopithèques.

Lucy et les autres australopithèques
L'espèce Australopithecus afarensis est bien connue depuis la découverte, en 1976, du squelette presque complet de « Lucy » (3,2 millions d'années). Célébrée comme notre « arrière-grand-mère », Lucy ne représente pourtant plus les ancêtres directs de l'homme depuis la mise au jour, dans les années 1990, de plusieurs autres fossiles d'australopithèques. Trois espèces, Australopithecus africanus, Australopithecus anamensis et Australopithecus bahrelgahazali, (Abel), se révèlent plus proches de la souche ancestrale du genre humain (Homo) et, parmi eux, Australopithecus africanus possède le crâne le plus « humain ».
L'étude des australopithèques révèle que leur marche bipède était encore imparfaite (petites enjambées accompagnées d'un fort balancement du corps) et qu'ils pouvaient très bien grimper aux arbres. D'une taille comprise entre 1,10 m (Lucy) et 1,50 m, ils avaient un petit cerveau (de l'ordre de 400 cm3) et une face proéminente au niveau des mâchoires (prognathisme).

Les paranthropes
Découverts en Afrique à partir de 1938 et identifiés dans les années 1960 comme des australopithèques « robustes » à cause de leurs fortes mâchoires, les paranthropes ont retrouvé un statut distinct de celui des australopithèques. Contemporains des premiers humains (genre Homo), ils représentent un autre genre d'homininés, à la dentition adaptée à une nourriture végétale coriace (racines, graines…), mais au cerveau plus développé que celui de la plupart des australopithèques. En outre, ils devaient présenter une plus grande aptitude à la bipédie, ainsi qu'une meilleure dextérité manuelle (Paranthropus garhi).
Les paranthropes vivaient durant une période de diversification des homininés, entre 2,5 et 1,4 million d'années, qui faisait suite à l'« âge des australopithèques ». Ils cohabitaient en Afrique avec plusieurs représentants du genre Homo (Homo habilis, Homo rudolfensis, puis Homo ergaster et Homo erectus). Si leurs liens de parenté avec les australopithèques sont encore mal établis (Paranthropus robustus pourrait descendre de Australopithecus africanus), on considère qu'ils se sont éteints sans descendance.

Les premiers humains
Considéré comme le premier représentant du genre humain, en dépit de nombreuses controverses scientifiques, Homo habilis est apparu en Afrique il y a environ 2,5 millions d'années.
Homo habilis et Homo rudolfensis
Décrit en 1964 par Louis Leakey, John Napier et Philip Tobias, Homo habilis possède un cerveau bien plus volumineux que celui des australopithèques (650 cm3 en moyenne) et une dentition typiquement humaine. Cependant, sa taille demeure comparable à celle des australopithèques (1,10 à 1,40 m) et son squelette traduit un mode de vie à la fois terrestre et arboricole. Une autre espèce, contemporaine, Homo rudolfensis, montre un cerveau plus développé (750 cm3) et des mâchoires plus robustes, combinant des caractères plus humains, mais aussi plus « australopithèques ».
La comparaison des caractères deHomo habilis et de Homo rudolfensis avec ceux des autres membres du genre Homo, d'une part, et ceux des australopithèques, d'autre part, apporte des arguments aux paléontologues qui les considèrent non comme des humains, mais comme des australopithèques « récents ». En outre, si Homo habilis pouvait tailler et utiliser des outils de pierre (d'où son nom d'« homme habile »), cette capacité semble partagée par les derniers australopithèques.

Homo ergaster et Homo erectus
Il y a environ 1,8 million d'années, alors qu'Homo habilis n'a pas encore disparu de la scène préhistorique, Homo ergaster montre toute une panoplie de caractères typiquement humains. Bien plus grand (jusqu'à 1,80 m), c'est un excellent marcheur, doté d'un plus gros cerveau (800 cm3), qui construit les premiers campements et manipule différents outils. L'étude des empreintes de son cerveau sur son crâne permet d'affirmer qu'il maîtrisait le langage.
Avec Homo ergaster, la lignée humaine commence son expansion géographique : d'Afrique, il colonise l'Asie (pratiquement dès la période de son expansion en Afrique, il y a 1,8 million d'années), puis l'Europe (il y a plus d'un million d'années). En Asie, il donnera l'espèce Homo erectus (« pithécanthrope »). Il y eut plusieurs mouvements migratoires et certaines populations de Homo ergaster demeurèrent en Afrique (ou y revinrent). Ces migrations ont favorisé les différenciations génétiques compatibles avec l'apparition d'autres espèces. Quant à la conquête du feu, il est peu probable qu'on puisse l'attribuer à Homo erectus (les foyers les plus anciens clairement authentifiés datent de 450 000 ans).

Neandertal et Cro-Magnon

On a identifié deux espèces, contemporaines de Homo ergaster, qui pourraient être à l'origine des derniers représentants de la lignée des homininés, l'homme de Neandertal et l'homme de Cro-Magnon. Il s'agit d'une part de Homo heidelbergensis (daté de 500 000 ans), africain et, d'autre part, de Homo antecessor, découvert en Espagne (sierra d'Atapuerca) et plus ancien (780 000 ans).

Quoi qu'il en soit, les Néandertaliens (Homo neanderthalensis) apparaissent en Europe il y a plus de 200 000 ans, à partir d'une longue lignée de « pré-néandertaliens », tel l'homme de Tautavel, daté de 450 000 ans. Quant à l'homme de Cro-Magnon ou « homme moderne » (Homo sapiens), c'est-à-dire notre espèce, il émerge probablement d'un groupe de « sapiens archaïques » ou « proto-Cro-Magnons », il y a environ 100 000 ans.

Les Néandertaliens
Longtemps considéré comme une sous-espèce de l'homme moderne (alors appelé Homo sapiens neanderthalensis), l'homme de Neandertal s'en distingue par de nombreux traits morphologiques. Des caractères anatomiques (au niveau de l'oreille interne) permettent de le considérer comme une espèce distincte. Son corps, plus trapu, traduit une adaptation au climat froid qui régnait en Europe durant les périodes glaciaires. À cause de sa face plus oblique et de son crâne allongé, on a fait de lui un être fruste, de faible intelligence. On sait aujourd'hui que son organisation sociale était élaborée. Son cerveau (1 600 cm3) se révèle plus volumineux que celui de l'homme moderne. Bon chasseur et fabricant d'armes et d'outils, il fut le premier à instaurer des rites funéraires.
Les Néandertaliens sont bien répandus en Europe il y a environ 100 000 ans. Une partie de leur population migre ensuite au Proche-Orient et en Asie centrale (il y a environ 75 000 ans). Là, ils rencontrent les précurseurs de l'homme moderne, qui s'installeront en Europe il y a 40 000 ans. C'est à cette époque que les Néandertaliens entament leur déclin. Confinés dans quelques territoires du sud de l'Europe, probablement à cause de l'expansion de l'homme moderne, ils s'éteignent il y a 30 000 ans.

La fin de la diversité humaine

Les opinions divergent quant à l'origine géographique de l'homme moderne. En effet, on trouve ses représentants primitifs (des « proto-Cro-Magnons ») en Asie (notamment en Chine et au Proche-Orient) et en Afrique, et certains voient parmi les pré-néandertaliens d'Europe des précurseurs de l'homme de Cro-Magnon. Pourtant, l'anthropologie moléculaire et les données paléontologiques plaident en faveur d'une origine africaine.
Plus grand que les Néandertaliens et plus robuste que les hommes actuels, l'homme de Cro-Magnon va connaître une formidable évolution culturelle et sociale. Colonisant tout l'Ancien Monde et gagnant l'Amérique et l'Australie, il inaugure une période d'expansion sans précédent de la lignée humaine, dont il est pourtant l'ultime représentant.

