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LA MÉMOIRE

 

 

 

 

 

 

 

LA  MÉMOIRE

Notre mémoire se structure en sous-systèmes regroupant, chacun, des souvenirs différents. Le modèle le plus courant consiste à les distinguer en fonction de la durabilité des souvenirs.

Mémoire à court terme

Appelée également mémoire de travail, elle a une capacité limitée : elle permet de conserver un petit nombre d'items en tête pendant quelques dizaines de secondes. Cette forme de mémoire permet la répétition immédiate d'une information - un numéro de téléphone par exemple -, qui peut parfois être « manipulée », pour faire du calcul mental.

Mémoire à long terme

Elle permet de conserver durablement des informations pendant des jours, voire des années. Elle est subdivisée en quatre formes de mémoire différentes : la mémoire épisodique, sémantique, perceptive et procédurale.

1 Mémoire épisodique

Elle conserve les événements personnellement vécus par l'individu, ainsi que leur contexte date, émotions.... Elle donne au sujet l'impression de revivre l'événement initial.

2 Mémoire sémantique

Elle permet le stockage des connaissances générales sur le monde et sur soi profession, taille, âge, etc.. Elle conserve également tout ce qui se rapporte au langage.

3 Mémoire perceptive

Elle conserve les informations apportées par les sens sur la forme des objets, leur texture, leur odeur, et est souvent sollicitée à l'insu du sujet, de façon automatique.

4 Mémoire procédurale

Elle enregistre les gestes dont l'utilisation devient automatique au fil du temps faire ses lacets, conduire une voiture, etc., ainsi que les procédures mentales protocole pour résoudre un problème de mathématiques, par exemple.


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NEUROSCIENCES ET ROBOTIQUE

 

 

 

 

 

 

 

A l'heure des neurosciences


spécial robots - par Jean-Jacques Slotine dans mensuel n°350 daté février 2002 à la page 16 (3027 mots) | Gratuit
Connaît-on l'ascidie, ce petit animal marin qui, après s'en être servi pour se mouvoir, digère tranquillement son cerveau, car il n'en a plus besoin ? Plus que jamais à l'école du vivant, la robotique s'aventure aujourd'hui vers la prise en compte de phénomènes qui vont bien au-delà de la conception classique du « cerveau dans la boîte ».

« Alors la babouine demande timidement au babouin, les yeux chastement baissés : Aimez-vous Bach ? » Albert Cohen .


L'heure est au dialogue entre robotique et neurosciences, et, au-delà des analogies les plus évidentes, à l'élaboration de problématiques communes. Partout dans le monde se créent des centres regroupant neurosciences, biologie, modélisation mathématique et robotique. Témoin de l'ampleur du phénomène : le nouveau McGovern Institute, au MIT, qui va y consacrer pas moins de 350 millions de dollars - à peu près autant que le synchrotron Soleil ! Nous sommes sans doute à l'aube d'une véritable approche « système » de la compréhension du cerveau, réalisant le vieux rêve de la cybernétique.

Cette fertilisation croisée, cette coévolution, pourrait-on dire, n'est certes pas nouvelle. La nature inspirait déjà la robotique du temps des tortues de Grey Walter, en 1950. Mais l'accélération considérable au cours des vingt dernières années des découvertes sur le cerveau, la physiologie de l'action, ou encore l'acquisition de la parole et du langage, a changé la donne. Jim Watson, le codécouvreur de la structure de l'ADN et le promoteur du programme « Génome humain », fait avec raison de la compréhension du cerveau le grand défi scientifique du XXIe siècle. Compréhension susceptible de remettre en question notre conception de la science elle-même : c'est avec notre cerveau que nous créons des théories !

Mais à l'inverse, la robotique peut éclairer la physiologie, l'artificiel illuminer le vivant. Comme le remarque le biologiste Edward O. Wilson, dans son classique Consilience : the Unity of Knowledge 1998 « Le moyen le plus sûr d'appréhender la complexité du cerveau, comme de tout autre système biologique, est de le penser comme problème d'ingénierie . »I 1 L'ambition de la robotique est de comprendre de quelles capacités on peut doter une machine en interaction physique avec son environnement, et comment cette machine peut par elle-même s'adapter et apprendre.

En neurosciences, on associe de plus en plus l'évolution et le développement des processus cognitifs au raffinement des fonctions sensori-motrices2. Le neurologue Rodolfo Llinas3, à l'université de New York, cite l'exemple de l'ascidie, petit animal marin qui, après avoir nagé vers le rocher où il s'installera, digère son cerveau, devenu inutile dès lors qu'il n'a plus à se déplacer ! De même, l'interaction physique et dynamique avec l'environnement, le contrôle du mouvement, poussent la robotique au-delà du domaine conceptuel classique de l'intelligence artificielle, du brain in a box cerveau dans une boîte.

Mémoire parfaite. En règle générale, la robotique est très loin d'égaler la nature, mais ses contraintes ne sont pas les mêmes et, pour certaines tâches, elle fait même mieux que la nature. Malgré la grande flexibilité de positionnement des actionneurs moteurs, muscles artificiels, etc. et des capteurs caméras, encodeurs, etc., le hardware mécanique est très à la traîne, tant en complexité qu'en robustesse et en adaptabilité. En revanche, la robotique bénéficie de la possibilité de coder explicitement des relations mathématiques complexes les équations de la mécanique, par exemple, permettant souvent soit des raccourcis à travers les calculs de la nature, soit des techniques fondamentalement différentes. Les robots possèdent également une mémoire parfaite et une capacité de répétition exacte. Si l'on veut qu'un robot apprenne à marquer des paniers au basket-ball, il lui suffit de déterminer une fois pour toutes la relation entre son mouvement et l'endroit où la balle tombe : problème mathématique simple qui conduira à un apprentissage rapide. Le robot dispose également de possibilités de simulation en temps très accéléré, alors qu'il faut à l'homme à peu près autant de temps pour imaginer un mouvement que pour l'effectuer. Un robot peut « penser » en 5 ou 10 dimensions aussi facilement qu'en 3. Enfin la robotique tire profit de l'accélération constante des moyens de calcul4, au point de pouvoir calculer plus vite que la nature elle-même.