 

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JAPON - HISTOIRE

 

 

 

 

 

 

 

Japon : histoire

Multimillénaire, l'histoire du Japon est jalonnée de ruptures. Après l'intrusion plus ou moins brutale de tribus continentales au iiie s. avant notre ère, la naissance, neuf siècles plus tard, d'un État unifié sous l'égide d'un dynastie impériale aux origines obscures, constitue la deuxième rupture. Aux alentours de l'an 1000, cet État s'effondre dans les guerres incessantes que se livrent les clans des Minamoto et des Taira ; à l'État centralisé succède la féodalité. L'affaiblissement du pouvoir shogunal plonge l'empire dans deux siècles d'anarchie sanglante (xve s.-xvie s. et marque la quatrième rupture. Les Tokugawa pacifient le pays et forgent un État centralisé et moderne, dans lequel se constituent de puissantes dynasties marchandes ; le pays est fermé au monde ; cette nouvelle rupture ouvre la période d'Edo (1616-1868), souvent considérée comme la « matrice du Japon moderne ». L'avènement de l'empereur Mutsuhito ouvre l'ère Meiji (1868-1912), caractérisée par un processus de modernisation économique et politique qui transforme un archipel replié sur lui-même en un empire agressif et expansionniste : guerre sino-japonaise (1894-1895), guerre russo-japonaise (1904-1905), annexion de la Corée (1910). Contraint par les Occidentaux à limiter son expansion coloniale (traité de Washington, 1921-1922), atteint par la crise de 1929, alors que la pression démographique devient insoutenable, le Japon connnaît une nouvelle rupture avec la montée du militarisme (1930-1945). Au lendemain de sa défaite en 1945, le Japon impérial entame sa mue en une démocratie officiellement pacifiste et transpose sur le plan économique son énergie et son appétit d'expansion.

1. Préhistoire et protohistoire

La conquête de l'archipel par les Japonais
Les îles du Japon sont peuplées, dès avant le VIIIe millénaire avant notre ère, par des populations provenant probablement du continent nord-asiatique et qui étaient au stade du paléolithique supérieur (ou tout au moins mésolithique). On distingue dans la préhistoire du Japon plusieurs phases, la plus ancienne étant qualifiée de pré-Jomon ou précéramique. Lui succède une culture céramique de type particulier (à impressions de cordes, d'où son nom de Jomon), qui durera jusqu'au iiie s. avant notre ère dans le sud du Japon, mais se continuera parfois jusqu'au xe s. dans le Nord.

1.1. La période Jomon
Cette longue période de « mésolithique attardé », au développement assez lent, est caractérisée par des poteries à fond plat ou pointu, décorées de reliefs sur leurs bords, et par l'utilisation d'un outillage de pierre. Ces objets appartiennent à des populations clairsemées de chasseurs-ramasseurs et de pêcheurs au harpon, demeurant dans des cabanes de bois à demi enterrées, rectangulaires ou rondes. Vers le milieu de la période (Ve-IVe millénaire avant notre ère), les poteries commencent de s'orner de décors fantastiques en relief et de figures anthropomorphes. La pierre polie se substitue progressivement à la pierre taillée, sans toutefois la supplanter complètement. Vers la fin de la période, la poterie se simplifie et apparaissent des mortiers plats en pierre, servant à broyer les graines alimentaires. On peut déjà discerner des éléments de cultes du foyer. Les techniques de chasse et de pêche se perfectionnent et des filets sont utilisés pour attraper le poisson. .

Pour en savoir plus, voir l'article Jomon.
1.2. La période Yayoi
Vers le iiie s. avant J.-C., dans le nord du Kyushu, apparaît un nouveau peuple en provenance du sud de la Chine. Ces Yayoi (du nom d'un quartier de Tokyo où, en 1884, ont été découvertes les premières poteries : yayoishiki) apportent avec eux la technique de la culture du riz. Leur céramique, montée au tour et cuite à une température plus élevée, a des formes inspirées de la poterie des Han et de la Corée. Dans le même temps apparaissent, dans l'extrême nord des îles, des populations venues de Sibérie, apparentées aux Caucasoïdes, les Aïnous, qui se mélangent aux peuples Jomon attardés. Dans le reste des îles, les populations Jomon sont progressivement refoulées dans les montagnes par les néolithiques Yayoi, qui utilisent de nouvelles techniques : métallurgie du fer et du bronze, tissage, tour de potier, etc. Parmi les objets métalliques, on distingue des armes rituelles, des miroirs et des dotaku.

Dotaku


Mot japonais désignant des cloches de bronze sans battant de l'époque Yayoi (IIe siecle av J.C.-IIIe siecle apr. J.-C.), de forme semi-cylindrique et souvent ornées d'un décor en léger relief.

Les paysans Yayoi sont organisés en petites communautés ou chefferies, dont le roi est en même temps le grand prêtre. Ils construisent des maisons d'un type nouveau inspiré de celles, sur pilotis, du sud de la Chine et enterrent leurs morts dans des cistes ou des urnes. De cette époque date probablement la « mongolisation » de la population, une certaine sinisation des mœurs et une organisation religieuse et politique particulière.
Pour en savoir plus, voir l'article Yayoi.
1.3. La période des tumulus

Vers le milieu du iiie s. de notre ère, des groupes de cavaliers-guerriers venus de Corée pénètrent dans le Japon méridional et s'installent en maîtres. Ces familles « aristocratiques » s'imposent facilement aux paysans Yayoi et entrent en lutte contre les populations de « sauvages » réfugiées dans les montagnes et le nord des îles. Ces cavaliers-archers d'origine altaïque, bardés de fer et montés sur de grands chevaux, deviennent les chefs des communautés villageoises et les organisent en « États ». Ils se font inhumer dans des tumulus de très grandes dimensions appelés kofun, sous lesquels sont ménagées des chambres funéraires, dont certaines ont un plan en « entrée de serrure », qui semble particulier au Japon. Autour des tumulus sont rangés des cylindres de terre cuite (haniwa), parfois surmontés de représentations humaines ou animales. Ces guerriers apportent également aux paysans Yayoi de nouvelles croyances (chamanisme sibérien), des mythes et un schéma d'organisation sociale en clans. Ceux-ci, en se groupant, forment des sortes de royaumes qui ne tardent pas à entrer en lutte les uns contre les autres. Il n'y a pas alors de distinction politique entre les îles du Japon et le sud de la Corée : celle-ci ne se fera que plus tard, alors qu'à la suite des luttes internes un groupe de clans arrivera à dominer tous les autres dans les îles.

1.4. Le Kojiki et le Nihon Shoki
Le clan souverain du Yamato (région du sud de Kyoto), une fois sa position solidement établie, va prétendre à l'empire, et son roi (miyatsuko) prendra aussitôt le titre chinois d'empereur (tenno). Assez tardivement (en 712 et 720), les nouveaux empereurs, afin de légitimer leur emprise, font rédiger une « histoire » du Japon, faisant descendre leur lignée de la déesse du Soleil, Amaterasu. Les deux ouvrages ainsi rédigés à la gloire des tenno, le Kojiki et le Nihon Shoki, sont les seules sources (ou à peu près) que nous ayons pour établir une histoire du Japon avant l'arrivée du bouddhisme (venu de Corée vers 538). On y apprend qu'un empereur Jimmu, petit-fils d'Amaterasu, aurait fondé l'empire, que des guerres auraient opposé le Mimana (sud de la Corée) au Yamatai (nord de Kyushu ?), dans lesquelles se seraient illustrés l'« impératrice » Jingu et son fils Ojin. Le sud de Kyushu fut à son tour conquis sur les autochtones. Ces luttes provoquèrent un afflux considérable de Coréens au Japon, qui y apportèrent leurs mythes et croyances, ainsi que de nombreuses techniques nouvelles héritées des Chinois : tissage de la soie, écriture, poterie vernissée, architecture, doctrines confucéenne et taoïque, ainsi que des rudiments de culture chinoise. On date généralement de 538 (introduction officielle du bouddhisme coréen) le début de la période historique du Japon.