Un autre avantage des robots sur les systèmes biologiques est la rapidité de la transmission de l'information. La vitesse de transmission des impulsions nerveuses est bien inférieure à la vitesse du son. Elle est donc environ un million de fois plus petite que celle de l'information dans un câble électrique. De plus, à chaque connexion synapse entre neurones le signal électrique est transformé d'abord en signal chimique, puis de nouveau en signal électrique à l'arrivée, perdant chaque fois environ 1 ms : un peu comme un train qui prend un ferry-boat. Ce rôle central des délais conditionne certains aspects de l'architecture des systèmes biologiques, par exemple l'organisation massivement parallèle des calculs dans les cent milliards de neurones du cerveau et leurs millions de milliards de synapses. Laquelle architecture parallèle, il faut le reconnaître, se prête particulièrement bien aux problèmes d'approximation distribuée, c'est-à-dire d'apprentissage.

Cette question du temps est aussi au coeur de bien des aspects importants de la robotique, qu'il s'agisse de la téléprésence - comment commander un robot à l'autre bout de la planète ou au fond de l'océan, « comme si vous y étiez » -, pour coordonner la vision par ordinateur et la manipulation, et, comme chez les êtres vivants, pour tous les mécanismes permettant l'unité de la perception binding.

Notre laboratoire a beaucoup étudié l'adaptation et la coordination vision-manipulation5,6, et leur illustration expérimentale sur des robots rapides. Comment un robot attrape-t-il un objet qu'on lui lance ? Il doit anticiper la trajectoire de l'objet, sur la base d'informations visuelles - obtenir ces informations avec une précision suffisante peut nécessiter d'utiliser des caméras mobiles, comme le fait l'oeil quand il suit un objet en mouvement. Il doit planifier une trajectoire pour intercepter l'objet et l'attraper - il peut être judicieux, par exemple, d'attraper l'objet tangentiellement à sa trajectoire, de façon à nécessiter moins de précision du timing de la fermeture de la main, et aussi à attraper l'objet plus délicatement. Une fois l'objet attrapé, il faut le décélérer progressivement et ne pas le laisser tomber, en s'adaptant très vite à ses propriétés dynamiques inconnues masse, position du centre de masse, moments d'inertie. Ces travaux nous ont conduits à rechercher des méthodes et des concepts généraux pour aborder systématiquement des questions de plus en plus complexes, impliquant une réflexion plus directe sur ce que nous apprend le monde du vivant.

Primitives motrices. La solution de la nature à la construction progressive de tels systèmes est, bien sûr, l'évolution. Tout objet biologique, et le cerveau en particulier, résulte de l'évolution. Celle-ci procède par accumulation et combinaisons d'éléments intermédiaires stables, créant ainsi des structures fonctionnelles de plus en plus complexes7,8. Selon la formule de François Jacob, « De la bactérie à la drosophile, quel bricolage depuis trois milliards d'années ! » La réponse émotionnelle humaine, par exemple, combine deux éléments intermédiaires stables, une boucle archaïque rapide ne passant pas par le cortex, et une boucle corticale plus lente9. Le système immunitaire humain se compose d'une série de couches fonctionnelles, où se combinent notamment des mécanismes rapides et archaïques d'immunité innée, et des mécanismes plus lents d'immunité acquise ou adaptative, dont le temps de réponse dépend de l'exposition antérieure au pathogène.

De même, l'architecture de contrôle du mouvement chez les vertébrés utilise des combinaisons de primitives motrices. Emilio Bizzi et ses collègues, au MIT, ont fait, sous divers protocoles expérimentaux, l'expérience suivante. On excite la moelle épinière d'une grenouille anesthésiée, et un capteur placé sur la cheville de l'animal mesure le champ de forces ainsi créé. Deux conclusions. Tout d'abord, si l'on déplace l'excitation le long de la moelle épinière, on n'obtient que quatre champs de forces, correspondant à quatre régions de la moelle. De plus, si l'on excite deux régions en même temps, on obtient essentiellement la somme vectorielle des champs de forces. Ces résultats et des expériences plus récentes suggèrent que les mouvements de la grenouille, par exemple quand elle saute pour attraper un insecte, sont obtenus par simples combinaisons de primitives motrices élémentaires, modulées temporellement dans la moelle épinière sur la base d'informations provenant du cerveau.

Les accumulations progressives de configurations stables sont un thème récurrent dans l'histoire de la cybernétique et de l'intelligence artificielle, depuis les tortues de Grey Walter à la « Society of Mind10 » de Marvin Minsky 1986, en passant par les architectures hiérarchiques de Herbert Simon11 1962, les véhicules de Valentino Braitenberg12 1984, et autres insectes de Rodney Brooks13 1986, 1999.

Ces accumulations progressives forment aussi la base de théories récentes sur le fonctionnement du cerveau, qui privilégient l'interaction massive entre structures spécialisées pour expliquer la pensée et la conscience14,15,16.

Un des thèmes centraux des neurosciences est de comprendre comment des informations provenant de diverses modalités sensorielles, traitées par des centaines de régions spécialisées dans le cerveau, aboutissent à une perception unifiée. Dans le seul système visuel, par exemple, certaines aires corticales traitent les contours, d'autres les formes, le mouvement, les distances, la couleur... Mais ces processus sont inconscients. Vous ne voyez qu'un enfant en train de jouer au ballon sur la plage. Des recherches récentes suggèrent que cette unité de la perception, sans système centralisé de coordination « Il n'y a pas d'aire en chef » , comme le dit Gerald Edelman, pourrait essentiellement être le résultat de milliers de connexions réciproques entre aires spécialisées, particulièrement dans le système thalamo-cortical. Le thalamus est une formation qui a évolué avec le cortex. Toutes les informations sensorielles qui arrivent au cortex passent par le thalamus, où elles sont sélectionnées. De plus, beaucoup des connexions entre les différentes aires du cortex passent également par le thalamus17.

Boucles lentes. Il s'agit là de boucles rapides. La description se complique si on intègre l'existence de milliers d'autres boucles, « lentes » et inconscientes, qui partent du cortex, passent par les ganglions de la base ou le cervelet deux structures intervenant notamment dans la planification et dans le contrôle des mouvements, puis par le thalamus, avant de revenir au cortex. D'autres boucles encore passent par l'hippocampe une autre structure, liée à la mémoire à long terme. L'un des rôles de ces boucles pourrait être de permettre une sorte de « jeu des vingt questions » sélectionnant les informations les plus pertinentes pour une tâche donnée. Le délai de transmission de l'information à travers chacune de ces boucles est de l'ordre de 150 ms. Comment le système converge-t-il malgré ces délais ?

Intrinsèquement, accumulations et combinaisons d'éléments stables n'ont aucune raison d'être stables, et donc d'être retenues à l'étape suivante de l'évolution ou du développement. D'où notre hypothèse que l'évolution favorise une forme particulière de stabilité, automatiquement préservée en combinaison. Une telle forme de stabilité peut être caractérisée mathématiquement. Cette propriété, dite de contraction, fournit également un mécanisme très simple de construction progressive de systèmes robotiques arbitrairement complexes à partir d'un grand nombre de sous-systèmes eux-mêmes contractants, en sachant que la stabilité et la convergence des combinaisons seront automatiquement garanties18.

Plus spécifiquement, un système dynamique non linéaire est contractant s'il « oublie » exponentiellement ses conditions initiales. Autrement dit, si l'on perturbe temporairement un tel système, il reviendra à son comportement nominal - il reprendra ce qu'il était en train de faire - en un temps donné. On peut montrer que ce type de système peut être caractérisé par des conditions mathématiques relativement simples. Mais surtout que la propriété de contraction est automatiquement préservée par toute combinaison parallèle, en série ou hiérarchique, et certains types de rétroaction ou recombinaison dynamique de sous-systèmes eux-mêmes contractants. Permettant du coup de jouer au Lego avec des systèmes dynamiques19.

Remarquons qu'au moins pour des petites perturbations, un tel type de robustesse est en fait une condition nécessaire à tout apprentissage : un système dont les réponses seraient fondamentalement différentes à chaque essai serait incompréhensible.

Revenons à la grenouille d'Emilio Bizzi. L'architecture simplifiée mise à jour est intéressante intuitivement, car elle réduit considérablement la dimension et donc la complexité des problèmes d'apprentissage et de planification. Mathématiquement, ce type d'architecture est proche du concept - très classique en robotique - de champs de potentiels, où l'on utilise les moteurs du robot pour créer des « ressorts » virtuels dans des problèmes de navigation et de contrôle. Mais il en est aussi différent, de par la modulation temporelle des primitives, elle-même le résultat de processus dynamiques en amont. On peut montrer que chacune des primitives motrices de la grenouille vérifie la propriété de contraction, et donc que toutes ces combinaisons, parallèles et hiérarchisées, sont automatiquement stables.

Les signaux mesurés dans le système nerveux, par exemple ceux impliqués dans le contrôle du mouvement, correspondent rarement à des quantités physiques « pures », mais plutôt à des mélanges2, par exemple de positions et de vitesses. Alors qu' a priori ces signaux composites pourraient paraître mystérieux ou même être des imperfections, ils relèvent sans doute de bonnes raisons mathématiques. En effet, on peut montrer que l'utilisation de combinaisons judicieuses de variables peut réduire très sensiblement la complexité des problèmes d'estimation et de contrôle, et même réduire l'effet des retards de transmission de l'information.

En théorie du contrôle, par exemple, on utilise souvent des variables dites « de glissement » sliding variables , combinaisons linéaires d'une quantité et de ses dérivées temporelles. Ces combinaisons peuvent être facilement choisies de façon à réduire un problème d'ordre quelconque à un problème du premier ordre, beaucoup plus simple à résoudre. Elles correspondent à créer mathématiquement des séries de modules contractants.

D'autres problèmes que le système nerveux doit résoudre sont essentiellement identiques à des problèmes résolus par les ingénieurs. Dans le système vestibulaire humain l'oreille interne, par exemple, les « otolithes » mesurent l'accélération linéaire, et les « canaux semi-circulaires » mesurent la vitesse angulaire au moyen d'une mesure tres filtrée de l'accélération angulaire. Cette configuration est essentiellement la même que dans les systèmes dits strapdown de navigation inertielle sur les avions modernes, où un algorithme classique utilise ces mêmes mesures pour estimer la position et l'orientation de l'avion.