2. La période d'Asuka (milieu du vie s.-début du viiie s.)
538-587 : la royauté étant établie en Yamato, des ambassades commencent de s'échanger avec les cours coréenne et chinoise. Des Japonais vont étudier en Chine et des moines bouddhistes coréens s'installent à la cour, ce qui provoque une guerre civile entre les clans Soga (partisans de l'adoption du bouddhisme et de la civilisation chinoise) et Mononobe (partisans des cultes indigènes, appelés shinto, et de l'isolement politique du Yamato). Les Soga finissent par l'emporter ; ils font élever un temple de type coréen à Asuka, alors résidence temporaire de la cour.
628 : après la mort du prince Shotoku (en 622), neveu de l'impératrice Suiko (593-628), un code de lois en 17 articles est promulgué. Shotoku a fait construire de nombreux temples bouddhiques. Textes chinois, bouddhiques et confucéens, techniques, idées politiques affluent au Japon.
645 : le clan Nakatomi réussit à éliminer celui des Soga, alors tout-puissant, et établit un système de gouvernement calqué sur celui de la Chine des Tang (code de l'ère Taika), un système d'« ères », et préconise une distribution idéale des terres aux paysans, assiette d'un système d'impôts inspiré de celui alors en vigueur en Chine.
663 : défaite des troupes japonaises en Corée ; les liens politiques sont rompus avec le continent, mais de très nombreux Coréens accompagnent les Japonais dans leur retraite et s'établissent dans les îles.


672 : l'empereur Temmu fait appliquer plus strictement le code Taika et entreprend de faire rédiger un code plus complet, celui de l'ère Taiho (701).

3. La période de Nara (710-794)
Six sectes bouddhiques, installées près de Nara et de la cour d'Asuka, imposent leurs conceptions, mais le peuple n'y a point de part.

Petit lexique du Japon féodal
PETIT LEXIQUE DU JAPON FÉODAL


bakufu
Gouvernement militaire.
daimyo
Seigneur local.
fudai
Samouraï vassal dépendant directement de Tokugawa Ieyasu et qui avait combattu à ses côtés à Sekigahara (1600).
hatamoto
Samouraï placé sous la vassalité directe du shogun et non d'un daimyo. Sous les Tokugaya, les hatamoto furent au nombre de 80 000.
kampaku
Titre d'une fonction équivalent à celle de régent. Les Fujiwara, les premiers à l'assumer, exercèrent en fait une véritable dictature du Xe au XIIesiecle
ronin
Samouraï qui, volontairement ou non, quittait le service de son maître et se mettait à parcourir le pays en quête d'aventures.
samouraï
Guerrier placé au service d'un daimyo. Les samouraïs développèrent un idéal d'honneur et de fidèlité exacerbé.
shikken
Lieutenant d'un shogun. La fonction fut créée par les premiers shogun de Kamakura (XIIesiecle). En 1199, cette charge échut à la famille des Hojo, qui la rendirent héréditaire, puis gouvernèrent sous ce titre à la place des shogun de Kamakura.
shogun
1. À l'origine, chef militaire japonais en campagne contre les Aïnous.
2. Dictateur militaire du Japon de 1192 à 1867.
tandai
Titre donné, sous le shogunat de Kamakura (1192-1333), aux gouverneurs militaires de certaines régions, principalement Kyoto et le Kanto.
tozama
Nom donné aux daimyo qui ne se soumirent au shogun Tokugawa Ieyasu qu'après la bataille de Sekigahara (1600) et la chute du château d'Osaka (1615). Ils bénéficiaient d'une plus grande indépendance de fait que les fidèles de Ieyasu, appelés fudai.
710 : achèvement du code de l'ère Taiho, promulguant une nouvelle distribution des terres, précisant les droits et devoirs de chacun et instituant un système militaire et social nouveau.
712 : rédaction officielle du Kojiki. La cour s'établit définitivement à Nara, abandonnant l'habitude de changer de lieu de résidence à la mort de chaque souverain. Les paysans, trop imposés, s'évadent des terres impériales pour se réfugier sur celles des seigneurs ou des monastères, ce qui affaiblit le pouvoir impérial au profit des chefs de clans et des communautés religieuses.
741 : l'empereur Shomu fait construire des temples bouddhiques dans toutes les provinces, afin de prier pour la prospérité, ce qui affaiblit financièrement les chefs de clans obligés de participer à la dépense.
743 : l'empereur permet la possession individuelle des terres nouvellement défrichées ; c'est l'origine des grands domaines féodaux. Épidémie de variole : pour apaiser les divinités, on élève un grand temple, le Todai-ji, à Nara (alors appelée Heijokyo) et on y installe une grande effigie du Bouddha en bronze, en 749.
751 : première anthologie officielle de poèmes, le Kaifuso, rédigée en chinois.
754 : le moine bouddhiste Ganjin arrive de Chine avec des élèves et de nombreux techniciens.
756 : l'impératrice douairière Komyo fonde un musée (le Shosoin), encore intact de nos jours.
770 : à la mort de l'impératrice Shotoku, le moine Dokyo, qui avait usurpé tous les pouvoirs, est chassé, et les ministres refusent désormais de laisser le trône à des femmes.
784 : l'empereur Kammu, afin de se libérer de l'emprise des moines bouddhistes de Nara, fonde une nouvelle capitale à Nagaoka, puis, dix ans plus tard, une autre à Heiankyo (Kyoto), qu'il fait édifier sur le plan en damier de la capitale des Tang, Changan (aujourd'hui Xi’an). Cette nouvelle cité, inaugurée en 794, demeurera la capitale du Japon jusqu'en 1868.
Pour en savoir plus, voir l'article Nara.

4. La période de Heian (794-1185/1192)
800-803 : le général Sakanoue no Tamuramaro refoule vers l'extrême nord les populations Jomon et Aïnous, qui se faisaient menaçantes ; sur les terres ainsi conquises viennent s'installer des colons guerriers qui s'érigent en clans.
805-806 : deux moines bouddhistes japonais reviennent de Chine, Saicho (Dengyo Daishi) et Kukai (Kobo Daishi), et en rapportent de nouvelles doctrines bouddhiques ainsi que des formes d'art nouvelles. Ils fondent de grands monastères. Une nouvelle écriture syllabique est créée pour transcrire les désinences purement japonaises et permettre aux femmes (lesquelles n'ont pas accès à la culture chinoise) d'écrire. Des académies se créent. Les nouvelles doctrines bouddhiques tentent de concilier les croyances autochtones, les concepts confucéens et taoïques avec les doctrines du bouddhisme.
838 : le Japon tente de se libérer de l'emprise culturelle chinoise et cesse d'envoyer des ambassades, bien que les contacts individuels (moines surtout) continuent. Des réformes sont entreprises pour transformer la société et l'organiser sur des bases bouddhiques.
858 : un ministre du clan Fujiwara, ayant épousé la fille de l'empereur Saga, prend le titre de régent (kampaku). Sa famille détiendra en fait les rênes du pouvoir jusqu'au milieu du xiie s.. Les Fujiwara instaurent une ère de paix et de développement culturel qui fera de leur période l'ère « classique » du Japon.
903 : un adversaire politique des Fujiwara, le ministre Sugawara no Michizane, est exilé et meurt à Kyushu. Le peuple le divinisera sous la forme chinoise du « dieu de la Littérature et de la Calligraphie ». Les Fujiwara et les seigneurs des grands domaines (shoen) lèvent des troupes personnelles parmi les clans de colons guerriers du Nord et de l'Est afin de faire la police et de se protéger contre le banditisme. Le Japon se morcelle en un grand nombre de « grandes propriétés », tandis que la cour, oisive, mène une vie luxueuse et pieuse.
940 : un seigneur du clan des Taira se révolte dans l'Est et ose se proclamer empereur. Les Fujiwara envoient contre lui des troupes empruntées à un autre clan guerrier de l'Est, celui des Minamoto. Les clans des Taira et des Minamoto tentent alors de supplanter les Fujiwara, commencent de se livrer à des guerres de conquête afin d'affirmer leur pouvoir, et organisent leurs provinces comme de véritables États.
Vers 1000 : les femmes de la cour écrivent des romans, et la nouvelle secte bouddhique d'Amida, prônant une sorte de piétisme populaire, diffuse le bouddhisme dans le peuple. Dans l'Est, les clans guerriers se fortifient et, à la cour, les intrigues se font de plus en plus nombreuses, visant à éliminer le clan tout-puissant des Fujiwara.
1068 : pour la première fois depuis plus d'un siècle, un empereur accède au pouvoir sans qu'il soit apparenté aux Fujiwara et tente de réaliser des réformes. Pour avoir les mains plus libres, il abdique en 1072 au profit de son fils et forme un gouvernement « parallèle », inaugurant ainsi une coutume qui se prolongera pendant plus d'un siècle. Le clan Fujiwara ne tarde pas à se diviser en factions ennemies. Ces dissensions font le jeu des chefs des clans guerriers, qui bientôt obtiendront de hautes charges à la cour, soutenus par de nombreux petits seigneurs et les grands monastères bouddhiques qui se sentent menacés dans leurs possessions. Le pays se divise de plus en plus, sous l'égide des deux clans les plus puissants militairement, les Minamoto et les Taira. Tour à tour ceux-ci prendront le parti de l'empereur contre les Fujiwara et les remplaceront aux postes clés. Mais les deux clans rivaux ne tardent pas à s'affronter pour la suprématie.
1159-1160 : le chef du clan des Taira, Kiyomori, est dépossédé par les Minamoto, qui déposent l'empereur. Les Taira attaquent et battent les Minamoto dans la ville de Kyoto.
1167 : Taira no Kiyomori devient chancelier de l'Empire, mais sa dureté lui aliène la sympathie de la population, qui se tourne vers les Minamoto.
1180 : des batailles opposent sans cesse les Taira et les Minamoto, à Kyoto et Uji. Les troubles politiques favorisent le banditisme. Des famines s'installent dans le centre et l'est de l'île de Honshu, affaiblissant principalement le clan des Taira. Dès 1183, les Minamoto attaquent ces derniers et, en 1185, détruisent la flotte Taira près de Shimonoseki, à Dan-no-Ura. Le jeune empereur Antoku est noyé dans la bataille. Le chef du clan Minamoto, Yoritomo (1147-1199) et son frère, le général Minamoto no Yoshitsune, éliminent le clan des Taira.
1189 : les Minamoto se retournent alors contre les Fujiwara et conquièrent leurs territoires du nord du Honshu.
Pour en savoir plus, voir les articles confucianisme, taoïsme.

5. La période de Kamakura (1185/1192-1333)
Après avoir confisqué « au nom de l'empereur » les terres de nombreux seigneurs qui lui étaient hostiles, Minamoto no Yoritomo a constitué un gouvernement parallèle à celui de l'empereur, mais sur des bases différentes, instaurant une société quasi féodale fondée sur les relations d'assistance et de fidélité existant entre Yoritomo lui-même, ses vassaux et les vassaux de ceux-ci. Il lève des troupes, libère quelque peu la paysannerie des règles qui la régissaient jusque-là, lui donnant les terres qu'elle cultive, mais lui conférant un statut inférieur à celui des guerriers (samouraïs). Des intendants représentent Yoritomo dans chaque État vassal, et, à partir de 1192, un représentant personnel du shogun, le tandai, est placé auprès de la cour à Kyoto. Yoritomo a imposé un kampaku de son choix à la cour et repris à son compte la politique matrimoniale instaurée par les Fujiwara au ixe s.
1192 : devenu le seigneur le plus puissant du Japon, Yoritomo se fait nommer shogun par l'empereur, qui, à Kyoto, ne possède plus aucune autorité. Yoritomo, ayant établi son bakufu à Kamakura, dicte ses ordres au pays tout entier. Le pays, ruiné, affamé, se rallie à lui. Yoritomo met fin au régime des « empereurs retirés » et règne en maître sur tout le Japon.
1195 : Minamoto no Yoritomo fait une impressionnante démonstration de force à Kyoto, mais les intrigues continuent.
1199 : à la mort de Yoritomo, un seigneur Hojo (apparenté aux Taira) prend la régence (shikken) du bakufu, avec l'aide de sa fille Masako, veuve de Yoritomo. Yoriie, fils de Yoritomo, prend le titre de shogun.
1203 : Yoriie, incapable, abdique au profit de son frère Sanetomo et est assassiné. Hojo Tokimasa est cependant obligé de démissionner de sa charge de shikken en 1205, Masako s'étant opposée à Makiko son épouse. Son fils Hojo Yoshitoki lui succède en tant que shikken.
1219 : Sanetomo ayant été assassiné, l'empereur Go-Toba déclare (en 1221) le bakufu rebelle et tente de reprendre le pouvoir. Hojo Yoshitoki bat les troupes de l'empereur à Uji et l'exile. Les shikken Hojo ont désormais tous les pouvoirs et nomment à leur gré les empereurs.
1222 : le bakufu fait faire un recensement général.
1232 : promulgation d'un nouveau code de lois en 51 articles, le Joei Shikimoku, rédigé en japonais. Il recevra par la suite, en 1243 et 1286, des additions. Ce « code national » restera en vigueur jusqu'en 1868.
1247 : à la suite de la révolte de quelques seigneurs non inféodés au bakufu et après la victoire de ce dernier, leurs domaines sont confisqués. Bien que le shogun soit désormais choisi dans la famille impériale, le véritable pouvoir demeure aux mains des shikken Hojo. Le bakufu s'aristocratise et se stabilise.
1266-1268 : Kubilay Khan, alors empereur de Chine, prétend conquérir le Japon. Le bakufu, alarmé, fait renforcer les défenses du nord de l'île de Kyushu et mobilise tous les samouraïs. En 1271, une autre ambassade chinoise (mongole) est renvoyée.
1274 : attaque du nord de Kyushu par une grande flotte mongole et coréenne (30 000 hommes) qui, inexplicablement, se retire la nuit suivante. La cour offre des prières aux divinités.
1275 : des envoyés du khan demandant la soumission du Japon à la Chine sont exécutés. Le bakufu se dote d'une flotte puissante et fait construire un long mur en pierre le long des côtes du nord de Kyushu.
1281 : deux flottes mongole et coréenne (environ 140 000 hommes) débarquent en deux points de la côte nord de Kyushu. Les Mongols sont sur le point de vaincre, lorsque, le 14 août, un typhon providentiel détruit une partie de la flotte d'invasion et force les guerriers mongols et coréens à se rembarquer en toute hâte ; ceux qui sont restés à terre sont impitoyablement massacrés par les samouraïs.
1294 : mort de Kubilay Khan. Le Japon est provisoirement sauvé de l'envahisseur chinois, mais les shikken préfèrent garder sous les armes les samouraïs afin de prévenir un retour offensif des Mongols. Ces guerriers, une fois démobilisés, se trouvent ruinés. Certains sont alors obligés, en contrevenant à la loi, de vendre des parties de leurs domaines à des marchands, qui, seuls, ont profité de la guerre en fournissant armements et vivres…
1297 : le bakufu renforce les lois interdisant la vente des fiefs. Mais les seigneurs dépossédés n'obéissent déjà plus au gouvernement de Kamakura. L'empereur les soutient dans leur révolte.
1326 : l'empereur Daigo II refuse d'abdiquer comme le lui demande le shikken, et, soutenu par les nobles, désigne son fils comme héritier.
1331 : Daigo II est battu par les troupes du shikken et exilé dans l'île d'Oki.
1333 : grâce à la complicité d'un Minamoto dissident, Ashikaga Takauji, Daigo II s'enfuit, réunit des troupes et rentre à Kyoto. Soulèvement général des seigneurs contre le bakufu. La ville de Kamakura est prise et incendiée. Daigo II restaure le pouvoir impérial.
Pour en savoir plus, voir l'article Mongols.