Faculté de prédire. Une notion essentielle à prendre en compte est la faculté de prédire2,3. Prédire est l'une des principales activités du cerveau. On la retrouve dans l'anticipation de la trajectoire d'une balle à attraper20, l'évitement d'obstacles mobiles, la préparation du corps à l'éveil dans les dernières heures de la nuit, voire dans l'aberrante efficacité de l'effet placebo plus de 30 % dans la plupart des maladies bénignes.

Prédire joue également un rôle fondamental dans la perception active orienter le regard, par exemple et l'attention. Dans le système nerveux, l'information est sélectionnée, filtrée, ou simplifiée à chaque relais sensoriel. Si l'on considère par exemple la partie du thalamus correspondant à la vision, moins de 10 % des synapses amènent des informations provenant des yeux et déjà préfiltrées au passage, et toutes les autres synapses servent à moduler ces informations17 !

Du point de vue mathématique, toutes ces questions relèvent de la théorie des observateurs, qui sont des algorithmes utilisés pour calculer ou pour prédire l'état interne d'un système en général non linéaire à partir de mesures partielles, souvent externes et bruitées. Typiquement, un observateur se compose d'une simulation du système utilisant un « modèle interne » peut-être approximatif, guidée et corrigée par les mesures prises sur le système. Dans les problèmes de perception active et sous certaines conditions, l'observateur permet aussi de sélectionner, a priori , la mesure ou la combinaison fusion de mesures à effectuer qui seront les plus utiles pour améliorer l'estimation de l'état du système à un instant donné, une idée inspirée du système nerveux et utilisée aujourd'hui dans les systèmes de navigation automobile automatique.

Parce qu'ils se fondent sur des mesures partielles, les observateurs permettent aussi de généraliser à des processus dynamiques la notion de mémoire adressable par le contenu content-addressable memory , chère aux amateurs de réseaux de neurones artificiels. Par exemple, une personne peut être reconnue à partir seulement d'une image de ses yeux, un concerto de Ravel à partir des premières mesures. Et, dans un processus physiologique minutieusement décrit, élaboré sur le plus archaïque de nos sens, la madeleine de Proust conduit automatiquement aux huit volumes de la Recherche .

Pour le problème de l'unité de la perception, la notion de contraction suggère un modèle possible pour expliquer la convergence globale des interactions rapides dans le système thalamo-cortical et la variation régulière de la perception au fur et à mesure que les données sensorielles changent : il suffirait que la dynamique de chacune des aires impliquées soit contractante. Inversement, le principe d'un vaste réseau de systèmes contractants spécialisés, totalement décentralisé mais globalement convergent, peut être utilisé dans un système artificiel pour intégrer diverses informations sensorielles et algorithmes de traitement. De plus, on peut montrer que ces boucles d'interaction sont un moyen particulièrement efficace et rapide de partager le traitement de l'information entre divers systèmes, puisque le temps de réponse de l'ensemble ne dépasse pas celui du système le plus lent. Cette rapidité contraste fortement avec celle d'une architecture centralisée ou hiérarchisée, où les temps de réponse s'accumulent et deviennent totalement prohibitifs pour de grands systèmes.

Téléprésence. Petite note historique : en Union soviétique, les discours fleuve annuels sur le socialisme scientifique ont suivi, littéralement, l'évolution de la cybernétique interprétée au sens large comme science du « gouvernement » et ont donc vu apparaître au début des années 1980 les ancêtres des systèmes décentralisés que nous venons de décrire. On connaît la suite.

Un problème similaire à celui des boucles lentes se rencontre en téléprésence, où des délais de transmission non négligeables entre robot-maître et robot-esclave créent d'importants problèmes de stabilité. L'une des façons de le résoudre est d'utiliser pour les transmissions un type particulier de variable composite, qui revient à ce que chaque transmission simule une onde dans une poutre mécanique virtuelle. En effet, une poutre transmet des ondes dans deux directions avec des délais, mais est naturellement stable. Le cerveau utilise-t-il de telles combinaisons dans ses boucles lentes14,18,21 ?

Ce type d'architecture et de telles « variables d'onde » pourraient également être exploités dans d'autres systèmes artificiels. Par exemple, dans les problèmes de calcul asynchrone distribué, où des milliers d'ordinateurs, communiquant entre eux par Internet, doivent être coordonnés pour résoudre un problème commun.

Par Jean-Jacques Slotine

 

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L'ESPRIT ...

 

QU'EST-CE QUE L'ESPRIT ? LE POINT DE VUE D'UN ANTHROPOLOGUE


L'idée d'esprit ne peut être conçue qu'en opposition au corps ou au cerveau. Cette opposition semble largement répandue, sinon universelle, dans les sociétés humaines, sous une forme ou sous une autre, le spirituel ou l'immatériel étant opposé à la chair, au monde, au matériel. Elle est donc liée à la notion du corps et de l'âme, un dualisme dont on trouve une version extrême dans les croyances cathares que ce qui est du monde a une valeur négative en comparaison du spirituel et que pour les Parfaits, c'est une faute de procréer des enfants et perpétuer le mal.
Ce dualisme a tendu à être mis de coté dans les discussions récentes par les psychologues et les philosophes bien que la différence entre les actions volontaires et les actions automatiques et la question de la conscience soulèvent encore des problèmes. Il reste cependant un autre problème. Jusqu'à quel point les opérations mentales (l'esprit) sont-elles organisées par les processus génétiques vus comme gabarits ou comme dispositions ou jusqu'à quel point sont-elles le produit du comportement appris, de la culture. L'approche de la science cognitive prend la première orientation très fermement , mais il faut laisser de la place pour la transformation des opérations mentales à travers les changements des technologies de l'intellect, comme l'usage du langage, l'écriture, le mot imprimé ou numérisé.