6. La période Ashikaga ou de Muromachi (1333-1582)
1336 : Ashikaga Takauji , devenu le seigneur le plus puissant du Japon, se retourne contre l'empereur et établit à son tour un bakufu à Kyoto même. En 1338, il se fait nommer shogun par l'empereur qu'il a mis sur le trône. L'empereur légitime se réfugie dans les montagnes du Yamato avec ses partisans, inaugurant la période dite des « deux cours », pendant laquelle la guerre civile va ensanglanter le pays jusqu'en 1392. La lutte sera épisodique mais acharnée. La ville de Kyoto sera prise et reprise quatre fois, et chaque fois détruite. Dans les provinces, les seigneurs, espérant conquérir la suprématie, se battent, plongeant le pays dans la guerre civile.
1383 : bien qu'Ashikaga Takauji soit mort en 1358, la situation demeure la même sous ses successeurs et ceux de Daigo II. L'île de Kyushu reste acquise aux loyalistes, mais, dans le Nord, nombre de seigneurs se sont rendus indépendants.
1392 : reconquête de Kuyshu par les Ashikaga. L'empereur légitime Go-Kameyama accepte d'abdiquer, et la guerre des deux cours se termine. Mais le pays est ensanglanté et la ville de Kyoto presque totalement détruite. Sous l'autorité des shogun Ashikaga, l'organisation administrative a été refondue et le pays divisé en trois grandes régions dirigées par un kanrei (grand délégué) sous l'autorité du shogun.
1400-1401 : le shogun tente de réduire les pirates Wako, qui écumaient les côtes japonaises, coréennes et chinoises et renoue des relations amicales avec la Chine des Ming.
1419 : les Wako de l'île de Tsushima sont détruits par les Coréens.
1428 : révolte des paysans des provinces à la suite d'épidémies et de famines. Ils forment des ligues de défense contre les bandes de samouraïs-brigands.
1456 : le shogun Ashikaga Yoshimasa doit reconnaître les droits de propriété des paysans et réduire leurs dettes.
1457 : grande famine et épidémies. Le gouvernement central ne fait rien. Les grands seigneurs lèvent des barrières d'octroi qui entravent le commerce et aggravent les famines. Les paysans, à bout de ressources, s'engagent comme soldats à pied (ashigaru) dans les rangs des armées seigneuriales, et se livrent au brigandage.
1467-1477 : une nouvelle guerre civile est déclenchée entre les seigneurs au sujet de la succession du shogun Yoshimasa. 160 000 hommes s'affrontent dans la ville de Kyoto, qui est la proie des flammes. Cette guerre civile, dite de l'ère Onin, est une guerre « pour le plaisir » faite par les daimyo pour leur gloire. Elle s'étend jusque dans les provinces, où les guerriers s'affrontent sans savoir pourquoi.
1486 : grande révolte paysanne contre les excès des guerriers. Les paysans demandent le départ des troupes et veulent rentrer en possession de leurs terres.
1489 : le shogun Ashikaga Yoshihisa est assassiné et sa succession fait s'affronter les daimyo. Ceux-ci s'opposent entre eux ou au bakufu de Muromachi, rendant tout gouvernement central impossible. Des comités de paysans, de commerçants, d'artisans se créent afin de constituer des gouvernements locaux. La cour, oisive et ruinée, protégée par l'un ou l'autre des daimyo, se désintéresse de la situation. Le Japon est alors partagé de fait entre une trentaine de grands daimyo et une centaine de plus petits seigneurs qui se combattent sans répit, aidés par des bandes de paysans-guerriers n'observant aucune des lois de la chevalerie des samouraïs.
1542 : des marchands portugais échoués sur la petite île de Tanegashima (sud de Kyushu) importent les premiers mousquets. Très vite l'usage de cette arme nouvelle se répand dans tout le Japon.
1549 : François Xavier commence l'évangélisation du pays. Bateaux portugais, hollandais et espagnols accostent et font du commerce avec les Japonais des côtes.
1568 : un petit seigneur du Nord, Oda Nobunaga (1534-1582), réussit à vaincre tous ses adversaires, entre à Kyoto en vainqueur et se fait nommer shogun, ayant abattu la puissance déclinante des Ashikaga. Il organise à son profit les provinces centrales.
1574 : les sectes religieuses, qui s'étaient armées, représentent désormais une puissance avec laquelle le gouvernement doit compter. La secte Ikko (créée par le moine Shinran) se révolte et soulève les campagnes.
1576 : Oda Nobunaga se fait construire un château sur les bords du lac Biwa, prototype de tous les châteaux japonais, et le fait luxueusement décorer par les meilleurs artistes de son temps. En 1571, il a détruit les monastères rebelles du mont Hiei, près de Kyoto, et fait massacrer leurs moines. En 1574, il a attaqué et mis en fuite le dernier Ashikaga, Yoshiaki. En 1580, il abat la puissance de la secte Ikko et prend son château d'Osaka. Avec l'aide de ses généraux Tokugawa Ieyasu et Toyotomi Hideyoshi, il vient finalement à bout de tous ses adversaires et unifie le centre du Japon sous son autorité.
1582 : Oda Nobunaga, devenu dictateur des provinces centrales, est attaqué par un de ses généraux, et obligé de se suicider. Treize jours après, le félon est attaqué et tué par Toyotomi Hideyoshi, qui prend la succession de son maître.

7. L'ère des dictateurs (1582-1616)

1584 : Hideyoshi fait élire le fils d'Oda Nobunaga comme shogun, mais garde le pouvoir. Il continue alors la guerre contre les seigneurs non encore ralliés, surtout ceux de Kyushu, et transfère le siège de son gouvernement à Osaka, où il oblige les grands daimyo à lui construire un immense château. Il fait en même temps démolir ceux des seigneurs rebelles. Il fait établir un recensement général des terres, rend les paysans propriétaires et solidaires de leurs terres et interdit le port des armes aux non-samouraïs. Il établit le principe (d'origine chinoise) de la responsabilité collective et fixe l'impôt entre 40 et 50 % de la récolte. Les daimyo sont classés selon leur revenu annuel en koku (180 litres) de riz. Le plus puissant d'entre eux, Tokugawa Ieyasu, en possède 2 500 000, les moins puissants seulement 10 000.
1585 : Hideyoshi fait frapper sa propre monnaie et favorise le développement des mines d'or et d'argent. Homme le plus riche du Japon, il subventionne la cour impériale, ordonne un grandiose programme de constructions, donne des fêtes splendides et patronne arts et lettres. Il est nommé dajo daijin (Premier ministre) par l'empereur.
1586 : Hideyoshi réunit une immense armée afin de soumettre les grands daimyo encore indépendants (sauf cependant Tokugawa Ieyasu, avec qui il est allié et qui demeure dans son fief du Kanto [région de Tokyo]).
1590 : le dernier des daimyo Hojo est vaincu en son château d'Odawara.
1592 : afin d'occuper ses guerriers, Hideyoshi les lance à la conquête de la Corée. Ses troupes entrent à Séoul. Il décide alors de s'attaquer à la Chine.
1593 : les Chinois étant venus au secours des Coréens, les Japonais perdent Séoul. Un fils naît à Hideyoshi. Le neveu de Hideyoshi, Hidetsugu, nommé son successeur, se révèle débauché et cruel.
1595-1597 : les troupes japonaises en Corée subissent revers sur revers. Hideyoshi, qui montre des signes d'aliénation mentale, contraint son neveu au suicide. En 1596, il nomme son fils (âgé de trois ans) kampaku. L'amiral coréen Li Sunshin, qui a inventé un bateau cuirassé, détruit la flotte japonaise. Hideyoshi réorganise alors sa flotte et envoie en 1597 100 000 hommes en renfort en Corée pour soutenir l'armée commandée par Konishi Yukinaga.
1598 : les Sino-Coréens refoulent les armées japonaises. Mort de Hideyoshi. Konishi traite avec les Chinois et abandonne la Corée. Tokugawa Ieyasu se pose en protecteur du jeune Hideyori, mais se voit confronté aux ambitions des autres seigneurs.
1600 : affrontement général entre les troupes fidèles à Tokugawa Ieyasu et les autres daimyo. À Sekigahara, Tokugawa Ieyasu est vainqueur. Il fait exécuter les principaux chefs des armées adverses (parmi lesquels Konishi) et prend le pouvoir.
1601 : Ieyasu confisque les mines d'or, fait battre monnaie et oblige les villes à lui céder leurs privilèges.

1603 : Tokugawa Ieyasu établit son bakufu au centre de ses domaines, à Edo (aujourd'hui Tokyo), et s'y fait construire un château. Il monopolise le commerce de la soie et acquiert une fortune considérable. Il s'adjoint des hommes habiles : le confucéen Hayashi Razan (1583-1657), le navigateur anglais William Adams, dit Anjin (qui s'était échoué sur les côtes du Japon et que Ieyasu avait pris à son service afin qu'il créât une marine moderne), des marchands influents… Il divise ses vassaux en trois classes : les fudai, dépendant directement de lui et qui avaient combattu à ses côtés à Sekigahara, les hatamoto ou vassaux mineurs, dépendant aussi directement de lui, enfin les tozama ou « daimyo extérieurs », très surveillés et obligés de venir vivre à Edo pendant une partie de l'année. Le code de réglementation instauré par Hideyoshi est strictement appliqué.
1614-1615 : les seigneurs mécontents se regroupent autour d'Hideyori dans le château d'Osaka. Deux sièges permettent à Tokugawa Ieyasu d'abattre les rebelles. La forteresse est rasée et Hideyori contraint au suicide, ainsi que les principaux chefs des rebelles.
1616 : Ieyasu, blessé au cours du siège d'Osaka, meurt. Son fils, Tokugawa Hidetada, déjà intronisé shogun depuis 1605, lui succède. L'œuvre de Ieyasu a été immense et durable : il a unifié le pays et donné à celui-ci un gouvernement stable ; il a renoué des relations amicales avec la Chine des Qing, amélioré sa flotte de commerce et noué de fructueuses relations avec les pays du Sud-Est asiatique, et même l'Europe. Ayant tout d'abord favorablement accueilli les prêtres étrangers, il s'est vite aperçu de la collusion de ceux-ci avec les puissances militaires d'Europe, et il a interdit prosélytisme et construction d'églises, sans toutefois recourir à la persécution, comme l'avait fait Hideyoshi sur la fin de sa vie.

8. La période d'Edo ou des Tokugawa (1616-1868)

1623-1624 : après avoir consolidé la position du bakufu, Hidetada laisse sa charge de shogun à son fils Iemitsu. Mais celui-ci renforce les interdits relatifs aux étrangers déjà promulgués par son père en 1616 : tous les ports japonais sont fermés aux navires européens, sauf ceux de Hirado et Nagasaki. Cependant, l'activité missionnaire reprenant dans l'île de Kyushu, Iemitsu recourt à la persécution, dès 1622. En 1624, les marchands portugais quittent le pays et les Anglais ferment leur comptoir à Hirado.
1637 : grande rébellion chrétienne et paysanne à Shimabara. Le bakufu réagit violemment, massacre les chrétiens de Shimabara et interdit aux navires portugais et espagnols d'aborder au Japon.
1639 : le pays est fermé aux étrangers, sauf aux Chinois et aux Hollandais, qui ont permission de rallier une partie du port de Nagasaki, Dejima (Deshima). Les bateaux japonais doivent être munis d'une autorisation spéciale pour aller en Chine, aux îles Ryukyu, en Corée ou dans le Sud-Est asiatique. Création de grandes routes (Tokaido). Le christianisme est pourchassé.
1651 : mort de Tokugawa Iemitsu. Tentative de coup d'État avortée. De nombreux hatamoto, appauvris, vivent de brigandage.
1657 : un incendie catastrophique détruit la ville d'Edo, faisant plus de 100 000 morts. La capitale est reconstruite sur un plan nouveau. Troubles chez les tozama, qui sont rapidement remis à la raison.
1680 : sous le shogun Tokugawa Tsunayoshi, la classe de marchands commence à prendre une très grande importance. Les daimyo sont parfois obligés de leur emprunter de quoi subvenir à leurs fastueuses dépenses.
1703 : incident de la « vengeance des 47 ronin » (samouraïs ayant quitté le service de leur maître et parcourant le pays en quête d'aventures) : le shogun les condamne à se suicider, mais cet événement va défrayer la chronique et inspirer d'innombrables récits et pièces de théâtre.
1709 : Arai Hakuseki, conseiller confucéen du shogun Ienobu, complète la « Règle des maisons guerrières » instaurée par Tokugawa Ieyasu et adoucit la justice pénale. Les villes connaissent une grande prospérité et la classe des chonin (citadins) se développe.
1716 : plusieurs années de disette ont fait monter les prix et la situation économique est précaire. Le shogun Yoshimune tente des réformes agraires, fait irriguer de nouvelles terres et interdit les dépenses excessives.
1735 : Yoshimune fixe le prix du riz, mais les paysans, accablés par les impôts, se révoltent.
1764, 1765, 1773 : nouvelles et sanglantes révoltes paysannes.
1787 : le conseiller du shogun Ienari, pour rétablir la situation, chasse les fonctionnaires corrompus, assainit les finances et tente de repeupler les campagnes.
1792 : apparition de bateaux russes sur les côtes d'Hokkaido. La prospérité est revenue et les citadins jouissent d'une vie facile baptisée ukiyo (« monde flottant »).
1804 : l'amiral russe N. P. Rezanov mouille dans le port de Nagasaki et y reste pendant six mois. Il ne reçoit pas l'autorisation de se rendre à Edo.
1808 : un navire anglais menace de bombarder Nagasaki si on lui refuse l'approvisionnement en eau et en vivres.
1825 : le shogun Ienari ordonne de détruire tout navire étranger mouillant dans un port japonais.
1832-1836 : série de famines suivies de révoltes paysannes.
1844 : le gouvernement hollandais demande au bakufu de cesser sa politique d'isolement.
1845-1846 : un navire anglais est bien accueilli à Nagasaki ; deux navires de guerre américains mouillent en rade d'Edo, mais ne peuvent entreprendre de pourparlers avec le bakufu.
1853 : l'Américain Matthew Calbraith Perry vient avec quatre bateaux de guerre apporter une lettre du président des États-Unis et annonce son intention de revenir l'année suivante chercher la réponse. Le pays se divise en anti-Occidentaux et pro-Occidentaux.
1854 : retour de l'amiral Perry. Le bakufu, effrayé, consent à ouvrir deux ports, Shimoda et Hakodate, et à recevoir un consul américain. Il doit signer des accords semblables avec la Grande-Bretagne, la Russie et la Hollande.
1856 : arrivée du consul américain Harris, qui est reçu en 1857 par le shogun Iesada.
1858 : une partie du pays se soulève, indignée des accords signés par le shogun avec les « barbares ».
1860 : li Naosuke, conseiller du shogun et partisan de l'ouverture du Japon, est assassiné. Le shogun demande conseil à l'empereur, aux côtés duquel se rangent les ennemis du bakufu.
1862-1863 : après l'assassinat d'un Anglais, la flotte britannique bombarde le port de Kagoshima.
1863 : un bateau américain ayant été attaqué par les canons du port de Shimonoseki, une escadre internationale prend la ville et oblige le daimyo du Choshu à payer une forte indemnité.
1864 : les partisans de l'empereur se révoltent à Kyoto et battent les troupes envoyées par le bakufu. Le shogun Yoshinobu offre sa démission à l'empereur en 1867. Un gouvernement provisoire est mis en place. Les partisans des Tokugawa tentent de résister, mais un soulèvement populaire abat leur résistance. Mutsuhito monte sur le trône et assume le pouvoir.
1868 : Mutsuhito transfère son gouvernement à Edo, rebaptisée en Tokyo. Une ère nouvelle commence, appelée Meiji ou « Époque éclairée ».