Statut
Anthropologue
Diplômes
- Docteur en Anthropologie (Ph.D., Cambridge, 1954)
- Professeur Honoraire à l'Université de Cambridge
Parcours
1961 : enseignant au St John's College à Cambridge, et Professeur invité à l'Institut d'Etudes Africaines et au Département de Sociologie de l'Université du Ghana
1966-1973 : directeur du centre des études Africaines à Cambridge
1973-1984 : professeur d'anthropologie sociale à Cambridge
1973-1986 : directeur d'études associé à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales à Paris
1979-1980 : chercheur au Center for Advanced Studies in the Behavorial Sciences, Palo Alto, Californie
1986 : Chercheur invité au Musée National des Arts et Traditions Populaires à Paris, et Professeur invité au National Museum of Ethnology à Osaka (Japon)
Prix
- International Prize for Cognitive Studies de la fondation Fyssen (avril 1991)
- la Gold Medal of the Swedish Society for Anthropology and Geography (1991)
- IIchiko Prize for Cultural Studies de Tokyo (1993).
- Officier de l'Ordre des Palmes Académiques (1993), Officier des Arts et Lettres (2001).
Spécialités
Jack Goody a commencé à travailler sur les sociétés dans le nord du Ghana, où il est allé à plusieurs reprises. Il a également travaillé sur la Thaïlande, sur l'Asie (Inde, Hong-Kong, Chine du Sud…). Il a beaucoup travaillé sur l'écriture et son impact sur les sociétés, sur la cuisine, les fleurs ou la famille et les structures familiales. Il a développé une anthropologie comparative en analysant les rapports entre les sociétés et les cultures.
Sociétés savantes
Il est membre de l'American Academy of Arts and Sciences et de la British Academy.

 

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LES TROUBLES DU LANGAGE CHEZ L'ENFANT

 

 

 

 

 

 

 

Les troubles spécifiques du langage oral chez l'enfant :


du retard sévère aux dysphasies de développement
R. Cheminal, B.Echenne, Service de neuropédiatrie, CHU de Montpellier

1- Définition :
Les troubles spécifiques du langage sont définis comme une perturbation durable et significative de la structuration du langage parlé, chez un enfant normalement intelligent, qui entend bien, qui a envie de communiquer, qui n'a pas d'autre pathologie neurologique gênant la communication orale.
Il s'agit de troubles qui interfèrent avec les capacités de communication de l'enfant et avec ses possibilités d'apprentissage dans une civilisation de tradition orale dès l'école maternelle. Par la suite, l'enfant va être en difficulté dans l'apprentissage du langage écrit, donc dans sa scolarité et dans sa vie sociale. 
Ces pathologies doivent être connues et reconnues des enseignants et ce d'autant plus qu'elles sont par définition, durables : les implications pédagogiques seront donc constantes et les adaptations nécessaires tout au long de la scolarité de l'enfant.
2- Démarche diagnostique :
Devant un enfant qui ne parle pas, qui parle mal, qui paraît ne pas comprendre quand on s'adresse à lui, la démarche du clinicien se fera en plusieurs étapes :
La première étape permet d'affirmer le décalage dans les acquisitions langagières par rapport aux normes établies pour l'âge de l'enfant.
La deuxième étape consiste à éliminer un certain nombre de pathologies qui empêchent la structuration du langage par l'enfant avant d'affirmer qu'il existe un trouble spécifique du langage. La construction du langage par l'enfant est une construction active : l'enfant entend, analyse et fabrique son propre langage ; il a besoin d'entendre, d'écouter, de pouvoir déduire, d'avoir envie de communiquer. Pour affirmer un trouble spécifique, il faudra donc : 
- éliminer une surdité
- éliminer un trouble envahissant du développement
- éliminer une déficience mentale
Dans un troisième temps, il faudra typer le trouble spécifique : " retard " ou " dysphasie " ? Même si la terminologie américaine actuelle regroupe dans le cadre des SLI, " specific language impairment " ces 2 notions, pour nous elles méritent en pratique d'être séparées en raison de la différence dans l'évolution et le pronostic. Quand le diagnostic de dysphasie sera retenu il faudra en spécifier le type.
Ce n'est qu'au terme de cette démarche rigoureuse que l'on pourra proposer une conduite thérapeutique et une pédagogie adaptée.
2-A : La connaissance parfaite du développement normal du langage et de ses limites permet d'affirmer le décalage
Il existe une grande variabilité dans l'âge de début d'apparition du langage, dans sa rapidité d'enrichissement et dans l'acquisition de sa maîtrise totale. Dans la majorité des cas, il s'agit d'une variabilité individuelle normale, analogue à celle que l'on rencontre pour toutes les fonctions en développement. Ailleurs toutefois, la situation se situe au-delà du physiologique, et l'on parle alors de trouble du langage. Même en tenant compte de ces variations individuelles, il est des limites au-delà desquelles on doit considérer la situation comme anormale.
Nous avons ainsi défini de façon arbitraire un certain nombre de paramètres utiles dans la pratique quotidienne et dont l'existence permet de parler de retard dans le développement du langage.
Ce sont :
- l'absence complète de langage à 18 mois
- l'absence d'association de mots à 24 mois
- l'inintelligibilité de la production langagière au-delà de 24 mois
- l'absence de construction syntaxique au-delà de 36 mois
- la non utilisation du pronom personnel " je " au-delà de 36 mois
Ce sont toujours les troubles expressifs qui attirent l'attention des parents. En fonction de l'âge de l'enfant les problèmes posés seront abordés de manière différente :
Entre 18 mois et 3 ans, il n'existe pas de moyen d'évaluation qui permette de distinguer de manière reproductible des situations aussi différentes qu'un simple retard de parole ou une dysphasie. Seuls peuvent être éliminés un autisme ou une déficience mentale. Un suivi régulier s'impose sans être inutilement alarmiste auprès des parents, ni abusivement rassurant.
Entre 3 et 4 ans, la persistance des troubles du langage impose la réalisation d'un certain nombre d'évaluations utilisant des batteries standardisées inutilisables avant 3 ans ; ces batteries permettent d'approcher le diagnostic sans toutefois pouvoir l'affirmer :
- En faveur du diagnostic de retard de parole et de langage des désordres purement expressifs, ou presque, touchant essentiellement la phonologie toujours dans le sens d'une simplification et des difficultés de compréhension, quand elles existent, qui touchent plus la compréhension des phrases que des mots isolés.
- En faveur d'une dysphasie : des troubles réceptifs touchant préférentiellement la compréhension des mots isolés et des troubles expressifs caractérisés par des phénomènes de complexification et des structures syntaxiques aberrantes.
Entre 4 et 8 ans, le caractère anormal du langage parlé devient évident ; plusieurs situations peuvent être isolées :
- absence totale de langage 
- inintelligibilité ou déformations plus ou moins marquées des phonèmes avec fluence en général diminuée 
- dissociation entre une compréhension décrite comme normale et une expression pauvre, déformée ou déviante 
- dissociation entre un vocabulaire correct, parfois riche et un développement syntaxique insuffisant avec une grammaire rudimentaire 
- dissociation entre vocabulaire, fluence et pragmatique chez d'autres enfants 
- difficulté isolée à retrouver des mots pourtant connus 
Au-delà de 8 ans, on est sorti en principe du cadre du retard de langage et on est toujours dans le domaine de la pathologie et donc des dysphasies après avoir éliminées les autres pathologies. Les troubles du langage peuvent être abordés de manière plus fine sur le plan linguistique.
2-B : Eliminer une autre pathologie permet d'affirmer un trouble spécifique du langage 
Devant les signes d'alarme ou d'inquiétude que nous venons de décrire, il nous paraît indispensable d'adopter les mesures suivantes :
- éliminer une surdité par une audiométrie subjective tonale et/ou vocale et éventuellement par l'étude des potentiels évoqués auditifs.
- éliminer une déficience mentale dont le retard de langage est souvent le premier signe. Il faudra donc analyser les potentialités globales de l'enfant par des batteries adaptées à son âge et à son niveau intellectuel : échelle de Mac Carthy entre 3 et 8 ans, Kauffman ABC à partir de 2 ans, W.P.P.S.I. entre 4 et 6 ans, W.I.S.C-III à partir de 6 ans.
- éliminer un trouble envahissant du développement par l'étude des interactions non verbales et du comportement affectif. C'est théoriquement un diagnostic facile. Mais 40% des enfants qui ont un trouble spécifique grave du langage peuvent développer des troubles du comportement parfois très précoces, sans qu'il n'y ait jamais cependant de troubles interactifs aussi importants que dans les syndromes autistiques. Un avis pédopsychiatrique sera sollicité dans ces cas. Dans certains cas difficiles une observation prolongée est cependant indispensable pour trancher.
2-C : De quels moyens disposons-nous pour typer, puis classer le trouble du langage ?
Les étiologies précédentes étant exclues, reste à envisager les troubles de structuration du langage, à départager entre troubles fonctionnels (retard de parole et de langage) et troubles structurels (dysphasies) puis éventuellement à typer la dysphasie. Il faut donc réaliser une analyse des caractéristiques linguistiques du langage. Les outils d'analyse seront différents en fonction de l'âge, ils doivent permettre d'apprécier, de la manière la plus fine possible, les différents temps de la chaîne parlée de la perception des sons du langage aux gestes moteurs nécessaires pour s'exprimer verbalement. Les outils d'analyse utilisés dans le service de neuro-pédiatrie du CHU de Montpellier sont résumés dans le tableau suivant : 

Praxies bucco-faciales : items tirés de la Batterie d'évaluation psycholinguistique de Chevrie-Muller
Articulation : Batterie de Chevrie-Muller
Versant réceptif du langage :
Identification des sons non verbaux
Analyse des stratégies non verbales d'aide à la compréhension
Phonologie :
-gnosies auditivo-perceptive (Batteries de Chevrie-Muller, test phonétique de Lafon)
-épreuves de dénomination et de répétition de la Batterie de Chevrie-Muller
-test d'Ausseterre-Lacert
Linguistique :
-vocabulaire : test de Légé et Dague, test E.C.O.SS.E, test de Deltour, contres épreuves orales du test de California, EVIP
-syntaxe : Batteries de Chevrie-Muller, test E.C.O.SS.E, token test ; évaluation des stratégies de compréhension en situation orale de Khomsy
-compréhension d'un récit
Versant expressif du langage :
Phonologie : épreuve de répétition et de dénomination de Chevrie-Muller
Vocabulaire : épreuve de dénomination de Chevrie-Muller, adaptation pour les enfants de l'épreuve de Bachy-Langedock
Syntaxe : épreuves de définition de Deltour, test des closures grammaticales de Deltour
Tests de fluence verbale
Analyse du dialogue en situation libre