9. L'ère Meiji (1868-1912)

       

1868-1874 : l'empereur Mutsuhito procède à de profonds remaniements. Le pays est divisé administrativement en arrondissements, le peuple est organisé en nouvelles classes, enfin le droit au sabre est refusé aux samouraïs. La loi donne la propriété des terres aux paysans (1868), rétablit la liberté d'achat et de vente de celles-ci (1871), ainsi que la liberté du commerce intérieur et extérieur (1872-1873). L'impôt foncier est réformé (1872), des universités sont créées et le gouvernement est modernisé.
1874-1877 : Saigo Takamori et Eto Shimpei groupent les mécontents et se révoltent. L'armée impériale (créée en 1871) mettra trois ans à réduire les rebelles.
1885 : Mutsuhito supprime le Conseil impérial des Taira et institue un cabinet parlementaire de style occidental présidé par Ito Hirobumi.

1889 : le 11 février, l'empereur promulgue une Constitution, mais les partisans de l'ancien régime sont encore nombreux et les assassinats politiques se succèdent. La Constitution donne des pouvoirs étendus à l'empereur, crée deux chambres législatives (diète), la Chambre des pairs, aux membres désignés par l'empereur, et la Chambre des représentants élus. Cette dernière assemblée sera réorganisée en 1900 et 1902. La justice est refondue sur des modèles français et allemands. L'armée et la marine sont modernisées, le service militaire obligatoire institué. De nombreuses lois accélèrent le processus d'occidentalisation du Japon. Des lignes de chemin de fer sont inaugurées entre les plus grandes villes, à partir de 1870. La population japonaise augmente rapidement.
1894 : à la suite d'un différend au sujet de la Corée, les forces japonaises débarquent en Chine. Elles l'emportent sur mer comme sur terre. Les Japonais envahissent Formose (Taïwan). La Chine signe le traité de Shimonoseki en 1895, qui consacre la victoire du Japon et, malgré la diplomatie occidentale, l'influence prépondérante de celui-ci en Corée.
1902 : le Japon, après avoir aidé les puissances occidentales contre la révolte des Boxeurs en Chine en 1900, conclut une alliance militaire avec l'Angleterre, alliance destinée à contenir les visées russes sur la Corée. Le tsar Nicolas II envoie 100 000 hommes en Mandchourie.
1904 : le Japon attaque la marine russe basée à Port-Arthur et débarque une armée en Corée et dans le Liaodong.
1905 : après d'âpres combats, le général russe Stoessel, qui commande Port-Arthur, est obligé de capituler. Les troupes japonaises avancent en Mandchourie. La flotte russe de la Baltique, envoyée en renfort, est détruite dans le détroit de Tsushima par les forces de l'amiral Togo. La Russie est obligée de concéder le droit de s'installer en Mandchourie et en Corée aux Japonais, et leur cède la moitié sud de l'île de Sakhaline. Ito Hirobumi est nommé résident en Corée et commence de « japoniser » ce pays. Au Japon même, où l'économie a fait un bond en avant énorme grâce aux deux guerres victorieuses, le jeu des partis s'installe au gouvernement, faisant alterner au pouvoir libéraux et conservateurs. Militaristes et libéraux s'affrontent, mais, en 1911, les militaristes finiront par l'emporter sur le cabinet temporisateur de Saionji.
Pour en savoir plus, voir les articles bataille de Tsushima, guerres sino-japonaises, guerre russo-japonaise.
10. Les suites de l'ère Meiji (1912-1927)
1912 : mort de Mutsuhito, désormais appelé Meiji tenno. Son fils, Yoshibito, âgé de 33 ans, accède au trône. Sous son règne, le jeu des partis continue. Katsura Taro (1847-1913) tentera d'imposer un pouvoir autoritaire. À sa mort, c'est l'amiral Yamamoto qui est chargé de former le nouveau gouvernement.
1914 : le Japon entre en guerre contre l'Allemagne et soutient les Alliés, de manière à avoir les mains libres en Chine.
1915 : le Japon envoie au dictateur chinois Yuan Shikai un ultimatum en 21 points. La Chine est obligée de céder, et la caste militaire triomphe.
1917 : le gouvernement provisoire russe ne reconnaît pas les accords passés avec le tsar. La Chine entre en guerre aux côtés des Alliés, ce qui met le Japon dans une situation délicate.
1918 : les Japonais pénètrent en Sibérie soviétique et s'opposent aux « rouges ». À la conférence de la paix de Versailles, le Japon obtient toutes les possessions allemandes du Pacifique au nord de l'équateur.
1919 : mort de l'ancien empereur de Corée. Les nationalistes coréens conduits par Syngman Rhee (Lee Sung-man) réclament le départ des Japonais et la liberté. La révolte est noyée dans le sang par les militaires japonais. Au Japon, les libéraux reprennent le pouvoir en alternance avec les militaristes.
1923 : un terrible tremblement de terre détruit entièrement Tokyo et Yokohama. L'empereur, de santé chancelante, a déjà nommé son fils, Hirohito régent depuis deux ans. La loi martiale est proclamée. Mouvement de retour aux traditions et à la xénophobie.
1926 : mort de l'empereur Yoshihito, dont le nom devient Taisho tenno. Son fils Hirohito lui succède et nomme son règne « ère Showa » (« La Paix lumineuse »).