3-Classification des troubles spécifiques du langage :
L'application de la démarche des différentes techniques d'évaluation des compétences verbales et non verbales de l'enfant que nous avons décrites permet d'aboutir à un diagnostic de trouble de structuration du langage dont l'analyse va s'affiner avec le temps.
On peut distinguer :
3-A-Le retard de parole :
C'est une modification de la structure phonétique des mots avec des erreurs dans la combinaison de phonèmes juxtaposés par influence réciproque des différents phonèmes voisins, alors que les mêmes phonèmes sont correctement prononcés lorsqu'ils sont isolés. Ce sont d'abord la persistance à 3-4 ans, d'un parler " bébé ", ceci sur des mois ou quelques années. C'est plus tard la non-acquisition de certaines consonnes alors que le langage lui-même (choix et ordre des mots) est normal.
3-B-Le retard de langage :
Schématiquement, 2 éventualités peuvent se rencontrer :
- Chez certains enfants, le décalage est purement chronologique ; les acquisitions se font dans un ordre normal mais, de manière étalée, avec un décalage inhabituel qui peut aller de quelques mois à une voire deux années.
- Chez d'autres, et le plus souvent, le trouble est à la fois chronologique, qualitatif et quantitatif. On peut observer, outre les éléments témoignant d'un retard de parole des difficultés à structurer le langage. Les difficultés sont essentiellement expressives : limitation quantitative du stock lexical, difficultés à acquérir de nouveaux mots, syntaxe approximative, simplifiée, non-utilisation de certains temps, confusions touchant certains mots de liaison ; lorsque la compréhension est touchée les difficultés portent sur la compréhension des phrases plus que sur celle des mots isolés.
3-C-Les dysphasies :
Le diagnostic entre retard sévère prolongé et dysphasie n'est pas toujours facile :
En faveur d'une dysphasie :
- Les troubles de la compréhension d'autant plus qu'ils touchent la compréhension des mots isolés ;
- Des éléments de déviance touchent tous les domaines de l'expression, même si il n'existe pas de marqueur linguistique spécifique : hypospontanéité verbale, erreurs de phonologie allant dans le sens d'une complexification avec des erreurs non-reproductibles, troubles de l'évocation lexicale, dyssyntaxie ou agrammatisme, manque d'informativité du discours.
En faveur d'un retard de langage :
- La prédominance des troubles expressifs avec un parler d'enfant plus jeune : phonologie simplifiée, erreurs reproductibles, syntaxe en style télégraphique ;
- La compréhension est en rapport avec le niveau intellectuel non verbal.
Le diagnostic de dysphasie étant posé : comment classer les dysphasies ?
La classification de référence est celle d'Isabelle Rapin et Doris Allen qui s'appuie sur le schéma classique des voies du langage réception, analyse, programmation, expression et permet de distinguer des dysphasies réceptives (agnosies verbales, autres dysphasies réceptives ou mixtes) des dysphasies expressives. Il existe par ailleurs des formes inclassables et des cas particuliers. Il nous paraît important d'insister sur le fait que les dysphasies sont des pathologies durables qui accompagnent l'enfant tout au long de la vie et dont l'expression va évoluer en fonction du potentiel propre de chaque enfant et de la prise en charge proposée : tel enfant qui présentait à 8 ans une dysphasie phonologicosyntaxique, présentera à 11 ans une dysphasie anomique.
3-C-a : les dysphasies réceptives ou mixtes :
Tout trouble réceptif entraînera une difficulté expressive, d'où la notion de dysphasie réceptive ou mixte. On peut distinguer :
a- L'agnosie verbale ou auditivoverbale :
Elle se définit par l'incapacité à reconnaître les sons du langage malgré une audition normale. Cette incompétence peut concerner à la fois les sons verbaux et non verbaux, ou se limiter aux sons verbaux. 
Cliniquement ces enfants se comportent comme des enfants sourds. L'audiométrie subjective peut donner l'impression d'une surdité, d'où le risque considérable d'erreurs de diagnostique, et, au moindre doute la nécessité de réaliser des potentiels évoqués auditifs. 
La production orale de ces enfants est absente ou très réduite. La mise en place précoce de stratégies de compensation est la règle : mimiques, onomatopées, gestes sont surtout utilisés dans les échanges avec l'entourage. Chez certains, vont apparaître très vite des attitudes de repli et d'évitement : ce sont ces formes là qui posent un problème de diagnostic différentiel avec un syndrome autistique ou un autre trouble psychiatrique. Les difficultés à communiquer et les troubles de compréhension vont générer très vite des troubles du comportement soit de type agressif, soit de type anxieux, avec toutes les erreurs d'orientation et de prise en charge qui peuvent en découler.
b-Les dysphasies phonologicosyntaxiques :
Ce sont les plus fréquentes des dysphasies. Le trouble expressif paraît souvent prédominant, car spectaculaire, il limite les possibilités d'expression et de communication. Dans l'ensemble le langage de ces enfants est très pauvre, avec un vocabulaire restreint et de nombreuses confusions de phonèmes. Les erreurs se situent essentiellement au niveau phonologique et syntaxique : l'enfant est en général dysfluent, avec un stock verbal pauvre, avec une non utilisation des mots de fonction, des articles, des prépositions. L'agrammatisme est net. Il existe souvent un manque du mot, compensé par des paraphasies sémantiques, phonémiques, des périphrases mal syntaxées et plus ou moins informatives. Le trouble réceptif, même s'il n'est pas au premier plan, est constant, parfois proche de l'agnosie verbale, parfois plus limité à un domaine plus particulier du langage : mots isolés, substantifs, adjectifs, mots de liaisons, voire notion spécifique temporelles ou spatiales.
c-Autres formes réceptives non classables : 
Nous avons rencontré un certain nombre d'enfants qui avaient un trouble sélectif de la compréhension du vocabulaire et des structures syntaxiques, sans troubles gnosique : lorsque ces enfants ont une excellente mémoire verbale, leur niveau expressif paraît supérieur à leur niveau réceptif. Ils utilisent des phrases entières qu'ils ont mémorisées comme des mots même s'ils n'arrivent pas à les analyser correctement. A la différence des précédents leur langage reste informatif. Les difficultés expressives apparaissent en situation contrainte plus qu'en langage spontané.