11. La montée du militarisme (1927-1937)

En signant les traités de Washington (1921-1922), qui entérinaient le statu quo entre les grandes puissances en Asie et dans le Pacifique et gelaient les armements navals pour dix ans, les politiciens japonais renonçaient à l'expansion coloniale. L'armée avait vu diminuer son influence de même que son budget. Mais, à la fin de l'ère Taisho, le Japon rentre dans une période de tourmente : corruption politique, poussée des « partis prolétariens », misère et violences rurales provoquées par la concentration des terres. En 1927, les militaires proposent comme solution de reprendre l'expansion coloniale (« mémoire Tanaka »). La crise de 1929 les convainc de passer à l'action. En novembre 1930, ils abattent le Premier ministre Hamaguchi, qui vient d'accepter la prolongation du gel des armements navals (traité de Londres). En septembre 1931, l'armée force la main du gouvernement en occupant la Mandchourie, en violation du système de Washington. Comme le monde des affaires refuse de souscrire un emprunt de défense nationale, le directeur général de Mitsui est assassiné en mars 1932 ; en mai, c'est le Premier ministre Inukai. Terrorisées, les élites civiles abandonnent de facto le pouvoir aux militaires ; la Constitution n'est pas violée. La Diète siège, et les élections se déroulent normalement. Mais l'empereur ne désigne plus que des Premiers ministres soumis aux militaires, qui forment des cabinets extraparlementaires que la Diète n'ose pas renverser. La question qui suscite de vives controverses est de savoir si l'empereur Hirohito est alors le complice actif des militaires ou leur otage.
Les militaires imposent au Japon une organisation de type totalitaire : fusion « volontaire » de tous les partis politiques dans l'Association pour le service du trône (1940), organisation corporatiste de l'économie, encadrement de la population par les 1 120 000 tonarigumi (groupes de voisinage), endoctrinement et répression de toute dissidence par la police secrète Kempeïtaï. L'idéologie repose sur le kokutai et sa vision d'une nation organique, pure, homogène et supérieure – mais sans la volonté systématique d'éliminer les races dites « inférieures » qu'on trouve dans le nazisme. La propagande puise pêle-mêle dans la mythologie shinto, l'éthique samouraï et le confucianisme.
L'empereur est placé au centre de tout. La survie du kokutai est indissociable de celle de sa lignée divine. La nation n'agit que par lui (il légitime le pouvoir exercé en son nom) et pour lui (tous ses sujets lui doivent dévouement jusqu'à la mort). Le tennosei (système impérial) est ainsi le principe actif du totalitarisme japonais. Mais, en même temps, son existence préserve, au cœur même du système, un espace sur lequel l'emprise totalitaire ne s'exerce pas, puisqu'un ordre impérial ne peut pas être contesté. Hirohito, quelle que soit son implication dans les agissements de l'armée, l'utilise pour protéger une « faction de la paix », qui s'organise au palais à partir de 1942, et, tout à la fin, pour mettre un terme à la guerre.
Comme les nazis à leurs débuts, les militaires dénoncent aussi le caractère « antinational » des grands groupes capitalistes (les zaibatsu). Mais, malgré les velléités de l'armée de promouvoir de nouveaux groupes (Nissan, Hitachi), les quatre grands zaibatsu ne feront qu'accroître leur emprise sur l'économie pendant la guerre.

12. La seconde guerre sino-japonaise : 1937-1945
12.1. L'entrée en guerre
Dès 1932, les Japonais ont fait de la Mandchourie l'État fantoche du Mandchoukouo, que la SDN et la Chine refusent de reconnaître. Le Japon quitte alors la SDN, et ses troupes entrent en Chine du Nord (1933). L'armée est divisée sur la stratégie à adopter ; une opération sur Shanghai tourne court (1934). Le 6 février 1936, les généraux proches du palais (faction du Contrôle) éliminent les jeunes officiers extrémistes de la faction de la Voie Impériale. La cohésion de l'armée et ses liens avec les élites civiles sont renforcés. Le 7 juillet 1937, l'offensive générale est lancée contre la Chine.
12.2. L'offensive générale

       

C'est le début d'une fuite en avant. Les Japonais s'emparent des régions côtières et établissent à Nankin un gouvernement chinois à leur dévotion. Ils mènent une guerre de terreur (massacre d'au moins 200 000 civils à Nankin, en 1937). Mais Jiang Jieshi (Tchang Kaï-chek) résiste dans l'intérieur du pays avec l'aide des communistes de Mao Zedong. Les Occidentaux, alarmés par la poussée japonaise vers leurs colonies, l'approvisionnent par la route de Birmanie. Les Japonais s'enlisent, mais la guerre en Europe et la défaite de la France (juin 1940) leur permettent d'envisager d'attaquer Jiang Jieshi par le sud. Ils se rapprochent de l'Axe (pacte tripartite de septembre 1940) et, sous la menace, obtiennent le droit de passer par l'Indochine française et d'en utiliser les ressources (riz, caoutchouc). Les États-Unis s'interposent alors et prennent des sanctions : gel des avoirs japonais, embargo sur le fer et le pétrole. Le Japon se prémunit contre une guerre sur deux fronts en signant un pacte de neutralité avec l'URSS (avril 1941). Le prince Konoe, Premier ministre, tente d'obtenir que Washington reconnaisse les acquis japonais. En octobre 1941, il est remplacé par le commandant en chef de l'armée, le général Tojo Hideki. Le 7 décembre, l'aéronavale japonaise détruit une partie de la flotte américaine du Pacifique à Pearl Harbor.
Pour en savoir plus, voir l'article Seconde Guerre mondiale.

12.3. La capitulation
Après cette victoire, le Japon compte sur sa supériorité aéronavale pour s'emparer de l'Asie du Sud-Est et de ses matières premières, couper la route de Birmanie et s'établir dans les archipels au milieu du Pacifique afin de pouvoir ensuite discuter en position de force. Mais, après six mois de succès, durant lesquelles ses forces parviennent jusqu'aux portes de l'Inde et de l'Australie, il est mis en échec sur mer (îles Midway, juin 1942) et sur terre, à Guadalcanal.
En 1943, les Américains contre-attaquent. La prise de Saipan (juillet 1944) leur permet de bombarder l'archipel qu'ils coupent de l'Asie du Sud-Est en reprenant les Philippines (octobre). Le 1er avril 1945, ils débarquent en terre japonaise, à Okinawa, et prennent l'île au terme de furieux combats (49 000 soldats américains, 110 000 soldats et 150 000 civils japonais tués), marqués par l'utilisation massive des kamikazes.

Le Japon est à bout de forces. Tojo a quitté le gouvernement après la perte de Saipan. Tokyo essaye de négocier une reddition sans occupation ni représailles. Il faut la bombe atomique (Hiroshima, 6 août ; Nagasaki, 9 août) et l'entrée en guerre de l'URSS (8 août) pour que l'empereur impose la capitulation aux ultras et l'annonce à la nation (15 août). Le 30 août, le général Douglas MacArthur atterrit à la tête des unités d'occupation. Hirohito, que les Américains ont préféré maintenir en place, tirera lui-même un trait sur l'idéologie militariste en dénonçant à la radio « l'idée erronée selon laquelle l'empereur est divin et le peuple japonais supérieur aux autres » (1er janvier 1946).
Deux millions de soldats et près de 700 000 civils ont péri. Les grandes villes (sauf Kyoto) sont presque anéanties. La production industrielle est à 10 % de son niveau de 1940. Six millions de soldats et de colons sont rapatriés en désordre. Le pays est à reconstruire.

 

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