3-C-b :Les dysphasies à prédominance expressive
a- La dysphasie lexico-sémantique 
Elle est caractérisée par une difficulté élective à trouver ses mots et en apparence paraît expressive. En fait il existe toujours associé un trouble de la compréhension du langage oral ou écrit. Le langage spontané est souvent correct mais ces enfants ont souvent des difficultés à dénommer, à élaborer un récit sur demande, à commenter un récit ou des images, à trouver le mot adéquat ou la forme verbale adaptée, alors qu'ils n'ont pas de problème en répétition de mots ou de phrases ; Les paraphasies phonétiques et sémantiques sont fréquentes. C'est ainsi que cette forme apparaît dans la classification d'Isabelle Rapin. On peut, à notre avis la subdiviser en deux catégories en fonction de la sévérité, de l'atteinte réceptive et de l'évolutivité : 
- la dysphasie anomique dyssyntaxique, où le manque du mot et les déviances syntaxiques persistent ; la compréhension est rarement normale quand on l'analyse finement.
- la dysphasie anomique normosyntaxique qui se présente chez l'enfant jeune comme la forme précédente, puis va évoluer vers une amélioration de la syntaxe et de la phonologie, la compréhension est normale, le manque du mot est sévère. Chez ces enfants on rencontre une dissociation importante entre le QIP et le QIV qui a pu atteindre 40 points dans certains cas. L'apprentissage du langage écrit est pour eux très difficile ; la plupart deviendront des dyslexiques.
b- Le syndrome de trouble de la programmation phonologique 
La compréhension est normale ou subnormale, les enfants sont fluents mais inintelligibles en raison d'une phonologie totalement déformée ; la syntaxe peut être correcte, mais parfois déformée. Ces enfants sont capables de répéter des phonèmes mais pas de les programmer. Selon l'âge et les perturbations linguistiques mises en évidence, on peut distinguer :
-les troubles de programmation phonologique ;
-les troubles de programmation phonologique et syntaxique ;
-les troubles de programmation complexe, dans lesquels, si le trouble de programmation est évident, on met également en évidence un trouble réceptif. Dans ces cas-là on est proche des dysphasies phonologicosyntaxiques.
3-C-c-Les dysphasies sémanticopragmatiques :
Cliniquement elles se présentent comme un trouble prédominant sur le versant sémantique de l'expression verbale. le contenu du langage est peu informatif, souvent inadéquat, alors que la fluence est normale voire très riche ; la mémoire auditive est excellente. Ces enfants perçoivent correctement les sons du langage, les mots, qu'ils peuvent répéter ; ils sont incapables d'en comprendre la signification. L'accès aux raisonnements complexes et aux productions complexes est impossible. Une écholalie très marquée caractérise le comportement verbal de ces enfants qui paraissent parler plus pour maintenir un contact que pour transmettre une information. C'est une variété exceptionnelle de dysphasie qui peut poser un problème de diagnostic avec un syndrome d'Asperger.
3-D-Les frontières des dysphasies : apraxies et dyspraxies :
Les difficultés langagières qui se situent au niveau de la programmation du geste moteur sont pour nous au-delà de l'organisation du langage comme le sont les dysarthries : ces enfants ont des productions qui restent très pauvres, réduites à quelques mots-phrases déformés (apraxies verbales) ou parfois à des expressions rudimentaires, mais avec une fluence très faible, un stock lexical actif très pauvre (dyspraxie verbale).
4 - Intérêt des classifications : du bilan à la prise en charge :
Il est probable que l'on pourra mettre en évidence un jour le caractère artificiel de cette classification. On considérera alors qu'il existe un continuum entre des troubles réceptifs gnosiques mineurs, présents dans certains retards de langage qui évoluent vers une normalisation de surface du langage parlé, mais des troubles du langage écrit et les troubles de programmation phonétique de certains phonèmes en fait mal intégrés par la boucle articulatoire.
C'est cependant la manière dont se présentent ces enfants en clinique et la connaissance de l'évolution en fonction de la forme qui permet de choisir un programme adapté de rééducation et de pédagogie.
Il paraît important de rappeler que les dysphasies sont des troubles durables et qu'il faut privilégier la qualité de l'informativité du langage et la richesse de l'information apportée à l'enfant sur la qualité de la forme dans la mesure où le langage garde sa fonction de communication et d'échange.
Nous ne donnerons que des grands principes.
A-Prises en charge thérapeutiques et rééducations :
- La réalisation d'un bilan détaillé et des moyens de compensation mis en place par l'enfant permet de connaître les poins forts sur lesquels s'appuyer, les éléments à contourner, les compétences à renforcer.
- Il n'existe pas une technique adaptée à l'ensemble des enfants dysphasiques : on choisira donc parmi les différentes méthodes existantes.
- De manière systématique les moyens non verbaux de communication seront proposés : gestes du français signé, pictogrammes, langage écrit, utilisation de l'ordinateur.
-Un programme adapté sera proposé en fonction de ces différents éléments.
B-Adaptations pédagogiques :
Elles seront proposées en fonction du bilan cognitif, de l'âge de l'enfant et de son niveau scolaire :
- Intégration individuelle avec contrat et soutien par des rééducateurs libéraux ou par un SESSAD adapté.
- Intégration en classe spécialisée voire en établissement spécialisé.
- Ultérieurement prise en compte du handicap pour les examens
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